mercredi, 21 novembre 2018
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Communiqué de presse d'ECVC


Mercredi 21 novembre 2018, New York, [NEW YORK-BRUXELLES]

La Troisième Commission (questions sociales, humanitaires et culturelles) de l'Assemblée générale des Nations Unies a voté en faveur d'une Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales, via la Résolution A/C.3/73/L.30.

La résolution a été approuvée lundi par 119 voix pour, 7 voix contre et 49 abstentions. C'est un immense pas en avant pour une campagne menée par La Via Campesina – le plus grand mouvement paysan mondial – et soutenue par de nombreuses organisations autour du globe, dont FIAN et le CETIM.

La Déclaration des Nations Unies vise à mieux protéger les droits de toutes les populations rurales, comme les paysans, les pêcheurs, les personnes transhumantes et nomades, les ouvriers agricoles et les peuples autochtones et à améliorer leurs conditions de vie tout en renforçant la souveraineté́ alimentaire, la lutte contre le changement climatique et la conservation de la biodiversité. L'approbation de cette Déclaration est également une importante contribution à l'effort de la communauté internationale pour promouvoir l'agriculture familiale et paysanne.

La Bolivie, qui présidait le processus, a insisté sur l'importance d'une telle déclaration pour parvenir à des sociétés humaines plus résilientes, durables et inclusives:

"Nous pensons qu'il s'agit d'un pas important vers des politiques publiques qui reconnaissent non seulement les droits et les besoins des paysans, mais aussi leur contribution au bien-être et à la qualité de vie des sociétés qu'ils nourrissent quotidiennement par leur travail. Nous sommes convaincus que cet instrument jouera un rôle central dans le domaine des droits de la personne ainsi que dans l'éradication de la faim et de la pauvreté, conformément à l'Agenda 2030 pour le développement durable et à la Décennie pour l'agriculture familiale, sans laisser personne derrière."

Depuis son adoption par le Conseil des droits de l'homme à Genève fin septembre, La Via Campesina et ses alliés ont redoublé d'efforts pour que cette Déclaration des Nations Unies soit adoptée par l'Assemblée générale des Nations Unies. Les déléguées et délégués de La Via Campesina présents à New York depuis le début de la session de la Troisième Commission ont exprimé leur joie à l'issue du vote.

"En ce moment historique, où le capital financier et les sociétés multinationales renforcent leur offensive pour monopoliser la nourriture, accaparer la terre et privatiser les biens naturels, au prix de notre vie, l'adoption de la Déclaration des droits des paysans à la Troisième Commission de l'Assemblée générale des Nations Unies est une victoire stratégique, non seulement pour les paysans mais aussi pour les peuples du monde entier. Nous allons continuer sur ce long chemin de lutte et d'unité, pour les droits et la justice sociale, convaincus que la pleine démocratie n'est possible que par la réforme agraire, la fonction sociale de la terre et la pleine jouissance des droits des paysans" a affirmé Diego Monton de La Via Campesina Amerique Latine (CLOC)

L'approbation de la déclaration par la Commission a été ponctuée de quelques débats mais a bénéficié du soutien conséquent des régions de l'Afrique, de l'Asie et de l'Amérique latine. Quelques réactions négatives sont survenues de la part de l'Europe et autre régions, avec la délégation des USA rejetant le texte en raison de préoccupations de longue date au sujet de la Déclaration, qui chercherait à étendre des droits existants, en distinguant les droits humains des paysans de ceux d'autres groupes, ainsi que concernant les droits collectifs stipulés dans le contenu. Les pays européens se sont également montrés divisés dans leur réponse.

"Le vote d’hier n’était pas symbolique, c’était le pas nécessaire pour donner suite à la décision prise par le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies en septembre dernier. Au sein de la Troisième Commission, à laquelle participent tous les pays de l'ONU, nous avons assisté à une grande diversité de positions de l'Europe orientale et occidentale. Nous remercions vivement ceux qui nous ont soutenus. Vos votes en faveur de la déclaration mettent des valeurs humaines dans les droits de l'homme et donnent de l'espoir à des millions de paysans, hommes et femmes, à travers le continent. A ceux qui se sont abstenus ou ont voté contre, nous tenons à vous dire que les paysans et les petites familles paysannes de vos pays ne peuvent être laissés pour compte", a rappelé Ramona Duminicioiu de La Coordination Européenne de la Via Campesina (ECVC)

"Après l’approbation de l’Assemblée générale des Nations Unies en décembre, nous commencerons un nouveau chapitre des Droits des paysans et nous demandons à tous les pays de l’ONU de s’engager à appliquer la Déclaration. Nous sommes déterminés à contribuer à une société meilleure, à la lutte contre le changement climatique, pour l'élimination de la faim, pour fournir unalimentation diverse, nutritive et saine pour tous et toutes. En reconnaissant nos droits, ce nouvel instrument international nous permettra de faire exactement cela ", a-t-elle ajouté.

