vendredi, 26 mai 2017
lundi, 31 décembre 2013

Lobby en Suisse et dans le monde pour une déclaration internationale sur les droits paysans de l'ONU
27 septembre 2012: un groupe de travail de l'ONU sera formé pour rédiger une déclaration internationale sur les droits des paysans, le mouvement paysan est heureux de cette victoire! 23 Etats votent pour, 9 s'opposent et15 s'abstiennent dont malheureusement la Suisse qui n'a pas voulu s'engager fermement au côté des familles paysannes. >communiqué du 27 septembre 2012
 
lundi, 10 décembre 2012
Le comité d'Uniterre ainsi que l'équipe du secrétariat vous souhaite à toutes et tous d'excellentes fêtes de fin d'année. Nous vous souhaitons également plein succès dans vos projets en 2013. Nous espérons que vous y trouverez de la joie et de la satisfaction et que cette nouvelle année rime avec un fort engagement collectif pour une agriculture paysanne durable.
lundi, 10 décembre 2012
L'an passé, l'Union suisse des paysans (USP) publiait un rapport sur la problématique des concentrés et la nécessité d'augmenter de 15% notre taux d'auto-approvisionnement. Au printemps 2012, c'était Gallo Suisse qui, comme premier pas, proposait que les aliments composés soient au moins élaborés en Suisse (ce qui n'empêchait pas la matière première d'être importée). En novembre 2012, l'Association Vache mère Suisse prend la décision courageuse de renoncer à l'utilisation de soja. Quant à la FSPC et Swissgranum, ils s'alarment à juste titre de l'érosion du nombre d'hectares de fourragères en Suisse. Le Parlement Suisse sera-t-il en mesure d'apporter sa contribution à l'amélioration de la situation? Relancer la production fourragère locale afin de réduire notre dépendance aux importations... Rien n'est encore sûr puisque les deux chambres ne sont pas du même avis!
lundi, 10 décembre 2012
Uniterre soutient la révision de la loi sur l'aménagement du territoire
Suite au referendum lancé en été 2012 par l'USAM, le peuple suisse sera appelé à se prononcer sur la 1ère révision de la LAT en mars 2013. Uniterre s'est penché sur ce dossier lors du comité du 7 décembre 2012 et a décidé de soutenir cette révision qui pour l'essentiel sera bénéfique à l'agriculture.
lundi, 03 décembre 2012
A l'occasion de la conférence sur la POLITIQUE LAITIERE EUROPEENNEorganisée à Fougères le 29 novembre par la Confédération Paysanne et laCoordination Européenne Via Campesina (ECVC), ECVC , EMB (European Milk Board) et FFE (Fairness for Farmers in Europe) publient la déclaration suivante 
lundi, 03 décembre 2012
 
Envie de lectures éclairées au coin du feu ou envie de partager votre manière de voir ou votre critique sur notre alimentation, notre agriculture, notre société aujourd'hui... voici notre petite sélection. Belles soirées en perspective et heureuse période de fin d'année!
dimanche, 02 décembre 2012
Après le Conseil national, c'est au Conseil des Etats de se pencher sur le paquet agricole. Leurs séances se tiendront le 6 et 12 décembre 2012. Uniterre espère pouvoir faire passer encore quelques modifications par rapport au projet de la commission économie et redevances. Vous trouvez ici les propositions détaillées d'Uniterre.
mardi, 27 novembre 2012
Une AG extraordinaire capitale le 14 décembre
Chers membres producteurs et sympathisants,
Au nom de notre syndicat, je vous apporte mes salutations et remerciements pour tout le soutien témoigné à nos nobles causes. Uniterre, nous permet d'être un maillon actif de notre défense professionnelle; neutre politiquement et proposant des solutions venant de la base agricole provenant de tous les secteurs et modes de production de la Suisse. Nous avons l'avantage sur bien des organisations agricoles d'être écoutés, compris, et bien des fois pris comme référence part nos consommateurs et médias; nous avons la sympathie du grand public!
vendredi, 23 novembre 2012
L'assocaition Glâne Ouverte et la section Uniterre Fribourg s'engagentpour faire vivre la souveraineté alimentaire à l'échelon régional. Ensemble ils ont fondé, ce 21 novembre 2012, l'association « Croqu'terre Glâne et environ ». Cette association a comme objectif de lancer une structure d'agriculture contractuelle de proximité en 2013 dans la région de Romont.
lundi, 19 novembre 2012
La 6ème Conference internationale de Via Campesina à Jakarta
du 6 au 14 juin 2013
 
La voix des paysans et paysannes d'Europe se joint aux voix du monde entier à Jakarta pour la souveraineté alimentaire
 
Ils critiquent les traités de libre-échange que négocient à ce moment même le gouvernement du Canada et l'Union Européenne
lundi, 19 novembre 2012
 
La Via Campesina célèbrera ses 20 ans en 2013
Soutenez la lutte pour notre avenir: agissez pour la  la souveraineté alimentaire!  1993-2013: 20 ans de lutte

