Sans soutien financier par la Confédération, l’agriculture suisse ne peut survivre. Étant donnés les prix très très bas des produits agricoles payés par l’industrie agroalimentaire et les grandes coopératives, le paysan ne peut pas survivre.
Le système des paiements directs, soit pour 2020 près de trois milliards de fr, cela représente une moyenne de 60'000 fr par exploitation agricole. Cette somme varie en fonction des surfaces.
On peut dire qu’il s’agit d’un revenu de base, mais conditionné à l’abandon de surfaces non cultivées, les jachères ou surfaces de compensation écologique.
Ces surfaces sont de l’ordre de 100'000 hectares, soit plus que la surface totale du blé, qui à lui seul couvre nos besoins !
Les arguments des agriculteurs opposés à ces deux initiatives dénoncent la perte de rendement sans traitements chimiques. Alors, une solution simple, la Confédération continue à verser ces compensations tant que le marché reste ainsi bloqué et aussi, permet de cultiver à nouveau toutes les surfaces bloquées.
L’argument écologique du sauvetage des abeilles et autres petites bêtes ne tient pas car avec les cultures il y a des aussi fleurs. Les surfaces fleuries ont été un prétexte pour mettre les verts dans la combine et se faire pardonner la destruction des abeilles.
Ce manque de production est voulu par nos autorités pour permettre l’achat à bas prix de produits étrangers, système très critiqué par les opposants ! Il faut comprendre qu’avec les prix bradés payés aux producteurs du tiers-monde, ces derniers qui n’ont pas de compensation financière, sont exploités et vivent misérablement. Une source de réfugiés économiques !
Ernest Badertscher, Orbe
Un groupe de la société civile vient de lancer une pétition qui s'adresse au Conseil d’Etat du Canton de Vaud et à la Municipalité de la Ville de Lausanne.
Son objectif : agir sans attendre pour garantir la souveraineté alimentaire et favoriser les transitions professionnelles vers les métiers liés à la production agricole biologique locale.
Préambule
Selon l’OFAE (Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays) : « La production suisse couvre, en moyenne, 50 % de la demande. Cela signifie que notre pays est tributaire de l’étranger pour couvrir totalement ses besoins en aliments. »
Le 17 décembre 2018, l’assemblée générale des Nations Unies a voté en faveur de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan-nes et des autres personnes travaillant dans les zones rurales. La Suisse s’est fortement impliquée dans ce processus et a voté pour son acceptation. La mise en œuvre de la Déclaration correspond à la réalisation de la souveraineté alimentaire.
Le 29 septembre 2018, l’initiative populaire pour une souveraineté alimentaire est rejetée par 68,4% des Suisses. Cependant, 4 cantons romands ont dit «oui». Le canton de Vaud accepte à 57% l’initiative d’Uniterre.
Le 19 mars 2019, l’urgence climatique est déclarée par le Parlement vaudois.
Le 15 août 2019, la Ville de Lausanne émet un rapport sur les pistes à suivre pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2030.
Le 24 juin 2020, le Conseil d’Etat adopte le Plan climat 1ère génération, présente les mesures d’impulsion du Plan climat vaudois et répond aux objets parlementaires.
Face à l’urgence climatique et la destruction rapide de la biodiversité, la préservation de nos vies est une nécessité absolue. Nous sommes inquiet-es face à la dépendance alimentaire qui nous amènera dans une situation plus dramatique encore lors des prochaines crises économiques, écologiques et sanitaires.
En conséquence, l’urgence nous force aujourd’hui à demander:
- Au Canton ; la mise en place de la souveraineté alimentaire par le biais d’une agriculture écologique et diversifiée tournée vers la production locale, ainsi que des conditions de travail équitables. Nous demandons l’augmentation du nombre d’actif-ves dans l’agriculture, la garantie du droit à l’utilisation, à la multiplication, à l’échange et à la commercialisation des semences par les paysan-nes. Le Canton doit garantir la transparence sur le marché et favoriser la détermination de prix équitables. Le Canton doit veiller au renforcement des échanges commerciaux directs entre paysan-nes et consommateurs-trices. En outre, le Canton doit mettre en place, par le biais de subventions des mesures d’insertion socioprofessionnelles, la valorisation des métiers liés à la terre et aider ainsi à la transition professionnelle. Ces métiers sont l’avenir dans un monde qui doit repenser les métiers cruciaux liés au changement climatique et à la perte de la biodiversité, ces dangers imminents pour notre survie.
