Parallèlement au Tribunal Monsanto se sont tenus de nombreux ateliers et conférences qui faisaient la part belle tant aux militants et scientifiques de prestige qu'aux initiatives des mouvements sociaux.
Aucune des parts d’ombre liées au géant de l’agrobusiness n’a été oubliée durant ces trois jours de l’Assemblée des Peuples, des nouvelles techniques de modification génétique qui tentent de s’infiltrer dans nos vies en échappant à l’étiquette OGM, à la responsabilité des états dans la prise en otage des droits humains. La société civile, galvanisée par la diversité de ses représentants et le dynamisme de ses organisations, n’a pas manqué de marteler son opposition aux traités de libre-échange, son rejet du néo-libéralisme et sa détermination à se réapproprier sa souveraineté.
Une délégation de La Via Campesina était présente et a fait mieux connaître la petite partie de son travail qui se déroule non sur le terrain mais au sein des institutions de l’ONU. Les différents témoignages entendus à la barre du Tribunal Monsanto l’ont largement démontré ; l’environnement n’est pas la seule victime du modèle d’agriculture industrielle incarné par la compagnie américaine, les femmes et les hommes sont tout autant touchés, et en premier lieu celles et ceux qui travaillent la terre. Depuis bientôt 15 ans, La Via Campesina travaille au sein du Conseil des Droits de l’Homme à une déclaration pour les droits des paysannes et paysans, un processus fastidieux, mais qui est toujours sur la bonne voie, la majorité des états de l’Union Européenne étant passée du refus à l’abstention. La délégation et ses alliés a animé une série d’ateliers sur le pouvoir et l’impunité des multinationales, les moyens de lutter contre et le modèle à défendre. Il a largement été question de la mobilisation pour un Traité Contraignant des peuples, (qui force les acteurs économiques à respecter les droits humains), un processus également en cours aux Nations Unies, qui est soutenu par plusieurs centaines d’organisations. Hasard du calendrier, le dernier de ces jours de mobilisation à La Haye est tombé le 16 octobre, journée mondiale de l’alimentation. L’occasion de rappeler avec force que la Souveraineté Alimentaire est une nécessité, et qu’elle ne sera atteinte que grâce à la convergence de nos luttes pour reprendre nos droits des mains des multinationales.
Eline Müller
Lire également: "La multinationale Monsanto devant un tribunal de la société civile" et "Une plainte contre l’OFAG pour non-respect du principe de précaution?" - Raymond Getaz - novembre 2016
> Article complet - double-page du Journal d’Uniterre - novembre 2016