 
En 2013, La Via Campesina célébrera son 20e anniversaire. C'est en effet en 1993 que des paysans et des paysannes des quatre continents ont donné naissance à ce mouvement lors d'une réunion à Mons, en Belgique.
jeudi, 15 novembre 2012
Des militants ont manifesté le 13 novembre devant le siège de l'Autorité Européenne pour la Sécurité des Aliments (EFSA) où se tenait une conférence marquant le 10ème anniversaire de cette institution basée à Parme, en Italie. Des paysans, des ONGs, des étudiants et des militants locaux se sont rassemblés pour dénoncer la capture par l'industrie de notre système de sécurité alimentaire, au sein duquel l'EFSA occupe une place essentielle.
José Manuel Benitez, du syndicat de paysans espagnol COAG, a déclaré : « l'EFSA n'est pas à la hauteur de son mandat de garantir aux citoyens européens une alimentation sûre et un environnement agricole sain. Les paysans et fermiers européens demandent une évolution radicale du mode de fonctionnement de l'EFSA ».
mardi, 13 novembre 2012
Entre cinquante et septante personnes ont répondu à l'appel du "collectif contre le trading sur les matières premières agricoles" à participer à une action symbolique au coeur du quartier des banques de Genève. Entre le 13 et le 15 novembre, une réunion internationale "global grain geneva" se tient à l intercontinental à Genève; son objectif, trouver des produits les plus intéressants pour spéculer sur le dos des paysans
jeudi, 08 novembre 2012
Avec manque de courage, l'Assemblée des délégués de PSL reporte la consultation de la base sur la gestion des quantités au mieux au printemps 2013.
Nous sommes très déçus par le résultat de l'assemblée de la FPSL. Avec un manque total de courage, l'assemblée a écarté une demande de la base paysanne de mener une consultation large et représentative de tous les producteurs de lait concernant la gestion des quantités.
jeudi, 08 novembre 2012
AG extraordinaire d'Uniterre, 14 décembre, 10h-12h (et 13h30-15h)
Le comité d'Uniterre du 2 novembre a pris la décision de convoquer une assemblée générale extraordinaire qui se tiendra le 14 décembre prochain au café le Tempo à Yverdon. Le point principal abordé sera le montant des cotisations 2013.
jeudi, 08 novembre 2012
La 10ème  édition de GLOBAL GRAIN GENEVA se tiendra à l'Hôtel Intercontinental du 13 au 15 novembre 2012 http://www.globalgraingeneva.com. Cette réunion internationale permet aux traders de trouver de nouvelles opportunités pour placer de l'argent en spéculant sur un produit essentiel à la vie: les matières premières agricoles. >Flyer de l'action du 13 novembre 2012, 12h15
mardi, 06 novembre 2012
Uniterre refuse la révision de la loi fédérale sur les épizooties.
Uniterre estime que le libre choix des paysannes et des paysans ne doit pas être à nouveau restreint.
La dernière grande campagne de vaccination, contre la maladie de la langue bleue a eu lieu parallèlement à la lutte contre la  diarrhée virale bovine (BVDV). 
jeudi, 01 novembre 2012
Pour dénoncer le  "sommet des spéculateurs" "Global Grain Geneva 2012"
le «Collectif contre le trading des produits agricole» appelle à un rassemblement et une action symbolique
Rendez-vous mardi 13 novembre à 12h15
sur le Pont de l'Ile (arrêt tram/bus Bel Air). Venez nombreux !
jeudi, 01 novembre 2012
Uniterre à Occupy OLMA
OCCUPY est un mouvement qui s'interroge, non seulement dans le secteur financier, sur les possibilités de trouver des voies et des modèles plus justes. A ce niveau, notre contribution sur la question de l'accès à la terre pour les personnes qui n'ont ni racines paysannes ni domaine agricole est importante.
mardi, 30 octobre 2012
A l'occasion de la journée mondiale de l'alimentation,  HansJörg Haas, président de l'ACP Le Panier Bio à deux roues (P2R) et militant de la décroissance, a lancé la Plateforme Bio, qui a pour objectif de permettre aux initiatives contractuelles de proximité et producteurs bio de la région lausannoise d'approvisionner les collectivités locales (restaurants et cantines publiques de la ville de Lausanne) ou magasins. Et ainsi de bénéficier de la plus-value des produits bio laissée actuellement à la grande distribution.
mardi, 30 octobre 2012
Rencontre européenne sur l'Agriculture Soutenue par la Communauté (ASC) et les autres systèmes de distribution pour la Souveraineté Alimentaire
Une année après le forum européen pour la Souveraineté alimentaire qui avait eu lieu à Krems en Autriche, c'est Milan en Italie qui a accueilli du 10-12 octobre 2012 la 1ère réunion européenne de suivi thématique. La rencontre était dédiée à l'axe 2 de la déclaration finale de Nyeleni-Europe 2011: changer la manière dont la nourriture est distribuée[1].
  
lundi, 29 octobre 2012
Soutien aux organisations laitières et aux délégués de la FPSL qui veulent gérer les volumes de production
Uniterre, ainsi que BIG-M, BZS, NBKS et BBK[1], souhaitent saluer les efforts entrepris par des organisations laitières et des délégués de la Fédération des producteurs suisses de lait pour s'opposer à une segmentation du marché pour laquelle la force obligatoire serait octroyée à l'Interprofession du lait.
jeudi, 25 octobre 2012
Saga automnale autour des OGM: où quand l'agrobusiness sème la discorde entre les scientifiques
La publication fin août d'un rapport sur le programme national de recherche PNR59 «Utilité et risques de la dissémination de plantes génétiquement modifiées» avait déjà partagé la communauté scientifique et créé la polémique au sein de la société civile car ses conclusions ressemblent plus à une propagande en faveur des OGM -rapport d'ailleurs rédigé par une équipe en charge de la communication du FNS- qu'à des conclusions scientifiques rigoureuses et nuancées[1].
 
illustration parue dans Vigousse, 28/09/2012
mardi, 23 octobre 2012
Droit à la terre en Europe : NON aux expulsions
à Notre Dame des Landes !
La terre à ceux et celles qui la travaillent !
(Bruxelles, 23 octobre 2012) Depuis le mardi 16 octobre, d'imposantes forces de police (plus de 500 gardes mobiles) ont envahi la zone de Notre Dame des Landes, où un projet d'aéroport international oppose depuis des années la population locale au gouvernement. Un rap contre l'aéroport
mardi, 16 octobre 2012
 

La section vaudoise d'Uniterre soutien le débat citoyen sur le futur de notre agriculture qui a lieu dans le cadre du projet VAUD 2030: quelle agriculture voulez-vous? et propose un 5ème scénario pour notre agriculture en 2030: la souveraineté alimentaire.
mercredi, 06 mai 2020
#

De Big-M et Uniterre

Les producteurs laitiers de nombreux pays européens vont manifester demain contre le train de mesures de la Commission européenne, impuissante face à la crise laitière actuelle. Les agriculteurs de l'EMB (European Milk Board) prennent note de cette décision avec incompréhension. Ce n'est certainement pas une solution au problème si les excédents de lait sont simplement stockés sous forme de beurre et de lait en poudre. Les crises de ces dernières années ont montré que ces stocks empêchent une augmentation du prix du lait après la crise jusqu'à ce que ces stocks soient vides. Si les ventes stagnent, il n'y a qu'une seule solution raisonnable : produire moins de lait !