- A la Ville de Lausanne sur la base du contenu du Rapport-préavis Nº 2019 / 30 du 15 août 2019 de la Ville de Lausanne d’étendre son rayon d’action par ; – la transformation des espaces verts de la ville en des espaces de formation et de transition métiers et de production agricole en conformité avec des normes écologiques (bio, perma, sans OGM). Nous lui demandons d’être innovatrice et avant-gardiste dans son rôle de capitale vaudoise en favorisant la formation citoyenne aux métiers de l’agriculture biologique, la valorisation des métiers liés à la terre et à la transformation artisanale des produits alimentaires et de faciliter la transition par le biais des mesures d’insertion socioprofessionnelles communales.
Signez la pétition : https://autonomie-alimentaire-et-transition.ch/?fb...
La Section Uniterre Fribourg, s’est prononcée sur les initiatives qui seront proposées le 13 juin prochain.
En ce qui concerne l’initiative pour une eau propre, Uniterre Fribourg se prononce fermement pour le NON.
Si l’intention est louable, ce texte signifiera la mort de beaucoup d’exploitations agricoles de notre canton. Soyons honnêtes, c’est plutôt les paiements directs qui sont attaqués mais cela va probablement amener en plus une catastrophe écologique à long terme. Pourquoi ?
De petites exploitations, en zone de Préalpes par exemple, se sont diversifiées et ont construit des poulaillers bio avec sortie en plein air. Avec l’obligation de produire l’affouragement sur l’exploitation pour pouvoir toucher des paiements directs, elles ne pourront plus garder leurs poulaillers car il n’est pas possible de produire les céréales permettant de nourrir ses animaux quand vous êtes à 900 m d’altitude. Il ne leur restera que les dettes sur les bras puisqu’il ne sera plus possible d’amortir les installations. Ce cas de figure est également applicable aux élevages de porcs. La diminution des poules entraînera la diminution de production d’oeufs également. Ces productions devront donc être importées.
Cette initiative tape à côté du problème car il aurait fallu prendre cette mesure au niveau national et pas sur une seule et unique exploitation. Avec une géographie très différente d’une région à une autre, il n’est pas toujours possible de produire de manière diversifiée puisque les paysans dépendent de la qualité de leurs terres, de l’altitude,etc… Le petit-lait, les pommes de terre non consommées par la population, la pulpe de betterave, etc… sont recyclés dans la nourriture des animaux. Cela ne sera plus possible à moins de perdre les paiements directs. Le lisier est un engrais naturel, s’il n’y a plus d’animaux, il n’y aura plus de lisier non plus.
Ne pouvant remplir les obligations résultant de l’initiative pour une eau propre, un 20 % des exploitations sortira vraisemblablement des paiements directs et produira de façon intensive de manière à compenser cette perte des paiements directs. Les surfaces écologiques liées à la PER (prestations écologiques requises, qui est le mode de culture d’une très grande majorité des paysans) seront donc converties en surfaces intensives avec une libre application de pesticides ou d’insecticides. La surexploitation de ces surfaces à elle seule annulera le bénéfice de l’initiative.
L’interdiction d’utiliser des pesticides entraînera une perte de rendement de 20 à 30 % à la production alors que nous ne sommes en mesure actuellement de couvrir qu’un petit 50 % des besoins de notre population. Dans cette initiative on parle de pesticides de manière générale qu’ils soient de synthèse ou pas, il n’y a pas de différence. La production biologique sera elle aussi touchée par cette interdiction des pesticides.
En Suisse notre eau est de qualité exceptionnelle et il ne faut pas oublier que les pollutions que nous connaissons aujourd’hui relèvent des autorisations émises par nos autorités fédérales qui valident l’homologation des produits. C’est donc à eux de faire leur travail et à ne pas se fier uniquement aux recommandations émises par les fabricants de ces mêmes produits. La législation est déjà suffisante, il faut qu’elle soit appliquée. Le scandale chlorothalonil a été rendu possible parce que les autorités n’ont pas fait leur travail.
Initiative sur les pesticides de synthèse.
