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Ce lundi 15 juin a eu lieu à Berne la conférence de presse qui lançait la nouvelle étude de la plateforme pour une agriculture socialement durable. Deux historiens, Gilles Bourquin et Jan Chiarelli, se sont penchés sur les conditions de travail dans le domaine de l’agriculture.

L'étude, bilingue est basée sur neuf cantons et couvre la période de 2000 à 2018.Cette étude reflète une réalité pas très reluisante de notre agriculture et des conditions de vie de toutes les personnes travaillant jour après jour pour produire notre alimentation.

Retrouvez le communiqué de presse ci après:
Si l'on examine les conditions de travail des salariés agricoles, un patchwork se dessine : de Genève à la Thurgovie, de Bâle au Tessin, les contrats-types de travail cantonaux sont très variés. Cela s'applique aux pauses (seuls 9 des 26 cantons accordent des pauses rémunérées de 15 minutes par demi-journée), aux heures supplémentaires (il peut être nécessaire de faire des heures supplémentaires) et aux jours de congé, ainsi qu'à la durée du travail hebdomadaire : le canton de Glaris se distingue par une semaine de 66 heures (mai - septembre) et le pendule oscille entre 50 et 55 heures par semaine dans la plupart des autres cantons. Seul le canton de Genève est en avance avec une semaine de 45 heures. L'assujettissement de l'agriculture au code du travail fixerait une durée hebdomadaire de travail de 45 heures (article 9) et représenterait une première amélioration.

Les salaires standards publiés annuellement par l'Union suisse des paysans (USP) s'élèvent actuellement à 3 300 francs bruts pour les auxiliaires saisonniers pour 55h semaine et à 2 625 francs bruts pour les stagiaires de moins de 4 mois (desquels sont déduits les frais de logement et de nourriture, à hauteur de 990 francs par mois). Un bref aperçu de l'évolution du salaire cible : depuis 2010, il n'a augmenté que de 395 CHF pour le personnel auxiliaire saisonnier et de 135 CHF pour les stagiaires. Une Convention Collective du Travail nationale peut fixer des salaires obligatoires. Avec la conférence de presse d'aujourd'hui, nous ouvrons le débat sur cette question urgente.

Mais ce débat ne peut être mené sans tenir compte de la situation des revenus des paysannes et paysans. La discussion sur la pression exercée sur les prix à la production par Coop et Migros vient de reprendre. Ce qui est en jeu, ce n'est rien de moins qu'une communauté agricole diversifiée et familiale, qui compte encore 50 000 exploitations. 2 à 3 fermes ferment leurs portes chaque jour. La baisse des prix à la production (-30% au cours des 30 dernières années) combinée à une forte pression de production est critique pour de nombreuses exploitations. Selon l’USP, l'agriculture représente 32 centimes du franc de consommation. L'étude menée par Agrisodu identifie également de graves lacunes dans les paiements directs, car "en 2018, les agriculteurs suisses n'ont effectivement bénéficié que de la moitié des 3,6 milliards. L'autre moitié va aux grandes chaînes de transformation et de vente au détail".

En 2018, le revenu agricole par unité de travail était d'un peu moins de 52’000 CHF (70’600 CHF par exploitation), ce qui correspond à 4’340 CHF bruts par mois. Le salaire médian suisse était de 6’538 francs bruts. Le revenu est encore plus faible pour les exploitations de montagne (40’580 et 34’321 francs respectivement). Ceci est contraire à l'article 5 de la loi sur l'agriculture, selon lequel les exploitations agricoles "peuvent, sur plusieurs années, atteindre un revenu comparable à celui de la population active d'autres secteurs économiques de la même région". Et au paragraphe 2, que "lorsque le revenu est nettement inférieur au niveau de référence, le Conseil fédéral prend des mesures temporaires pour l'améliorer". Mais rien ne se passe ! En outre, le temps de travail hebdomadaire est de 67 heures pour les hommes et de 63 heures pour les femmes. De plus, les agricultrices travaillent en moyenne 11 heures par semaine à titre accessoire. Au total, une charge de travail immense, avec une dette élevée d'environ 30 000 CHF par hectare et des salaires de misère. La situation est encore exacerbée par le dumping à l’importation, qui sape nos normes en matière de bien-être animal, de responsabilité sociale et d'écologie et entraîne une concurrence déloyale pour notre production intérieure.

Uniterre a déjà fait campagne pour la normalisation des conditions de travail et des prix équitables dans le cadre de l'initiative pour la souveraineté alimentaire.

L'Espagne montre la voie : Il est interdit par la loi de fixer des prix inférieurs aux coûts de production dans les contrats de vente de produits agricoles.

Nous pouvons briser cette spirale négative en défendant enfin un changement social avec les agriculteurs, les consommateurs et les travailleurs agricoles.

Mathias Stalder, secrétaire syndicale Uniterre


Plus d'infos sur le site de la plateforme : http://www.agrisodu.ch/


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Ces derniers mois, le terme de souveraineté alimentaire a été repris en Europe et en Suisse par la société civile mais aussi par des décideurs politiques et des fonctionnaires. Il nous semble important de faire un petit rappel de ce qu’est la souveraineté alimentaire afin d’éviter qu’elle ne devienne un concept vide.

La base de la souveraineté alimentaire est le respect. Respect des hommes et des femmes et de la planète. La solidarité et la justice. La démocratie. La souveraineté alimentaire est une vision humaniste sur le long terme. La souveraineté alimentaire c’est aussi la clairvoyance et le courage de sortir du dogme néolibéral. La souveraineté alimentaire c’est l’espoir d’un monde juste et équitable.

