Déclaration de La Via Campesina concernant la COP 26 de l’onu sur le climat (Glasgow)
(Harare : 25 octobre 2021) Cette année est l’année la plus chaotique
au plan climatique jamais enregistrée, depuis l’année dernière. Mais les
gouvernements contrôlés par les transnationales, les philanthropes, les
médias grand public et la plupart des organisations non
gouvernementales (ONG) proposent encore la même chose : des solutions basées sur le marché et des techno-réparers risquées.
Deux ans après le début d’une pandémie mondiale qui a coûté la vie à
des millions de personnes, l’humanité se réveille chaque jour avec des
inondations, des incendies et des sécheresses sans précédent qui causent
des famines, ainsi qu’un temps totalement imprévisible qui rend la vie
de plus en plus difficile. Les dirigeants allèguent que « l’activité
humaine générale » est à l’origine du chaos climatique, en passant sous
silence les liens étroits entre l’extraction des combustibles fossiles,
l’agro-industrie et le complexe militaro-industriel, sans parler des
déséquilibres de pouvoir à l’échelle mondiale et des responsabilités
historiques des pays qui se sont enrichis grâce au pillage colonial. Au
lieu de nous proposer une voie véritable et transformatrice, on nous
vend de fausses solutions qui ne manquent jamais de donner la priorité
aux élites des entreprises — « net zéro », « solutions basées sur la
nature », « géo-ingénierie » et «numérisation de l’agriculture » pour
n’en citer que quelques-unes. Il faut que cela cesse, immédiatement !
Pour mettre un terme à la crise climatique, il faut un changement de système ancré dans les droits de l’humanité et de la Terre Mère. Pendant plus de 500 ans, le système alimentaire patriarcal, à l’origine colonial et aujourd’hui corporatif, a tenté de dominer toutes les formes de vie pour l’enrichissement d’une petite minorité. Ceux qui contrôlent les richesses accumulées — produites par les gens et la planète au fil des siècles — ont jusqu’à présent échappé aux foudres des inondations, des sécheresses, des sols dégradés, de la guerre et de la faim. Ils font fi des nombreux signes de l’effondrement des systèmes naturels qui entretiennent la vie et ils proposent plutôt que ce soit nous, les victimes les plus vulnérables, qui portions le plus lourd fardeau. Pour la Via Campesina (LVC) et notre diversité organisée de femmes et d’hommes paysans, migrants, travailleurs de la terre, pêcheurs, habitants des forêts, du monde rural, jeunes et autres, notre solution à la crise climatique est une transition juste ancrée dans la lutte et la solidarité — une solidarité internationaliste avec tous ceux et celles qui luttent pour la souveraineté alimentaire, la justice climatique et les droits de la Terre Mère ! C’est une lutte pour la pleine réalisation de tous les droits et responsabilités détaillés dans la Déclaration des Nations unies sur les Droits des paysannes et Autres Personnes Travaillant dans les Zones Rurales (UNDROP), en particulier le droit à un environnement propre, sûr et sain (article 18) récemment ratifié par le Conseil des droits de l’homme des Nations unies pour l’ensemble de l’humanité. Il s’agit également d’une lutte contre la mainmise des entreprises sur les espaces de l’ONU par le biais du modèle “multiples parties prenantes”, mieux connu sous le nom de “capitalisme des parties prenantes”, dont tout le monde a été témoin lors du Sommet des Nations unies sur le système alimentaire de 2021 et, de plus en plus, lors des COP des Nations unies sur le climat.
Alors que nous nous préparons à une autre conférence douloureuse de l’ONU sur le climat — la COP26 de Glasgow — les 200 millions de défenseurs de la terre, de l’eau et du territoire de LVC se lèvent à nouveau pour exiger la souveraineté alimentaire pour la justice climatique. Nous rejoignons une large convergence de luttes contre le capitalisme des combustibles fossiles, le racisme, le colonialisme, et le patriarcat qui les lie. Alors que nous luttons pour rendre les entreprises responsables de cette destruction inutile, nous sommes fiers de la LWA (Alliance des travailleurs de la terre) — notre organisation membre de LVC basée en Écosse, en Angleterre et au Pays de Galles. La LWA travaille sans relâche pour faire entendre la voix des travailleurs de la terre agroécologiques à la COP26 en demandant « la reconnaissance de la contribution que l’agriculture agroécologique, la foresterie durable et une meilleure utilisation des terres peuvent apporter à nos engagements de réduction des émissions, de séquestration du carbone et de renforcement de la résilience. »
Que les entreprises se méfient, les travailleurs de la terre du monde entier ont de vraies solutions : des systèmes alimentaires, agricoles et forestiers au service des populations, du climat et de la nature ! Aux côtés de notre LWA et de tous ceux qui luttent pour une transition juste, nous créerons à nouveau un front commun pour contrer toute tentative de convertir la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en un gigantesque « mécanisme de marché. » Le capitalisme climatique est un crime, pas la solution !