Oui le monde paysan doit limiter au maximum l’utilisation des pesticides de synthèse mais nous n’avons pas attendu le lancement de cette initiative pour le faire. Pour preuve, en dix ans, cette utilisation a diminué drastiquement et nous continuons dans cette ligne.
Comme d’habitude, on met la charrue avant les boeufs, on interdit et on verra après. Cela pose de nombreux problèmes et aura un impact sur le revenu paysan et provoquera un nouveau tsunami dans la disparition des fermes. Pourquoi ?
Les producteurs de viande vont être mis sous pression avec une diminution de 40 % annoncée par les initiants pour utiliser les surfaces pour cultiver des fruits et des légumes. Le poulet et le porc sont particulièrement visés. La baisse de volailles amènera une baisse de production des oeufs notamment. Que va manger le consommateur ? Des produits d’importation.
Les inititiants garantissent que les produits ne correspondant pas à nos normes de production ne passeront pas la frontière. C’est absolument faux car la plupart de ces importations relèvent d’accords bilatéraux sous la bannière de l’OMC et le Conseil fédéral affirme qu’on ne peut pas y toucher. De plus quels seront les contrôles effectués, dans quels pays, qui les fera, qui paiera, tout autant de questions auxquelles personne n’a de réponse. Si cela se fait sur la base de déclaration, nous retrouverons le même scénario que pour l’autorisation des phytosanitaires, n’importe qui peut déclarer n’importe quoi lorsqu’il n’y a pas de contrôle. Les produits étrangers n’ont pas les mêmes normes que nous et, sous l’égide de l’OMC, nous continuerons d’importer sans aucun contrôle.
La conversion de prairies en cultures maraîchères entraînera également une baisse du cheptel bovin qui est déjà en crise aujourd’hui. Dans notre région c’est inconcevable, preuve en est les demandes répétées d’importation de lait et de beurre qu’on a connues en 2020 et qui sont de nouveau d’actualité.
Dans notre canton, la production de betterave, de pommes de terre, de colza, disparaîtra presque totalement car elle ne couvrira absolument plus les frais de production sans parler de dégager un salaire pour le producteur.
Les cultures sans labour disparaîtront également car il est impossible, notamment pour des questions climatiques, de cultiver sans pesticides et de dégager un revenu.
Les rendements de production de céréales baisseront d’un tiers environ et auront pour conséquence une recrudescence des importations. Or avec la souveraineté alimentaire, cela fait des années que nous demandons des limitations d’importation, nous sommes donc en contradiction avec nos propres principes notamment concernant les dégâts environnementaux liés aux transports.
Lors des discussions avec les initiants, ces derniers ont admis que des cultures allaient disparaître dans notre pays. Mais cela ne se limite pas à ça. Notre économie chocolatière par exemple ne pourra plus transformer le cacao car elle devrait acheter l’équivalent de la moitié de la production mondiale en mode bio. C’est absolument impensable. Que se passera-t-il ? Ces entreprises délocaliseront simplement leur production, leur transformation à l’étranger.
Cette initiative aura un impact beaucoup plus étendu qu’on ne le prétend. Si on regarde sous la vision des emplois, s’il y a délocalisation, il y aura aussi perte d’emplois et perte de consommateurs pour nos productions.
Lorsque toutes les productions seront sans pesticides de synthèse, les prix vont-ils aller à la hausse selon la loi du marché qui dit moins d’importations égal plus de valorisation des prix ?
Poser la question semble y répondre, moins on a de lait sur le marché plus le prix baisse. Où est la logique ? Produire sans pesticides de synthèse demande plus de main d’oeuvre, le prix des aliments doit en tenir compte pour garantir le revenu paysan.
Le moratoire sur les OGM arrivera à terme en décembre 2021, le comité fribourgeois s’inquiète que l’interdiction des phytosanitaires serve de prétexte à l’autorisation définitive des OGM (organismes génétiquement modifiés) sur le territoire Suisse. On ne peut revendiquer un monde naturel et laisser modifier génétiquement des plantes avec une grave atteinte à la biodiversité sous prétexte qu’on ne disposera plus de pesticides de synthèse.
Donc, au vu de ce qui précède, la section fribourgeoise s’oppose à ces deux initiatives même si Uniterre s’est prononcé pour le refus de l’initiative eau propre et pour la liberté de vote en ce qui concerne les phytosanitaires.