Zainal Arifin Fuat, de La Via Campesina Asie a dit de cette déclaration qu'elle marquait un tournant historique dans l'histoire des luttes paysannes.

"La Déclaration reconnaît le rôle de premier plan que jouent les paysans dans la résolution des multiples crises auxquelles nous sommes confrontés aujourd'hui - alimentaires, environnementales, sociales et économiques. Les paysans ont un rôle essentiel pour la sécurité et la souveraineté alimentaires et pour la réalisation du droit à l'alimentation, en particulier dans les pays en développement, où ils fournissent jusqu'à 80% de la nourriture consommée localement. Cette Déclaration des Nations Unies contribuera également aux efforts de l'humanité pour mettre fin à la pauvreté, à la faim et pour atteindre nos objectifs de développement durable. En Asie, nous pensons que si nos droits sont reconnus et mieux protégés, les populations pourront développer les zones rurales et éviter l'exode rural, cause de problèmes insolubles" a-t-il ajouté.

"La ruée sur les ressources qui se poursuit sur le continent africain comme ailleurs a mis les paysans dans une position d'extrême vulnérabilité. L'attaque en cours contre les systèmes semenciers paysans a des répercussions bien au-delà de ceux qui produisent la nourriture. Elle touche tout le monde. Depuis 17 ans, nous faisons patiemment campagne pour un instrument international qui puisse protéger nos droits en tant que paysans et empêcher que nos systèmes alimentaires ne soient démantelés au profit d'une poignée d'individus. C'est un moment de fierté aujourd'hui pour les millions de paysans du monde entier, qui n'abandonnent jamais face à l'adversité." a affirmé Elizabeth Mpofu, coordinatrice générale de La Via Campesina

"La force du mouvement paysan se fait sentir au plus haut niveau de la gouvernance internationale: pour cela, nous devons rendre compte du travail acharné et de la passion de tant de paysans du monde entier. La solidarité des paysans, à l'échelle internationale, témoigne du lien étroit qui nous unit et lie nos enjeux, peu importe où nous vivons. Cependant, aujourd'hui n'est qu'une étape sur le long chemin de la justice en matière de droits humains pour les populations rurales. Nous devons poursuivre sur cette lancée et mettre la déclaration en action à tous les niveaux de la société." a déclaré Jessie MacInnis, La Via Campesina Amérique du Nord.

La Déclaration des Nations Unies sera formellement ratifiée par l'Assemblée générale des Nations Unies en décembre 2019, à la suite de la décision prise par la Troisième Commission lundi.

Pour aller plus loin:

Une note d'information sur la Déclaration des Nations Unies peut être téléchargée ici. Le texte complet de la Résolution et de la Déclaration est disponible ici.
Pour plus d'information merci de visiter www.viacampesina.org

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jeudi, 01 novembre 2018

Berne, le 29 octobre 2018. La Suisse est en train de négocier un accord de libre-échange avec les États du Mercosur. Présentée lors de la conférence de presse qui s’est tenue aujourd'hui, la coalition sur le Mercosur1 dit oui à cet accord, mais pas à tout prix. Elle exige que des critères contraignants de durabilité y figurent pour ne pas compromettre les produits agricoles sensibles ni la protection des consommateurs.

Depuis juin 2017, la Suisse négocie un accord de libre-échange avec les États du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay) dans le cadre de l’AELE. L’économie suisse d’exportation espère obtenir ainsi un meilleur accès aux marchés sud-américains. Cependant, cet accord aura aussi des répercussions sur les familles paysannes et l’environnement dans les États du Mercosur d’une part, et sur l'agriculture suisse, les emplois dans l'industrie alimentaire et les consommateurs suisses d’autre part. La coalition sur le Mercosur nouvellement formée souhaite que la politique et la société débattent de ces répercussions et proposent des solutions raisonnables.