Il n’est donc pas question de galvauder la souveraineté alimentaire, car elle est une réponse globale et systémique.

Un concept global

La « souveraineté alimentaire soutient une agriculture qui, dans un espace rural vivant et créateur d’emplois, produit une alimentation saine et de proximité permettant des prix, des conditions de travail et des salaires justes ; elle participe par ailleurs à un commerce international équitable et une exploitation durable des ressources[1]. »

La souveraineté alimentaire se construit dans une économie circulaire, inclusive, coopérative.

Une diversité de fermes à maintenir

Le paysage agricole suisse est composé d’unités agricoles très différentes les unes des autres. Certaines sont spécialisées et hautement mécanisées, elles peuvent être relativement grandes ou petites. D’autres sont plus diversifiées et extensives. Certaines produisent pour la grande distribution, d’autres pour le marché local, certaines encore transforment elles-mêmes leurs produits ou travaillent avec un artisan. Certaines travaillent de manière conventionnelle, conformément aux exigences de la politique agricole, d’autres selon les critères de l’agriculture biologique ou d’IP-Suisse. Et quelques-unes sont en biodynamie, agroécologie ou permaculture.

Il y aurait de la place pour toutes ces formes d’agriculture en Suisse. Mais il faudrait un soutien spécifique aux petites structures et aux collectifs : reconnaissance juridique, formation, recherche, finances et infrastructures, entre autres.

Promouvoir l’agriculture paysanne et les circuits courts

Environ quatre fermes disparaissent par jour en Suisse. Cette érosion est dramatique, car seules perdurent les entités agricoles hautement spécialisées. La souveraineté alimentaire a pour but de maintenir et de renforcer une agriculture paysanne et des collectifs de production qui cultivent (et élèvent leurs animaux) selon les critères de l’agriculture biologique ou de l’agroécologie et qui écoulent leur production en circuits courts. Il est vital socialement, économiquement que la population s’approprie de son alimentation et que le plus grand nombre possible puisse acquérir les compétences et des espaces de production et de transformation destinées à la vente directe.

Le marché c’est nous !

Les demandes et revendications d’Uniterre sont très souvent balayées par les nécessités de s’adapter au « marché ». Il y a bien les directives de l’OMC, les traités de libre-échange, mais en Suisse qui définit les besoins du marché ? Nous pouvons, par nos choix d’achat en tant que consommatrices et consommateurs, influencer les décisions des transformateurs et de la grande distribution. Mais il n’en reste pas moins que le cœur des décisions de ces entreprises est la rentabilité économique. Cela ne suffit pas ! Le commerce doit se mettre au service du développement durable et les coûts environnementaux, sociaux et sanitaires des produits devraient être pris en compte et répercutés sur les prix, ce qui les rendrait non attractifs. Actuellement, les dégâts sur l’environnement et les impacts négatifs sur la santé sont pris en charge par la société tandis que les bénéfices commerciaux restent en main privée !


[1] Voir les documents sur la souveraineté alimentaire sur le site https://initiative-souverainete-alimentaire.ch

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La pandémie COVID-19 s'ajoute et renforce les persécutions historiquement pratiquées contre les peuples. Et cette pandémie ne peut nous faire oublier la violence systémique et systématique à l'encontre des paysans et paysannes, et autres travailleurs ruraux, ainsi que les violations de leurs droits. À la recherche d'un revenu décent et pour assurer leurs moyens de production, les travailleurs ruraux dans différentes parties du monde sont constamment confrontés à des hostilités, à la violence, à la persécution et à la criminalisation. Cette situation est exacerbée par la mise en place des mesures exceptionnelles contre la maladie.

Les sociétés transnationales minières, agroalimentaires et hydro-industrielles, harcelaient déjà les populations des campagnes, des eaux et des forêts ; avec la pandémie, les gouvernements assujettis à ces grandes entreprises justifient leurs actes de persécution et même d’extermination. Car en réalité, leur préoccupation n'est pas de sauver des vies, mais d'essayer de sauver l'économie capitaliste, qui repose sur le sang de milliers de personnes dans le monde.

Pour les paysans et paysannes, les peuples de pêcheurs et des forêts, la lutte quotidienne dans le contexte du COVID-19 n'est pas facile. Dans plusieurs pays, lorsqu'ils tentent d'accéder aux marchés pour vendre leurs récoltes ou leurs produits, les paysans et autres producteurs de denrées alimentaires sont confrontés à des sanctions économiques ou pénales pour tout déplacement hors de leur communauté. Les marchés locaux, les marchés paysans, etc. ont été fermés à titre préventif, mais les supermarchés sont encouragés à poursuivre leurs activités, en exploitant leurs travailleurs et en spéculant parfois sur les prix des denrées alimentaires et d'autres produits tels que les masques. Nous affirmons que le monde paysan est capable d'adopter des mesures d'hygiène rigoureuses afin d'éviter la contamination et d'être contaminé.

Dans le secteur agricole, les personnes qui ont été amenées à utiliser des produits toxiques, tels que les pesticides, insecticides et autres, comptent aujourd'hui parmi les groupes les plus exposés au COVID-19, en raison de la faiblesse physique et des maladies que ces produits chimiques provoquent.