Nous connaissons une situation similaire en Suisse. Ici, les agriculteurs sont obligés de livrer du lait segment B bon marché, qui est payé à peine 45 centimes ! À ce prix, même les meilleurs agriculteurs perdent de l'argent. Et ce qui est absurde, c'est que ce lait moins cher ne sert pas à faire du beurre mais des produits bon marché.Et au final, ce manque de beurre est compensé par des importations. Cela suffit !

Nous nous demandons : est-il juste que les conditions cadres du marché du lait soient telles que les laiteries travaillent à plein régime alors que les producteurs laitiers doivent livrer leur lait à des prix de dumping ? N'est-ce pas précisément cette pression permanente sur les prix qui pousse les agriculteurs à adopter des méthodes de production qui ne sont pas du tout souhaitables pour la société ? Comment les agriculteurs sont-ils censés faire face aux coûts supplémentaires des nouvelles exigences environnementales alors que le prix du lait ne couvre même pas le prix actuel ?Obliger les agriculteurs à fournir du lait bon marché est une mauvaise stratégie. Si les agriculteurs cessent de produire du lait, ce sera aussi la fin des transformateurs.

Avec les actions de demain, l'EMB appelle la société civile à s'exprimer enfin d'une voix forte (voir communiqué de presse). Il est temps que les intérêts des grandes entreprises passent au second plan.


(Pour simplifier, la forme masculine est employée pour désigner autant les femmes que les hommes)


pdf

vendredi, 01 mai 2020
#

La pandémie COVID-19 s'ajoute et renforce les persécutions historiquement pratiquées contre les peuples. Et cette pandémie ne peut nous faire oublier la violence systémique et systématique à l'encontre des paysans et paysannes, et autres travailleurs ruraux, ainsi que les violations de leurs droits. À la recherche d'un revenu décent et pour assurer leurs moyens de production, les travailleurs ruraux dans différentes parties du monde sont constamment confrontés à des hostilités, à la violence, à la persécution et à la criminalisation. Cette situation est exacerbée par la mise en place des mesures exceptionnelles contre la maladie.

Les sociétés transnationales minières, agroalimentaires et hydro-industrielles, harcelaient déjà les populations des campagnes, des eaux et des forêts ; avec la pandémie, les gouvernements assujettis à ces grandes entreprises justifient leurs actes de persécution et même d’extermination. Car en réalité, leur préoccupation n'est pas de sauver des vies, mais d'essayer de sauver l'économie capitaliste, qui repose sur le sang de milliers de personnes dans le monde.

Pour les paysans et paysannes, les peuples de pêcheurs et des forêts, la lutte quotidienne dans le contexte du COVID-19 n'est pas facile. Dans plusieurs pays, lorsqu'ils tentent d'accéder aux marchés pour vendre leurs récoltes ou leurs produits, les paysans et autres producteurs de denrées alimentaires sont confrontés à des sanctions économiques ou pénales pour tout déplacement hors de leur communauté. Les marchés locaux, les marchés paysans, etc. ont été fermés à titre préventif, mais les supermarchés sont encouragés à poursuivre leurs activités, en exploitant leurs travailleurs et en spéculant parfois sur les prix des denrées alimentaires et d'autres produits tels que les masques. Nous affirmons que le monde paysan est capable d'adopter des mesures d'hygiène rigoureuses afin d'éviter la contamination et d'être contaminé.

Dans le secteur agricole, les personnes qui ont été amenées à utiliser des produits toxiques, tels que les pesticides, insecticides et autres, comptent aujourd'hui parmi les groupes les plus exposés au COVID-19, en raison de la faiblesse physique et des maladies que ces produits chimiques provoquent.

Les communautés d'ascendance africaine, les peuples autochtones, les migrants, les personnes LGBTI, les populations urbaines en situation de pauvreté et les femmes sont parmi les personnes qui souffrent de l'impact disproportionné de la crise sanitaire, sociale et économique.

La violence domestique s'est intensifiée avec le confinement ; les foyers sont devenus plus dangereux pour les femmes, les enfants et les personnes âgées qui étaient déjà victimes de violence. Les groupes féministes qui soutiennent les personnes confrontées à la violence voient leur action limitée par l'enfermement forcé et subissent des atteintes à leur liberté d'expression dans les médias numériques.

La situation touche également les migrants internationaux et les déplacés internes, notamment dans les camps de réfugiés surpeuplés. Les adultes et les enfants sont confrontés à une détention arbitraire et prolongée et à des traitements abusifs dans des conditions insalubres et dégradantes, en plus des abus policiers. Les personnes impliquées dans l'aide alimentaire ont été condamnées à des amendes dans les pays du Nord et persécutées dans les pays à régime autoritaire.

