jeudi, 25 octobre 2012

Saga automnale autour des OGM: où quand l'agrobusiness sème la discorde entre les scientifiques

ratLa publication fin août d'un rapport sur le programme national de recherche PNR59 «Utilité et risques de la dissémination de plantes génétiquement modifiées» avait déjà partagé la communauté scientifique et créé la polémique au sein de la société civile car ses conclusions ressemblent plus à une propagande en faveur des OGM -rapport d'ailleurs rédigé par une équipe en charge de la communication du FNS- qu'à des conclusions scientifiques rigoureuses et nuancées[1].

 

illustration parue dans Vigousse, 28/09/2012

 

Le rapport osait conclure en généralisant que « les OGM ne présentent aucun risque, que ce soit pour la santé ou pour l’environnement ». Fort heureusement, le Conseil National ne s’était pas laissé émouvoir lors de sa session d’automne en décidant à une large majorité de prolonger le moratoire jusqu’en 2017. Décision qui reflète largement la position des consommateurs, à savoir pas d’OGM dans leur assiette.

Un mois plus tard, c’est la publication très médiatisée de «l’étude Séralini» qui enfonce le clou de la discorde : contredisant les résultats du PNR59, cette étude française a analysé sur le long terme la toxicité supposée du maïs transgénique NK603 et du pesticide RoundUp, tous deux de la firme Monsanto, et a démontré des effets avérés sur des rats. Un type d’études publiques très rarement conduites. Mais il ne s’est pas fallu attendre longtemps pour que plusieurs experts scientifiques décrient l’étude du Professeur Séralini sur quelques points qui ne font d’ailleurs pas l’unanimité[2] : quelques jours à peine alors que l’étude Séralini a elle passé par le long processus standard de révision par des paires de la revue Food and Chemical Toxicology.

Malgré ces tentatives de remettre la chape de plomb sur les études menées par les entreprises elles-mêmes et qui restent secrètes, tentatives émanant d’experts manquant cruellement d’indépendance, plusieurs nouvelles sont réjouissantes :

- les Verts ont déposé deux interpellations d’intérêt au Conseil national demandant la réexamination des conclusions du PNR59 et la réévaluation des procédures d’autorisation avec une prolongation des tests sur une plus longue période.

- En France, malgré que le Haut Conseil des Biotechnologies (HCB) ait contesté l’étude française du Pr Séralini, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire (Anses) était un peu plus impartiale en se prononçant en faveur de la reconsidération des modalités d’évaluation des risques sanitaires des OGM et produits phytosanitaires. Le gouvernement français vient de plaider pour une "remise à plat du dispositif européen d’évaluation, d’autorisation et de contrôle des OGM et des pesticides", et va chercher à renforcer les études publiques sur les effets à long terme de la consommation d’OGM associés à des pesticides.



[1] Voir communiqué de presse de STOP OGM du 28 aout 2012

[2] Voir sur stopogm.ch: http://www.gmwatch.org/index.php?option=com_content&view=article&id=14323:monthly-review-109-part-1 et http://www.combat-monsanto.org/spip.php?article991


 

 LETTRE DE LECTEUR

 

Monsanto, coupable

Comment peut-on en toute conscience offrir des exonérations fiscales colossales (100% de l’ICC) pendant dix ans à Monsanto (LT du 24 mars)? Il faut savoir que cette méga-entreprise américaine aussi cupide que discrète est la responsable méconnue de la fabrication de l’agent orange (utilisé pendant la guerre du Vietnam), de la dioxine, des PCB, des OGM et du contrôle de 60% des semences, de l’herbicide Roundup incriminé dans l’article paru dans Le Temps du 12 septembre ("l’herbicide de Monsanto en procès"), ainsi que dans la toute récente étude menée par un laboratoire indépendant français. Comment peut-on balayer d’un simple revers de manche toute complicité passive dans la destruction de l’environnement et de vies humaines?

Frank Paillard, Lausanne, 28 septembre 2012