jeudi, 09 avril 2015

actionbruxelles31mars15CNCD-11.11.11, Oxfam Solidarité, SOS Faim, Entraide et Fraternité, FIAN Belgique, Oxfam Magasin du Monde soutiennent les revendications de l'EMB et la révolte des producteurs de lait européens jetés dans la dérégulation programmée par l'Europe. Cette dérégulation veut que la compétition soit le principal facteur qui déterminera qui pourra encore produire. Plutôt que de stabiliser les marchés agricoles, elle augmente les risques de volatilité. Elle favorise la disparition des plus petits producteurs, la concentration du secteur et le développement d'exportation à bas prix qui menace encore un peu plus le secteur laitier de la plupart des pays en développement.

 

 

Personne ne pourra se prétendre surpris par les conséquences de la fin des quotas laitiers prévue le 31 mars 2015. Cela fait des années que le secteur est en crise. Cela fait des années que les producteurs, les ONG, des organisations de consommateur, des syndicats contestent la politique menée par l’UE et démontrent chiffres à l’appui l’absurdité des choix politiques. Seuls une minorité de producteurs et d’industries agroalimentaires peuvent se réjouir de la dérégulation.

L’UE n’a pas mis en place des instruments de marché pour prévoir et éviter des crises. L’UE n’a pas freiné la concentration et les déséquilibres de pouvoir entre producteurs et les autres acteurs de la chaine. L’UE n’a rien fait contre la volatilité des prix, ni contre la concentration des terres dans certaines régions de l’Union. 

Quel gâchis ! L’UE a sacrifié les éleveurs rescapés de la crise de 2009 pour s’accrocher son idée « produire plus » sans dire que le producteur « gagneraient moins ». Le seul salut promis par l’UE est le fantasme des « part de marché à prendre en Asie et en Afrique ». C’est absurde. L’Europe, déjà largement excédentaire en lait, fait face à d’autres grands pays exportateurs (Nouvelle-Zélande, USA..) qui, eux aussi, augmentent leur production. La production laitière européenne ne peut dépendre d’un marché aussi incertain. Les organisations paysannes africaines, dont le potentiel de production laitière est important, répètent aussi sans cesse : « Nous pouvons et nous voulons répondre à la demande de nos consommateurs »  Quelle naïveté de croire que la Chine va attendre gentiment que l’Europe réponde à sa demande de produit laitier sans chercher à développer sa filière ! Quel aveuglement que de ne pas voir que le boom des exportations ne sera que temporaire et que l’UE devra financer l’aide aux plus gros producteurs qui auront participé à la disparition de leurs voisins agriculteurs et paysans !

 Nous sommes solidaires avec les producteurs de lait qui ne se réjouissent pas de la disparition des quotas. Nous sommes solidaires avec ces producteurs qui veulent la régulation du marché et ajuster l’offre à la demande réelle, à pouvoir vendre à des prix justes, plutôt que d’opter pour cette course folle de compétition vers le bas. Ils sont nombreux. 

Nous continuerons dans le futur d’être avec ces agriculteurs qui défendent la régulation du marché et appellent les pouvoirs publics à créer les conditions nécessaires pour une agriculture de qualité, des prix rémunérateurs et pour une structuration de la filière qui ne donne plus le monopole de pouvoir aux laiteries et aux mulinationales.

Défendre un prix juste et rémunérateur pour les productions des paysans du Nord, comme pour les agriculteurs et paysans du Sud, était et est toujours une demande légitime et fondée. Elle est aujourd’hui d’autant plus d’actualité.