COP26 : PLUS DE MÉCANISMES DE MARCHÉ NE RÉSOUDRONT PAS LES PROBLÈMES DES GENS
Un prolongement de l’industrie des combustibles fossiles, le système alimentaire transnational est l’un des principaux responsables de la crise climatique, puisqu’il est à l’origine de 44 à 57 % des émissions mondiales de GES. Ce système éloigne les gens de la terre, dégrade les communautés et alimente la violence et les inégalités dans tous les territoires du monde. Il est particulièrement néfaste pour les femmes et les jeunes dont la vie et le travail sont minés par un système qui ne valorise pas la vie.
Bien avant la COP21 à Paris, les multinationales de l’agroalimentaire et des énergies fossiles utilisaient déjà leur pouvoir et leur influence pour promouvoir des politiques aux plans national, infranational et mondial. L’Accord de Paris de 2015 a créé une sorte de « consensus » autour de plusieurs fausses solutions très problématiques. Les mécanismes d’échange et de compensation des émissions de carbone contenus dans l’article 6, par exemple, accorderont un pouvoir important aux gouvernements, aux sociétés, aux banquiers et aux négociants riches dont l’objectif premier est de maximiser les profits et non de prendre soin de la Terre Mère. Au lieu de prendre des mesures décisives pour s’adapter aux changements climatiques et s’engager dans une transition honnête vers des systèmes alimentaires démocratiques et fondés sur les droits de l’homme, ces puissants acteurs utilisent les engagements « net zéro » pour cacher leur inaction climatique.
Le « net zéro » permet aux entreprises de se soustraire à leurs responsabilités en matière d’émissions historiques et continues, en donnant la priorité aux initiatives qui favorisent les résultats de l’entreprise. Partout où les entreprises font la promotion de “solutions basées sur la nature” (NBS en anglais), nous mettons en garde contre la dépossession de la nature par le biais de systèmes de compensation des émissions de carbone des forêts et des sols, fondés sur l’idée fausse que payer quelqu’un d’autre pour s’occuper des émissions de carbone au lieu d’agir directement pour réduire la pollution ralentira en quelque sorte la crise. Pour combattre la crise climatique, il faut une transition juste vers l’abandon des combustibles fossiles, la fin de l’exploitation minière et de l’agriculture extractive destructrices, et la récupération des territoires et des écosystèmes endommagés. Nos solutions – qui sont véritablement fondées sur la nature, agroécologiques et contrôlées par les paysans – sont des solutions justes. Aucune « licorne du carbone » ni aucune pensée magique ne résoudra ce problème, il suffit d’agir immédiatement pour changer le système.
De plus, nous pensons que « l’agriculture intelligente pour le climat, » devrait plutôt s’appeler « l’agriculture intelligente des entreprises », car elle fournit un cadre pour l’intégration des OGM et des produits agrochimiques dans l’agriculture à petite échelle, en s’appuyant sur le même paradigme raciste et sexiste que la révolution verte. Elle positionne la science et la technologie capitalistes comme des solutions aux problèmes rencontrés par le « sous-développement » et les paysans supposés « non éduqués » du monde. Ces problèmes originaux ont été créés par le capitalisme mondial, le vol, le pillage colonial, les guerres et la violence généralisée.
Alors que de nombreuses fausses solutions corporatives adoptent le langage de l’agroécologie paysanne, nulle part ne sont affirmés ou garantis les droits fondamentaux à une alimentation locale et nutritive, à des moyens de subsistance dignes, à la terre et à l’autodétermination. Ce qui est garanti, ce sont des cycles d’accumulation sans fin qui profitent à ceux qui sont à l’origine de la crise climatique, notamment les grandes entreprises agroalimentaires comme John Deere, Bayer-Monsanto, Syngenta, Cargill, Nestlé, Wal-Mart et d’autres.
LA TRANSITION EST MAINTENANT ! LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE NOURRIT LA JUSTICE CLIMATIQUE !