Les communautés d'ascendance africaine, les peuples autochtones, les migrants, les personnes LGBTI, les populations urbaines en situation de pauvreté et les femmes sont parmi les personnes qui souffrent de l'impact disproportionné de la crise sanitaire, sociale et économique.

La violence domestique s'est intensifiée avec le confinement ; les foyers sont devenus plus dangereux pour les femmes, les enfants et les personnes âgées qui étaient déjà victimes de violence. Les groupes féministes qui soutiennent les personnes confrontées à la violence voient leur action limitée par l'enfermement forcé et subissent des atteintes à leur liberté d'expression dans les médias numériques.

La situation touche également les migrants internationaux et les déplacés internes, notamment dans les camps de réfugiés surpeuplés. Les adultes et les enfants sont confrontés à une détention arbitraire et prolongée et à des traitements abusifs dans des conditions insalubres et dégradantes, en plus des abus policiers. Les personnes impliquées dans l'aide alimentaire ont été condamnées à des amendes dans les pays du Nord et persécutées dans les pays à régime autoritaire.

Depuis l'apparition du COVID-19, les gouvernements du monde entier ont appliqué des restrictions plus ou moins drastiques à la liberté de mouvement et à la liberté de réunion. Une pandémie est combattue par l'information, les soins, la santé publique universelle et gratuite, et non par la police et l'armée qui s'attaquent aux gens. Certains gouvernements se cachent derrière cette crise pour attaquer ou laisser attaquer spécifiquement les leaders sociaux et les défenseurs des territoires. De nombreux journalistes ou écrivains ont également été attaqués pour avoir diffusé des critiques sur les gouvernements, certain.e.s ont disparu ou ont été réduit.e.s au silence. Dans le même temps, les grands médias ont continué à jouer un rôle important dans la diffusion de la discrimination et des discours de haine contre certains groupes sociaux.

Il y a toujours des cas d'emprisonnement arbitraire, de détention au secret de prisonniers politiques et des mesures de quarantaine qui ont entraîné la suspension des services judiciaires, ce qui a servi de prétexte pour empêcher la libération de personnes, ainsi que les plaintes et l'accès à des recours judiciaires par les personnes qui ont été menacées ou attaquées. Les revendications pour de meilleures conditions sanitaires pour les prisonniers, face au Coronavirus, ont été durement réprimées dans plusieurs pays. Les états d'alerte, la militarisation accrue et la présence policière sont devenus la nouvelle norme dans de nombreuses régions du monde, ce qui fait craindre que ces pouvoirs continuent d'être exercés une fois la crise passée.

Les militants et les dirigeants d'organisations populaires, hommes et femmes, attirent également l'attention sur les conséquences et les implications à long terme de la surveillance numérique accrue qui est mise en place dans le monde entier pour soi-disant contenir la propagation du virus. Non seulement elle mettrait en danger les droits numériques et la vie privée de la société dans son ensemble, mais elle permettrait également un plus grand contrôle du travail et des mouvements des personnes, et des attaques - en ligne sur leur liberté d'expression, et hors ligne sur leur vie - sur eux, leurs familles, leurs communautés et leurs organisations. Dans le même temps, les personnes qui n'ont pas accès aux technologies et aux différents outils de communication se retrouvent isolées et incapables de communiquer sur leur situation et de s'organiser en collectifs.

En quelques semaines, la situation d'exclusion et d'inégalité a été mise en évidence pendant la pandémie. Le système agroalimentaire hégémonique s'est révélé incapable de lutter contre la faim, la précarité et les terribles conditions de travail. Si les causes structurelles des nombreuses crises que connaît l'humanité ne sont pas traitées, les mobilisations sociales et les protestations s'intensifieront et avec elles les mesures de répression et de contrôle de la part de ceux qui maintiennent le monopole politique et économique. La pandémie a précipité une crise structurelle du capitalisme déjà annoncée.

Nous devons renforcer les alliances entre les organisations populaires, en préservant la vie des personnes qui se battent pour leur territoire, pour leur culture, pour une façon de produire qui ne détruise pas la planète. Nous devons rendre visibles et faire prendre conscience des menaces qui pèsent sur les personnes et leurs organisations, en particulier les plus isolées. Nous devons dénoncer de toutes les manières possibles la violence subie, en ciblant les gouvernements, les entreprises, les propriétaires terriens et les autres personnes qui sont impliquées dans la persécution, la criminalisation, la disparition et l'assassinat de militants et de dirigeants de mouvements et d'organisations populaires. La violence est, et reste, un phénomène structurel plutôt qu'un phénomène d'urgence, et doit être traitée comme telle par le déploiement des ressources nécessaires.

La construction collective est fondamentale pour faire face au monde d'aujourd'hui et de demain. La crise a également mis en évidence la solidarité et la construction d'alternatives, existantes et nouvelles, qui doivent être le moteur de nos futures actions collectives. Nous ne reviendrons pas à la "normalité" de la violence, aux situations précaires. Le capitalisme n'a rien à offrir à nos peuples, seulement la violence, l'exploitation et la mort. Ce que nous disons aujourd'hui était fondamental hier et le sera encore demain. Il est temps de promouvoir de nouvelles valeurs, il est temps d'organiser la résistance, de renforcer les connaissances locales et la création de connaissances et l'apprentissage participatifs, de produire sur nos territoires, de nourrir le monde et de préserver la planète et l'humanité.

Il est temps de renforcer la solidarité, d'exercer la résistance, de cultiver l'espoir.

