L'annonce, en septembre, de l'instauration d'une instance d'observation du marché au niveau européen, chargée d'observer la situation du marché des produits laitiers, est une bonne nouvelle - et nous espérons que ce ne sera que la première de toute une série d'évolutions positives de la politique laitière de l'UE. La volatilité, qu'elle soit due aux conditions météorologiques, au coût des intrants ou aux prix à la production, a marqué le secteur laitier d'Irlande depuis 2006 et restera un défi majeur à l'avenir.
Avec la suppression des quotas en 2015, des décisions politiques fortes sont nécessaires à l’égard de la volatilité aux niveaux national et de l’UE, afin d’assurer la viabilité à long terme de l’agriculture irlandaise et européenne.
La dernière décennie s’est caractérisée par une tendance instable des prix du lait et des veaux, les deux principaux extrants des exploitations laitières en Irlande. La suppression du soutien des prix s’est traduite en une augmentation de la volatilité des prix sur les marchés du lait en Europe, tandis qu’auparavant il s’agissait d’une tendance plutôt typique du marché mondial. Les prix du lait ont atteint un sommet en 2007/2008, suivis, par la suite, de prix considérablement plus bas, en période crise. Les prix mensuels moyens ont varié de plus de 40 pourcent au dessus de la moyenne en 2008, à 50 pourcent en deçà de la moyenne dans les années suivantes. De 2007 à 2013, les prix à la production en Irlande ont ainsi fluctué entre près de 40 centimes et 20 centimes par litre de lait. L’augmentation récente des prix du lait en 2013 peut aussi s’expliquer par une plus forte demande de produits laitiers, suite aux conditions météorologiques extrêmes dans une grande partie des pays producteurs de lait dans le monde, l’augmentation du prix des fourrages concentrés et la volatilité des taux de change.
Cette volatilité accentue la pression sur les flux de trésorerie d’une année à l’autre et pourrait résulter en l’abandon d’encore plus d’exploitations. Selon les estimations préliminaires, le coût moyen de la production du lait en Irlande en 2013 était de 38 centimes par litre, ce qui représente une forte augmentation des coûts par rapport à l’année 2000, lorsque le coût était de 29 centimes par litre de lait. Cela témoigne du fait que l’insécurité due à la volatilité des prix et des intrants est devenue courante. De 2000 à 2006, l’augmentation du coût de production était faible, mais assez constante. Ensuite, les coûts ont fluctué d’année en année, en retombant toujours à un niveau plus élevé.
Par le fait que le secteur laitier en Irlande repose en grande en partie sur la production de denrées destinées à l’exportation, celui-ci est exposé davantage aux incertitudes du marché. En conséquence, le marché laitier irlandais a dû faire face, au cours de ces dernières années, à une volatilité accrue des prix du lait. Face à une telle volatilité des prix, les producteurs sont amenés à adapter leur système de production et à minimiser les coûts, afin d’assurer la viabilité économique de leur exploitation. Une grande volatilité des prix des intrants et des produits agricoles rend les conditions de production beaucoup plus difficiles et requiert une efficacité accrue des exploitations. D’un point de vue des prix et des coûts de production, les producteurs laitiers font face à des défis majeurs. Ce sera la responsabilité de la nouvelle instance d’observation du marché de garantir aux producteurs laitiers un prix juste et adéquat pour leurs produits de qualité.
John Comer (Président de l’ICMSA et membre du Comité directeur de l’EMB)