mardi, 21 juillet 2020
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Et après ?

Nous écrivons cet éditorial en pleine phase de confinement avec l’espoir qu’au mois de mai, tout le monde aura pris conscience notre dangereuse dépendance aux importations (aliments, combustibles, matières premières pour les entreprises et l’industrie pharmaceutique, etc.). Pour exemple, le 3 avril 2020, la Russie, premier exportateur mondial de blé, a décidé de limiter ses exportations de plusieurs variétés de céréales, dont le blé jusqu'au 30 juin. Cela prouve bien qu’en cas de pénurie, l’intérêt national prime sur tout autre.
Martina Brun écrit que la pandémie est un révélateur des faiblesses de notre système : notre dépendance aux importations subordonne la Suisse au bon vouloir et aux stratégies politiques de pays tiers, surtout en temps de crise ! La Suisse doit donc tout mettre en œuvre pour augmenter son autonomie et son autosuffisance alimentaire. Pour cela il faut une politique agricole forte qui soutienne la production nationale et les circuits courts qui sont très résilients.

Notre forêt est une richesse à préserver et valoriser! Puits de carbone très efficace, elle recèle aussi un potentiel intéressant comme bois de chauffage (augmentation de l’autonomie énergétique) et de construction. La filière du bois suisse doit être renforcée pour que les métiers liés à la forêt et au bois puissent perdurer et se développer autour d’une filière locale saine.

Nous espérons que les décideurs politiques et les acteurs économiques reconnaitront le bien-fondé des revendications pour un changement en profondeur de notre système. Des revendications qui pour certaines sont martelées depuis des décennies dans la sourde indifférence du monde économique et des gouvernements. Lors des « Assises pour une agriculture solidaire », les quelque 200 personnes présentes ces 2 jours ont témoigné de l’importance qu’elles accordent à une agriculture locale, source de liens, respectueuse de la nature et des animaux. Respectueuse des hommes et des femmes : paysan.ne.s et ouvrier.ère.s, en Suisse ou ailleurs dans le monde. Toutes et tous doivent bénéficier d’un salaire et de conditions sociales leur permettant de vivre dignement !
Ainsi, il est inadmissible que nous consommions des fruits et légumes qui cassent les prix de la production indigène et sont produits et récoltés par des ouvrier*ères sous-payés, sans assurances et sans protections. Il est inadmissible que nous consommions de la viande importée, transportée sur des milliers de kilomètres et débitée dans le pays d’origine par des travailleurs*ses à la chaîne ! En important et consommant ces produits, nous sommes co-responsables de drames humains ! Betty Wienforth relate la situation des paysan.ne.s sans terre au Brésil et leur combat pour (sur)vivre dans ce pays qui ne soutient que les grands et les riches.

Il est temps de développer un système basé sur la solidarité, l’équité, la durabilité et la responsabilité. Il est temps que tous les acteurs des filières, y compris la grande distribution, rendent des comptes sur les impacts de leurs stratégies commerciales sur les familles paysannes, les ouvriers*ères dans les champs, dans les unités de transformation, d’emballage et de frêt.

Michelle Zufferey, Secrétaire Uniterre