mercredi, 12 juin 2013

BIGMLogo farbigEn Suisse comme à l'étranger, le lait est à nouveau très recherché. Le prix du lait en poudre a littéralement explosé. Toutefois, les familles paysannes ne le remarquent qu'à peine. En Suisse, le prix du lait devait augmenter très légèrement en juin au plus tôt. Ce qui est sûr, c'est que l'augmentation des prix est déjà en vigueur partout actuellement, même sur les fermes

 

: les engraisseurs de veaux paient déjà plus cher pour le lait en poudre. Les vendeurs disent que c’est en raison de l’augmentation des prix du lait à l’échelle mondiale. Cependant, le lait en poudre est entièrement suisse et les prix du lait à la ferme sont toujours aussi bas qu’avant. Lorsque la situation est contraire, quand il y a une baisse de prix, celle-ci est généralement transmise des mois plus tard, soi-disant parce que la poudre aurait été produite avec du lait acheté au prix d’avant. Actuellement, la poudre de lait est produite avec du lait bon marché et pourtant, le prix de la poudre augmente...
Le lait du segment B est toujours payé au prix le plus bas ; c’est un vrai scandale ! Par exemple, Nordostmilch débourse 56 centimes pour le lait du segment B, Emmi paie 54 centimes à ses fournisseurs directs et la Miba ne dépense que 46 centimes, un prix dérisoire. Si les transformateurs encaissent le supplément pour la transformation en fromage du lait, leur prix d’achat s’élève à 31 centimes ! À titre de comparaison : sur les marchés au comptant d’Europe, le prix s’élève à 0,40 euro, c’est-à-dire 48 centimes nets. Mais personne ne s’en soucie, pour autant que l’on puisse dire aux médias suisses que nos prix du lait augmenteront de 3 centimes à partir de juin.
PA 14-17 : encore les mêmes profiteront
Sur ce marché inéquitable, les producteurs laitiers ne reçoivent que des miettes et la réforme de la PA 14 17 fera en sorte que cette situation perdure. L’industrie laitière est très satisfaite des ordonnances, notamment pour les raisons suivantes :
- Les producteurs n’ont aucune possibilité de gérer la quantité de lait, afin que l’offre et la demande soient en équilibre. Les transformateurs et le commerce empochent les profits, qu’il y ait surplus ou pénurie (cf. plus haut).
- Les contrats d’achat de lait obligatoires ont été empêchés.
- La Confédération a augmenté de 106 millions le crédit agricole. Cet argent servira surtout à subventionner de nouvelles étables (de vaches laitières) et donc à lier les paysans à la production laitière pour les quelques décennies à venir. Par conséquent, leur dépendance à l’industrie laitière s’accroîtra, tandis que les autres seront à la merci des payements directs.
- Le Parlement a mandaté la Confédération à évaluer les conséquences d’une ouverture totale des frontières. L’expérience montre que ce genre d’études aboutissent TOUJOURS au constat que les chances dépassent les risques ; il s’agit donc d’un premier pas en direction d’une ouverture des frontières.
- Il n’y a toujours d’observatoir du marché qui documente l’évolution de l’offre et de la demande. Au lieu de cela, il faut maintenant relever les données avec des mois de retard, afin de déterminer si les décomptes de la paie de lait et les déclarations sur les quantités de lait correspondent à la segmentation. C’est un travail énorme. Un jour lointain, il y aura peut-être même des sanctions pour les fauteurs. Mais ils feront des recours et des procédures juridiques qui dureront des années et qui seront à la charge des producteurs (à l’exemple des contrôles des quantités supplémentaires). Quel gaspillage d’argent et d’énergie ! C’est une marche à vide stupide, afin que le « libre marché » ne soit pas affecté.
Tant que cette attitude perdurera, les fermes laitières n’auront aucune perspective fiable. On retardera les décisions d’investissement. Les effets de l’insécurité se feront sentir de plus en plus dans les régions. Lorsque les jeunes ne voudront plus reprendre les fermes laitières, le déclin du marché laitier ne sera plus évitable.