jeudi, 12 mars 2020
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L’organisation paysanne Uniterre a pris connaissance de la récente décision de l’IP Lait (Interprofession Lait) de ne pas augmenter le prix indicatif du lait d’industrie pour le prochain trimestre. L’étonnement et l’indignation sont grands au sein de la Commission de lait qui s’est penché sur la situation.

Il est constaté en premier lieu que la loi du marché, normalement régie par l’offre et la demande, ne fonctionne décidemment que dans un sens. Alors que l’année laitière s’est achevée sur un volume total historiquement bas, le plus faible depuis 2007, les acheteurs et distributeurs estiment toujours qu’il n’est pas nécessaire de revaloriser la matière première. Comme toujours, les producteur.trice.s ont dû s’incliner et accepter le maintien du statut quo, à 71 centimes par kilo (pour le segment A). Rappelons en plus que ce prix n’a qu’une valeur indicative, que les acheteurs paient toujours un prix inférieur, mais que l’augmentation du prix indicatif permet en général l’augmentation du prix réalisé.

Un tapis vert mitigé

Deuxièmement, alors que l’IP lait se félicite de la mise en œuvre du standard de durabilité Tapis Vert, plusieurs producteur.trice.s ont signalé que leur acheteur avait modifié les pourcentages de lait A et B dans leur décompte de lait. Les 3 centimes de supplément promis par le Tapis Vert ne s’appliquant qu’au segment A, si le pourcentage de ce segment baisse au profit du segment B, alors les producteur.trice.s sont une nouvelle fois floués. En plus de cela, leur prix du lait moyen (incluant le segment A et B) a même baissé entre septembre 2019 et janvier 2020. Le rapport PSL sur la surveillance du prix du lait de décembre 2019 confirme cet état de fait. Un nouveau tour de passe-passe pour ne pas verser aux familles paysannes le revenu qui leur est dû. Dès lors, quelle confiance peut-on encore accorder aux représentants des producteur.trice.s siégeant à l’IP lait, puisqu’ils ne remplissent pas leur rôle ? Et bien sûr, n’oublions pas que pour les consommateur.trice.s, les prix ont augmenté !

Vive les importations de beurre !

Pour couronner le tout, l’article de l’Agri du 28 février intitulé « Des importations de beurre seront nécessaires pour combler le marché », où la FSFL (Fédération des Sociétés Fribourgeoises de Laiterie) est interviewée, nous laisse un goût très amer. Oui, tout porte à croire que nous nous dirigeons vers un risque d’ouverture de la ligne blanche, au vu des stocks de beurre qui sont quasi nuls en ce début d’année et la pénurie de matières premières qui semble nous attendre en fin d’année. Il est consternant de voir qu’aucune mention n’est faite de la nécessité d’une augmentation du prix du lait aux producteur.trice.s. Encore une fois, les Fédérations laitières ne sont-elles pas censées défendre les producteur.trice.s de lait ? Nous peinons à le croire.

La commission lait d’Uniterre demande à l’IP lait ainsi qu’à la FPSL (Fédération des Producteurs Suisses de Lait) une adaptation à la hausse du prix du lait segment A, des éclaircissements valables pour justifier l’augmentation de la proportion de segment B et une réelle application du Tapis Vert ! Si nous voulons arrêter l’hémorragie parmi nos producteur.trice.s de lait et maintenir une production de lait de centrale en Suisse, et ainsi éviter une ouverture de la ligne blanche, nous devons nous battre pour un meilleur prix du lait aux producteur.trice.s! Si une raison supplémentaire de revaloriser le prix du lait s’avère nécessaire, on rappelle que la Coopérative du Lait équitable, dont le succès initial ne se dément pas, prouve que les consommateur.trice.s suisses sont prêt.e.s à soutenir les familles paysannes.

Sources : Surveillance du prix du lait, Rapport de décembre 2019, PSL et décomptes laitiers