vendredi, 24 juin 2016

20160330 130854Comme cela était à prévoir, le Conseil Fédéral a, le 22 juin 2016, recommandé de rejeter l'initiative pour la souveraineté alimentaire. Dans son message, il argumente entre autres de la manière suivante : « (Cette initiative) remettrait en question les acquis réalisés dans le cadre de la réforme agricole des 25 dernières années et affaiblirait la compétitivité et la capacité d'innovation du secteur agroalimentaire suisse. »

 

De même, il critique la nécessité d’importantes interventions étatiques sur le marché pour promouvoir une agriculture reposant sur la petite paysannerie, responsable en premier lieu de l’approvisionnement de la population locale. En outre, les normes écologiques et sociales exigées pour les produits agricoles importés sont contraires aux engagements internationaux de la Suisse (par exemple, accords bilatéraux, accords de libre-échange). Le Conseil Fédéral craint une augmentation des coûts pour les finances fédérales et pour les consommateurs-trices.

 

La date de la votation n’est pas encore connue. Le Parlement devra encore s’en occuper et débattre de nos propositions. Il doit formuler une recommandation au plus tard 30 mois après le dépôt de l’initiative (hiver 2018). Au plus tôt, la votation pourra avoir lieu en juin 2017, à condition que les deux chambres puissent débattre de l’initiative en automne 2016.

 

Renforcement de la base paysanne

En Suisse-Allemande, il y a des rencontres régulières avec des membres et des sympathisant-e-s d’Uniterre. Le 14 juin, un document de stratégie a été ratifié par le comité de soutien, il s’agit d’un document discuté et développé par ce groupe. Le document propose entre autres la fondation d’un comité paysan qui aura à sa disposition une plateforme internet mise en ligne dès la mi-août. Le but est d’obtenir le soutien explicite de 500 paysannes et paysans d’ici l’automne 2016. Ensuite, cette base de soutien devrait croître continuellement et compter au moins 1000 personnes au moment de la votation. Parallèlement, l’initiative devrait être plus visible sur les fermes et les marchés (affiches, papillons, banderoles, etc.). Un soutien paysan plus large sera également bénéfique pour Uniterre. Il renforcera les sections existantes et permettra la création de nouvelles sections. Par ailleurs, il faudra réactiver au Parlement le groupe de travail pour la souveraineté alimentaire, pour renforcer notre position au sein du gouvernement.

 

Poursuivre la politique actuelle n’est pas une option

Jour après jour, 3 à 4 fermes disparaissent, le nombre de personnes actives dans l’agriculture diminue, la pression sur les prix menace beaucoup d’exploitations et les accords de libre-échange ne sont pas le moindre de nos soucis. Paysannes et paysans se retrouvent le dos au mur. Mais la population est sensibilisée et nous pouvons leur communiquer des solutions. Pour ce faire, nous avons besoin de discuter avec un maximum de personnes et avoir suffisamment de matériel à disposition (études, contenus, arguments, textes, films). Nous devons convaincre les gens que notre solution offrira un avenir à l’agriculture et une alimentation saine. Ainsi, il nous faut construire une large coalition pour la souveraineté alimentaire. Aujourd’hui, il y a 72 organisations qui nous soutiennent. Jusqu’aux votations, nous voulons trouver 100 alliés. Cependant, ce n’est pas uniquement le nombre qui compte, mais aussi la diversité : la coalition devra inclure des organisations qui couvrent des domaines différents. Elles peuvent nous ouvrir des portes pour un meilleur ancrage dans les régions rurales, dans les entreprises proches de l’agriculture et au Parlement.

 

Nouvelle structure

Le 21 septembre (voir agenda), nous allons fonder une fédération nationale pour la souveraineté alimentaire. Toute personne individuelle et toute organisation sont invitées à se joindre à nous.

Nous allons créer un grand mouvement de base avec une structure indépendante et des groupes de travail autonomes qui se concentreront sur des sujets comme le lobbying auprès de  l’administration et du Parlement, un comité paysan, un groupe d’action, etc. Avec nos idées, nos idéaux, nos visions et nos rêves, nous pouvons toutes et tous faire avancer ce projet - et avec nos amies et nos amis, nous pouvons élargir le mouvement.

 

Mathias Stalder
traduction: Stefanie Schenk