La coalition sur le Mercosur ne s’oppose pas à un accord de libre-échange en soi, mais demande que des critères concrets et contraignants de durabilité y soient inscrits. Lors de la conférence de presse, les organisations associées, toutes actives dans la protection des consommateurs, des animaux ou dans l’aide au développement, ainsi que des fédérations paysannes, ont fait part de leurs craintes ainsi que de leurs exigences quant à un accord durable. Les organisations présentes dans les États du Mercosur partagent ces revendications, comme l'a expliqué Natalia Carrau, membre du groupe uruguayen de l'organisation Les Amis de la Terre. Natalia Carrau a souligné : « Déjà aujourd’hui, l’agriculture industrielle, qui est entre les mains des multinationales, met sous pression les exploitations agricoles familiales en Amérique du Sud. Avec les accords de libre-échange avec l’Europe et l’augmentation de l’exportation des produits agricoles qu’ils entraînent, cette pression va augmenter encore. »

Pour identifier les risques avant la conclusion de l’accord, la coalition sur le Mercosur demande au Conseil fédéral d’effectuer au préalable une analyse indépendante sur la durabilité. Les résultats, qui serviront de base pour les négociations, seront communiqués de manière transparente et impartiale. La coalition sur le Mercosur demande en outre que l'accord prévoie un chapitre sur la durabilité, avec des objectifs ambitieux et mesurables, ainsi que des mécanismes contraignants de sanction. La mise en oeuvre de l’Agenda 2030, ou plutôt des objectifs de développement durable fixés par l'ONU, le respect des traités internationaux applicables dans le cas présent et de l’art. 104a, let. d., Cst. sur la sécurité alimentaire et le commerce durable devront figurer dans ce chapitre, de même que des aspects sur la protection des animaux et la mise en oeuvre de l’accord de Paris sur le climat.

Les concessions faites en matière d'importation de produits agricoles sensibles devront impérativement être limitées aux contingents de l’OMC. De plus, la viande importée des pays du Mercosur ne devra présenter aucun stimulateur de performance et de croissance, et devra avoir été produite dans le respect de standards élevés en matière de protection des animaux et de sécurité alimentaire. Par ailleurs, la Suisse continuera de n’acheter que du soja exempt d'OGM. Pour ne pas miner la protection des consommateurs, les contrôles et l’indication de la provenance des produits importés devront être améliorés, et les lacunes comblées.


1. Membres : SWISSAID, Alliance Sud, Union suisse des paysans, Fédération romande des consommateurs, Protection suisse des animaux, Public Eye, Pain pour le prochain et Uniterre

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vendredi, 26 octobre 2018
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Par souci de cohérence, les gouvernements de l'UE doivent voter en sa faveur

Bruxelles - Jeudi 25 octobre 2018 – Aujourd'hui la «Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et autres personnes travaillant en zone rurale» va être présentée devant l’Assemblée générale de Nations unies à New York*. Enfin ! Peuvent dirent les millions de paysans et paysannes de La Vía Campesina, qui avec des organisations d’éleveurs pastoraux, de pêcheurs artisanaux, de travailleurs agricoles et de peuples indigènes et l’appui de plusieurs ONG, mènent une action inlassable depuis près de deux décennies pour que les droits des populations rurales soient mieux reconnus et protégés.

En effet, les paysans souffrent de façon disproportionnée de la faim et de la pauvreté**. On estime que sur les 821 millions de personnes qui souffrent de la faim dans le monde (chiffre ONU 2018) 80 % vivent dans les zones rurales. Ils sont particulièrement vulnérables et discriminés, souffrant d’expulsions forcées, et de manque d’accès aux ressources indispensables; terre, semences, crédit, éducation, justice et services de base. Pourtant, les petits producteurs d’aliments contribuent pour 70 % en moyenne à l’alimentation du monde, ce chiffre atteignant plus de 80 % dans les pays dits en développement, et leur rôle déterminant dans la lutte sur le changement climatique et sur la conservation de la biodiversité est largement reconnu.

Le soutien des citoyens est largement acquis au niveau international, ainsi qu’au niveau Européen. Le Comité économique et social européen a soutenu la Déclaration et le Parlement a voté une résolution avec laquelle demandait le soutien des États membres européens au projet.