Depuis l'apparition du COVID-19, les gouvernements du monde entier ont appliqué des restrictions plus ou moins drastiques à la liberté de mouvement et à la liberté de réunion. Une pandémie est combattue par l'information, les soins, la santé publique universelle et gratuite, et non par la police et l'armée qui s'attaquent aux gens. Certains gouvernements se cachent derrière cette crise pour attaquer ou laisser attaquer spécifiquement les leaders sociaux et les défenseurs des territoires. De nombreux journalistes ou écrivains ont également été attaqués pour avoir diffusé des critiques sur les gouvernements, certain.e.s ont disparu ou ont été réduit.e.s au silence. Dans le même temps, les grands médias ont continué à jouer un rôle important dans la diffusion de la discrimination et des discours de haine contre certains groupes sociaux.

Il y a toujours des cas d'emprisonnement arbitraire, de détention au secret de prisonniers politiques et des mesures de quarantaine qui ont entraîné la suspension des services judiciaires, ce qui a servi de prétexte pour empêcher la libération de personnes, ainsi que les plaintes et l'accès à des recours judiciaires par les personnes qui ont été menacées ou attaquées. Les revendications pour de meilleures conditions sanitaires pour les prisonniers, face au Coronavirus, ont été durement réprimées dans plusieurs pays. Les états d'alerte, la militarisation accrue et la présence policière sont devenus la nouvelle norme dans de nombreuses régions du monde, ce qui fait craindre que ces pouvoirs continuent d'être exercés une fois la crise passée.

Les militants et les dirigeants d'organisations populaires, hommes et femmes, attirent également l'attention sur les conséquences et les implications à long terme de la surveillance numérique accrue qui est mise en place dans le monde entier pour soi-disant contenir la propagation du virus. Non seulement elle mettrait en danger les droits numériques et la vie privée de la société dans son ensemble, mais elle permettrait également un plus grand contrôle du travail et des mouvements des personnes, et des attaques - en ligne sur leur liberté d'expression, et hors ligne sur leur vie - sur eux, leurs familles, leurs communautés et leurs organisations. Dans le même temps, les personnes qui n'ont pas accès aux technologies et aux différents outils de communication se retrouvent isolées et incapables de communiquer sur leur situation et de s'organiser en collectifs.

En quelques semaines, la situation d'exclusion et d'inégalité a été mise en évidence pendant la pandémie. Le système agroalimentaire hégémonique s'est révélé incapable de lutter contre la faim, la précarité et les terribles conditions de travail. Si les causes structurelles des nombreuses crises que connaît l'humanité ne sont pas traitées, les mobilisations sociales et les protestations s'intensifieront et avec elles les mesures de répression et de contrôle de la part de ceux qui maintiennent le monopole politique et économique. La pandémie a précipité une crise structurelle du capitalisme déjà annoncée.

Nous devons renforcer les alliances entre les organisations populaires, en préservant la vie des personnes qui se battent pour leur territoire, pour leur culture, pour une façon de produire qui ne détruise pas la planète. Nous devons rendre visibles et faire prendre conscience des menaces qui pèsent sur les personnes et leurs organisations, en particulier les plus isolées. Nous devons dénoncer de toutes les manières possibles la violence subie, en ciblant les gouvernements, les entreprises, les propriétaires terriens et les autres personnes qui sont impliquées dans la persécution, la criminalisation, la disparition et l'assassinat de militants et de dirigeants de mouvements et d'organisations populaires. La violence est, et reste, un phénomène structurel plutôt qu'un phénomène d'urgence, et doit être traitée comme telle par le déploiement des ressources nécessaires.

La construction collective est fondamentale pour faire face au monde d'aujourd'hui et de demain. La crise a également mis en évidence la solidarité et la construction d'alternatives, existantes et nouvelles, qui doivent être le moteur de nos futures actions collectives. Nous ne reviendrons pas à la "normalité" de la violence, aux situations précaires. Le capitalisme n'a rien à offrir à nos peuples, seulement la violence, l'exploitation et la mort. Ce que nous disons aujourd'hui était fondamental hier et le sera encore demain. Il est temps de promouvoir de nouvelles valeurs, il est temps d'organiser la résistance, de renforcer les connaissances locales et la création de connaissances et l'apprentissage participatifs, de produire sur nos territoires, de nourrir le monde et de préserver la planète et l'humanité.

Il est temps de renforcer la solidarité, d'exercer la résistance, de cultiver l'espoir.

jeudi, 30 avril 2020
#

Alors que plus que jamais, nous constatons qu’une agriculture indigène est indispensable à la sécurité de l’approvisionnement de notre pays et à la souveraineté alimentaire ; que les consommateurs prennent conscience de l’importance d’une agriculture de proximité et dévalisent les marchés à la ferme, self-services et autres, la demande de l’IP lait du 23 avril d’importer 1000 tonnes de beurre tombe totalement à rebours du bon sens et elle est choquante en cette période de crise historique.

Nous vous demandons de refuser catégoriquement cette demande. La fabrication de beurre à partir de matière première suisse est possible et plus que souhaitable ! Comme indiqué dans notre précédent courrier adressé à M. Parmelin, le 14 avril dernier, il est temps de mettre fin aux aberrations que la production laitière subit depuis des années: le système de segmentation du lait en place aujourd’hui est opaque et profite surtout aux acheteurs de lait qui utilisent tous les stratagèmes possibles pour acquérir cette précieuse matière première au prix le plus bas possible. Voici quelques exemples :

- Entre septembre 2019 et janvier 2020, la part de lait segment B chez l’un des plus gros acheteurs - Mooh - est passée de 10 à 40%. Et comme par hasard, cette augmentation du lait en segment B s’est faite en parallèle de la mise en place du « Tapis vert » (Swissmilk green).

- Une partie du lait segment B sert à la fabrication de fromage à pâte molle vendu à l’exportation environ 3 Fr.-/kg. Comment cela est-il possible ? Parce que le supplément pour le lait transformé en fromage est également versé sur ce lait segment B, ce qui est contraire à la loi : ce supplément ne doit aller que sur du lait segment A.Pour rappel, le lait segment B a été payé en moyenne 45,42 centimes par litre de lait en 2019.

