Si les projecteurs ont été tournés vers Gaza pendant l'été en raison de la brutale agression israélienne sur ce minuscule territoire, il ne faut pas oublier qu'elle n'est «qu'un élément de plus» à une occupation civile et militaire de la Palestine qui dure depuis 66 ans. L'occupation du territoire au fil des décennies a été planifiée pour prendre possession des zones les plus fertiles et les plus riches en eau. C'est particulièrement criant en Cisjordanie où les colonies de peuplement comme le mur d'annexion ont été placés à dessein pour tirer un maximum de profit de cette terre. L'agriculture, dont l'outil de travail est justement la terre, en paie un lourd tribu.
er et commercialiser ses produits, un certain nombre d’éléments sont indispensables: des terres, de l’eau, des infrastructures de transport, des entreprises de transformation et une autorité sur les frontières. Or, tous ces éléments sont difficilement accessibles aux Palestiniens.
Depuis 1948, le territoire de la Palestine n’a eu de cesse de disparaître. Dans un premier temps, il a été confiné dans ce qui se trouve au delà de la frontière de 1967, soit environ 1/3 du territoire originel. Nombre de paysans ont perdu l’accès à leurs terres ancestrales. Le contrôle administratif des terres au sein des territoires occupés est également dépendant de la zone dans laquelle elles sont situées. La vallée du Jourdain, territoire palestinien fertile où poussent des cultures maraîchères et fruitières est en zone C (contrôlée civilement et militairement par Israël). Les Palestiniens n’ont par exemple aucune possibilité de construire un hangar de stockage ou de creuser un puits.
Planification territoriale de l’occupation
Il y a une parfaite adéquation entre les cartes hydrographiques et la construction des colonies israéliennes en territoire palestinien. Il en est de même avec le tracé du mur qui permet de rattacher plus de 70% des colonies au territoire israélien. Les habitants des colonies consomment 6 fois plus d’eau que les palestiniens. Chaque colonie établit un espace dit de sécurité dans lequel les Palestiniens ne sont pas autorisés à entrer. Le mur est aussi un élément qui réduit quasi à néant la possibilité d’accéder à ses champs. Ainsi, petit à petit, l’espace disponible pour pratiquer l’agriculture se réduit comme peau de chagrin. Il en est de même à Gaza où l’ensemble des terres situées le long de la frontière ne sont plus accessibles, voire régulièrement détruire lors des incursions de l’armée israélienne.
Infrastructures routières à «deux vitesses»
Il y a deux réseaux routiers en Cisjordanie. Premièrement le réseau routier qui relie les colonies entre elles, inaccessible aux Palestiniens et qui découpe le territoire comme autant de frontières «intérieures». Deuxièmement, les routes palestiniennes qui sont régulièrement entravées par des «check point»/points de contrôle, plus ou moins sophistiqués mis en place par l’armée israélienne. Il peut s’agir de simples plots en béton qui sont posés au milieu de la route jusqu’à un système électronique ultra sophistiqué où tout passage de véhicule est prohibé. Ainsi, que ce soit les récoltes, les marchandises, voire les malades, ils doivent être transférés d’un véhicule à un autre. Évidemment, toutes ses entraves à la circulation des Hommes et des marchandises rendent l’économie inefficiente. Il se peut que de la marchandise soit bloquée et pourrisse plusieurs jours à un check point. Les entreprises de transformation des produits ont été régulièrement bombardées et sont fortement concurrencées par leurs homologues israéliennes qui bénéficient d’une haute valeur ajoutée. Quant aux frontières «nationales», elles sont entièrement contrôlées par Israël. Ainsi l’Etat israélien encaisse «pour» la Palestine, les taxes à la frontière avec pour tâche de les reverser à l’Autorité palestinienne. Dans les faits, cette restitution sert de pression politique et de mesure de rétorsion. Tel a été le cas quant la Palestine a demandé d’adhérer à l’UNESCO; Isräel a confisqué la somme due.
Dans de telles conditions, les paysans palestiniens doivent faire preuve de grande inventivité pour produire, transporter et commercialiser leur production tant sur le plan local qu’international.
Nous présentons ici brièvement deux projets développés par des organisations paysannes en Cisjordanie.
1 million d’oliviers pour la paix en Palestine
Depuis le début de la construction du mur en territoire palestinien, près d’un million d’oliviers ont été arrachés par les bulldozers israéliens. Certains d’entre eux étaient plus que centenaires. L’olivier est un symbole par excellence du patrimoine palestinien. Une bonne part de l’économie tourne autour de cet arbre. Fruits, huile, savons etc. sont la fierté des paysans et artisans palestiniens. Un groupe a donc décider de replanter la même quantité d’oliviers sur les terres si convoitées par la colonisation. Il faut savoir qu’Israël utilise une ancienne loi pour confisquer les terres des paysans palestiniens si ces derniers ne la travaillent pas pendant trois années consécutives. Or, entre les zones dites de sécurité, les parcelles placées aujourd’hui au delà du mur, il est évident que même le plus travailleur des Palestiniens ne pourra remplir cette condition. 5’000 paysans, les plus gravement touchés par la colonisation, ont perdu leur principale source de revenu. Ce projet veut leur offrir un nouveau départ.
Le projet repose sur l’Arab Center for Agricultural development www.acad.ps
L’Association «Popular struggle coordination committee» www.popularstruggle.org et «Sunflower» assistent l’ACAD.
Avec 25.- les porteurs du projet pourront acheter et planter un olivier d’environ 70 à 100 cm qui produira d’ici 4 ans.
Pour faire un don: Collectif Urgence Palestine, 1200 Genève- Mention 1 million d’oliviers
CCP 17-766771-3
IBAN CH38 0900 0000 9187 9646 0
Exister c’est résister
La région d’Halul, près de la ville d’Hébron au sud de la Cisjordanie est réputée pour sa production frutière et notamment pour son raisin. En raison des check points qui n’ont cessé de se multiplier depuis 2000, les fruits pourrissent régulièrement. Autrefois vendus en Israël, ils subissent un boycott organisé. Et il est quasi impossible d’exporter dans les pays voisins puisque les frontières ne sont pas sous autorité palestinienne. Découragés, certains producteurs ont renoncé à vendanger vu les prix dérisoires offerts sur un marché saturé. D’où le risque que ces terres leurs soient confisquées et bénéficient aux colonies israéliennes qui se développent fortement dans la région.
Pour faire obstacle à cette politique, la coopérative Al Sanabel a choisi de transformer une partie de ces fruits pour en faire du jus afin de pouvoir mieux le conserver et en retirer une plus value. Ce projet a été soutenue dès 2007 par des organisations de solidarité en France qui, dans un premier temps, ont permis l’achat d’une presse, un matériel d’embouteillage permettant de démarrer la production de jus de raisin pasteurisé et de jus concentré consommable.
A terme, la coopérative espère traiter 10% de la production locale soit 7’000 tonnes de raisins. Dès 2011, des travaux de construction d’un atelier et l’installation de cuves inox, d’un pressoir pneumatique, d’un générateur et d’un machine à pasteurisation ont démarré et son en voie de finalisation.Les producteurs souhaitent vivre de leur métier et faire maintenir une production viticole de plusieurs siècles sur cette terre.
Pour soutenir la Coopérative Al Sanabel
Collectif Urgence Palestine, 1200 Genève- Mention SANABEL
CCP 17-766771-3
Valentina Hemmeler Maïga
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