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En cette journée internationale des luttes paysannes du 17 avril 2020, les paysans n’ont qu’un mot pour le conseil Fédéral : « cela suffit ! ». Les annonces de M. le Conseiller Fédéral Parmelin du 1er avril visant à faciliter certaines importations pour faire face à la crise actuelle du COVID-19 ne sont pas acceptables. Alors que les agriculteurs et artisans sont sacrifiés depuis des décennies sur l’autel de la croissance à court terme et de la tertiarisation de l’économie, quand le système se grippe, l’État favorise encore et toujours le marché globalisé et les acteurs industriels de l’agro-alimentaire. L’épidémie du COVID-19 a mis en lumière les fragilités du système alimentaire dirigé depuis plusieurs décennies par les logiques capitalistes de marché. Les échecs de ce modèle sont plus flagrants que jamais et mettent en péril les bases vitales de la société, il est donc temps de changer de paradigme.

Il incombe au Conseil fédéral et au Parlement de tirer les leçons de la crise que nous traversons actuellement et d’enfin mettre en œuvre la Souveraineté alimentaire par la création d’un cadre qui valorise la production indigène, les circuits courts, l’agriculture paysanne et les artisans locaux. La production alimentaire ne doit plus être conçue comme un quelconque bien à commercialiser, mais bien comme la base vivrière d’un pays lui permettant de survivre en temps de grave crise et au-delà. La Souveraineté alimentaire permet cette mutation radicale.

Appel à une convergence des mouvements sociaux en ce 17 avril, journée internationale des luttes paysannes

Cette journée internationale des luttes paysannes est aussi l’occasion pour Uniterre de se joindre aux mouvements paysans du monde entier, ainsi qu’à ceux pour la justice climatique et sociale, afin d’inscrire dans la durée un soutien concret et direct à l’agriculture paysanne et aux circuits courts et de mettre en œuvre dès à présent les principes de la Souveraineté alimentaire, à l’échelon national et international.

Avec eux, Uniterre tient à rappeler également que l’urgence climatique ne s’est pas dissipée avec la crise sanitaire actuelle et que la mise en application de la Souveraineté alimentaire est une condition nécessaire pour engager la transition vers plus de justice sociale et écologique.

Nous avons besoin de plus d’actifs dans l’agriculture pour réaliser la Souveraineté alimentaire. Ainsi, nous invitons dès aujourd’hui la population, meilleure alliée de l’agriculture paysanne, et les agriculteurs à se rapprocher et à élaborer ensemble les contours du système alimentaire de demain.A l’image des militants qui sont allés proposer leur soutien auprès d’agriculteurs de toute la Romandie, nous invitons le plus grand nombre à s’engager dès maintenant et sur la durée. Pour ce faire, Uniterre et Agriculture du futur lancent officiellement aujourd’hui le réseau romand de solidarité à l’agriculture paysanne via la plateforme https://agriculturedufutur.ch/reseau-solidaire ! L’alimentation nous concerne toutes et tous, reprenons en main notre avenir !

Lettre ouverte au Conseiller Fédéral M. Parmelin

Communiqué de presse (pdf)

Liens :

Agriculture du futur-https://agriculturedufutur.ch/

MAPC (Mouvement pour une Agriculture Paysanne et Citoyenne) - https://mapc-ge.ch/manifeste/

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Texte de Claude Bezençon, sociologue de la santé et de l'environnement

1) Discriminations, inégalités de traitement et révolte confuse

Lors de la fermeture du marché, plusieurs personnes de mon entourage se sont demandé pourquoi la Migros (particulièrement) pouvait ouvrir et les producteurs locaux étaient discriminés.

Dans mon milieu, la Migros n'a pas une très bonne image. En effet, comment peut-on décemment, en pleine crise sanitaire, proposer des étals de fraises en hiver? Le présent devrait être déjà l'avenir. Il devrait être interdit de proposer à la clientèle une abondance de produits hors saison, bourrés de pesticides.

La population de la ville est attachée à son marché, ses commerçants qu'elle rencontre régulièrement une ou plusieurs fois par semaine. Nous savons que ces commerçants paysans vivent une vie difficile, faite de travail et d'abnégation. La relation entre la population et nos producteurs/trices est imprégnée de ce sentiment et les gens ont vécu cette fermeture comme une profonde injustice.

Que sont devenus nos paysans? Comment pourront-ils tenir le coup, si on leur interdit d'exercer leur activité?

Dès le début de la crise, sont apparues dans le pays des autorités cantonales très vindicatives, qui ont donné le sentiment qu'ils désiraient avoir un contrôle social total sur la population. Les gens, sidérés par la croissance du virus, n'ont pas réagi à la fermeture des marchés.

Mais dès la prise des pleins pouvoirs par le Conseil fédéral, nous a été transmis un message beaucoup plus clair, un message de respect envers la population, un message de confiance envers les individus, jugés capables de prendre leurs responsabilités en matière d'auto-discipline concernant notamment les règles de distanciations sociale.

Lors de l'annonce de mesure très serrées, interdiction de rassemblement de plus de cinq personnes, maintient d'une distance de deux mètres, conseils appuyés de rester à la maison pour les personnes âgées et celles souffrant de maladies chroniques, certaines autorités cantonales se sont senties pousser des ailes autoritaristes et se sont mises à vouloir interdire tout ce qui leur tombait sous la main.