- De plus, l’acheteur Mooh a annoncé dans son bulletin d’avril 2020 qu’à cause de l’effondrement brutal des prix internationaux du lait et de la poudre de lait lié à la crise du corona virus, le prix du lait segment B est impacté et a déjà diminué de 3 centimes sur le mois d’avril pour arriver à 42 centimes. Et que l’on peut s’attendre à une nouvelle baisse importante en mai.

Comment ce secteur déjà fortement ébranlé va-t-il pouvoir faire face à une nouvelle baisse des prix ?

Nous demandons donc : une revalorisation du prix départ ferme, un transfert d’une majorité du lait segment B, utilisé à la fabrication de pâtes molles, de poudre de lait écrémé, yogourts, autres produits frais pour l’exportation vers le segment A pour la fabrication de beurre pour le marché Suisse.

Comme nous pouvons le constater ses dernières semaines, la Confédération a su nous montrer, qu’en temps de grave crise, elle est capable de jouer son rôle et de prendre ses responsabilités, même au prix de nombreux sacrifices. Nous demandons que l’Office Fédéral de l’Agriculture prenne aussi ses responsabilités et mette en place de véritables mesures pour encadrer la production laitière suisse et garantir le maintien de cette dernière. L’heure est grave également pour la production laitière suisse ! Et force est de constater que la Fédération des Producteurs Suisses de Lait ainsi que l’Interprofession Lait ont montré depuis des années et montrent encore aujourd’hui, en temps de crise, leur incapacité à défendre et mettre en place de réelles solutions en faveur des producteurs de lait suisses.

N’oublions pas que si nous en sommes arrivés là - à manquer de matière première pour fabriquer du beurre -, c'est avant tout à cause de l’hécatombe du nombre de producteurs de lait en Suisse, qui est la conséquence d’un prix du lait tous segments confondus couvrant à peine la moitié des coûts de production.

De nombreux producteurs sont au bord du gouffre et de plus en plus de consommateurs se rebiffent contre cette libéralisation des importations particulièrement en ces temps de semi-confinement qui exacerbent les réactions. Accepter cette demande d'IP Lait est indigne d'un pays qui dit soutenir ces producteurs. Cela pourrait, de plus, amener ces producteurs qui n'ont plus rien à perdre à des réactions en chaîne. Plusieurs d'entre eux ont déjà parlé de vider les rayons de beurre étrangers dans les magasins qui en vendraient. Des consommateurs semblent de plus en plus prêts à les appuyer. La situation est déjà tendue et ce serait un non sens que de mettre de l'huile sur le feu.

Il est temps d’agir en faveur des producteurs !

Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions de croire, Monsieur Hofer, à l’assurance de nos salutations distinguées.

(Pour simplifier, la forme masculine est employée pour désigner autant les femmes que les hommes)


pdf

mardi, 28 avril 2020
#

Protection

Parlons du libre-échange. Il ne s'agit jamais de libre-échange sur un pied d'égalité ou de relations commerciales égalitaires, mais bien de faire prévaloir les énormes intérêts des multinationales et des investisseurs. Dans le cas des droits sur la propriété intellectuelle ou dans celui des semences, par exemple, ils sont très protectionnistes ; l'accord économique avec l'Indonésie ne fait pas exception. La sociologue allemande Maria Mies analyse avec justesse le contexte : "Cette inégalité croissante entre les pays et au sein de ceux-ci n'est toutefois pas fortuite, mais constitue un élément structurel nécessaire à la mondialisation néolibérale. Pour les multinationales, cette inégalité constitue un "avantage comparatif" dans leur lutte pour obtenir la main-d'œuvre la moins chère et les conditions environnementales les plus laxistes." Selon le critique de la mondialisation Noam Chomsky, contrairement au Premier Monde, le Tiers Monde est contraint de se libéraliser. Avec des conséquences dévastatrices pour les humains et l'environnement.
Une autre particularité du libre-échange est que, dans la mesure du possible, tous les processus décisionnels démocratiques sont contournés. Le libre-échange ne doit pas passer l'écueil du peuple et les négociations sont totalement opaques. Ce fut notamment le cas dans le cadre de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT, adhésion en 1966) et également pour l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en 1995. L'accord (Suisse-Indonésie) met en avant la durabilité et le nouvel article constitutionnel (art. 104 d) met l'accent sur des "relations commerciales transfrontalières qui contribuent au développement durable de l’agriculture et du secteur agroalimentaire". Pour la première fois, les valeurs fondamentales des Nations Unies en matière de développement durable sont inscrites dans le préambule de l'accord économique, ainsi que des dispositions sur les questions environnementales, les normes de travail et la gestion durable du secteur des huiles végétales, pour n'en citer que quelques-unes. Que de belles paroles ! Il manque des moyens pratiques de contrôle et de sanction. Nous préférons protéger notre agriculture indigène et, dans la mesure du possible, nous passer de l'huile de palme, qui détruit l'environnement en Indonésie et dont les risques pour la santé sont connus. Le comité d'Uniterre a décidé le 14 janvier 2020 de soutenir le référendum contre l'accord de libre-échange avec l'Indonésie, qui a été approuvé par le parlement le 20 décembre 2019. C'est la première fois en Suisse qu'un référendum est lancé contre un accord de libre-échange. Il ne nous reste cependant pas beaucoup de temps : le délai pour le dépôt des signature est fixé au 9 avril 2020. Signez maintenant la feuille de signature ci-jointe et renvoyez-la immédiatement.