En France, dans un avis du 2 octobre, la Commission nationale consultative des Droits de l’Homme a appelé le gouvernement Français à donner son appui au texte. La FAO, ainsi que l’ancien rapporteur au droit à l’alimentation Olivier de Schutter et Hilal Elver, qui lui a succédé, ont apporté leur soutien à la déclaration.

Cependant, la plupart des gouvernements d’Europe se sont jusqu’à présent abstenus dans le processus onusien.


Gageons que dans un soucis de cohérence avec les accords de Paris pour le climat, l’engagement pour les Objectifs de développement durable 2030 - notamment l’objectif 2 d’éradiquer la faim - et les engagements annoncés par la diplomatie européenne pour un monde plus juste et plus stable, nos gouvernements oseront prendre la bonne décision et voter clairement et unanimement en faveur de la Déclaration.

Et rappelons que si les déclarations n’ont pas de valeur contraignante, l’existence d’un tel instrument, voulu et porté par les personnes concernées, serait un grand signe de reconnaissance envers les paysans et paysannes européens, qui travaillent dur pour gagner leur vie et nourrir les gens, et d’encouragement pour les populations rurales.

Contact:

  • Ramona Duminicioiu – Comité de Coordination d’ECVC: +40 264 599 204 (RO FR EN ES)
  • Genevieve Savigny – Groupe droits des paysans ECVC: +33 625 551 687 (FR EN ES)

ECVC = European Coordination Via Campesina

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Note pour éditeurs:

*La «Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysans et autres personnes travaillant en zone rurale» va être présentée devant la troisième commission de l’Assemblée générales de Nations unies qui traite des droits de l’homme. Après un dernier groupe de travail intergouvernemental en avril 2018 et un vote largement positif au Conseil des droits de l’homme le 28 septembre dernier, le président-rapporteur M. Ruddy José Flores Monterrey de la Mission de Bolivie à Genève va exposer la résolution en faveur de ce nouvel instrument destiné à rassembler – préciser – exposer les droits des paysans et autres travailleurs ruraux, hommes et femmes.

** Étude préliminaire du Comité consultatif des droits de l’homme (2012).

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mercredi, 17 octobre 2018
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A l'occasion de la journée internationale d'actions pour la souveraineté alimentaire des peuples et contre les multinationales, La Via Campesina relance la « Campagne mondiale pour les semences, un héritage des peuples au service de l'humanité »

(Harare, le 16 octobre 2018)

Les semences paysannes sont un patrimoine des peuples au service de l'humanité. Elles sont la base de la production alimentaire mondiale et permettent aux paysannes et paysans de produire et aux consommateurs et citoyens de trouver une alimentation saine et diversifiée. Elles nous permettent de résister, maintenir nos cultures ancestrales et défendre notre identité paysanne.

Or, ces graines de vie sont menacées par les politiques semencières des pays riches, les accords de libre-échange et l'agribusiness. Sous prétexte "d'améliorer" la productivité des semences, l'agribusiness a créé un système semencier néolibéral qui a homogénéisé, appauvri et monopolisé les semences, provoquant la perte des trois quarts de la diversité semencière et annihilant une diversité que les peuples – grâce aux travail des paysannes et paysans – avaient mis 10000 ans à générer.

Trois entreprises, Monsanto-Bayer, Syngenta-ChemChina et Dupont-Dow, contrôlent plus de 50% des semences commerciales dans le monde – de plus en plus souvent des semences génétiquement modifiées afin de résister aux herbicides et produire des insecticides. Sous l'impulsion de l'OMC, de la banque mondiale et du FMI, et au travers des accords de libre-échange ainsi que des lois brevetant les semences et protégeant les droits des obtenteurs, comme les normes UPOV, ce système semencier n'autorise que la circulation de ses propres semences, criminalisant la sauvegarde, l'échange, le don et la vente des semences paysannes locales.

La situation est telle que les paysans et les paysannes ont perdu beaucoup de leurs semences locales, sont mis en prison pour la défense et l'échange de leur patrimoine semencier, et risquent les rafles et la saisie de leurs graines. La biodiversité est détruite par l'utilisation d'engrais chimiques, de semences hybrides et d'organismes génétiquement modifiés développés par les entreprises multinationales. Les citoyennes et citoyens ont difficilement accès à une alimentation saine, diversifiée et bonne pour leur santé.