Les paysans suisses continueront de travailler dans le respect de la biodiversité, en limitant au maximum les intrants pour vous apporter une nourriture saine et fiable.
Pour fêter les 10 ans du marché bio automnal de Fribourg, un marché de printemps aura lieu à Bulle le 6 juin prochain de 9 à 17h. Il accueillera les producteur-rice-s et artisan-e-s bio et locaux-les sur le thème de la biodiversité au jardin et des semences. Laissez-vous tenter par ces produits bio fribourgeois riches en goût et en nutriments et l'échange avec nos exposants.
Au programme, joie et bonne humeur mais surtout terroir, bio et local ! Venez festoyer nous vous attendons !
Plus d’informations sur notre site : https://marchebio-fribourg.ch
Ou restez connectés sur notre Facebook : Marché Bio Fribourg
Vous souhaitez y participer comme bénévole ? par ici
L’important, c’est le prix !
L’agriculture continue de faire couler beaucoup d’encre en Suisse. Au cœur de l’actualité, l’utilisation des phytosanitaires, les élevages intensifs et les importations de fourrage semblent remettre en question un modèle bien établi et provoquent le désarroi au sein du monde agricole.
A toutes ces questions, Uniterre continue d’apporter la seule réponse qui compte vraiment : des prix justes. Parce que toute peine mérite salaire, et parce qu’un produit de qualité, tel que demandé par une part toujours plus grande de la population, a un coût qu’il convient de couvrir par un prix de vente adapté. Ainsi, chacun des débats qui agitent le monde paysan trouve sa solution, en grande partie tout du moins, au travers d’un prix convenable, d’un prix équitable. On ne le dira jamais assez.
Il est demandé aux paysannes et paysans suisses de travailler sans produits phytosanitaires de synthèse? Alors il est juste que les risques de cultures et les éventuelles pertes de rendement, ainsi que la main d’œuvre supplémentaire, soient compensés par un prix plus élevé.
Il est demandé que la taille des élevages soit réduite et que les fourrages soient produits localement ? Alors il faut revaloriser la production desdits fourrages, et payer la viande et le lait issus de ces animaux avec un prix qui permet aux familles paysannes de vivre dignement.
L’on se lamente que du beurre étranger doit être importé parce que la production indigène ne suffit plus ? Dans ce cas, c’est un marché transparent qui doit permettre l’utilisation du lait dans les bons canaux et ce lait doit être écoulé à un prix équitable.
Nous voulons nous passer d’huile de palme ? Commençons déjà par valoriser nos propres productions d’oléagineux, et pas seulement par une prime de culture !
En outre, on ne peut que regretter que bien des questions agricoles soient lancées sur la place publique sans que les paysannes et paysans n’aient été consultés au préalable. Que l’on secoue le cocotier de temps à autre, c’est un mal nécessaire pour faire avancer la réflexion. Toutefois, un dialogue préalable avec le monde paysan éviterait bien des déboires et les tristes règlements de compte auxquels on peut assister sur les réseaux sociaux. Peut-on avancer et construire ensemble si l’on ne se comprend pas ? Certainement pas. En tant que membre d’une organisation comme Uniterre, on ne peut qu’espérer qu’à l’avenir, le dialogue soit mené dès le début, afin d’éviter par la suite de bien stériles débats.
Vanessa Renfer, paysanne et secrétaire d'Uniterre
Uniterre soutient les appels à la solidarité internationale avec la Colombie et la Palestine.
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Pour tous ceux qui n’ont pas encore eu le temps, il est encore possible d’inscrire vos événements jusqu’au vendredi 4 juin, directement sur gout.ch.
Nous sentons que la nourriture prend une place de plus en plus importante dans la vie de la population, c’est le moment d’aller à la rencontre des mangeurs!
La Semaine suisse du Goût continuera de mettre le Goût au centre de l’attention du 16 au 26 septembre 2021 dans toute la Suisse, parce que la malbouffe fait plus de dégâts que le coronavirus.
Les événements qui ont lieu entre la mi-août et la fin d’octobre peuvent faire partie du programme 2021.
Pour toute question liée à votre participation, contactez Barbara à l’adresse events@gout.ch ou par téléphone au 021 601 58 60.
Avec nos salutations gourmandes!