C'est excès d'autoritarisme a été rapidement confronté au discours du Conseil fédéral, empreint de sagesse et de modération en la circonstance, et à des contradictions évidentes entre l'autorisation d'enfreindre les restrictions, accordée à certains groupes privilégies, notamment aux entreprises de gros calibre et l'interdiction d'exercer leurs activités à des milieux économiques plus faibles. L'injustice faite aux agriculteurs locaux et petits commerçants des marchés face notamment aux grandes surfaces a frappé de plus en plus les esprits.

Le Conseil fédéral a senti très rapidement, et a même anticipé l'effet délétère des injustices, discriminations, et certains abus d'autorité. C'est pourquoi il a fixé, dès le départ de sa stratégie de gestion de crise, la priorité de préserver les classes inférieures, et à assurer l'égalité de traitement entre les différentes couches de la population.

2) L'autoritarisme se nourrit de l'ignorance et le respect se nourrit de la connaissance

Les gens sont trop peu curieux. J'ai été étonné que personne n'ait remarqué que le Conseil fédéral avait dès le 21 mars souligné que les stands de nourriture au marché étaient des magasins d'alimentation pouvaient rester ouverts.

Les courriers échangés avec les autorités communales ont d'abord montré un refus de l'évidence, c'est-à-dire qu'elles devaient mettre en place les conditions de l'autorisation aux commerçants de produits alimentaires au marché. C'est grâce à la discussion, aux échanges d'arguments, que celles-ci ont compris le sens des dispositions prises par le Conseil fédéral.

Le Conseil communal de La Chaux-de-Fonds est même allé au-delà de ce que nous pouvions espérer, en autorisant, dans un esprit d'égalité de traitement entre tous les acteurs économiques du commerce de détail de produits alimentaires, l'ouverture de stands de nourriture selon les mêmes horaires que les magasins pratiquant sous un toit. Cela montre la force de l'agir communicationnel (voir Habermas). Cet exemple est une illustration de la culture de discussion qui a eu cours en l'occurrence et constitue une victoire de la logique.

Il s’agit dès lors de dépasser le sentiment que nous sommes sur une mauvaise pente pour l'avenir de l'humanité. Il incombe à chacun-e d’entre nous de s’informer, d’étudier pour en arriver à la connaissance, par exemple, que la pandémie du coronavirus est une conséquence directe de la surexploitation des ressources et de la paupérisation de populations de plus en plus nombreuses.

C’est avec la force de nos arguments et grâce à la culture de l’écoute respectueuse de part et d’autre que nous pourrons étendre la conviction que le système capitaliste doit être dépassé.

3) Le monde de demain se construit aujourd'hui

Un autre élément qui a hérissé la sensibilité de la population face à la fermeture des marchés, c'est l'importance, voire l'urgence, de modifier nos comportements en matière de consommation. Il existe un mouvement de plus en plus profond et de plus en plus majoritaire dans la population à vouloir consommer des produits régionaux, pour le bien de la santé et de l'environnement, à vouloir vivre en meilleure harmonie avec la nature.

La fermeture des marchés a été ressentie jusque dans les tripes comme une sorte de tentative de passage en force de modes de productions et de consommations destructeurs des géants de l’agro-alimentaire, un peu comme un coup d'Etat de ceux qui vendent des fraises hors saison contre celles et ceux qui veulent respecter la saisonnalité et la régionalité des produits, favoriser des modes de production agricole extensifs (production intégrée, et de plus en plus biologique).

La réouverture des marchés, alors qu’elle survient au plus fort de la crise sanitaire, est vécue par beaucoup comme une victoire contre les modes de production intensifs, abusant de produits phytosanitaires. D'autres crises surviendront, d'autres virus apparaîtront, car les microbes existent depuis toujours. Si nous ne changeons pas la compétition en coopération, la surconsommation en sobriété, etc., nous ne nous pourrons pas nous adapter aux changements climatiques qui transforment le monde pour les siècles à venir. C'est une question de vie ou de mort. C'est un combat contre les prédateurs qui nous ont menés à ces crises.

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Communiqué de presse du Réseau suisse pour la réouverture des marchés

Nous sommes un groupe de citoyen.ne.s, de paysan.ne.s et de détaillants en alimentation actifs sur différents marchés en Suisse romande et en Suisse alémanique. Nous demandons la reprise de la commercialisation directe via les marchés alimentaires. La discrimination et l'inégalité de traitement avec les grands distributeurs ont commencé avec la fermeture des marchés le 17 mars 2020, décrétée par le gouvernement fédéral.

Dès le 21 mars 2020 déjà, le Conseil fédéral a publié sur la page d'accueil de l'OFSP trois rapports explicatifs sur l'ordonnance 2 Covid-19, qui définissent clairement que les étalages de denrées alimentaires sur le marché sont considérés comme des magasins d'alimentation et sont donc exemptés de l'interdiction de vente tant que les règles de la distanciation sociale sont respectées. Ils peuvent donc rester ouverts sur un pied d'égalité avec tous les magasins d'alimentation et les supermarchés. Le troisième de ces rapports étaye encore cette directive du Conseil fédéral en précisant la différence entre les stands (réguliers) des marchés de denrées alimentaires, qu'il ne faut pas confondre avec les marchés de produits alimentaires (par exemple les foires aux produits du terroir). Selon la loi sur les épidémies (art. 75), les cantons doivent appliquer les directives du Conseil fédéral sous peine de sanctions (art. 83).

