Crise ESB en Suisse : Les responsables sont connus
La Confédération et ses services, en particulier l'Office vétérinaire fédéral, l'Office fédéral de l'agriculture, la Station fédérale de recherche en production animale de Posieux et le Secrétariat d'état à l'économie portent une lourde responsabilité dans le développement de la maladie de la vache folle en Suisse, en étant systématiquement intervenus de manière tardive et fragmentaire pour enrayer l'épizootie depuis sa découverte en Angleterre. Les conséquences économiques de l'ESB sont connues, elles se chiffrent par centaines de millions de francs de pertes pour l'agriculture.
> fin novembre 2004: "PA 2011: ils sont tombés sur la tête"
> début novembre 2004: "Aldi: la course au dumping des prix"
> octobre 2004: "Des fleurs pour Lee, des barrières pour l'OMC"
> septembre 2004: "OMC: rien n'est encore définitif"
Voilà le printemps !
La terre se réchauffe.Pourtant il est difficile de nous réjouir. Fin février, la Migros a retiré de ses rayons le lait équitable Faireswiss et GRTA et tente de bâillonner toute velléité des producteurs d’être acteurs de la fixation des prix. Tous les paysans devraient se sentir consternés par cet affront.
Il est temps de reprendre le contrôle de la valeur de nos productions.
L’initiative contre l’élevage intensif en votation cette année nous questionne. Comment ne pas être déchiré, entre nos peurs de contraintes encore plus grandes, et l’envie de répondre aux attentes de la société ? Le libre-marché essaie de s’affranchir de ces maux par de multiples labels. Bio Suisse labélise des milliers de produits venant d’ailleurs. Toutefois, ce système n’est pas fiable, au vu des dernières révélations sur l’huile de palme labellisée, mais produite dans des conditions sociales scandaleuses. Et comment se projeter avec la crise énergétique déclenchée par la guerre en Ukraine ? L’agriculture globalisée, intensive et gourmande en intrants ne peut pas répondre aux impératifs alimentaires et climatiques. Pourtant rien de sérieux n’est encore entrepris.
De plus, une partie des forces politiques prône le retour à un plan Wahlen, et demande l’intensification de la production et l’abandon des surfaces extensives et de compensation écologique (la remise en culture de ces surfaces ne permettrait que 0,4 % de production supplémentaire). La confédération ferait mieux de tenir compte du travail éclairant de scientifiques spécialisés de l’alimentation : quatre axes doivent absolument être suivis pour assurer la sécurité alimentaire sur le long terme. Premièrement, la diminution de la consommation de produits animaux dans les pays riches. Deuxièmement, l’augmentation de la part des légumineuses pour l’alimentation humaine dans les assolements. Troisièmement, la poursuite de la stratégie européenne dite Farm2Fork, gravement menacée par les lobbies agro-industriels, et qui comprend notamment la réduction de la dépendance aux engrais de synthèse. Finalement, la réduction du gaspillage alimentaire.
Ce que nous vivons doit nous inciter à retrouver nos liens avec la tradition, en nous diversifiant pour acquérir un maximum d’autonomie et de lien avec la population.
Tout cela ne peut qu’encourager Uniterre à promouvoir une agriculture paysanne résiliente, où la nature, la valeur du travail, les liens de proximité et l’entraide donnent sens à nos actions, et cela dans le respect de nos différences.
En 1976 pendant la crise du pétrole, la Suisse avait instauré les dimanches sans voiture. Aujourd’hui quel confort sommes-nous prêts à abandonner? Quelles sont les actions radicales et collectives que nous sommes prêts à appliquer au vu de l’urgence climatique ? Il est temps d’imaginer une nouvelle voie. Changer le récit de nos sociétés et de nos vies, avec fraternité, coopération et entraide.
