vendredi, 10 mars 2017

BertheDarras2-web600Berthe Darras a rejoint l'équipe d'Uniterre à Lausanne début janvier, nous en sommes ravis et lui avons posé quelques questions : 

 

 

 

 

Peux tu te présenter rapidement ?

Je suis née près de Lille, dans le Nord de la France ; je suis, comme on dit chez nous, une ch’ti ☺ ! Certains d’entre vous connaîtront le film « Bienvenue chez les ch’tis ! » ; eh bien, j’en suis une ! J’ai 32 ans. J’ai fait une école d’ingénieur en agriculture à Lille (ISA : Institut Supérieur d’Agriculture), durant laquelle je me suis passionnée pour l’alimentation. J’ai pour cela complété ce diplôme d’un master en alimentation/santé aux Pays-Bas, à l’Université de Wageningen. Je suis ensuite partie à Paris où j’ai fait mon stage de fin d’étude et commencé mon premier travail sur un programme de prévention de l’obésité des enfants au sein d’une agence de communication santé. J’ai évolué dans le milieu de la communication santé quelques années. Puis je suis partie en région Centre, à Blois (le long des châteaux de la Loire), travailler à la Mutualité Française Centre, une association de mutuelles, sur la mise en place de programmes de prévention-santé : par exemple, la promotion d’une alimentation saine et de l’activité physique chez les adolescents, la prévention bucco-dentaire pour les personnes âgées en maison de retraite, etc. Je commençais à ne plus me retrouver au sein d’une entreprise privée comme l’agence de communication. 

Vous vous demanderez peut-être « mais comment est-elle arrivée en Suisse ?!? ». A cette question que l’on m’a souvent posée, j’ai toujours répondu avec beaucoup de plaisir « par amour ☺ ! ». En effet, c’est le long de la Loire à vélo (je suis une passionnée de vélo) que j’ai rencontré un petit Suisse ! Que j’ai rejoint quelques temps plus tard à Berne ! Je dois avouer que j’étais aussi bien contente de venir vivre en Suisse, car je suis une amoureuse de la montagne ! Et malheureusement, dans mon Nord natal, les seules montagnes que nous avons sont ce que l’on appelle « les terrils », ces collines artificielles construites par accumulation de résidus miniers, le nord étant une ancienne région minière. 

En arrivant en Suisse, j’ai eu l’occasion de réfléchir à mon parcours professionnel, où j’avais envie de continuer. Et depuis quelques temps, cela me titillait de retourner travailler dans l’agriculture même, sur le terrain. J’ai donc cherché un travail dans une ferme autour de Berne ; et j’ai très facilement trouvé une place à la ferme Heimenhaus Biohof, à Kirchlindach chez Kathy et Beat Hänni. C’est une ferme bio-dynamique qui fait de la vente directe par livraison de paniers (légumes, produits laitiers, viandes) ainsi qu’un service de catering. Je m’occupais de la production de légumes et de la préparation des paniers. J’y travaille depuis 1 an et demi. Je vais d’ailleurs garder, en parallèle de mon travail à Uniterre, une journée dans cette ferme, car je ne souhaitais pas complètement arrêter le travail de terrain, que j’aime également beaucoup.

Comment es-tu arrivée à Uniterre ?

J’ai toujours été quelqu’un d’assez militant. Par exemple, quand j’étais à Paris, je militais pour le développement du vélo en région parisienne avec l’association « Mieux se déplacer à bicyclette ». C’est après quelques mois passés à la ferme que j’ai constaté que les conditions de travail dans l’agriculture, le salaire perçu par rapport au travail fourni, le travail acharné de mes patrons, etc, tout cela était aberrant ! Je me disais « mais comment c’est possible d’être si mal valorisé par notre société actuelle alors que nous faisons quand même un métier essentiel ?? Sans agriculteurs, les hommes se nourriraient comment ! ». J’étais vraiment choquée. Etant une amoureuse de la nature, je suis également aussi attristée du peu de respect que nous avons envers cette si belle nature, je ne comprends pas comment l’Homme a pu tant s’en éloigner, croire qu’il n’en a pas besoin, et pourtant, nous sommes liés avec la nature. Bref, je me suis dit que je ne pouvais pas rester là à rien faire. J’ai donc cherché sur internet les syndicats agricoles en Suisse et je suis tombée sur Uniterre où je me suis inscrite tout de suite ; je me retrouvais complètement dans sa philosophie. Puis, j’ai participé à de plus en plus d’événements, de réunions avec Uniterre, notamment sur Berne où l’objectif était de créer avant fin 2016 une section Uniterre.

Qu’est-ce qui t’intéresse dans le travail syndical ?

Le travail syndical est différent. Les personnes qui s’engagent dans un syndicat sont des personnes passionnées, qui veulent faire bouger les choses, qui veulent aider, qui s’engagent par rapport à des convictions. C’est cela qui m’intéresse ! Comme je le disais avant, j’ai une âme de militante, des convictions et j’ai besoin d’avoir un travail où je peux me battre pour ces convictions. Pour moi, à Uniterre, j’y vois d’essayer de faire avancer l’agriculture dans le bon sens, ne pas prétendre être des sauveurs mais par des petites actions à droite, à gauche, d’aider à améliorer le merdier actuel dans lequel nous sommes ! C’est par des petits pas que l’on avance et avancera !

Tu es également la présidente de la section Berne d’Uniterre - quel est le but de la section ?

Nous aimerions vraiment créer une dynamique entre les différents systèmes d’ACP et de vente directe qui se développent beaucoup sur Berne et aux alentours (Radisli, Soliterre, Legummes, JardinetBio, Heimenhaus Biohof, etc). Nous prévoyons pour cela une rencontre entre ceux-ci début d’année 2017. Pour aller plus loin dans cette idée, nous souhaiterions également promouvoir l’utilisation de produits locaux vendus directement de la ferme aux écoles, aux crèches, lors d’événements... ainsi que la promotion de jardins partagés. 

Nous planifions aussi des « demi- journées d’aide » sur quelques fermes de membres Uniterre - idéalement 3 fois par an - un bon moyen aussi de recruter de nouveaux membres. Par exemple, la première journée aurait sûrement lieu en mai chez Daniel qui fait des paniers bio « Legummes ». 

Est-ce que tu as participé à la collecte des signatures pour l’initiative ?

Malheureusement non car je n’avais pas encore connaissance d’Uniterre à cette époque ! Mais c’est assez marrant car je me souviens être allée à un événement agricole - alors que je ne vivais pas encore en Suisse - et nous avions été accostés pour signer l’initiative, mon copain et moi. Je ne pouvais d’ailleurs pas la signer, n’étant pas Suisse ; ce qui m’avais bien frustrée ! Mon copain l’avait signée, c’était déjà ça !

En tout cas, j’espère vraiment pouvoir vous apporter, en tant que nouvelle secrétaire syndicale à Uniterre, le soutien et l’énergie pour défendre et promouvoir une agriculture plus équitable, plus juste, qui respecte et valorise le travail des paysans : votre travail ; qui respecte la terre et les animaux. 

 

Propos recueillis par Ulrike Minkner