vendredi, 14 août 2020
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Souvenez vous, au mois d'avril, nous avons envoyé le courrier suivant au Conseiller Fédéral Parmelin suite aux annonces de ce dernier du 1er avril visant à faciliter certaines importations pour faire face à la crise actuelle du COVID-19. Ces mesures ne sont pas acceptables!

Vous trouverez au lien ici la réponse que nous avons reçu.

En voici quelques extraits ainsi que nos réactions :


Voici notre réaction par rapport à la filière viticole :

Les vins suisses ont perdu depuis le milieu des années nonante 40 à 50 millions de litres de part de marché. Sur une consommation de 310 millions de litre à la fin des années quatre vingt, la consommation des vins suisses était de 125 à 130 millions de litres. En 2019, la consommation était d’environ 250 millions de litres pour une part de seulement 85 millions de litres pour les vins suisses.

Cette diminution des parts de marché peut s’expliquer par les moyens mis par les vins étrangers, notamment européens, pour leur promotion en suisse. Mais ces grands moyens n’expliquent pas à eux seul le problème.

D’une part la réglementation des importations a changé en 1993 suite au référendum de la maison Denner contre l’arrêté viticole. La conséquence a été l’abandon de l’attribution des parts du contingent d’importation selon les prestations à la production suisse.

A elle seule, cette modification est responsable pour une large part de la perte des parts de marché. Cette mesure était encore la seule protection pour les vins suisses face à la distorsion de concurrence des vins à bas prix. Depuis, le vin est le seul produit agricole suisse ne bénéficiant d’aucune mesure de protection.

D’autre part, la consommation ayant perdu environ 50 à 60 millions de litres, le volume de 170 millions de litres du contingent tarifaire doit être reconsidéré.

Jusqu’au début du XXI siècle, le commerce transfrontalier ne pesait pas beaucoup sur les affaires du commerce suisse et l’importation par des particuliers bénéficiait d’une franchise de 2 litres par jour et par personne. Mais en 2014, la confédération, dans un souci de simplification des procédures douanières, a trouvé juste de mettre cette franchise à 5 litres, soit l’équivalent par jour et par personne d’un carton de 6 bouteilles. Pour un marché qui représente, selon les estimations, plus de 13 milliards de francs, c’est un coup de poignard dans le dos des vignerons suisses.

Monsieur le Conseiller fédéral et ancien vigneron, vous savez très bien que le marché des vins est déséquilibré et que la production suisse est la grande perdante.

Nous ne pouvons que vous répéter que la viticulture suisse a besoin de ce rééquilibrage et que c’est l’application de l’article 22 de la loi sur l’agriculture alinéa b « attribution des parts de contingent selon les prestations à la production suisse » qui doit être appliqué au plus vite.

Le volume du contingent tarifaire doit être adapté à la consommation actuelle avec un volume ramené à 100 millions de litres.

Et enfin, la franchise de douane de 5 litres par jour et par personne doit retrouver la valeur d’avant 2014, soit 2 litres par jour et par personne.


Voici notre réaction par rapport à la filière viande :

Dans sa réponse à notre courrier, le conseiller fédéral Guy Parmelin met en avant le fait que le CF ne disposerait d’aucune compétence pour freiner les importations, et qu’il n’a fait, avec l’OFAG, que répondre à la demande de Proviande de prolonger la période des importations.

Nous voyons toutefois au moins 2 bonnes raisons pour lesquelles le CF aurait pu intervenir en faveur des paysannes et paysans suisses.

Dès le début de la crise sanitaire, la fermeture des restaurants a entraîné un effondrement de la demande. La chute des prix ne s’est pas faite attendre et a touché de nombreux éleveurs de bétail. Ce sont pourtant les importateurs et les industriels qui ont bénéficié d’aide sous la forme d’un soutien financier à la congélation. Où est la logique ?

Si le raisonnement du CF se justifie par la crainte d’un défaut de l’approvisionnement, alors il est temps que nos autorités réfléchissent à plus long terme et commencent par le b.a.-ba : c’est en soutenant la filière locale grâce à des prix équitables que l’on évitera le danger de la pénurie. C’est élémentaire ! Cela est même inscrit dans la Loi sur l’Agriculture, puisque les agriculteurs doivent disposer d’un revenu comparable à la moyenne des emplois de leur région, or ce n’est que très rarement le cas.

D’un point de vue plus général, les importations de viande à bas prix, en provenance d’Amérique du Sud bien souvent, répondent certes à la logique capitaliste de notre gouvernement, mais ignorent totalement la votation populaire de septembre 2017 sur la sécurité alimentaire, qui demande que les importations se fassent sur la base de critères de durabilité. Or il n’y a rien de durable dans les productions industrielles du Brésil ou d’Argentine.

La crise sanitaire est la preuve flagrante que nous devons penser autrement nos systèmes alimentaires.