Mathias Stalder, Uniterre Sekretär


mardi, 28 avril 2020
#

Le vent tourne…


Le 23 septembre 2019, la Coopérative du Lait équitable célébrait la mise sur le marché de la brique de lait équitable Faireswiss, ainsi que cinq fromages à pâte molle, chez Manor. Un an plus tôt, jour pour jour, nous votions sur l’initiative pour la Souveraineté alimentaire. Même si nous avons perdu la bataille en 2018, le succès immédiat du lait équitable Faireswiss – une superbe application de la souveraineté alimentaire – nous montre que les lignes sont en train de bouger !

Le 11 octobre 2019, Willy Cretigny – président de l’Association Suisse des Vignerons-Encaveurs Indépendants et membre d’Uniterre – entamait une grève de la faim pour dénoncer l’incohérence de la politique agricole qui profite essentiellement à l’importation, au détriment de la production locale dans la filière vinicole. Et ce n’est pas la seule branche de production concernée : la filière céréalière, et principalement les producteur.trice.s de blé panifiable, vit également un sale moment. L’article « Qui se fait du blé sur le pain ? » vous en dévoilera la complexité.

L’appel au secours de Willy Cretigny a débouché sur la rédaction d’un manifeste à destination des politiques, pour lequel nous avons besoin de vous ! Tout est expliqué en page X.

Le 20 octobre 2019, on assiste à la montée historique des Verts et des femmes à Berne lors des élections fédérales. Même si ce bouleversement peut effrayer ou décourager certain.ne.s d’entre nous, paysan.ne.s, nous pouvons faire en sorte que cela soit positif pour notre cause. Et nous arriverons à trouver des solutions qui nous permettront de concilier écologie, équité et production.

En ce sens, après des débats animés au sein du comité d’Uniterre, nous avons finalement pris position face aux initiatives « Pour une Suisse sans pesticides de synthèse » et « Pour une eau potable propre et une alimentation saine ».Je ne dévoilerai rien ici. Retrouvez nos arguments en page 6.

2019 arrive à sa fin. 2020 nous réserve de grands défis : la suite des discussions sur la Politique Agricole 22+, les accords de libre-échange en cours de signature, la mise en place du nouveau parlement, la votation sur les deux initiatives citées ci-dessus, pour n’en évoquer que quelques-uns.

En attendant, même s’il est encore un peu tôt pour vous le souhaiter, passez de belles fêtes de fin d’année auprès de vos familles, amis et voisins ! Nous restons à vos côtés en 2020 pour de nouvelles aventures !

Berthe Darras

mardi, 28 avril 2020
#

Que de mensonges


Qui aurait cru, il y a dix ans, que la Suisse, notre « château d’eau » serait mis à l’épreuve face aux changements climatiques, en particulier l’agriculture ? Les vagues de chaleur et les conditions climatiques changeantes exercent une forte pression sur nos paysan.ne.s. Raison de plus pour qu’Uniterre s’engage en faveur d’une agriculture durable et respectueuse du climat. C’est pourquoi nous soutenons l’alliance pour une agriculture d’avenir qui fait le pont avec le mouvement pour le climat.

Le 1er juillet 2019, les pingres de la Migros ont coupé l’herbe sous les pieds des productrices et producteurs de lait en imposant une baisse de 2,5 centimes sur le prix de base. Emmi a également suivi avec une réduction de 0,4 centime. Le 16 juillet 2019, nous avons manifesté avec d’autres organisations paysannes de base contre ces baisses devant Shoppyland Schönbühl. Werner Locher, membre d’Uniterre et porte-parole de BIG-M, écrit dans une lettre à l’adresse de la Migros : « Vous voulez montrer à vos consommateurs que vous défendez leur patrie et distribuez gratuitement des casquettes portant l’inscription « Heimatliebe » (amour de la patrie). Mais quel est l’intérêt ? Ce n’est pas de l’amour si Migros ruine précisément ceux qui jouent un rôle majeur dans la culture et le paysage de cette patrie. »

Ça me donne le vertige lorsque Balz Strasser, directeur général de Bio Suisse, dit dans un entretien avec le Bieler Tagblatt, que : « les employé.e.s des exploitations certifiées biologiques ne travaillent pas pour des salaires de misère ». Selon lui, les 2000 entreprises étrangères certifiées seraient soumises aux exigences sociales strictes de Bio Suisse. Toutefois, la réalité est différente – le salaire minimal n’est pas respecté et la représentation syndicale est muselée, comme le dénonce le syndicat de base espagnol SOC-SAT à propos de « Bio Sabor » à Almeria. Néanmoins, « Bio Sabor » ne perd pas le bourgeon. Sur le plan du commerce équitable, l’association Bio Suisse parvient également à faire des contorsions invraisemblables en imposant une réduction des prix du seigle, du blé et de l’épeautre. En dépit d’une demande croissante, la baisse des prix serait sensée sécuriser la demande. Visiblement, la stratégie d’améliorer les marges au détriment des paysan.ne.s gagne également du terrain en agriculture biologique. À l’étalage, les produits biologiques sont mis en concurrence directe avec les produits conventionnels.

Les burgers végétaliens de Beyound Meat et Impossible Foods assurent des retours de rêve à l’industrie de la viande et de l’alimentation. Ils prennent d’assaut les chaînes de supermarchés et restaurants. Les burgers à base de protéines végétales sont commercialisés comme étant propres, respectueux de l’environnement et sains.

Il ne fait aucun doute que l'industrie de la viande est en partie responsable du réchauffement climatique, mais l'élevage durable d'animaux, basé sur les herbages, est judicieux car il permet de produire de l'humus, contribue à la biodiversité et assure les revenus des exploitations en Suisse.

Mathias Stalder

jeudi, 23 avril 2020
#

L’Interprofession du Lait veut importer 1000 tonnes de beurre. Pour l’Union suisse des paysans, cette décision est totalement incompréhensible et fait un affront aux producteurs suisses de lait. Des importations de beurre ne sont pas indiquées à l’heure actuelle. Les stocks de beurre ont grossi ces dernières semaines. Quant aux producteurs de lait, ils se voient toujours imposer des déductions sur les exportations de matière grasse du lait ! Les prix à la production diminuent partiellement en mai, alors que les déductions restent élevées. La hausse annoncée pour juillet des prix à la production se révèle insuffisante dans ce contexte. Pour l’USP, il est hors de ques-tion d’importer du beurre dans les circonstances actuelles !