Nous vous partageons avec confiance cette pensée de Théodore Monod :
« Si l’Homme n’a pas la sagesse de respecter la vie, le monde ne risque-t-il pas de continuer sans lui ? »
Christine Gerber, Paysanne JU
Yves Batardon, Paysan Vigneron GE
Commission climat
INVITATION POUR LES JOURNALISTES
Dans le cadre de la 12e Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), les petit·es producteur·rices alimentaires ont organisé – par le biais de La Via Campesina, de la Coordination Européenne Via Campesina et de nombreuses organisations nationales – une mobilisation à Genève pour dénoncer l’impact des accords de libre-échange (ALE) et leur lien avec la crise alimentaire mondiale.
En tant que paysan·nes, travailleur·euses ruraux·ales et petit·es agriculteur·rices et fondateur·rices du concept de souveraineté alimentaire, nous invitons les médi
as à assister aux différents moments de la mobilisation. Découvrez en première main les engagements mondiaux du mouvement pour la souveraineté alimentaire et pour des systèmes de commerce équitable et comprenez mieux comment l’OMC et les ALE imposent la pauvreté, la faim, l’instabilité et les crises dans le monde entier.
- 15 Juin — Conférence de presse avec des déléguées de La Via Campesina dont des représentantes paysannes d’Asie, d’Afrique, d’Europe et d’Amériques.
Les déléguées réagiront aux résultats de la 12e réunion ministérielle de l’OMC. Ils et elles présenteront également des demandes et des propositions concrètes pour faire face à la crise alimentaire et mettre en place un mécanisme commercial mondial équitable, fondé sur les principes de la souveraineté alimentaire et de la solidarité alimentaire.
Veuillez remplir vos coordonnées ici pour indiquer si vous êtes intéressée par l’évènement ou envoyer un email à press@viacampesina.org en cas de question ou pour plus d’informations.
Contact sur place : e.muller@uniterre.ch +41 78 824 8501
Communiqué de presse du 7 juin 2022
L'OMC tient une conférence ministérielle du 12 - 15 juin à Genève. La Via Campesina, Uniterre, ainsi que de nombreuses organisations de la société civile, appellent à une grande manifestation paysanne et citoyenne le samedi 11 juin à 14h, Place Lise Girardin à Genève, pour sortir l'OMC de l'agriculture.
La situation actuelle montre que le libre-échange n'est pas à même de garantir la sécurité et la souveraineté alimentaire. La probabilité que le monde continue à être secoué par des crises est très élevée. Il est temps de prendre un virage résolu pour renforcer les marchés locaux et un approvisionnement indigène. Cela passe nécessairement par une protection douanière. Cette protection doit être tarifaire pour empêcher le dumping économique, mais elle doit également respecter les critères et standards de production adoptés par chaque pays pour éviter le dumping social ou écologique. Ce sont les accords de l’Organisation mondiale du commerce qui sont en permanence invoqués par le Conseil Fédéral pour refuser toute augmentation des droits douaniers pour les importations agricoles ! Certes l’OMC est bloquée suite aux nombreuses mobilisations paysannes, pourtant les accords existants exercent quand même un effet très négatif sur les prix de nos productions indigènes. Le cadre de régulation de l’OMC sert de modèle pour tous les accords de libre-échange. Les dernières décennies de libre-échange ont détruit des millions de fermes paysannes dans le monde. Avec pour résultat, une aggravation des problèmes de sécurité alimentaire, de pression sur la biodiversité et les écosystèmes et l’emballement de la dérégulation climatique.
Pour ces raisons, l'Accord sur l'Agriculture de l'OMC doit être abrogé maintenant et l'OMC doit sortir des marchés agricoles!
C'est ce message que la Via Campesina veut délivrer aux ministres présents à Genève ainsi qu'à l'opinion publique. La pression doit être faite sur nos gouvernements afin qu’ils prennent en compte ces revendications dans les négociations commerciales agricoles. Les paysan.ne.s et les citoyen.ne.s seront dans la rue avec une délégation de leaders paysans de tous les continents. Il y aura notamment des délégués d'Indonésie, de Corée du Sud, d'Inde, d'Afrique de l'Ouest, du Brésil pour n’en citer que quelques-uns ayant un intérêt particulier pour l'agriculture suisse.
