Le 5 novembre passé les travailleurs de Nestlé à Bugalagrande en Colombie ont commencé une grève de la faim dans un climat d'hostilité du côté de l'entreprise et des groupes d'extrême droite. Une grève de la faim n'est pas une protestation banale; cette mesure, qui nuit très probablement à la santé des grévistes, s'applique quand toutes les autres mesures de protestation ont été utilisées sans que des résultats soient obtenus.
C’est ce qui s’est passé à Bugalagrande: ça fait longtemps que le syndicat Sinaltrainal exige que Nestlé respecte la convention signée en juin 2012. Mais ça n’a pas été possible. Depuis plusieurs mois, la gérance de Nestlé refuse de dialoguer avec le Syndicat National des Travailleurs de l’Industrie de l’Alimentation - Sinaltrainal - et, comme si cec n’était pas suffisant, elle a augmenté la pression contre celui-ci. Les travailleurs sont fortement incités à s’affilier à Sintraimagra, le syndicat concurrent qui est proche de la gérance de l’entreprise.
Toutes ces mesures ont pour objectif d’affaiblir Sinaltrainal et elles violent les droits syndicaux. A cela, il faut ajouter que Nestlé délégitime et diffame Sinaltrainal. Il faut se rappeler que le 31 octobre passé, dans un communiqué signé par le président de Nestlé-Colombie Manuel Andrés Kornprobst, Sinaltrainal était accusé, injustement et de manière infondée, d’appeler à commettre des actes de violence et de sabotage. Ce type d’accusations, dans le contexte colombien, sont très dangereuses et transforment- comme cela est déjà arrivé - les syndicalistes en cibles pour les paramilitaires. Dans les fabriques de Nestlé en Colombie, plusieurs travailleurs, impliqués dans le conflit de travail, ont été menacés de mort.
Ces groupes paramilitaires ont envoyé des SMS et des lettres où ils ont menacé le syndicat.
Samedi 9 novembre à 20h30 à Bugalagrande, le travailleur de Nestlé et affilié au syndicat Sinaltrainal Oscar López Triviño a été assassiné de 4 balles. Oscar travaillait pour Nestlé en Colombie depuis 25 ans.
Le 5 novembre dernier, l’ONG Multiwach avait écrit à Paul Bulcke CEO de Nestlé pour l’alerter de la gravité de la situation. Les revendications de l’ONG avaient été appuyées par plusieurs parlementaires nationaux: Cédric Wermuth, Maria Bernasconi, Marina Carobbio, Jacqueline Fehr, Claudia Friedl, Balthasar Glättli, Andreas Gross, Barbara Gysi, Thomas Hardegger, Beat Jans, Ada Marra, Martina Munz, Martin Naef, Mathias Reynard, Ursula Schneider Schüttel, Jean-Christophe Schwaab, Jean-Francois Steiert, Carlo Sommaruga.
Aujourd’hui, une fois encore, Uniterre déplore la mort d’un syndicaliste qui luttait pour de meilleures conditions de travail dans une société multinationale ayant son siège en Suisse! Pourtant Nestlé Suisse avait été prévenue de la tension extrême règnant sur place. Il est urgent que le dialogue soit repris au sein de l’entreprise et que les revendications syndicales soient prises au sérieux. Nous adressons nos messages de solidarité aux collègues colombiens.
sources: multiwach