Renseignements :
Martin Rufer, directeur de l’Union suisse des paysans, tél. 078 803 45 54

vendredi, 17 avril 2020
#

En cette journée internationale des luttes paysannes du 17 avril 2020, les paysans n’ont qu’un mot pour le conseil Fédéral : « cela suffit ! ». Les annonces de M. le Conseiller Fédéral Parmelin du 1er avril visant à faciliter certaines importations pour faire face à la crise actuelle du COVID-19 ne sont pas acceptables. Alors que les agriculteurs et artisans sont sacrifiés depuis des décennies sur l’autel de la croissance à court terme et de la tertiarisation de l’économie, quand le système se grippe, l’État favorise encore et toujours le marché globalisé et les acteurs industriels de l’agro-alimentaire. L’épidémie du COVID-19 a mis en lumière les fragilités du système alimentaire dirigé depuis plusieurs décennies par les logiques capitalistes de marché. Les échecs de ce modèle sont plus flagrants que jamais et mettent en péril les bases vitales de la société, il est donc temps de changer de paradigme.

Il incombe au Conseil fédéral et au Parlement de tirer les leçons de la crise que nous traversons actuellement et d’enfin mettre en œuvre la Souveraineté alimentaire par la création d’un cadre qui valorise la production indigène, les circuits courts, l’agriculture paysanne et les artisans locaux. La production alimentaire ne doit plus être conçue comme un quelconque bien à commercialiser, mais bien comme la base vivrière d’un pays lui permettant de survivre en temps de grave crise et au-delà. La Souveraineté alimentaire permet cette mutation radicale.

Appel à une convergence des mouvements sociaux en ce 17 avril, journée internationale des luttes paysannes

Cette journée internationale des luttes paysannes est aussi l’occasion pour Uniterre de se joindre aux mouvements paysans du monde entier, ainsi qu’à ceux pour la justice climatique et sociale, afin d’inscrire dans la durée un soutien concret et direct à l’agriculture paysanne et aux circuits courts et de mettre en œuvre dès à présent les principes de la Souveraineté alimentaire, à l’échelon national et international.

Avec eux, Uniterre tient à rappeler également que l’urgence climatique ne s’est pas dissipée avec la crise sanitaire actuelle et que la mise en application de la Souveraineté alimentaire est une condition nécessaire pour engager la transition vers plus de justice sociale et écologique.

Nous avons besoin de plus d’actifs dans l’agriculture pour réaliser la Souveraineté alimentaire. Ainsi, nous invitons dès aujourd’hui la population, meilleure alliée de l’agriculture paysanne, et les agriculteurs à se rapprocher et à élaborer ensemble les contours du système alimentaire de demain.A l’image des militants qui sont allés proposer leur soutien auprès d’agriculteurs de toute la Romandie, nous invitons le plus grand nombre à s’engager dès maintenant et sur la durée. Pour ce faire, Uniterre et Agriculture du futur lancent officiellement aujourd’hui le réseau romand de solidarité à l’agriculture paysanne via la plateforme https://agriculturedufutur.ch/reseau-solidaire ! L’alimentation nous concerne toutes et tous, reprenons en main notre avenir !

Lettre ouverte au Conseiller Fédéral M. Parmelin

Communiqué de presse (pdf)

Liens :

Agriculture du futur-https://agriculturedufutur.ch/

MAPC (Mouvement pour une Agriculture Paysanne et Citoyenne) - https://mapc-ge.ch/manifeste/

jeudi, 16 avril 2020
#

Bravo les Producteurs suisses de lait ! La Suisse connaît une pénurie de matière première dans le secteur laitier, entraînant l’impossibilité pour les usines de transformation d’assurer un approvisionnement suffisant en beurre. La faute à qui ? Aux producteurs ? Non !!! Aux acheteurs et à la grande distribution qui, à force de faire pression sur les prix, ont réussi à dégouter des milliers de productrices et producteurs de lait, avec des prix si bas qu’il est impossible de tourner sans faire d’immenses sacrifices, et surtout sans trouver un travail annexe, histoire de cumuler les heures de travail au-delà du raisonnable. Oui, nos paysannes et paysans travaillent à perte quand ils produisent du lait.

Cela va réjouir nos deux géants orange. Les voilà pleinement légitimés pour importer du beurre européen à bas prix, afin de garnir leurs rayons. Quel sera le prix au consommateur de ce beurre étranger ? Bonne question !

Et pendant ce temps, quelle est la réponse donnée par la faîtière des producteur.trice.s de lait ? Embaucher un mannequin pour promouvoir le beurre helvétique… C’est bien connu qu’avec une jolie fille, on va résoudre la crise profonde qui continue de plonger dans le désarroi des milliers de familles paysannes ! Et si on faisait plutôt pression pour obtenir la seule chose qui manque : un revenu décent, un prix du lait qui couvre les frais de production, et qui donc permet de se constituer un revenu décent ! Ça ne serait pas une riche idée ? Une rémunération équitable pour les familles paysannes, voilà qui serait une excellente pub !

Mais peut-être que quand on a une double casquette acheteur-producteur, on a un peu de peine à assumer son rôle au sein de la défense professionnelle ?

Uniterre

mercredi, 08 avril 2020
#

Texte de Claude Bezençon, sociologue de la santé et de l'environnement

1) Discriminations, inégalités de traitement et révolte confuse

Lors de la fermeture du marché, plusieurs personnes de mon entourage se sont demandé pourquoi la Migros (particulièrement) pouvait ouvrir et les producteurs locaux étaient discriminés.