Cette mobilisation doit être forte pour que le Conseil fédéral comprenne que nous serons là pour le pousser à adapter ses choix politiques dans le but de renforcer les économies locales, la souveraineté alimentaire et un système alimentaire durable basé sur les ressources locales disponibles, l’agriculture paysanne et l’accès à une nourriture saine et suffisante pour toute la population.
Contacts médias Uniterre : Rudi Berli 078 70 77 883 (fr/dt), r.berli@uniterre.ch
La Via Campesina donnera une conférence de presse le mercredi 15 juin à 11h, à l'occasion de la clôture de la conférence ministérielle.
Contact médias La Via Campesina : Eline Müller 078 824 85 01 e.muller@uniterre.ch
Par ailleurs une conférence publique intitulée "L’avenir de l’agriculture ne doit pas se discuter à l’OMC – stratégies de lutte pour la souveraineté alimentaire des peuples" aura lieu le lundi 13 juin à 18h30 à l’Université de Genève, Unimail, salle MR280, avec des intervenant·e·s de La Via Campesina, ECVC, FIAN, Uniterre (en partenariat avec la CUAE)
Courrier adressé à l'organisme de révision de la formation agricole, formation qui est actuellement en cours de révision.
Il est indispensable que l’agriculture biologique et d’autres formes de production telles que l’agroécologie, l’agroforesterie soient mieux prises en compte dans la révision de la formation agricole de base !
Quel est le rôle d’une formation agricole ? Elle doit préparer les futur.e.s paysannes et paysans à mener à bien les nombreuses activités de leur ferme. L’apprentissage des techniques agronomiques pour les différents secteurs de production est essentiel, de même que les connaissances des lois, de la fiscalité, etc. mais cela ne suffit pas. Aujourd’hui, il faut conjuguer le travail agricole avec la durabilité, le respect des animaux, les attentes des consommatrices et consommateurs, la guerre des prix. Le métier des paysans s’est complexifié et la formation agricole doit leur donner une large palette de connaissances afin qu’iels puissent relever les défis actuels et futurs : crise climatique, dégradation des sols, de l’environnement, perte drastique de biodiversité… Les pandémies qui touchent autant les animaux que les humains et la guerre en Ukraine (et dans de nombreux autres pays) prouvent que nous ne pouvons plus aveuglement compter sur les importations d’intrants pour notre agriculture suisse. Nous devons donc impérativement développer une agriculture plus résiliente, plus durable, plus autonome. L’agriculture biologique et l’agroécologie apportent des solutions pour plus de résilience.
Nous pensons qu’une formation a le devoir de faire découvrir aux apprenant.es tous les champs des possibilités afin qu’ils puissent décider de leur stratégie entrepreneuriale en toute connaissance de cause. Il n’y a pas qu’une agriculture en Suisse ! Il faut que la formation agricole reflète les différentes tendances. Elle n’a pas le droit moral de ne promouvoir qu’un seul type d’agriculture. Au contraire, elle doit non seulement renforcer l’agriculture biologique, mais encore légitimer l’agroécologie, l’agroforesterie.
De nombreuses personnes souhaitent se former dans ces domaines : plusieurs formations en maraîchage biologique par exemple se développent actuellement de façon autonome, faute de formation adéquate. Des centaines de personnes sont sur liste d’attente pour pouvoir suivre ces nouvelles formations.
Vous nous répondrez que la demande des consommateur.trice.s n’est pas au rendez-vous concernant la consommation de produits biologiques ou d’autres labels. C’est un fait, mais le problème est ailleurs : Ce n’est pas le bio qui coûte trop cher, c’est le conventionnel qui ne couvre pas tous ses frais, parce que jusqu’à présent, la majorité des empreintes écologiques, sanitaires et sociales sont mises à la charge de la société. En plus, une nourriture, vitale, mérite plus que 7 % du budget de nos ménages.
Une formation qui mérite son nom doit permettre d’anticiper, de développer de nouvelles voies, d’oser sortir du moule !
