Alors que la Fête du 1er août, donne à nos édiles l'occasion d'enfiler quelques perles au collier des bonnes intentions et des orientations à suivre pour un futur radieux, il faut surtout s'attacher aux citations de ceux qui nous gouvernent au plus haut niveau pour s'assurer de leur crédibilité. Notre président 2016 s'est évidemment, de par sa fonction de magistrat suprême, prêté à l'exercice. «Notre petit pays n'est pas une simple tache sur la carte du monde» s'est-il exclamé sans rire!
Pour un pays qui a autant blanchi d'argent et continue certainement de le faire, l'image de la tache est particulièrement bien choisi et ne prête pas forcément à rire, juste à sourire!
Il faudrait plutôt affirmer que la Suisse fait tache en vertu des principes fondamentaux qui régissent Sa Constitution qui se doit de défendre tous ses citoyens. Bastion de la Finance, de la Gestion de matières premières et de trafics en tous genres, on croit volontiers que pour ces établissements-là la Suisse représente «un partenaire important et apprécié» comme il se plaît à le dire...Il en va tout autrement bien sûr pour les milliers de réfugiés qui nous tendent une main désespérée que nous leur refusons au principe de la défense de notre équilibre, de notre bien-être et de nos privilèges si chèrement acquis!
Notre Président qui condescend à flirter avec la paysannerie lors du, devenu traditionnel, Brunch du 1er août pour nous adresser quelques boniments de son cru a quelque chose d’insultant par le choix d’un cadre agricole pour nous en rendre complice. Lorsque l’on connaît son credo idéologique axé sur un libéralisme sans limites aux conséquences déjà catastrophiques pour notre paysannerie, entre autres secteurs économiques, on en vient à regretter plutôt que d’en être fiers de ne pas profiter d’un tel rendez-vous pour mettre les points sur les «i» à propos de la politique agricole de la Confédération et notamment la décision inacceptable du Conseil fédéral de ne pas soutenir l’Initiative sur la Souveraineté Alimentaire au prétexte qu’elle pourrait porter ombrage aux relations commerciales de la Suisse avec ses partenaires. Monsieur Schneider Ammann qui assène dans son discours: «...nous sommes sans relâche à la recherche d’idées nouvelles et meilleures... ne semble pas avoir bien lu le libellé de l’Initiative S.A. et s’être rendu compte des aspects novateurs et des idées originales dont elle est porteuse, qui vise précisément à redéfinir plus de cohérence et de justice dans les échanges commerciaux de pays à pays et de redonner sa juste place à la paysannerie vis-à-vis des grands groupes monopolistiques de l’Agro-alimentaire. Il n’a pas encore pris conscience du rôle clé que joue l’agriculture de ce pays et la nécessité de lui donner la serrure pour lui permettre d’ouvrir la porte sur un horizon fait de partage, de responsabilité et non de concurrence débridée autant que stérile.
A nouveau l’Agriculture est utilisée comme faire-valoir et vitrine d’exposition d’idées creuses et rabâchées, à l’instar de la Grande Distribution qui sait si bien galvauder notre image par des clichés désuets et infantilisants tout en défendant des valeurs aux antipodes de ces clichés. Soi-disant gardiens du bon sens et des valeurs traditionnelles les paysans passent une fois de plus comme outil de la propagande fédérale pour en devenir les chevaliers servants alors que la politique fédérale n’a cessé de les laminer. Il serait temps que cesse cette mascarade et cette manipulation machiavélique.
Non Monsieur Ammann nous ne sommes pas dupes de votre rhétorique. Nous prêchons, nous, pour une agriculture responsable, conscients du rôle déterminant que nous jouons vis-à-vis de la population de ce pays, attachés à produire dans le respect d’échanges commerciaux équitables autant sur le plan national qu’international et le strict respect de notre environnement dont nous sommes les dépositaires pour le bien de tous.
Alexis Corthay