Avec la crise du secteur laitier qui a fait disparaître des milliers de producteurs laitiers l'année passée, causé la faillite de plusieurs autres et poussé à la mobilisation de milliers de personnes en Europe, il y avait de quoi espérer un certain résultat du Conseil européen de l'agriculture d'hier.
Pourtant, il n’en a rien été. Les mesures prises par le Conseil ne vont non seulement pas résoudre le problème de la surproduction, les excédents et les prix en dessous des coûts de production, mais elles pourraient même aggraver encore plus la situation actuelle.
En plus de faciliter de nouvelles aides au niveau national, l’absence de limitation de la production de manière collective et obligatoire peut engendrer la surproduction et provoquer la concurrence déloyale entre les pays. Cette décision ne prend pas en compte la réalité très diverse et disparate au sein de l’UE, où certaines industries et la distribution détermine qui produit et où. La régulation volontaire confiée aux organisations de producteurs et aux interprofessions ne résout pas le problème issu de la politique erratique de l’UE qui a conduit à l’élimination des instruments de régulation des marchés comme les quotas laitiers et des prix d’intervention correspondant aux coûts de production.
Suite aux décisions prises par le Conseil des ministres hier, l’Union européenne tourne le dos non seulement à une grande partie de sa population mais également à un modèle de production alimentaire durable et de qualité, et au projet de construction européenne. Parler d’initiatives de réduction volontaire au niveau local et national dans le cadre du marché commun se révèle illogique.
Face à cette situation, ECVC continuera sa lutte pour des politiques publiques visant d’une part la réduction immédiate, obligatoire et concertée de la production (court terme) et d’autre part la mise en place d’un mécanisme de prévention de crises. Seules ces mesures pourront mettre fin à la tragédie que vivent les producteurs laitiers en Europe.