Suite à l'intervention de Chr. Darbellay au journal de 6h30 de la RTS première vendredi 1.12.2017
Les sauvages c'est des femmes et des hommes qui se lèvent chaque matin tôt en sachant qu'ils vont gagner moins que le minimum vital valable dans notre beau pays et que chaque mois ils distribuent plusieurs dizaines voir centaines de francs de cotisations pour des organisations qui s’accommodent très bien de cette situation.
Les sauvages c'est des gens de la terre qui ont refusé de suivre les grandes théories de vos semblables ingénieurs agronomes formatés et autres politiciens « pilotés » par l'industrie agro-alimentaire qui leurs disaient de bouffer tous leurs voisins afin de se donner plus de travail, moins de temps pour se défendre et surtout aucun revenu supplémentaire. Au lieu de ça ces fameux sauvages, pour la plupart, ont réfléchi à d'autre façon d'améliorer leur situation et ont mis en place des productions sans lesquelles vous auriez peut être de la peine à remplir votre salon des goûts et terroirs.
Les sauvages c'est des paysan-ne-s qui gueulent dans les manifs et qui ont permis de faire avancer le débat sur leur métier au lieu de ruminer leur malheur sur leur exploitation pour finir un jour par balancer au bout d'une corde.
Les sauvages c'est des militants qui mettent en garde depuis longtemps les politiciens sur la disparition des emplois dans l'agriculture. Depuis 30 ans les exploitations ont diminué de 50 % et au vu de l’accélération du processus, la dernière ferme aura disparu avant 2050. Car jusqu'à preuve du contraire ni l'OFAG ni le Conseil Fédéral n'ont jamais pu nous dire où et quand ces disparitions allait s’arrêter.
Les sauvages c'est des gens qui proposent des solutions pour la gestion des productions qui aurait permis depuis bien longtemps de rémunérer équitablement les paysans. Mais comme ces solutions ne sortent pas de nos hautes écoles, elles ne sont pas prises au sérieux.
Les sauvages c'est aussi une équipe qui a osé mettre en garde l'USP et les chambres d’agriculture sur le traitement de la lettre d. de l'article 104 et qui malheureusement avaient vu juste. Ce qui, par ailleurs, nous a valu des grosses remontrances et même le retrait d'une aumône qu'Agora nous avait promis.
Alors si c'est ça être des sauvages, on assume car nous avons des convictions que nous nous efforçons d'appliquer et de respecter dans notre vie et notre travail (au contraire de certains politiciens).
Philippe Reichenbach, Président de la section Neuchateloise d'Uniterre