Nous comptons sur le soutien de l'OrTra Agrialiform pour que ce besoin d’ouverture soit reconnu dans la révision actuelle de la formation, pas seulement dans les premières années de formation mais aussi au travers de spécialisations.
Information ECVC
Le 1er livret thématique sur “l’accès aux ressources et aux moyens de production” est arrivé. Il s’agit du premier de 4 livrets, constituant une partie du matériel d’éducation populaire qui sera utilisé comme une étape cruciale pour reconnecter celles et ceux qui ont inspiré et créé UNDROP. Il met en évidence la manière dont l’UNDROP peut être utilisée pour aborder et protéger les droits des paysan·nes aux ressources et aux moyens de production. Les obligations de l’État sont décrites. Il donne aussi des exemples sur la façon dont les communautés du monde entier utilisent l’UNDROP pour protéger leurs droits.
Le matériel d’éducation populaire nous aidera à utiliser efficacement l’UNDROP dans nos luttes pour affirmer et faire progresser nos droits collectifs et individuels. Ces livrets contribueront à une plus grande sensibilisation, à une meilleure compréhension et au renforcement des capacités (par la formation) des mouvements sociaux ruraux. Nous devons utiliser ce livret comme un outil fondamental pour garantir que l’UNDROP sera respectée, mise en œuvre et promue à tous les niveaux ; du local à l’international, des coutumes communautaires aux mécanismes d’élaboration des politiques.
Le matériel éducatif populaire de l’UNDROP est développé par La Via Campesina et FIAN International.
Communiqué de presse Uniterre
En ces temps incertains, où le sentiment d’insécurité semble croître de jour en jour, l’ancestrale peur d’avoir faim ressurgit au fond de nos cerveaux reptiliens, et nous force à nous demander quelle attitude adopter. Le patron de Syngenta sort du bois avec une réponse toute faite, et sans ambages : il faut laisser tomber la production bio, afin d’augmenter les rendements ! Mais ne soyons pas naïfs, ce sont surtout ses propres bénéfices qu’il espère augmenter !
L’agriculture industrielle, avec de grandes structures et des monocultures, s’avère en vérité particulièrement néfaste pour le climat et pour la biodiversité. De plus, en arrêtant le bio, tel que le propose Syngenta, l’agriculture se mettrait davantage à dos la société civile en compromettant :
- la qualité de l’eau potable,
- la qualité de nos terres,
- la biodiversité,
- la protection du climat,
- la santé publique
En arrêtant le bio, nous produirons peut-être davantage de denrées alimentaires, mais pas de vivres. Et nous ferons - surtout ! - augmenter le chiffre d’affaire et les bénéfices de Syngenta et de toute l’agrochimie.
Les vraies solutions au problème de pénurie alimentaire se trouvent ailleurs, et en plus elles sont beaucoup moins coûteuses :
- Mieux répartir la nourriture,
- Arrêter la spéculation sur la nourriture,
- Arrêter le gaspillage alimentaire, tout le long de la chaîne de production,
- Arrêter d’utiliser des denrées pour en produire du carburant,
- Ne pas fourrager des denrées qui peuvent nourrir l’humain,
- Préserver nos terres de l’érosion, de la désertification et de la spéculation,
- Promouvoir de plus petites structures, diversifiées par l’agroforesterie et la permaculture, pour plus de résilience et d’autonomie,
- Sortir l’agriculture des accords de libre échange et de l’OMC,
- En résumé, Promouvoir la souveraineté alimentaire !
Il est vrai, l’agriculture bio produit moins en quantité, mais mieux et de manière plus durable. A long terme, ce sera la durabilité de tout le système, la durabilité et la qualité de de nos terres nourricières qui seront déterminantes, et non pas les profits à court terme de quelques géants !
La fuite en avant vers le « toujours plus » ne nous sauvera pas, bien au contraire, elle ne fera que nous précipiter dans une spirale infernale de problèmes toujours plus insurmontables. Alors ne cédons pas aux sirènes des solutions toutes faites, mais empoignons à bras le corps, et pour de bon, toutes ces difficultés ! En route vers la Souveraineté alimentaire, avec les paysan.nes du monde entier !