Dans mon milieu, la Migros n'a pas une très bonne image. En effet, comment peut-on décemment, en pleine crise sanitaire, proposer des étals de fraises en hiver? Le présent devrait être déjà l'avenir. Il devrait être interdit de proposer à la clientèle une abondance de produits hors saison, bourrés de pesticides.

La population de la ville est attachée à son marché, ses commerçants qu'elle rencontre régulièrement une ou plusieurs fois par semaine. Nous savons que ces commerçants paysans vivent une vie difficile, faite de travail et d'abnégation. La relation entre la population et nos producteurs/trices est imprégnée de ce sentiment et les gens ont vécu cette fermeture comme une profonde injustice.

Que sont devenus nos paysans? Comment pourront-ils tenir le coup, si on leur interdit d'exercer leur activité?

Dès le début de la crise, sont apparues dans le pays des autorités cantonales très vindicatives, qui ont donné le sentiment qu'ils désiraient avoir un contrôle social total sur la population. Les gens, sidérés par la croissance du virus, n'ont pas réagi à la fermeture des marchés.

Mais dès la prise des pleins pouvoirs par le Conseil fédéral, nous a été transmis un message beaucoup plus clair, un message de respect envers la population, un message de confiance envers les individus, jugés capables de prendre leurs responsabilités en matière d'auto-discipline concernant notamment les règles de distanciations sociale.

Lors de l'annonce de mesure très serrées, interdiction de rassemblement de plus de cinq personnes, maintient d'une distance de deux mètres, conseils appuyés de rester à la maison pour les personnes âgées et celles souffrant de maladies chroniques, certaines autorités cantonales se sont senties pousser des ailes autoritaristes et se sont mises à vouloir interdire tout ce qui leur tombait sous la main.

C'est excès d'autoritarisme a été rapidement confronté au discours du Conseil fédéral, empreint de sagesse et de modération en la circonstance, et à des contradictions évidentes entre l'autorisation d'enfreindre les restrictions, accordée à certains groupes privilégies, notamment aux entreprises de gros calibre et l'interdiction d'exercer leurs activités à des milieux économiques plus faibles. L'injustice faite aux agriculteurs locaux et petits commerçants des marchés face notamment aux grandes surfaces a frappé de plus en plus les esprits.

Le Conseil fédéral a senti très rapidement, et a même anticipé l'effet délétère des injustices, discriminations, et certains abus d'autorité. C'est pourquoi il a fixé, dès le départ de sa stratégie de gestion de crise, la priorité de préserver les classes inférieures, et à assurer l'égalité de traitement entre les différentes couches de la population.

2) L'autoritarisme se nourrit de l'ignorance et le respect se nourrit de la connaissance

Les gens sont trop peu curieux. J'ai été étonné que personne n'ait remarqué que le Conseil fédéral avait dès le 21 mars souligné que les stands de nourriture au marché étaient des magasins d'alimentation pouvaient rester ouverts.

Les courriers échangés avec les autorités communales ont d'abord montré un refus de l'évidence, c'est-à-dire qu'elles devaient mettre en place les conditions de l'autorisation aux commerçants de produits alimentaires au marché. C'est grâce à la discussion, aux échanges d'arguments, que celles-ci ont compris le sens des dispositions prises par le Conseil fédéral.

Le Conseil communal de La Chaux-de-Fonds est même allé au-delà de ce que nous pouvions espérer, en autorisant, dans un esprit d'égalité de traitement entre tous les acteurs économiques du commerce de détail de produits alimentaires, l'ouverture de stands de nourriture selon les mêmes horaires que les magasins pratiquant sous un toit. Cela montre la force de l'agir communicationnel (voir Habermas). Cet exemple est une illustration de la culture de discussion qui a eu cours en l'occurrence et constitue une victoire de la logique.

Il s’agit dès lors de dépasser le sentiment que nous sommes sur une mauvaise pente pour l'avenir de l'humanité. Il incombe à chacun-e d’entre nous de s’informer, d’étudier pour en arriver à la connaissance, par exemple, que la pandémie du coronavirus est une conséquence directe de la surexploitation des ressources et de la paupérisation de populations de plus en plus nombreuses.

C’est avec la force de nos arguments et grâce à la culture de l’écoute respectueuse de part et d’autre que nous pourrons étendre la conviction que le système capitaliste doit être dépassé.

3) Le monde de demain se construit aujourd'hui

Un autre élément qui a hérissé la sensibilité de la population face à la fermeture des marchés, c'est l'importance, voire l'urgence, de modifier nos comportements en matière de consommation. Il existe un mouvement de plus en plus profond et de plus en plus majoritaire dans la population à vouloir consommer des produits régionaux, pour le bien de la santé et de l'environnement, à vouloir vivre en meilleure harmonie avec la nature.

La fermeture des marchés a été ressentie jusque dans les tripes comme une sorte de tentative de passage en force de modes de productions et de consommations destructeurs des géants de l’agro-alimentaire, un peu comme un coup d'Etat de ceux qui vendent des fraises hors saison contre celles et ceux qui veulent respecter la saisonnalité et la régionalité des produits, favoriser des modes de production agricole extensifs (production intégrée, et de plus en plus biologique).

La réouverture des marchés, alors qu’elle survient au plus fort de la crise sanitaire, est vécue par beaucoup comme une victoire contre les modes de production intensifs, abusant de produits phytosanitaires. D'autres crises surviendront, d'autres virus apparaîtront, car les microbes existent depuis toujours. Si nous ne changeons pas la compétition en coopération, la surconsommation en sobriété, etc., nous ne nous pourrons pas nous adapter aux changements climatiques qui transforment le monde pour les siècles à venir. C'est une question de vie ou de mort. C'est un combat contre les prédateurs qui nous ont menés à ces crises.