Mon plus grand regret vis-à-vis des votations du 13 juin, est que les deux initiatives "phytos" soient votées en même temps ! Personne ne s'en aperçoit, mais c'est une catastrophe ! Les camps du 2xoui et du 2xnon, le savent très bien, mais espèrent tous deux profiter de l'amalgame. C'est totalement irresponsable ! On peut déjà dire que c'est cette confusion qui aura donné la victoire au gagnant, et la défaite au perdant, quelle que soit l’issue du scrutin.
Il faut savoir qu'il s'agit de deux projets indépendants qui n'ont pas été déposés en même temps, mais dont il a été décidé au niveau fédéral qu'ils seraient votés le même jour. Certains estiment qu'il s'agit d'une stratégie politique fumeuse pour les couler toutes les deux. C'est une hypothèse assez … raisonnable. Bien malheureusement, une grande partie de la population n'a lu de ces initiatives que le titre et a l'impression de deux textes complémentaires. Il s'agit plutôt d'initiatives qui se superposent dans leurs intentions mais qui varient grandement dans les mesures qu'elles proposent. Accepter l'une ou l'autre pourrait avoir, dans les grandes lignes, les mêmes effets sur la diminution des substances toxiques dans la nature, l'eau et les sols.
Cela revient à dire quelque chose de très important, mais dont il me semble que très peu sont conscients : en les acceptants les deux conjointement, on ne va pas doubler leurs effets. Dans les deux cas, il n’y aura plus ou moins de pesticides. En revanche, on va doubler les contraintes qui seront ensuite imposées aux agriculteurs ! Plus grave : leurs différences font qu’elles n’ont pas beaucoup de sens à être acceptées ensemble. L’une veut interdire, l’autre veut « encourager à ne pas ». Mais encourager à ne pas faire quelque chose qui est interdit : ça n’a aucun sens ni aucun intérêt. De là, si on se dit favorable à la limitation des produits phytosanitaires, je crois sincèrement qu’on devrait en réalité se demander quelle est la meilleure, et ne pas voter les deux !
C'est stratégiquement problématique, bien entendu : les initiants savent qu'en se tirant dans les pattes, ils servent les intérêts du 2xNON. Pendant ce temps, les défenseurs du 2xNON cultivent l'ambiguïté en présentant des arguments qui ne visent que l'une pour dire qu'il faut les rejeter les deux. Le glissement du pluriel au singulier est même une marque de fabrique. On voit souvent "si l'initiative est acceptée, bla bla bla" mais laquelle ?
Il faut bien comprendre que c’est un pari risqué pour les deux camps : en cristallisant l’idée que ces initiatives sont mêlées et en refusant – comme l’a fait Guy Parmelin sur Infrarouge – de désigner la « moins mauvaise », les agriculteurs du 2xNON risquent bien de se retrouver avec la totale ! De même, le 2xOUI risque bien de n’avoir rien du tout alors qu’il aurait pu montrer un visage moins « extrême » que ce qu’on lui prête.
Si vous avez déjà trouvé ce texte déjà trop long. Je vous propose de réfléchir à cette idée, et de relire les textes en ayant cela en tête. Pour ceux qui souhaitent poursuivre, je vais vous donner mon avis. Encore une fois, sans vous dire si vous devez être pour ou contre une diminution des pesticides, mais de quelle manière il serait préférable de le faire, si on veut/doit le faire.
Je ne vais pas faire durer le suspense, je pense qu'il y a en a clairement une qui est meilleure que l'autre, c'est d'ailleurs celle qui est soutenue par plusieurs organisations paysannes dont BioSuisse : "Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse".
Dans les grandes lignes, cette initiative propose que d'ici 10 ans, il ne soit plus possible d'utiliser de pesticides de synthèse dans tous domaines (agriculture, jardinage, entretien du paysage et des parcs urbains, stades de foot, etc). Il serait toujours possible d'utiliser les pesticides aujourd'hui autorisés en Bio, à savoir ceux qui existent sous forme naturelle et qui, pour la plupart, se dégradent assez bien dans les sols. Elle prévoit aussi que les denrées alimentaires ne puissent plus être importées si elles ont été produites avec des produits de synthèse. L'idée étant que les producteurs suisses ne soient pas désavantagés par rapport à leurs concurrents étrangers.