Ainsi, le 23 mars 2020, des citoyen.ne.s et paysan.ne.s chaux-de-fonniers ont pris contact avec le Conseil communal de La Chaux-de-Fonds. Après moult échanges de courriers avec le réseau chaux-de-fonnier, le Conseil communal a décidé, lors de sa réunion du 1er avril 2020, des solutions à mettre en place pour réintroduire les étals de nourriture sur le marché. Dès lors, les marchés de La Chaux-de-Fonds pourront être ré-ouverts à partir du 8 avril 2020, répartis sur différentes rues.

Nous incitons les organisations paysannes et citoyennes ainsi que les détaillants à rejoindre notre réseau et soutenir notre demande aux autorités cantonales pour qu’elles exécutent sans délai les directives du Conseil fédéral afin que les paysannes et paysans locaux puissent fournir à la population des produits sains et régionaux. Nous appelons les communes et les cantons à informer les commerçants et le public sur les modalités de mise en œuvre de la prochaine réouverture des étals de produits alimentaires.

Réseau suisse pour la réouverture des marchés

Avec le soutien de : Uniterre, Slow Food, La Semaine du goût, Mouvement pour une agriculture paysanne et citoyenne (MAPC), Agriculture du futur Romandie, Association romande marché paysan, Les Artisans de la transition, Chrétiens au travail, GRASSROOTED.

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Pour votre bien, pour celui de la planète, soutenez l’agriculture de proximité !

Il y a, dans votre région, ville, village, de nombreuses offres de vente directe ou de paniers, certaines d’entre elles proposent un service de livraison à un point de collecte ou dans des agglomérations !

Voici quelques liens vers des plateformes qui regroupent les offres de Ventes directes à la ferme :


Au niveau national

www.a-la-ferme.ch

https://www.bio-suisse.ch/fr/ventedirecte.php


Au niveau romand

https://www.marchepaysan.ch/

Ce site est géré par les productrices et producteurs.

https://www.bioconsommacteurs.ch/

Ce site répertorie les magasins, la vente directe à la ferme et les paniers.

https://www.saveurs-de-saisons.ch/

Fermes paysannes bio du Jura, livraison commune une fois par mois dans le canton du Jura, Jura Bernois et Chaux-de-fonds

https://local-heroes.ch

www.mon-producteur.ch

Application gratuite


Paniers

Fédération romande de l'agriculture contractuelle de proximité- Association romande

https://www.fracp.ch/


Marché en ligne

https://www.vitaminelocale.ch/epicerie-locale


A la recherche d’idées de recettes ?
Ce site propose des plans de menus hebdomadaires : sains, de saison et de proximité. Des recettes variées et accessibles à toutes les bourses !

https://www.paysannes.ch/fr/alimentation/recettes/

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La plateforme Agrix a été rafraîchie, adaptée à la situation spéciale que nous vivons et traduite en allemand pour fonctionner à l’échelle nationale. Elle demeure une bourse à l’emploi, mais s’élargit également.

En effet, constatant que certains producteur.trice.s souffraient en direct, parfois violemment, de l’interdiction des marchés de rue et de la fermeture des établissements publics, Prométerre a cherché une solution pour faciliter la mise en contact d’un côté entre professionnels « lésés » dans ces circonstances et d’autre part confrères ou autres professionnels susceptibles de pouvoir contribuer à l’écoulement de tout ou partie de leur marchandise, par exemple via leur propre structure de vente directe à la ferme.

L’annonce sur Agrix est gratuite, le processus d’inscription est très simple : il suffit de créer un nom d’utilisateur et un mot de passe, après quoi on peut directement publier une annonce (exemple : j’ai cinq plateaux d’œufs à vendre) ou un avis de recherche (exemple : j’ai besoin de cinq plateaux d’œufs).

Si vous êtes concerné.e.s, à utiliser sans modération!

Si vous connaissez des producteur.trice.s qui ont besoin de cette aide, à diffuser très largement!

On compte sur vous!

Merci!

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Au cœur de cette crise sans précédent que traversent l’Europe et le reste du monde à cause du COVID-19, il est à nouveau essentiel de repenser notre modèle économique ainsi que l’importance de la souveraineté alimentaire. ECVC et les milliers d’agriculteurs familiaux qu’elle représente dans toute l’Europe veulent maintenant plus que jamais proclamer haut et fort que les paysan.ne.s, petit.e.s et moyen.ne.s exploitant.e.s et autres travailleur.se.s agricoles sont là, présents, pour assumer leur engagement principal ainsi que leur responsabilité envers toute la société européenne : produire des aliments sains et frais.

ECVC souhaite manifester sa solidarité envers tous les paysans et agriculteurs, mais aussi envers les autres secteurs de la société (parmi lesquels figurent les travailleurs dont les professions sont vitales à l’heure actuelle et le personnel médical) qui continuent leur travail en première ligne.

Face à la dépendance et fragilité considérables provoquées par le système de mondialisation, suite à des mesures d’austérité et coupes budgétaires année après année, nous constatons que, plus que jamais, il est primordial de pouvoir compter sur des services publiques solides, comme la santé, pour faire face aux difficultés actuelles alarmantes. De même, nous constatons à quel point il est essentiel de disposer de suffisamment d’aliments sains et locaux pour l’ensemble de la population.