La Via Campesina et ses alliés se battent pour changer la donne. Partout dans le monde, La Via Campesina et ses organisations membres multiplient les efforts de formation, d'éducation, de soutien mutuel et d'échange des semences. Nous nous battons pour que les lois nationales et les traités internationaux garantissent les droits des paysans de conserver, utiliser, échanger vendre et protéger leurs semences contre la biopiraterie et les contaminations génétiques, nous rédigeons des livres sur l'histoire des semences, réalisons des études et des cartographies. Nous fondons aussi des écoles d'agroécologie et organisons des foires d'échange de semences paysannes. Nous exerçons notre droit d'autodétermination pour sélectionner les variétés de semences que nous voulons planter et rejeter les variétés dangereuses économiquement, écologiquement et culturellement. Ce sont des droits affirmés par le Traité International sur les Ressources Phytogénétiques pour l'Alimentation et l'Agriculture et par la Déclaration des Nations unies sur les droits paysans qui vient d'être adoptée par le Conseil des Droits de l'Homme à Genève. C'est également le seul moyen de garantir une alimentation saine aux citoyens, la préservation de la biodiversité et l'atteinte de la souveraineté alimentaire.

C'est dans cet esprit que nous avons lancé en 2001 à Rome la Campagne Internationale des Semences Paysannes, patrimoine des peuples au service de l'humanité, dans l'objectif de promouvoir la récupération des systèmes traditionnels de conservation, d'entretien et d'échange des graines locales et les droits collectifs inaliénables des paysans sur leurs semences. En ce 16 octobre 2018, à l'occasion de la journée mondiale d'Action pour la souveraineté alimentaire des peuples et contre les multinationales, nous relançons cette campagne et l'action « Adoptez une semence ».

Nous appelons chaque agriculteur, famille paysanne ou communauté à s'engager dans l'adoption d'une variété de semences végétale ou animale, à devenir le gardien de cette semence, en assurant sa propagation, sa reproduction et sa distribution et s'engager dans la défense collective de ses droits de les utiliser, les échanger, les vendre et les protéger. Nous créerons ainsi un grand réseau de semences paysannes permettant de sauver celles qui sont devenues rares et d'étendre la production vers la souveraineté alimentaire des peuples.

En adoptant une semence, les familles paysannes préservent leur identité et leur territoire et affirment leur mode de vie paysan. Elles revendiquent la mémoire historique et la culture ancestrale de la gestion des semences, en promouvant une agriculture écologique urbaine et rurale qui reproduit le miracle des semences et des aliments plus nombreux et de meilleure qualité, goût et valeur nutritionnelle.

Aucune mesure gouvernementale ne peut limiter les droits collectifs des paysans d'utiliser d'échanger et de vendre leurs des semences. Le consentement libre entre paysannes et paysans devrait être appliqué sans restriction.

La Via Campesina

Sans semences, il n'y a pas d'agriculture ; sans agriculture, il n'y a pas de nourriture ; et sans nourriture, il n'y a pas de peuples.

Nous nourrissons nos peuples et construisons le mouvement pour changer le monde !

vendredi, 28 septembre 2018
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Le Conseil des droits de l’homme a voté en faveur de la déclaration sur les droits des paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales.

Cela après 6 années de négociation au sein du CDH menées avec beaucoup d’engagement de la part de la Mission de Bolivie à Genève, de La Via Campesina, du Cetim et de FIAN et Pain pour le prochain, l’EPER et Swissaid.

Nous saluons le soutien constant de la Suisse durant tout le processus de négociation et son vote positif aujourd’hui : le seul vote positif d’un pays européen !

Communiqué de presse commun Pain pour le Prochain, Swissaid, Uniterre, CETIM, etc

Communiqué de presse de la Coordination Européenne Via Campesina

lundi, 11 juin 2018
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Le 27 mars dernier, l’organisation paysanne Uniterre déposait auprès des Autorités fédérales sa pétition « Pour 1.- frs par litre de lait payé au producteur », munie de près de 25'000 signatures récoltées en 4 mois. Il demandait à la Confédération de remettre un peu d’ordre dans le marché du lait de consommation en faisant respecter la Loi sur l’Agriculture qui stipule que les paysannes et paysans doivent bénéficier d’un revenu moyen comparable aux autres secteurs économiques d’une même région.