Contacts presse :
Maurus Gerber (d/f): 081 864 70 22
Laurent Vonwiller (d/f): 078 877 01 79
Depuis
la création de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995,
La Via Campesina n’a cessé de dénoncer les politiques
néolibérales et de libre-échange qui détruisent les paysanneries
du monde et déstabilisent les systèmes alimentaires locaux. De
Seattle à Cancún, de Hong Kong à Buenos Aires, les paysan·nexs
ont inspiré une grande alliance des peuples contre l’imposition
d’un nouvel ordre commercial au service des multinationales et des
milliardaires.
Pendant
le mois de juin, les paysan·nexs du monde entier nous appellent à
nous mobiliser une fois encore, à Genève, contre cette organisation
aux politiques criminelles.
Les mobilisations paysannes et autochtones ont permis de bloquer les négociations. Depuis 2001 et l’accord de Doha, aucun nouvel accord de l’OMC n’a jamais pu être adopté. Cependant, l’accord de Marrakech s’applique : il oblige à ouvrir les marchés aux entreprises transnationales et empêche notamment la mise en place de politiques publiques ambitieuses en faveur des paysan·nexs et des autres petit·exs producteur·ricexs. De plus, les accords de libre-échange bilatéraux ou régionaux se sont multipliés.
Solidarité avec la lutte exemplaire de La Via Campesina en défense de la souveraineté alimentaire des peuples !
Les politiques néolibérales et d’imposition du libre-échange ont fortement fragilisé les paysanneries du monde entier. Elles poussent les pays à donner la priorité aux cultures d’exportation et à dépendre des importations pour nourrir leur population. Elles accentuent l’accaparement des ressources naturelles par les transnationales, au détriment des paysan·nexs et des communautés locales. Elles aggravent le réchauffement climatique en favorisant la monoculture industrielles, la déforestation, la surexploitation des sols et de l’eau ainsi que la perte de biodiversité. La santé des foyers les plus précaires est sévèrement affectée par la perte de qualité de l’alimentation issue de processus industriels et de l’exportation.
Pandémie de Covid-19, événements extrêmes liés au réchauffement climatique, guerre en Ukraine, aujourd’hui le constat est sans appel : faire dépendre l’alimentation et la santé des peuples du commerce international et des entreprises transnationales est irresponsable et criminel. Cela doit cesser. L’OMC doit sortir de l’agriculture ! La souveraineté alimentaire doit être la base des politiques agricoles et alimentaires et les pays doivent mettre en œuvre la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP) ainsi que les directives sur la pêche artisanale.
Le libre-échange est aussi criminel dans d’autres domaines. Désarmant les États, il a imposé le néolibéralisme : démantèlement des services publics, austérité, dettes, délocalisation et surproduction - cette course vers le bas des États a exacerbé les inégalités et démultiplié la misère, au Sud comme au Nord. Les femmes en sont les premières victimes ; les migrations forcées, les guerres et les violences endémiques en sont les conséquences. La dérégulation financière attise la spéculation et une succession de crises endémiques, avec en parallèle des régulations totalitaires qui renforcent le « droit » aux bénéfices des transnationales et leurs brevets sur les semences et les médicaments (même en pleine pandémie)!
Nous
exigeons des politiques publiques qui favorisent l'accès à la terre
et aux ressources agricoles pour les jeunes ainsi que la mise en
place de circuits courts.
MANIFESTATION INTERNATIONALE CONTRE LA CONFÉRENCE MINISTÉRIELLE DE
L’OMC : Samedi 11 juin, 14h, Place Lise Girardin, Genève
Grève pour le climat Genève/Vaud, Solifonds, Congreso de los Pueblos_Suiza, Maison collective Malagnou, Rafale, The Development Institute, Arlac (BE), Red Wiphalas, Aipazcomun, Red Tinka, Activistas Sociales 14 de Septiembre, Coordinadora de Bases de la Plaza 14 de Septiembre, Anticapitalistas et Ecologistas en Acciôn, Comunidad Bolivia Plurinacional CH, Autoconvocadxs Internacional Madrid, World Forum of Fisher Peoples (WFFP), Permacultura Atta, Basta, Association de solidarité Nicaragua - El Salvador, Friends of the Earth International, Masifundise development Fund, SIKH Human Rights Group, Nouvelles générations Chili, Rencontre Internationale Anti-autoritaire, VCS VivaCuba
L’organisation paysanne Uniterre a pris part à la consultation proposée par le Conseil fédéral. Voici dans les grandes lignes nos revendications.
