vendredi, 31 janvier 2014

Intervenant le 16 janvier 2014, lors de la Journée Agroécologie organisée par Agridea, en collaboration avec la Haute école du paysage, d'ingénierie et d'architecture de Genève et l'Université de Neuchâtel, Christophe Viret témoignait de son parcours vers l'autonomie et la qualité. 

 

Sortir de ce système dépendant financièrement de l’industrie agroalimentaire et des paiements directs, telle est la ligne directrice chez Christophe Viret, producteur à Gollion (VD). Grâce à la transformation et à la vente à la ferme, il vise une agriculture ayant un autre rôle qu’uniquement celui de produire une matière première. Je cherche à créer une autonomie, en produisant des produits de qualité et de proximité, soutient Viret.

Ses vaches de race jersiaise présentent un grand nombre d’avantages. Rustique, d’un poids léger et de caractère docile, cette race est la plus productive au regard de son poids et de sa longévité. Son lait est particulièrement riche en matière grasse et protéines. Les 45 vaches de Christophe Viret sont nourries exclusivement avec les fourrages du domaine. Chez lui, les marges apportées par la transformation et la vente au domaine sont bien supérieures à celles de la grande distribution. De plus, les produits laitiers non homogénéisés offrent une qualité qu’on ne retrouve pas dans les produits industriels.

Depuis 8 ans, il participe à un projet initié par la Hollande, Glace de la ferme, permettant à des paysans de diversifier leurs activités par la transformation de leur lait en glace et en yogourt, aux parfums locaux ou exotiques. Cela lui a permis d’accéder à la vente directe et de différencier ses produits. Valorisant de plus grands volumes de lait, il produit maintenant davantage de yaourts. 

Variétés anciennes de céréales 

A l’automne 2012, Christophe Viret effectuait ses premiers essais de multiplication. L’automne suivant, 80% de ses céréales étaient de variétés anciennes. A l’analyse, sa récolte  transformée en farine présentait une excellente qualité nutritionnelle. Il faut noter que les glutens de ces variétés sont davantage assimilables que les variétés modernes. Elles s’adaptent également mieux aux conditions climatiques et nécessitent moins de fumure organique.  Je l’ai observé sur mes parcelles, souligne  Christophe Viret. Nous avons comparé ces variétés à des variétés récentes, dans des conditions identiques. Sans intrants additionnels, les variétés anciennes étaient plus hautes, portaient de plus gros épis, résistaient aux maladies, et produisaient davantage. 

Christophe Viret possède une trieuse et compte acquérir un moulin à pierre permettant de produire de la farine, qu’il vendrait soit en vente directe soit à des boulangers de la région.

Techniques culturales simplifiées

Je laisse mon sol tranquille et je l’observe, explique-t-il. Restaurer l’équilibre naturel de son sol et le protéger avec des végétaux qu’il maîtrise est son mot d’ordre. Pour cela, il pratique le semis direct ou, si les conditions ne s’y prêtent pas, il réalise un scalpage, coupant la capillarité racinaire des plantes couvrant le sol. Il cultive aussi des engrais verts hivernant ou non. Par ailleurs, il n’utilise aucun produit phytosanitaire et le moins de fumure possible.

En termes de techniques culturales, son idéal serait l’alternance de blé et d’herbe en rotation binaire sur 3 ans (une année de prairie, deux de céréales), une pratique courante en Europe au 17-18ème siècles.

Je passe un peu pour le farfelu, affirme Christophe Virait. Je me plante. Je ne fais pas forcément juste tout de suite. Par contre, chaque fois, j’apprends. Aujourd’hui, on réapprend ce métier qui se faisait avant l’ère de la chimie.

Sarah Waeber, AGRIDEA 

pour la Plateforme Agroécologie CH et 

Marie-Eve Cardinal, Uniterre