Les travailleurs de la terre et autres producteurs alimentaires du monde entier exigent – et sont prêts à réaliser – une transition climatiquement juste dans l’agriculture ! Pendant des décennies, les producteurs alimentaires locaux ont été poussés sur la voie de l’intensification et de la monoculture par les entreprises agroalimentaires et leurs alliés. Le Sommet des Nations Unies sur le système alimentaire de 2021, qui a été coopté, n’en est qu’un exemple de plus. Ce dont les gens et la planète ont besoin de toute urgence, c’est de gouvernements et d’institutions offrant des possibilités financées par des fonds publics pour assurer la transition vers des systèmes agricoles plus écologiques et socialement sains. Pendant trop longtemps, les agriculteurs ont été tenus responsables d’un modèle imposé par le capital. Cela doit cesser maintenant ! La société doit reconnaître que nos systèmes d’agriculture, d’eau et d’utilisation des terres sont ce qu’ils sont aujourd’hui en raison de pressions systémiques. Alors que nous nous éloignons du capitalisme fondé sur les combustibles fossiles, nous ne devons pas perdre d’agriculteurs, détruire les moyens de subsistance ou la capacité de production alimentaire saine. Le soutien des gouvernements en matière de subventions et de programmes de formation pour soutenir la transition est essentiel, et cette transition juste en agriculture doit être centrée sur les principes de la justice climatique. Cela signifie que tous ceux qui sont impliqués dans la chaîne alimentaire – y compris les paysans, les éleveurs, les travailleurs migrants, les travailleurs contractuels, les sans-terre et les peuples autochtones – doivent être au premier plan pour définir et mettre en œuvre les politiques publiques nécessaires à cette transition.
En tant que La Via Campesina, nous appelons à la fin de toutes les fausses solutions et des mécanismes de marché de l’article 6. Nous appelons à une transition juste vers le vrai zéro, et non vers les plans de marketing des entreprises qui se cachent derrière le « net zéro. » En même temps, et c’est de la plus haute importance, nous appelons toutes les anciennes puissances coloniales à assumer leurs responsabilités historiques et à réduire drastiquement les émissions à la source, maintenant, y compris par un retrait immédiat de leur présence militaire dans le monde ! La Via Campesina est solidaire des victimes de toutes les guerres, sanctions et occupations – qu’il s’agisse des mutilés et des assassinés de Palestine, d’Irak et d’Afghanistan ou des pauvres, des travailleurs et des indigènes des Etats-Unis qui manquent d’hôpitaux, d’écoles et de pain quotidien. Pour la souveraineté alimentaire, les droits de l’homme et la Terre Mère – Désinvestir de la Machine de Guerre !
Les voies pour atteindre la justice climatique doivent être radicalement différentes de celles qui ont produit la crise. L’agroécologie paysanne et la souveraineté alimentaire peuvent « nourrir le monde et refroidir la planète ! » Elles offrent la possibilité très réelle de réduire les émissions et de réaliser la justice sociale, les droits des personnes et de la planète. Un système alimentaire basé sur la souveraineté alimentaire et des systèmes alimentaires locaux, alimentés par des agriculteurs familiaux pratiquant l’agroécologie paysanne, peut véritablement transformer la société tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre de manière spectaculaire et beaucoup plus rapidement que toutes les fausses solutions vendues par les entreprises. Tout cela peut se faire sans marchandiser le carbone tout en contribuant à renforcer les solutions démocratiques de base à la pauvreté, à la faim et à la violence.
Les défenseurs de la terre, de l’eau et des territoires agroécologiques du monde entier s’unissent ! Avec les producteurs de denrées alimentaires au premier plan de notre convergence mondiale pour une souveraineté alimentaire qui nourrit la justice climatique, la vie l’emportera sur la mort !
LA TRANSITION EST MAINTENANT !
LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE NOURRIT LA JUSTICE CLIMATIQUE !
MONDIALISONS LA LUTTE ! MONDIALISONS L’ESPOIR !
https://viacampesina.org/fr/travailleuses-et-trava...
Actuellement, les impacts des changements climatiques se ressentent sur la production céréalière au niveau mondial, provoquant notamment une hausse des prix au niveau international. Tout porte à croire que c’est une évolution qui durera.
Dans le même temps, en Suisse, tant la Confédération que les acheteurs mettent la pression sur les prix tout en augmentant les exigences écologiques. Ainsi Migros a déclaré ne vouloir vendre, à partir de 2023, plus que des denrées issues de blé produit sans herbicide. Cette déclaration reflète certainement une tendance de fond du marché.
Du coté des acheteurs, notamment de la grande distribution et des transformateurs affiliés, nous avons déjà assisté à une baisse de 7.- frs/dt du prix du blé Bio depuis 2019, pour atteindre aujourd’hui un prix de 100.- frs/dt alors que le prix rémunérateur se situe à au moins 125.- frs/dt.
