La mention « hors-sol » est sensée disparaître des étiquetages des fruits et légumes suisses à partir de janvier 2017 : une décision inacceptable pour beaucoup !
Dans un contexte où le consommateur est en demande croissante de traçabilité, de plus d'informations sur l'origine et la qualité de ce qu'il mange, l'annonce de la suppression de la mention « hors-sol » des étiquettes des fruits et légumes suisses semble incroyable !
Ce n’est pourtant pas une blague, c’est bien la décision qui a été prise par le Forum des consommateurs (KF), l’Union Maraîchère Suisse (UMS), l’Association suisse du commerce de fruits, légumes et pommes de terre (Swisscofel) et la Fruit-Union (FUS). Il semblerait que « la déclaration de ces méthodes de production, demandée autrefois, n’est plus nécessaire » - dixit leur communiqué. Ce n’est pourtant pas ce que semblent penser les consommateurs ! En effet, des sondages menés par Bon à Savoir et KTipp ont montré que la plupart des consommateurs estimaient l’information importante...
Pourquoi cette décision ? Voici l’une des raisons invoquées : les fruits et légumes importés ne sont pas soumis à cette obligation d’étiquetage et donc pour éviter une « concurrence » par rapport aux fruits et légumes suisses, cela semblait plus simple de totalement supprimer cette mention, à défaut de pouvoir l’imposer pour les fruits et légumes importés. Mais pourquoi ne pourrait-on pas imposer cette mention aux importations ? Pourquoi cela serait-il impossible ? D’autant qu’historiquement, cet accord entre le Konsumenten Forum et les producteurs avait été signé pour éviter une ordonnance fédérale sur les indications. Autrement dit, le refus de passer par la voie légale à l’époque se retourne contre ses auteurs.
Autre raison mise en avant : la technologie de production « hors-sol » s’est aujourd’hui fortement développée en Suisse et améliorée et certains indiquent même qu’il s’agit d’un mode de production « écologique et préservant les ressources ». Cela reste à prouver : existe-t-il aujourd’hui des études assez rigoureuses ayant pris en compte tous les paramètres nécessaires pour affirmer cela ? De toute façon, là n’est pas la question, notre but ici n’est pas de juger une méthode de production ou une autre, mais de pouvoir laisser le choix aux consommateurs et donc de l’informer au mieux.
Déjà beaucoup de réactions à cette annonce circulent : des articles dans KTipp, dans Terre&Nature... KTipp vient même de lancer une lettre ouverte et pétition en ligne ! Nous sommes mobilisés avec la Fédération Romande des Consommateurs qui ne comprend également vraiment pas cette décision et n’a pas lésiné sur les moyens en prenant contact formellement avec les organisations de producteurs concernées ainsi que Coop et Migros et a effectué un sondage auprès de ses membres. Une prise de contact a également été faite auprès du Conseil national pour questionner la nécessité de lancer une interpellation ou un postulat.
Autre exemple de la conséquence de cette décision : comment se positionnera le label Genève Région Terre Avenir, où la traçabilité et l’information sont des piliers de ce dernier ? Quelle crédibilité pour ce label si la mention devait être supprimée ?
Le comité d’Uniterre est fermement opposé à la suppression de cette indication et il s’engagera pour que celle-ci soit conservée ; tout simplement pour défendre le droit à la transparence sur les modes de production !
Berthe Darras