vendredi, 01 juillet 2016

pi-lait-spritz-baseRVBwebLait de restriction : exigeons plus de transparence !

Comme en 2015 à cette même période, le marché des pâtes dures à haute valeur ajoutée est morose. De nombreuses interprofessions ont décidé de restreindre la production de fromage et donc d'imposer des restrictions à la production. Or qui dit restriction de fabrication ne dit pas forcément restriction de la production. Une vache reste une vache et il n'est pas forcément simple de lui « clouer les pis » du jour au lendemain.

 

Donc, de nombreux fermes continuent de produire ce lait, de qualité fromagère, et de le livrer dans la filière industrielle, à un prix défiant toute concurrence. Ainsi il est maintenant connu que de nombreuses fromageries ont un quota de lait industriel, destiné à l’un ou l’autre des acheteurs. Ce qui n’est pas pour déplaire à Crémo et consorts qui, bien entendu mettent en valeur ce lait ! Mais comment ? Pas forcément sous la forme de beurre ou de poudre... mais, peut-être sous la forme de fromage à pâte dure ou mi-dure à prix cassés.

Selon divers sources, il semblerait que 15 % du lait industriel soit transformé en fromage. Acheté au prix du lait industriel, ce lait est une mine d’or pour l’industrie...et un concurrence directe pour les fromages AOP. C’est un comble, certes, mais pas une nouveauté.

Ce qui devient intenable, hormis le prix, c’est le manque complet de transparence concernant l’utilisation réelle du lait et l’attribution des suppléments de la Confédération pour le lait transformé en fromage qui, selon la loi devrait revenir aux paysans. Il devient urgent que l’IP-Lait, qui se veut une véritable interprofession, puisse fournir ces données, de manière automatique et transparente aux producteurs et aux instances publiques. La Confédération devrait avoir un droit de regard sur ce business opaque. Si l’IP-lait ne peut le faire, il devient alors urgent de mettre en place un observatoire suisse du lait. L’European Milk Board, avec le soutien à Dacian Ciolos - ancien ministre de l’agriculture proche de La ViaCampesina - a réussi à l’imposer, pourquoi ne pas en faire de même en Suisse ?

Pour manifester le désaccord avec ce système, les producteurs de la fromagerie de Chézard-Saint-Martin ont décidé, de leur plein gré et de manière démocratique, de ne pas couler de lait de restriction. Ainsi ils se réapproprient, à leur niveau, la gestion de leur production, gèrent leur quantité, pour symboliquement refuser la fuite en avant de ce système et le bradage de leurs produits. Ce genre de décision doit être saluée... et pourquoi pas multipliée.