La réponse du ministre de l’économie ne s’est pas faite attendre, et exprime une fois encore un mépris certain à l’égard des quelques 20'000 familles paysannes qui travaillent durement en production laitière. Non seulement il est écrit que la Confédération continuera de laisser la situation aller à vau-l’eau, en se cachant derrière le sacro-saint marché libéralisé du lait, mais en plus, M. Schneider-Ammann avoue implicitement que 75% des fermes laitières sont encore appelées à disparaître à l’avenir, faute de présenter, selon son point de vue, un seuil de rentabilité économique suffisant, et que rien ne sera fait pour maintenir la grande variété de ces fermes à taille humaine.

Le rouleau compresseur du libéralisme débridé continue son implacable progression, faisant fi des victimes et des dégâts environnementaux et économiques qu’il laisse sur son passage. Par la même occasion, la volonté populaire de sauvegarder la paysannerie locale est également bafouée, au profit de l’agro-industrie qui, par le biais de ses capitaux, aura bientôt la mainmise totale sur la production laitière helvétique.

Uniterre poursuit dès lors son engagement pour que paysannes et paysans bénéficient un jour d’un revenu équitable, et que consommatrices et consommateurs conservent l’accès à une alimentation saine, produite localement, loin des fermes-usines qu’ils ne souhaitent pas.

Lausanne, le 11 juin 2018

lundi, 04 juin 2018
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Une action organisée par BIG-M et Uniterre a eu lieu aujourd'hui 4 juin à Bern à la Waisenhausplatz pour protester contre les exportations de dumping, qui sont une honte pour la Suisse !

Le Conseil des Etats débattra le mercredi 6 juin sur trois objets (initiatives cantonales FR, GE ainsi que la motion Nicolet) qui demandent essentiellement tous la même chose : la quantité de lait produit en Suisse doit être adapté à la demande. Une production laitière excédentaire ne permet pas depuis longtemps de réaliser une valorisation raisonnable. Pour réguler les excédents du marché, ces derniers sont exportés sous forme de dumping (beurre et fromage) à l'étranger. Ceci en utilisant à la fois des cotisations obligatoires et des fonds publics. Cela doit cesser.

Big-M et Uniterre demandent au Conseil des États de stopper le plus rapidement possible ces exportations de beurre et de fromage à prix cassés et de soutenir ce mercredi les interventions visant à mettre en place un système d'ajustement des quantités.

Lien Communiqué de presse


mardi, 17 avril 2018
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Pour la terre et la vie ! Assez des Traités de Libre Échange, assez de l'impunité !

En ce 17 avril, journée international des Luttes Paysannes, La Via Campesina commémore le massacre des 19 paysans Sans Terre qui ont été impunément assassinés par l'agrobusiness. Le poing levé, pleins de courages et révolté-e-s, nous appelons nos organisations membres, nos alliés, nos ami(e)s ainsi que les mouvements sociaux à unifier au niveau mondial leurs différentes actions de résistance pour la Terre et l'eau, contre les Traités de Libre Échange (TLE) et contre la criminalisation des luttes sociales.

Le 17 avril est une date importante de mobilisations internationales pour la défense des revendications sociales, et contre la puissance hégémonique des gouvernements et des entreprises transnationales. Ces derniers usurpent les biens communs et répriment les droits que réclament millions de familles paysannes et indigènes dans leur lutte légitime pour la terre, l'eau et le territoire.

Nous dénonçons l'invasion du capitalisme sur les territoires et leurs populations. Le capitalisme, le racisme et le patriarcat forment un modèle étroitement imbriqué de multiples formes de dominations : l'accaparement des terres, le pillage des biens communs, l'exploitation de la force de travail et le contrôle des corps humains ainsi que la misogynie en sont différentes formes d'expression.

Nous sommes confrontés à une violation massive des droits de l'Homme, l'impunité des crimes commis hier et aujourd'hui, la criminalisation des mouvements populaires, l'assassinat et la disparition des militant-e-s. L'impunité du terrorisme d'État d'hier a préparé le terreau pour l'impunité du Grand Capital d'aujourd'hui.

Dans ce contexte, les accords de libre-échange (ALE) sont de véritables outils promus par les multinationales et les états pour pouvoir vendre nos biens communs naturels. Ensemble ils établissent des règles du jeu pour pouvoir commercialiser les biens communs de l'Humanité comme la terre et l'eau en leur donnant une finalité lucrative.

Les ALE sont l'expression d'une vague anti-démocratique au niveau mondial, qui tente d'imposer les intérêts économiques de quelques-uns au détriment du bien-être des peuples.