En face, l'initiative "eau potable propre" veut encourager l'abandon des mêmes pesticides de synthèse en proposant que seuls les agriculteurs qui y renoncent ne reçoivent de paiements directs de la part de la Confédération. Il faudra aussi qu'ils renoncent à l'utilisation des antibiotiques à titre préventif et devront produire la nourriture destinée à leurs animaux sur leur propre exploitation.
La première initiative vise donc un problème précis, traite tous les acteurs qui seront concernés de la même manière (pas de stigmatisation de l'agriculture) et envisage des solutions vis-à-vis de la compétitivité avec l'étranger.
La seconde a un titre qui porte sur l'eau, mais ses intentions vont dans plusieurs directions (pesticides, fourrage, antibiotiques). Elle ne prévoit rien pour palier au problème de la compétitivité avec l'étranger et vise les agriculteurs uniquement.
Selon moi, "eau propre" a deux défauts majeurs :
- Elle s'attaque à la question totalement connexe de la production de fourrage sur les exploitations, alors que, même si c'est un thème que l'on peut discuter, cela n'a pas grand-chose à voir avec les pesticides et l'eau. En gros, la plupart des agriculteurs produisent du foin ou du silo d'herbe sur leur ferme. Mais leurs animaux ont également besoin de nourriture concentrée plus riche (farine de céréales, maïs, etc) ou contenant des protéines (soja, luzerne, etc). Or ce sont là des cultures qui ne sont pas à la portée de tous : seules les exploitations de basse altitude peuvent espérer produire du maïs grain par exemple. Et produire de la protéine végétale est quelque chose de très difficile dans notre pays (on ne couvre pas les besoins indigènes). Il est donc devenu totalement banal en agriculture (bio ou non) d'acheter une partie du fourrage concentré. Bien entendu, dès lors qu'il y a un marché, il y a jeu de la concurrence, pression sur les prix et... importations. Une partie significative du fourrage concentré utilisé en Suisse provient de l'étranger. Et c'est probablement pour cette raison que l'initiative les prend pour cible. C’est une thématique qui soulève beaucoup de questions, mais qui, à mon avis, n’est que très indirectement liée aux pesticides.
- L'initiative "eau propre" emploie le levier des paiements directs pour encourager les agriculteurs à renoncer "librement" aux pesticides de synthèse. Vous ne le savez peut-être pas, mais la quasi-totalité des agriculteurs touchent de l'argent de la Confédération en échange de prestations écologiques : le fait d'entretenir le paysage, d'avoir des prairies qui favorisent la biodiversité, le fait de ne pas faucher trop tôt, et bien d'autres. Le système a connu plusieurs réformes, mais il est très important de comprendre à quoi il sert. La Suisse est un pays qui produit beaucoup de biens industriels à forte valeur ajoutée (horlogerie, machines-outils, produits pharmaceutiques, etc). Pour vendre ses produits, elle doit pouvoir accéder à des marchés étrangers. Or, elle se retrouve fatalement face à des pays dont l'économie est davantage basée sur des produits primaires. En bref, si vous voulez vendre une montre à un pays qui n'en produit pas, vous devez accepter, en échange, de vendre chez vous ses produits agricoles qui sont généralement moins chers que les vôtres : les agriculteurs suisses ne peuvent pas survivre à cette concurrence. La plupart des pays européens en ont fait les frais en s'ouvrant à la mondialisation : leur industrie et leur production primaire ont été délocalisées et l'agriculture n'y est plus possible que dans des super-exploitations industrielles. L'agriculture paysanne et familiale ont pratiquement disparu.
La Suisse, qui voyait en l'agriculture une part de son identité a décidé de subventionner ses paysans pour qu'ils puissent régater. Les paiements directs, c'est donc l'outil qui permet de vendre de la pharma et des montres sans sacrifier notre agriculture. Et c'est à cela que ça sert avant tout ! Même si des réformes parlent aujourd'hui de prestations écologiques et si des réglages fins permettent de piloter la politique agricole, il ne faut pas oublier que le nerf de la guerre se situe dans une stratégie économique vis-à-vis de l'étranger. Or c'est justement cela que je reproche à l'initiative "eau propre" : faire comme si les paiements directs étaient un levier sur lequel on pouvait appuyer à loisir en mode « on/off » pour faire pression sur les agriculteurs qui sont déjà sous pression. Non, ce levier est déjà utilisé et a déjà une fonction vitale pour les agriculteurs ! Je pense que les initiants ne comprennent pas bien ces ramifications. Autre problème : en laissant le choix aux exploitants de renoncer aux paiements directs pour continuer à utiliser des produits de synthèse, cette initiative pourrait engager une agriculture à deux vitesses et introduire sur notre sol les fameuses super-exploitations qu'on voit en Europe. On se retrouverait ainsi avec des agriculteurs qui ne répondraient à plus aucune des mesures d'incitation écologiques et qui pourraient utiliser des pesticides de synthèse avec moins de retenue qu’aujourd’hui !
