vendredi, 02 novembre 2018

J’ai lu la prise de position favorable de Monsieur Jacques Bourgeois parue dans le journal genevois Le Courrier du 18 octobre 2018 relative à la libéralisation totale du marché de l’électricité et je m’en étonne. Comment peut-on prendre ainsi parti favorablement sur un sujet dont les enjeux sont aussi déterminants pour le maintien de la production des énergies renouvelables en Suisse que pour la survie de notre agriculture en cas de libéralisation du marché agricole.

Il faut aussi mettre en évidence que l’utilisation des ressources forestières, la production de biogaz par un recyclage intelligent des déchets de toutes sortes, la valorisation énergétique des surfaces de toitures…concernent directement l’agriculture et doivent être encouragées et défendues prioritairement par ceux qui ont charge de la défense professionnelle et Monsieur Bourgeois en particulier . Elles devraient en toute logique entrer dans l’appréciation de l’utilité d’ouvrir les marchés de l’électricité en favorisant d’abord toutes les énergies renouvelables potentielles, d’autant plus après la décision du Conseil Fédéral de sortir du nucléaire. On sait par ailleurs que l’électricité que l’on aimerait importer à bas coût a des origines douteuses, nucléaire, charbon, gaz de schistes et autres carburants fossiles…

Monsieur Jacques Bourgeois a été très discret sur sa prise de position en faveur de la libéralisation totale du marché de l’électricité. Après sa fébrile montée au front contre les intentions de libéralisation des marchés agricoles envisagées par Johann Schneider Ammann, il doit être bien en peine d’en assumer aujourd’hui la contradiction et sa justification, nous donnant plutôt l’impression d’être rentré discrètement dans le rang, en se ralliant sagement aux idées que défendent ses amis politiques. Un grand écart qui démontre l’ambiguïté de la politique à ce niveau et qui conduit à ce genre d’incohérence.

La libéralisation totale du marché de l’électricité met en péril la production d’énergies renouvelables locales. L’USP se doit de la refuser clairement et fermement. Elle est en tous les cas un très mauvais signal qui risque d’en freiner l’évolution. Cette fuite en avant évite aussi le débat, lié à l’urgence climatique, sur le type de développement souhaitable pour l’avenir de notre société et de la Planète, question qu’il devient chaque jour plus urgent de se poser.

Alexis Corthay