La période récente nous montre de manière évidente l'importance d'un approvisionnement alimentaire sécurisé pour la population, ainsi que le rôle prépondérant que l'agriculture paysanne doit y jouer. L’agriculture paysanne occupe un rôle de premier plan dans la décarbonation du système alimentaire et la transition vers une société plus durable. Mais cette agriculture paysanne est aujourd'hui prise en étau entre un marché alimentaire toujours plus mondialisé avec une pression permanente sur le prix à la production et la nécessité de préserver les ressources naturelles, le climat et la biodiversité. Le renvoi de la politique agricole 22+ n’a pas encore ouvert le débat sur un système alimentaire cohérent qui doit dépasser ces contradictions. Ainsi la destruction de l’agriculture paysanne par l’évolution structurelle, voulue par l’OFAG, n’est toujours pas remise en question par les orientations proposées
Ces dernières années, le nombre de suicides et de burn-out dans l’agriculture est en forte augmentation. C’est pour cela et, vu la situation géopolitique actuelle, que le moment est venu de revaloriser le travail de l’agriculture. Ainsi dans l’Ordonnance sur la Terminologie agricole, Uniterre propose de coupler l’UMOS (Unité main d’oeuvre standard) à l’équivalent temps plein (ETP) appliqué au sein de l’OFAG. Une UMOS devrait donc passer de 2600 h/an, à moins de 2000 h/an. Les facteurs pour le calcul des UMOS devront donc être adaptés et corrigés à la hausse (mais pas les seuils UMOS !).
Uniterre déplore que la protection douanière de la production indigène de céréales fourragères et panifiables, d’oléagineux et de plantes protéiques ne soit pas renforcée. Pour combler ce manque, nous proposons de modifier l’ordonnance sur les importations.
Quant à la production laitière : Uniterre soutient pleinement le versement direct de la prime à la transformation fromagère aux producteur.trice.s. Par contre, Uniterre ne comprend pas que l’OFAG ne soit pas capable de faire appliquer la motion 19.3952 "Améliorer les termes du contrat-type de l'Interprofession du lait ", adoptée par les deux chambres du parlement. Le nouveau contrat cadre de l’IP-Lait ne garantit toujours pas la liberté de livraison, sans pénalisation, du lait du segment B. C’est un déni de notre système démocratique ! Aujourd’hui, nous privilégions l'exportation de fromages produits avec du lait B sans aucune valeur ajoutée, alors que nous devons importer du beurre. Au lieu de pousser les exportations à tous crins, nous devons privilégier l'approvisionnement du marché suisse !
Compte-tenu de l’introduction de nouveaux objectifs (primes aux cultures spéciales, protection des troupeaux, soutien aux races indigènes, soutien aux plantes résistantes, …), Uniterre exige que l’enveloppe budgétaire soit adaptée dans ce sens. Par ailleurs, Uniterre attend que la Confédération présente une politique agricole globale et cohérente, qui englobe aussi les domaines de l’alimentation. De plus, il est clair que l’agriculture a des implications dans de nombreux autres domaines, tels que l’environnement, la santé, le tourisme, la mobilité, l’aménagement du territoire, et les prestations réalisées par l’agriculture devraient jouir du soutien financier des départements concernés.