Dans l’Union Européenne et toute l’Europe, ce sont des milliers de petits et moyens agriculteurs qui nous garantissent cette sécurité en approvisionnement alimentaire, grâce à leurs productions qui nourrissent les habitants de nombreuses villes et villages de l’Union Européenne. En 2016, 95,2% des exploitations agricoles de l’UE ont été classées comme exploitations familiales[1]. Dans d’autres pays européens ce pourcentage est encore plus élevé[2]. En d'autres termes, l'Europe regorge de petits producteurs de denrées alimentaires offrant une solution toute faite aux problèmes qui concernent le monde entier : disposer d'une alimentation saine et locale qui ne dépende pas des longues chaînes d'approvisionnement qui, elles, risquent d'être touchées de manière dramatique par cette pandémie.

Cependant, que ce soit au niveau des politiques agricoles ou économiques, l'agriculture destinée à nourrir nos populations en Europe dépend des intérêts de la mondialisation et des marchés internationaux. Par conséquent, l’approvisionnement alimentaire et la souveraineté alimentaire, mis en péril, sont entièrement remis en cause. Ces politiques détruisent des milliers et des milliers de petites exploitations agricoles, de ce fait c’est la sécurité alimentaire de toute la population qui est menacée.

En raison de cette mondialisation néolibérale des marchés agricoles, les citoyens perdent le contrôle sur les systèmes alimentaires et deviennent dépendants de certains produits importés, et seul un très petit nombre de multinationales contrôlent désormais une grande partie de la distribution.

La capacité de la grande distribution alimentaire et des autres multinationales à garantir et à fournir des quantités suffisantes de nourriture à la population dépend de nombreux facteurs fragiles qui, comme nous l'avons constaté avec l'épidémie du COVID-19, sont en grande partie hors de leur contrôle. En effet, la chaîne entre production et consommation est composée d’un trop grand nombre de maillons, et c’est là que l'on a pu constater l'importance de l'action des pouvoirs publics.

C’est dans ce contexte que les décideurs politiques, les sociétés multinationales et les grands distributeurs alimentaires s’affolent pour trouver un moyen de continuer à transporter les aliments sans aggraver la propagation du virus. Dès lors, ils ne peuvent se permettre d’oublier le rôle fondamental que jouent les petits et moyens agriculteurs, et doivent les prendre en compte dans leurs décisions politiques à tous les niveaux. Près de 10 millions de petits agriculteurs[3] dans l’UE et plus encore dans d’autres pays européens[4] cultivent, produisent et travaillent chaque jour afin de nourrir les populations locales.

Toutefois, pour que cela puisse fonctionner, les institutions et les autorités nationales, régionales et locales ont incontestablement un rôle clé à jouer : veiller à ce que les citoyens aient accès à ces produits. Les politiques publiques doivent être extrêmement concrètes et se concentrer sur le soutien et la protection des petits producteurs ainsi que sur le renforcement de l'économie locale.

La crise actuelle, remplie de contradictions, pourrait signifier la disparition de nombreux petits producteurs en Europe qui se sont vu refuser l'accès aux marchés sur lesquels leur production était écoulée jusqu'à présent.

La fermeture des cantines publiques et privées, de la plupart des restaurants et des marchés publics, la limitation des ventes directes et la concentration du commerce alimentaire dans les grands supermarchés peuvent entraîner, si aucune mesure n'est prise, la perte d’une grande partie de la capacité de production sur nos territoires.

Il en va de même pour les travailleurs salariés du secteur agricole européen, dont la majorité sont des migrants. Ils travaillent dans des conditions sociales instables et précaires, sans papiers, et souffrent dans de nombreux cas de l'absence de conditions de santé et de sécurité sur leur lieu de travail ou dans les transports. Leurs droits au travail sont drastiquement réduits et ils manquent cruellement de ressources lorsqu'ils sont licenciés ou au chômage technique. Cette situation est pire encore dans le cas de déplacements internationaux, et dans nombre d’établissements insalubres de diverses régions d’Europe, où des milliers de travailleurs agricoles saisonniers sont contraints de résider.

C’est pourquoi ECVC appelle tous les décideurs, à tous les niveaux en Europe, à prendre toutes les mesures possibles et nécessaires pour protéger l’accès au marché des petits et moyens agriculteurs et paysans en ces temps difficiles. ECVC demande à ce que tous les moyens nécessaires à la poursuite de leur travail leurs soient donnés, plus précisément :

·Nous exigeons que les chaînes d'approvisionnement courtes (locales) et les points de vente directe, tels que les marchés locaux et les magasins agricoles, restent ouverts dans toute l'Europe et que des mesures appropriées soient prises pour assurer leur sécurité.

·Nous appelons les autorités européennes, nationales et locales à prendre des mesures proactives adaptées à la situation afin que les petits agriculteurs et les paysans puissent vendre leurs produits sur différents canaux, y compris sur les circuits directs et courts, ainsi qu'à la grande distribution, diminuant ainsi le risque de voir une grande partie de leur production invendable dans les campagnes à cause d’un manque d'infrastructures ou autres entraves bureaucratiques.

·Nous réclamons un soutien économique envers les paysans affectés par la crise là où c’est possible, à l’aide de mesures économiques telles le paiement anticipé des subventions de la PAC.

·Nous sollicitons la promotion des marchés directs et des groupements d'achats solidaires (AMAP, coopératives de consommateurs, etc.) car ils permettront de minimiser le risque de contamination, d'une part en réduisant le transport des aliments et des personnes, d'autre part en empêchant un grand nombre de personnes de se rassembler dans des espaces fermés (comme les supermarchés).