Face aux multinationales et aux ALE et à travers la Via Campesina, nous nous unissons pour défendre et conquérir la réforme agraire que nous entendons comme le droit des peuples à la terre, aux territoires, à l'eau et aux semences indigènes, une base fondamentale pour la Souveraineté Alimentaire.

Les multinationales et les états antidémocratiques promeuvent des pratiques déloyales afin d'inciter l'extractivisme, l'accaparement des terres, les monocultures pour l'exportation et faire en sorte que les terres soient exploitées en grande majorité pour former des méga-monocultures appartenant à l'agrobusiness. La terre et l'eau gagnent de plus en plus une importance majeure et attirent d'importants intérêts économiques, tant pour les élites nationales que pour leurs homologues à l'étranger. La criminalisation et les persécutions deviennent alarmantes. Les expulsions et les assassinats de paysan(e)s et d'indigènes, des personnes de couleur en raison de leur implication pour la défense de leurs terres et contre l'exploitation de leurs biens communs se multiplient.

Ce 17 avril, joignez-vous aux diverses actions organisées au niveau international ! Organisez des mobilisations, des forums, des séminaires, des marchés paysans, des projections de films...peu importe comment, l'important est de dénoncer les conséquences dévastatrices des ALE pour la paysannerie et la Souveraineté Alimentaire.

Informez-nous des actions programmées pour cette journée en écrivant à lvcweb@viacampesina.org. Nous désirons rendre visible chacune d'entre elles sur une carte mondiale des actions. Vous pouvez également nous envoyer des articles, des audio, des vidéos, des photos etc afin que nous les mettions en ligne sur notre page internet et sur VíaCampesinaTV.

Alimentons nos peuples et construisons ensemble le mouvement pour changer le monde !

Contre le pillage du capitalisme et de l'impérialisme, mais pour la terre et la souveraineté de nos peuples ! La Vía Campesina est en lutte !

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mardi, 17 avril 2018
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Une agriculture durable, la sécurité de l'approvisionnement, la conservation des ressources naturelles, l'occupation décentralisée et le bien-être des animaux. Des conditions cadres propices à la production et à l'écoulement. Une évolution acceptable sur le plan social. Soutien à la recherche agricole. Dans le respect des principes de la souveraineté alimentaire.Un revenu comparable. Des mesures pour améliorer les revenus. Conditions cadres pour tirer une recette aussi élevée que possible de la vente des produits. Des Organisations de producteurs qui adaptent la production et l'offre au marché par des contrats-types. Des mesures décidées à titre collectif par des organisations d'entraide représentatives. Le soutien à des mesures collectives pour favoriser la qualité et la durabilité. Le soutien à l'innovation et la coopération. Des droits de douane qui tiennent compte de l'approvisionnement et des débouchés des produits suisses. L'interdiction des importations ou le relèvement des droits de douanes en cas de modes de production interdits.

Ce n'est pas Uniterre qui a inventé cela, mais c'est le texte de la loi en vigueur! Uniterre exige que cette loi soit appliquée dans une société démocratique et appelle la population à en imposer le respect!

Car au lieu de favoriser et de soutenir une agriculture paysanne durable, l'Office fédéral de l'agriculture continue la destruction de cette agriculture paysanne diversifiée. Chaque jour, 3 fermes et 6 postes de travail disparaissent. Aucun des objectifs de durabilité n'est atteint ! Ni sur le niveau économique, ni social, ni écologique. Malgré un soutien du revenu paysan par des paiements directs qui représentent 25% du revenu des fermes, le revenu paysan est 35% en dessous du revenu moyen, alors que la charge de travail est de 25% supérieur. Sous cette pression la destruction est quotidienne et nous nous éloignons d'un système alimentaire durable. Combien de temps cela doit encore durer?

Que fait notre Office fédéral de l'agriculture?

L'Office fédéral de l'agriculture baisse continuellement les prix seuils pour les céréales fourragères ainsi que les tarifs douaniers pour le blé. Au niveau du sucre, le prix est lié à celui de l'UE et est en baisse constante. Au niveau du lait, l'OFAG a créé un prix politique avec la formule prix mondial, plus prime à la transformation fromagère, plus 10% de Swissness. Les prix du lait touchent le fond, en Suisse il y a du lait qui est payé 21 cts. Il y a dix ans, 80% des producteurs de lait se sont prononcés pour une organisation nationale de vente. Malgré cela, l'OFAG tolère une interprofession qui est dominé par le commerce et qui empêche par tous les moyens d'adopter des contrats clairs et une gestion des quantités. L'OFAG ferme les yeux alors que la loi n'est pas respectée.