Cependant, ces considérations ne doivent pas dédouaner les différents acteurs du marché, qui doit être la source principale de rémunération des produits agricoles. En outre, la Confédération ne peut pas être libérée de son devoir moral de créer et de favoriser des conditions-cadre équitables pour une répartition juste et transparente de la valeur ajoutée tout au long des filières.
réponse à la consultation sur le train d'ordonnances agricoles
Prise de position du MAPC, Mouvement pour une Agriculture Paysanne et Citoyenne (Genève)
Ce dimanche 17 avril 2022, journée internationale des luttes paysannes, le Comité du 17 avril a organisé une plantation de patates sur l’ancien emplacement de la coopérative maraîchère du Jardin des Charrotons, aux Cherpines à Genève. Celle-ci avait cessé son activité en 2017 suite au non-renouvellement de son bail agricole par les propriétaires du terrain. Certes, le déclassement de la zone des Cherpines condamnait la pérennité de la coopérative, mais le constat est que cinq ans plus tard, le terrain est toujours en friche, et rien n’a été construit comme initialement prévu.
Le MAPC, Mouvement pour une Agriculture Paysanne et Citoyenne, prend position aujourd’hui contre le déclassement à tout va des terres agricoles et contre la politique de la Confédération, qui ne protège pas les structures agricoles à taille humaine, qui pratiquent une agriculture extensive et agroécologique respectueuse du vivant et qui font un travail essentiel à la survie de nos sols et à la production agricole des décennies à venir. En effet, à l’heure actuelle 3 fermes par jour disparaissent en Suisse. Les terres sont de plus en plus déclassées pour laisser place bien souvent à la construction de complexes commerciaux non indispensables ou à des locaux commerciaux, qui restent vides ou peu utilisés. Sous la pression de logiques du marché et de l’agroindustrie, les fermes deviennent de plus en plus grandes et de plus en plus mécanisées et technologiques, entrainant la disparition des petites fermes, des paysannes*, remplacées par des machines ou des robots, ainsi que la disparition du savoir paysan et des terres accessibles pour les néopaysannes qui souhaitent se lancer.
Les terres des Cherpines étaient des terres multiséculaires du terroir genevois. Longtemps cultivées selon des pratiques culturales respectueuses des sols, elles étaient parmi les plus fertiles du canton. De même, la coopérative maraîchère du Jardin des Charrotons, organisée en ACP, était une structure qui cultivait biologiquement une grande diversité de légumes permettant la livraison hebdomadaire de 140 paniers, destinés à des mangeuses de la région. C’était aussi un lieu vivant et de rencontres, qui multipliait les savoirs paysans en expérimentant de nouvelles techniques et en accueillant des stagiaires régulièrement. Suite à la fin du bail aux Cherpines, l’aide apportée par l’État au relogement de la coopérative a été très faible et toujours conditionné à une obligation ; un relogement sur des terrains agricoles de l’État n’est possible que si la forme juridique « coopérative » change pour une forme en entreprise individuelle.
Le MAPC se questionne ainsi sur la transparence de l’utilisation des terres agricoles à Genève et de ses méthodes d’attribution. Comment savoir si des terrains agricoles de l’État se libèrent ? Nous estimons qu’à l’avenir, les terrains agricoles appartenant à l’État doivent favoriser en premier l’installation de nouvelles structures et non l’agrandissement de fermes déjà existantes. Mais aussi, et l’exemple du Jardin des Charrotons en témoigne, comment est-il possible de laisser au bon vouloir de propriétaires privées nonagricultrices
l’attribution et les conditions d’utilisation des terres agricoles ?
Parce que le MAPC promeut ce type de structures et pratiques agricoles, aujourd’hui menacées par l’industrialisation du travail de la terre, le MAPC soutient l’occupation du champ des Cherpines de ce 17 avril 2022 et soutiendra le Comité du 17 avril lors des négociations qui vont se tenir ces prochains jours avec le propriétaire du lieu, ce dernier ayant annoncé dimanche qu’il était ouvert à la discussion pour mettre en place un bail d’exploitation.
Uniterre soutient cette prise de position.
Contact : info@mapc-ge.ch / mapc-ge.ch
* Le féminin générique est utilisé à des fins de lisibilité et inclut toute identité de genre.