Encore une fois, je ne suis pas là pour vous dire quoi voter, mais si vous êtes favorables à une diminution des pesticides de synthèse, n'oubliez pas que 2xOUI n'est pas la seule approche. 1x OUI et 1xNON est un compromis tout à fait raisonnable qui ménage les agriculteurs et atteint sensiblement les mêmes effets. Si vous êtes défavorables, pensez-y également : mettre un peu d’eau dans votre vin lorsque vous parlez à vos amis pourrait sauver les meubles !
Il y a bien sûr aussi des choses à dire à l’égard de « Suisse libre », mais je les traiterai une autre fois ! Voilà pour les considérations générales. J'aimerais encore aborder quelques arguments généraux puis je viendrai au sujet qui vous intéresse, celui des abeilles dans tout cela !
Guillaume Kaufmann, La Chaux-de-Fonds
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Au sein d'Uniterre, nous avons lors de différents échanges, discussions et consultations internes recueillis un certain nombre de réflexions que nous aimerions rendre accessibles à nos membres et sympathisants pour nourrir le débat afin qu'il permette à notre mouvement d'encourager la transition plus que jamais nécessaire vers une agriculture paysanne valorisée et durable sur les aspects économiques, sociaux et environnementaux.
La campagne « 2xNon » de la majorité du monde agricole laisse songeur ! Elle donne l’impression que tous les problèmes encaissés ces dernières décennies par les paysannes et paysans sont incarnés dans ces deux initiatives populaires. Est-ce vraiment la bonne cible, la juste question? Bien sûr nous ne sommes pas seuls responsables de la dégradation du climat, de l’effondrement de la biodiversité, de la déforestation de l’Amazonie, des transports à tout-va, du gluten, du trop de sucre et de sel et de bien d’autres choses encore. Mais nous en souffrons aussi, et nos enfants et petits-enfants n’en souffriront pas moins dans le futur. Nous n’oublions pas non plus que l’agriculture est une question de société, et pour cause nous avons tout simplement fait ce que les politiques ont commandité : l’Etat, l’industrie, les écoles d’agriculture, les grandes surfaces et le reste.
Et la santé publique est menacée par la chimie, d’accord les preuves sont là. Mais l’agriculture n’est qu’en partie responsable, et que même peu, c’est déjà trop. Mais depuis leur ferme, les producteurs la ferment ! Ce ne sont plus nos produits, ils sont industrialisés, additionnés, sujet d’actions de concurrence, de marketing à gogo par ceux-là même qui nous rémunèrent au minimum. Ils sont les champions d’un monstrueux gaspillage : 30, 40, 50%. Converti en surface agricole, en heures de travail, de pollution, de mépris, cela fait beaucoup mais ils sont dans leur droit, c’est encore vrai !
Et la santé de l’agriculture, de la campagne et de ces fermes, la santé de celles et ceux qui travaillent plus longtemps que les autres, qui s’en occupe à part les marchands d’innovation technologique? Pourquoi, dans les années quatre-vingts, a-t-on abandonné la régulation des marchés, supprimé la garantie des prix et des revenus, ouvert toujours plus les frontières, tout cela en échange de paiements directs, de concurrence effrénée ? Une politique qui saborde des centaines d’exploitations conduit autant à l’endettement qu’au découragement, anéanti les successions. Dire « 2xNon » n’est-ce pas entériner cette politique-là, celle de l’agrobusiness irresponsable ? Celle de l’Etat, le grand organisateur, censé être responsable du territoire et de la santé de tous, de la fertilité des sols, de nos rapports au monde ?
Alors où est le problème? Est-ce le contenu de ces deux initiatives ou l’orientation de la politique agricole ? Est-ce les citadins soucieux du bien-être collectif ? Est-ce les défenseurs de l’environnement qui poseraient problème ou est-ce le dispositif du libéralisme débridé qui profite à l’avidité d’une minorité ?