De même on importe de plus en plus de viande et de céréales panifiables sous forme transformée en dehors des contingents douaniers. En 2017, il s'agissait de 140'000t de spécialités boulangères. Ainsi l'OFAG force les producteurs de céréales à déclasser près de 100'000t de blé panifiable et à le rendre impropre à la consommation humaine. De cette manière, on détruit la valorisation paysanne et une agriculture respectueuse des ressources en poussant les producteurs dans un spirale productiviste sans issue. Toujours plus grand, toujours plus spécialisé, toujours plus dépendant des acheteurs. Personne n'a envie d'une agriculture industrielle, bien que le commerce et la grande distribution s'en frottent les mains. Mais même ces secteurs ont besoin de perspectives à long terme que rend possible un système alimentaire véritablement durable et démocratique.

La communauté scientifique nous dit clairement que l'avenir appartient à une agriculture paysanne, diversifiée et que l'industrialisation des systèmes alimentaire nous mène dans le mur.

Il est temps pour la souveraineté alimentaire!

L'administration et le gouvernement doivent prendre leurs responsabilités pour un système alimentaire tourné vers l'avenir. Nous voulons un système alimentaire fondé sur une agriculture paysanne durable qui produit localement ce qui peut l'être!

Le système alimentaire appartient aux populations et ne peut être laissé dans les mains de requis de la finance, de l'industrie ou des grands distributeurs.


flyer de la manif du 17 avril 2018 devant l'OFAG


vendredi, 13 avril 2018
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En une semaine, plus de 100 femmes ont signé cette lettre ouverte.

Beaucoup d'agricultrices Demeter et Bio, mais aussi des citadines qui voient également ces initiatives comme une occasion de donner plus de soutien à l'agriculture régionale et rurale. Ce qui unit ces femmes de différentes régions et origines, c'est l'espoir que ces deux initiatives trouveront un terrain fertile lors de l'Assemblée des Délégués. Alors que le comité s'est positionné contre l'initiative pour la souveraineté alimentaire, et est resté neutre quant à celle sur les aliments équitables, ces femmes sont favorables aux deux initiatives car elles y voient une grande opportunité d'aborder des questions importantes telles que la protection douanière, le contrôle des quantités, les conditions de travail et les questions écologiques avant les votations de cet automne.

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Lettre ouverte aux organisations membres de Bio Suisse, au conseil d'administration de Bio Suisse et aux médias.

Femmes pour la souveraineté alimentaire et pour des aliments équitables

Nous, paysannes, consommatrices, femmes rurales et citadines, soutenons les initiatives pour la souveraineté alimentaire et pour des aliments équitables. Par conséquent, nous demandons aux délégué-e-s de BioSuisse d’ouvrir la voie aux changements en recommandant de voter 2 x OUI.

À la lumière des évolutions en Suisse et au niveau international, nous voulons donner un signal clair. Pour nous, ces deux initiatives représentent une opportunité pour que la Suisse adresse un message au monde. Il s’agit d’encourager une agriculture régionale et il s’agit rien moins que d’une organisation prévisionnelle de la politique alimentaire en Suisse et dans le monde. Depuis de nombreuses années La Via Campesina a constaté que le libre- échange des produits agricoles provoque beaucoup de dégâts au Nord comme au Sud. Elle a donc décidé de promouvoir et protéger le droit des populations de décider de leurs politiques agricoles et alimentaires. C’est dans cette optique que La Via Campesina soutient l’initiative pour la souveraineté alimentaire en Suisse. L’initiative pour des aliments équitables demande des règles et des normes de durabilité claires pour l’importation d’aliments, adoptant ainsi un point important de la souveraineté alimentaire. Le maintien d’une agriculture paysanne en Suisse et dans le monde entier nous tient à cœur. C’est également la conclusion du Rapport mondial sur l’agriculture. Par conséquent, nous prions instamment les délégué-e-s de BioSuisse de recommander de voter 2 x OUI pour la souveraineté alimentaire et pour des aliments équitables.


Lettre ouverte et liste des signataires (pdf)