·Nous voulons que la sécurité des petits et moyens producteurs d’aliments et des travailleurs du secteur alimentaire soit garantie face aux risques liés au COVID-19, afin qu'ils puissent effectuer leur travail sur le terrain et sur les marchés locaux. Les gouvernements doivent trouver le moyen de fournir aux travailleurs tous les outils nécessaires (tels que des masques, des produits d'hygiène, etc.) pour qu’ils puissent travailler en toute sûreté.

·Nous souhaitons que tous les travailleurs agricoles salariés conservent leur emploi, la totalité de leurs droits syndicaux et des revenus suffisants sans discrimination et quelles que soient les circonstances. Les institutions doivent garantir des conditions de santé adéquates dans les établissements et les logements des travailleurs, ainsi qu'une alimentation et des ressources suffisantes lorsqu'ils ne peuvent pas se déplacer, n'ont pas emploi ou de prestations sociales. Les migrants et les réfugiés doivent pouvoir obtenir et renouveler leur permis de séjour sans aucun obstacle.

ECVC appelle également les décideurs européens et nationaux à être aussi déterminés à modifier leur politique agricole et alimentaire qu'ils le sont à stopper la pandémie de COVID-19. Ils doivent s’adapter à la crise économique, sociale et environnementale dont souffre le secteur, en développant des mesures visant à garantir une production locale, saine et durable entre les mains des petits et moyens agriculteurs à un prix équitable, et non pas sur la base de prix internationaux artificiels qui ne tiennent pas compte des coûts de production ni de leurs aspects sociaux et environnementaux selon chaque région. L'UE doit cesser de se servir de l'agriculture et du droit à l'alimentation comme d’un élément quelconque de négociation supplémentaire pour les traités sur le commerce et l’investissement.

L'UE doit commencer à développer des instruments solides pour stabiliser les marchés de certains secteurs où des déséquilibres peuvent être générés, soit en restreignant des exportations vers les pays tiers, soit en réduisant la consommation. À ce jour, on ne sait pas exactement combien de temps dureront les mesures énergiques mises en place pour lutter contre le COVID-19. Il est essentiel d'agir maintenant pour promouvoir et protéger les petits producteurs et les paysans, et pour faciliter la souveraineté alimentaire en cette période cruciale.

Nous présentons sur cette page les informations et mises à jour recueillies auprès de nos membres et alliés : https://www.eurovia.org/fr/covid-19-dernieres-informations-et-mises-a-jour/

Contact : Andoni García Arriola, Comité de Coordination d’ECVC : + 34 636 451 569 – ES, EUZ
Ramona Duminicioiu – Comité de Coordination d’ECVC : +40 746 337 022 – FR, ES, EN, RO
José Miguel Pacheco – Comité de Coordination d’ECVC : +351 918736441 – ES, PT

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Uniterre, FRACP, Agrisodu, MAPC, Grassrooted

L’utilisation du féminin est choisie à des fins de lisibilité et inclut toutes les identités de genre.

Le 17 mars, le Conseil fédéral a décidé de fermer tous les marchés jusqu’à nouvel ordre. Cette restriction a aussi réduit les possibilités de livraison des paniers de légumes aux points de livraisons habituels. Seuls sont ouverts « les magasins d'alimentation et les commerces qui proposent des denrées alimentaires et des biens nécessaires à la vie ». Il s’agit d’une inégalité de traitement et d’une aberration car les circuits courts ont un rôle prépondérant à jouer dans l’approvisionnement et la sécurité alimentaire de la population suisse. De plus, cette décision de fermeture des marchés provoque la perte d’aliments produits localement et contrevient à l’article 104 a de la constitution qui stipule que « les exploitations paysannes qui cultivent le sol » doivent être soutenues et encouragées afin de contribuer à la sécurité alimentaire du pays.

En tant que productrices, transformatrices et citoyennes, nous sommes consternées par la décision du Conseil fédéral de fermer tous les marchés. Actuellement quelque 20% des paysannes pratiquent la vente directe qui leur permet d’obtenir des prix rémunérateurs et assure à leur clientèle des produits de proximité, frais, sains, en toute transparence.

Dans cette situation de pandémie mondiale, nous nous trouvons face à un paradoxe :alors que les grandes chaînes de distribution importent des denrées alimentaires et voient leurs rayons se vider intégralement,lesstocksdenourriture produitsettransformés par les productrices localesvont s’accumulerdansleschamps,leschambresfroideset lescelliers !

La commercialisation de nourriture produite localement permettrait de compenser la demande en produits frais, de réduire la pression sur la grande distribution et de diminuer la fréquentation des grandes enseignes. Ces enseignes, qui plus est, sont confinées et permettent difficilement de se conformer aux règles sanitaires en cours.A contrario, un marché en plein air, peut être organisé de manière sûre afin d’éviter les risques de contamination.

Nous signataires de ce communiqué, nous demandons au Conseil fédéral et aux autorités cantonales de nous aider à mettre en place des mesures adaptées sur les marchés pour respecter les mesures sanitaires : espacer les stands ; recourir à du personnel supplémentaire pour gérer le service à la clientèle et éviter le contact avec les fruits et légumes et faire appel à la protection civile pour réguler le flux de personnes, etc. Nous exigeons de nos autorités un soutien actif pour que ces productrices puissent continuer l’activité de vente au marché et des mesures en faveur de la production indigène afin d’éviter le gaspillage alimentaire.

Contacts presse :

Michelle Zufferey, Uniterre – 078 640 82 50 (F/D)

Gaëlle Bigler, FRACP - 079 486 59 01 (F)

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