Si l’agriculture et l’alimentation sont en premier visées, c’est que c’est la première ligne de front existentiel pour toute la société. On ne peut pas leur reprocher car nous sommes leurs paysans, du moins on l’était avant que l’industrie et le commerce s’entremettent avec le libéralisme. Mais il n’empêche, nous sommes au front. Malheur aux contribuables s’ils sont mal servis par la politique agricole actuelle. La remettre en cause c’est peut-être le message des initiants et d’une partie des électeurs. Le 13 juin, phytos ou pas phytos, eau propre ou moins propre, les souffrances des campagnes demeureront et le bonheur de l’agro-business perdurera tant que le monde des paysannes et paysans restera sans son propre projet, sans citoyenneté audacieuse qui cherche à gagner plus tôt qu’à combattre les plus de 50% d’électeurs. C’est pourquoi pour combattre notre propre faiblesse nous voterons 2x OUI, même si nous avons des réserves à leur encontre.
Paul Sautebin, Sonvilier
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Au sein d'Uniterre, nous avons lors de différents échanges, discussions et consultations internes recueillis un certain nombre de réflexions que nous aimerions rendre accessibles à nos membres et sympathisants pour nourrir le débat afin qu'il permette à notre mouvement d'encourager la transition plus que jamais nécessaire vers une agriculture paysanne valorisée et durable sur les aspects économiques, sociaux et environnementaux.
Au sein d'Uniterre, nous avons lors de différents échanges, discussions et consultations internes recueillis un certain nombre de réflexions que nous aimerions rendre accessibles à nos membres et sympathisants pour nourrir le débat afin qu'il permette à notre mouvement d'encourager la transition plus que jamais nécessaire vers une agriculture paysanne valorisée et durable sur les aspects économiques, sociaux et environnementaux.
En tant qu’association syndicale qui représente tous.tes les paysan.ne.s, nous devons accepter les différents avis des un.es et des autres. Nous devons les entendre. Ce ne sont pas les divergences d’opinion qui déchirent Uniterre ou le monde paysan, mais plutôt l’incapacité de nous écouter, de prendre en compte des positions divergentes. Le débat est sain et essentiel pour assurer la force de notre organisation. Le but de cette newsletter est de créer les bases d’une culture du dialogue au sein d’Uniterre.
Nous, paysan.ne.s, que nous soyons en faveur ou non des initiatives, nous SOMMES des paysan.ne.s, qui aimons notre métier et cherchons le maintien de l’agriculture en Suisse. Les voies pour y arriver ne sont pas toutes les mêmes. Mais celles et ceux qui ne pensent pas comme nous, ne sont pas nos ennemis, car l’amour de la terre nous réunit. Si nous n'arrivons pas à discuter entre nous, ce sont les non paysans qui prendront les décisions à notre place !
Si Uniterre veut être une force de proposition crédible, elle doit arriver à mettre tout le monde autour de la table, elle doit trouver des propositions concrètes. Et sans oublier que les consommatrices et consommateurs doivent être nos alliés, il faut donc aussi les entendre et leur expliquer...
Uniterre a adopté le "Non" à l'initiative "Eau propre" et la liberté de vote sur l'initiative "Interdiction des pesticides de synthèse" (voir prise de position). Nous rejetons très fermement l'initiative "Eau propre" puisqu'elle donne de mauvaises réponses et solutions à des vrais problèmes et questions. Elle rate totalement ses objectifs, favorise les importations et se focalise exclusivement sur l'agriculture avec des instruments de pénalisation financiers inadéquats. Ce n'est pas un hasard si "Avenir Suisse", organe de propagande ultralibéral, soutient cette initiative.
Quant à l'initiative "Interdiction des pesticides de synthèse", elle se focalise sur cette une seule thématique, tout en intégrant cependant les autres utilisateurs au sein de la société ainsi que les importations. Elle soulève toutefois de nombreuses questions du point de vue syndical sur son application dans le contexte politique actuel et le cadre d'un gouvernement et d'une majorité parlementaire qui considèrent que l'agriculture suisse manque de compétitivité ; et qui rejette la négociation et la soumission des accords commerciaux à des critères de souveraineté alimentaire (priorité à un système alimentaire local, durable et démocratique).
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