lundi, 21 novembre 2016

ECVCcommuniqué de presse European Coordination Via Campesina - 18 novembre 2016

Presque un an après le grand raout de la COP21, c'est bien plus discrètement que les représentants de 196 États sont réunis au Maroc pour la COP22, aussi appelée parfois « COP de l'agriculture ». Le risque est grand pour les paysannes et paysans du monde de voir leurs terres confisquées sous prétexte de lutte contre les dérèglements climatiques.

 

 

Alors que le mot « agriculture » est absent du texte de l’accord de Paris, les terres agricoles y sont présentées comme un outil, un « puit de carbone » pour compenser les émissions de gaz à effet de serre. La production d’alimentation passerait donc au second plan, au profit des promoteurs de fausses solutions qui feront des bénéfices en s’accaparant les terres sous prétexte de stocker du carbone.

Il y a là un véritable danger pour les paysannes et paysans qui seront une nouvelle fois victime de la financiarisation et de l’industrialisation de leur métier alors que c’est l’agro-industrie qui est source d’une large part des dérèglements climatiques. C’est elle qui doit être remise en cause. La compensation n’est pas une solution, elle n’est que l’alibi de politiques qui refusent de s’engager pour faire face à l’urgence de cette crise.

« Aujourd’hui, nous, de La Via Campesina Europe, nous réaffirmons l’immense échec de l’Accord de Paris à remettre en question les causes systémiques à l’origine du changement climatique, dans lequel l’agriculture industrielle, avec ses émissions de gaz à effet de serre et son utilisation intensive de pesticides et engrais chimiques n’a pas été remise en question. Les marchés du carbone, à l’inverse, ne résoudront non seulement pas le problème mais risquent de l’aggraver d’avantage ! Les négociations en cours à Marrakech en ce moment même sur comment mettre en pratique cet accord pathétique vont chasser les petits producteurs de leur terres et accroître la concentration des terres, ajoutant de la sorte un désastre social et économique à la gabegie environnementale » affirme Paula Gioia de la Coordination Européenne Via Campesina.

Seule une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre permettra de contenir la crise climatique. Les terres ne sont pas à vendre, elles sont fondamentales pour les paysans qui pratiquent une agriculture paysanne à même de répondre aux enjeux et garante de la souveraineté alimentaire des peuples !

La Via Campesina et GRAIN ont montré que le système alimentaire industriel est responsable d’environ 50% des émissions totales de GES (gaz à effet de serre) de la planète aujourd’hui. Si les terres étaient redistribuées aux petits agriculteurs et aux communautés autochtones, avec des politiques publiques qui soutiennent les marchés locaux et l’agriculture agroécologique, les GES pourraient être réduits de moitié d’ici quelques décennies, freiner sensiblement la déforestation et répondre aux besoins alimentaires de la population mondiale en croissance.

 European Coordination Via Campesina

 

> la déclaration complète « Nos terres valent plus que du carbone », initiée par la Confédération Paysanne et le CCFD-Terre Solidaire et signée par plus de 57 organisations (pdf)