Communiqué de presse du comité du 17 avril
https://www.youtube.com/watch?v=S4WZnjoG7tY
La Coordination Européenne Via Campesina (ECVC) a publié aujourd'hui une nouvelle publication sur sa vision de l'agroécologie paysanne, capable d'offrir des solutions aux grands défis environnementaux, sociaux, économiques et politiques auxquels nous sommes confrontés aujourd'hui.
La publication explique les concepts de l'agroécologie paysanne selon ECVC, puis propose diverses études de cas qui illustrent les différentes façons dont l'agroécologie paysanne peut être réalisée en fonction des conditions, des cultures, des ressources et des pratiques locales. Il est important de noter que l'agroécologie paysanne n'est pas un modèle agricole normatif, mais plutôt une pratique vivante qui fonctionne avec la nature et non contre elle, reconnaissant les droits des agriculteur.rice.s et des communauté.e.s à l'autodétermination et à l'autonomie.
D’après la vision de l'agroécologie paysanne d'ECVC, les droits des petit.e.s producteur.rice.s alimentaires, reconnus au niveau international dans la Déclaration des droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP), doivent être une des priorités de son programme. En outre, les petit.e.s producteur.rice.s de denrées alimentaires doivent être respecté.e.s pour leur rôle de premier plan dans l'économie et récompensé.e.s équitablement pour leur travail.
Cela ne peut se faire que par le biais de politiques et de législations au niveau régional, national et local qui conservent et protègent les droits des dit.e.s paysan.ne.s et garantissent le libre accès et les droits de décision sur les semences, les moyens de production, la terre et les biens communs tels que l'eau, l'air, la culture et la connaissance.
Pour y parvenir, ECVC a écrit une lettre ouverte aux décideur.euse.s politiques à l'approche de la Journée internationale des luttes paysannes, demandant des politiques publiques qu’elles facilitent une réelle transition vers l'agroécologie paysanne et la souveraineté alimentaire. Cela pourrait contribuer à atteindre les objectifs en matière d'agriculture et de climat fixés par les institutions européennes dans des politiques telles que les stratégies "de la ferme à la table" et de "biodiversité".
Cependant, à ce jour, l'UE n'a pas réussi à fournir des mécanismes et des outils suffisants pour assurer cette transition, préférant plutôt encourager des pratiques isolées liées à l'agroécologie paysanne tout en maintenant un système de production alimentaire qui n'est pas durable dans son essence même. ECVC demande une régulation du marché et un soutien économique supplémentaire pour garantir une transition vers l'agroécologie paysanne dans le cadre du Pacte Vert. Cela permettra d'assurer la résilience des systèmes alimentaires pour produire une alimentation suffisante et saine, de protéger l'environnement et de promouvoir la cohésion sociale dans les zones urbaines et rurales. ECVC reconnaît également la nécessité d'un nouveau paradigme économique, basé sur les principes de solidarité, de coopération et d'échange, s'efforçant de trouver des alternatives locales et circulaires telles que les systèmes de chaînes alimentaires courtes.
Comme l'a souligné Pier Francesco Pandolfi de Rinaldis, membre de l'Articulation des Jeunes d’ECVC, "Dans l'agroécologie paysanne, les activités économiques doivent se développer dans les limites écologiques et être guidées par les conditions et les besoins locaux plutôt que par les intérêts capitalistes et la croissance à tout prix. Concrètement, cela signifie qu'il faut retirer l'agriculture des accords de libre-échange et de l'OMC et introduire une régulation du marché afin de garantir aux agriculteur.rice.s un revenu décent."
Notes à la rédaction
Lisez la publication complète, disponible en sept langues, ici : Néerlandais, Anglais, Français, Allemand, Italien, Roumain, Espagnol
Suite au lancement de cette nouvelle publication, ECVC organisera un webinaire dirigé par les paysan.ne.s avec la participation de décideur.euse.s politiques afin de faire pression pour la mise en œuvre d'une politique qui facilite sa vision de l'agroécologie. Suivez @ECVC1 sur Twitter pour recevoir plus d'informations.