mardi, 18 octobre 2011

truieMarché du porc

Sommes-nous en 1960?

Trois francs par kilo...c'est le prix pour les porcelets de 20 kilos concédé ces jours aux producteurs. Alors qu'il devrait se situer autour de 6.50.-/kg pour couvrir les coûts. Pour les engraisseurs, le prix du porc à 80 kilos est de 3.10.-/kg (poids mort). Il y a cinquante ans, le même porc se vendait 3.-/kg, poids vif... Les porcs, malgré ces prix, s'écoulent mal. Du coup, les poids dépassent les normes et les producteurs subissent encore une réduction de prix! 

 

 

Aujourd’hui, la situation du marché du porc peut être décrite comme catastrophique! Comment en sommes-nous arrivés là? Certains évoquent la forte hausse de productivité des truies. Ou le fait qu’en raison d’investissements majeurs pour agrandir leurs unités de production, les producteurs sont «contraints» de produire afin de faire face à de trop nombreuses charges: remboursement de la dette, paiement des salaires des employés engagés lors de l’agrandissement, coûts de l’énergie, affouragement. Bref, les grandes structures ont, à n’en point douter, beaucoup moins de souplesse que les plus petites pour s’adapter au marché. Mais ces dernières ont disparu sous la pression et ce n’est plus elles qui pourront faire tampon en arrêtant leur atelier porcin. Dans ces conditions, est-ce que l’appel de Suisseporcs pour réduire de 10% la production de truies peut être entendu? Selon certains producteurs, si la solidarité fonctionnait, le problème pourrait être surmonté en six mois. A l’heure actuelle, Suisseporcs n’a pas les moyens d’obliger les producteurs à réduire leur production. Toute gestion stricte des quantités a jusqu’alors été refusée par Suisseporcs avec l’argument que le marché était en mesure de réguler à lui seul les quantités. D’autres soulèvent la problématique du tourisme alimentaire qui a encore été accentué -particulièrement dans le secteur carné- depuis la crise du franc fort. Les producteurs pointent ici du doigt les transformateurs et les distributeurs qui n’ont pas répercuté la baisse vertigineuse des prix vers les consommateurs. Quelle sera la réaction de Manfred Bötsch, ancien directeur de l’OFAG et nouveau membre de la direction de Micarna, sur ce dossier? 

La différence est telle à l’étalage qu’il est difficile de ne pas résister à la tentation. Les paysans appellent néanmoins les consommateurs à faire preuve de responsabilité. Les normes de production dans le secteur porcin sont largement plus élevées que chez nos voisins et expliquent en bonne partie la différence qui demeure entre le prix à la production en Suisse et en Europe. 

Dans ce contexte de surproduction, où les importations de viande semblent jouer encore un rôle secondaire, quel rôle joue la Fenaco? Selon des informations reçues, elle aurait largement encouragé des producteurs à transformer des étables en rings de mise-bas avec l’aide de crédits avantageux et un engagement à long terme; il y a peu de temps encore. Les porcelets sont alors revendus à vils prix par Fenaco à des engraisseurs qui recevraient un soutien financier pour l’engraissement. Afin d’écouler des aliments importés par Fenaco à prix dérisoires? Par après, les porcs sont acheminés vers les abattoirs par Anicom SA. Si cela se confirme, est-ce bien raisonnable de la part d’une coopérative appartenant aux paysans? Après une intégration de la filière volaille, celle des porcs est quasi achevée. Sachant que Fenaco importe toute une palette de marchandises, dont de la viande, il y a de quoi frémir...
Uniterre