dimanche, 15 avril 2012

Luttes paysannes: Mobilisations contre le productivisme

17 avril, journée internationale des luttes paysannes: en Suisse comme au Sud, les paysannes et paysans sont pris dans l'engrenage du capitalisme de marché et sont de plus en plus menacés dans leur existence comme dans leurs luttes syndicales. 

 

Uniterre s’est mobilisé dans quatre régions afin de dénoncer les impacts du productivisme dans la filière laitière et pour mettre en évidence des mesures clé pour inscrire cette filière dans une politique de souveraineté alimentaire: A Genève et Winterthur, les collectivités locales ont été interpellées, notamment sur leur rôle important en faveur d’une filière laitière équitable et d’un approvisionnement des citadins en produits locaux équitables. A Môtiers, nous avons montré un cas concret de ce que souhaitent véritablement les industries laitières comme système agricole: Un système productiviste hors-sol qui induit de multiples dégradations et des coûts externes: environnement naturel et social, qualité du lait, qualité de vie des familles paysannes, santé publique. A Laufon, des paysans et des consomm’acteurs ont lancé un système alternatif de production et distribution de produits laitiers équitables (lire en page 3).

Nous luttons contre l’utilisation abusive d’antibiotiques dans la production laitière et de viande, car elle induit des phénomènes de résistances tant chez les animaux que les hommes, nous expose à des résidus dans l’alimentation et à un cocktail de micropolluants dans les eaux (lire aussi en page 7).

Nous luttons contre le productivisme vert, un abus de langage qui cache l’impérieuse nécessité de repenser fondamentalement notre système de production et de distribution alimentaire. Si l’«économie verte» sera au coeur des débats du prochain sommet mondial sur le développement durable en juin prochain (Rio+20), elle risque d’être un leurre de plus car elle est basée sur un marché néo-colonialiste des droits d’émission et une monétarisation des services de la planète (deux conférences auront lieu à Zürich et Neuchâtel sur ce thème, voir l’agenda en page 8).

Nous luttons contre le pouvoir des transformateurs et des supermarchés. Emmi, au nom du capitalisme de marché, tente de lancer un gruyère américain, qui lui apporterait en prime une baisse du prix du lait du gruyère AOC. Et que dire des normes sanitaires imposées pour -et par- les industries agro-alimentaires, qui sont inappropriées pour des unités artisanales de transformation et briment l’économie locale par des surcoûts importants? Il est essentiel d’adapter les règles d’hygiène pour les petites fermes et les circuits courts avec des systèmes de garanties participatives (lire en pages 3 et 4). 

Nous luttons pour que les consommateurs aient un accès facilité à des produits de proximité équitables. 10’000 ménages en Suisse font déjà un acte citoyen de défense d’une agriculture paysanne en adhérant à une initiative contractuelle de proximité (ACP). Uniterre propose également comme acte citoyen de soutenir la pétition nationale «du lait mais pas plus qu’il n’en faut» qui est toujours ouverte.

Nous luttons pour une meilleure reconnaissance des luttes paysannes, aussi en Suisse: notre pays champion des droits humains s’est ouvertement positionné le mois dernier contre une déclaration onusienne des droits des paysans (lire en page 4). Pour rappel, l’action syndicale d’Uniterre à Pringy demandant une application d’une mesure de gestion de la crise laitière a été condamnée et un rappel est en cours.