Quant au blé conventionnel, la situation des prix est déjà préoccupante depuis une dizaine d’années avec des prix indicatifs de 52.- frs/dt et un prix effectif au producteur de 49.- frs/dt. Ceci alors que le prix rémunérateur se situe à 100.- frs/dt.
Cette attitude de la part des acheteurs, ainsi que les importations massives de 120'000 tonnes de pâtons de pain, hors des quotas d’importation de blé, engendrent une pression inacceptable sur le revenu agricole.
Aujourd’hui, déjà près de 50% du blé panifiable suisse est cultivé sans insecticides, fongicides ou régulateurs de croissance (selon les directives du programme extenso) ; il est notamment commercialisé par IP-Suisse (environ 30% du volume), en partenariat avec la Migros. Pour cette production, les producteurs touchent une prime de 6.- frs/dt, ce qui ramène le prix indicatif à 58.- frs/dt. Pour la campagne 2022, IP-Suisse souhaite doubler les surfaces de production de blé sans utilisation d’herbicide, qui devraient ainsi passer de 5’000 à 10’000 hectares, avec une prime supplémentaire de 10.- frs/dt.Nous nous en réjouissons, mais nous estimons qu’un prix indicatif de 68.- frs/dt est largement insuffisant pour compenser les coûts supplémentaires et les baisses de rendement ! Par ailleurs, une véritable production sans herbicides doit se faire sur un cycle d’au moins deux ans pour être crédible. Il s’agit de clarifier ce point au niveau de la communication, sous peine de mettre sous pression la production biologique.
Pour Uniterre il est impératif de faire admettre à la grande distribution qu’une répartition plus juste des marges (la farine comme matière première ne représente que 13% du prix d’un pain) doit rémunérer les coûts d’une production plus écologique, coûts qui sont aujourd’hui exclusivement assumés par les paysan.ne.s.IP-Suisse doit faire comprendre à ses acheteurs qu’une agriculture durable a un prix et qu’elle ne pourra pas se maintenir et se développer sans garantir des revenus équitables. Nous attendons également qu’IP-Suisse, membre de l’Alliance agraire, revendique enfin une stratégie de qualité qui prenne en compte les coûts de production, ainsi que la durabilité sociale et économique.
Du côté de la Confédération, le 28 septembre dernier, l’OFAG a publié les droits de douane pour les céréales panifiables en vigueur dès le 1er octobre: la charge douanière (droits de douane et contributions au fonds de garantie) pour les céréales panifiables sera réduite de 4.40 frs/dt, passant de 23.- frs/dt à 18.60 frs/dt. C’est une nouvelle pression politique exercée pour faire baisser le prix d’importation du blé, qui se situe aujourd’hui à 53.- frs/dt. C’est la première baisse depuis 2013 et cela constitue un signal désastreux. Nous exigeons une correction immédiate pour éviter des importations à bon marché qui feront encore plus concurrence aux céréales suisses.
Afin de pouvoir garantir un approvisionnement sûr et durable, Uniterre exige de disposer de conditions-cadre, tant au niveau des négociations avec les acheteurs qu’au niveau de la protection douanière, qui permettent de couvrir les coûts de production. Les prix indicatifs négociés au sein de l’interprofession swiss granum pour la récolte 2021 doivent être appliqués départ ferme. Il n’y aura aucune transition écologique du système alimentaire sans justice au niveau des prix payés aux producteur.trice.s.
Contact presse : Rudi Berli - 078 70 77 883 – r.berli@uniterre.ch
Les organisations paysannes avaient jusqu’au 18 octobre pour prendre position notamment sur la requête de l’IP Lait, à savoir que la déclaration de force obligatoire de son règlement du contrat-type et de la segmentation soit prolongée de quatre ans.
Uniterre a fait savoir sa position que voici :
En principe, Uniterre soutient la force obligatoire pour le contrat d'achat de lait type et de la segmentation. Cependant, nous ne pouvons pas accepter le refus de mettre en œuvre la motion Noser, que nous voyons comme un irrespect totale de la démocratie. En effet, cette motion demandait notamment que la livraison du lait segment B deviennent volontaire. L’IP Lait n’a pas voulu mettre en place cette mesure, « craignant » une baisse du prix du lait segment A.
Le problème vient en grande partie de la composition de l’IP-Lait, où les producteurs ne sont pas réellement et impartialement représentés.
Rappelons que l’objectif de l’IP Lait est de « renforcer l’économie laitière suisse et particulièrement de ses membres, notamment par le maintien et la promotion de la valeur ajoutée […]. » Depuis sa création, l’IP Lait ne s’est occupée que de la viabilité économique des acheteurs et des transformateurs, tout en négligeant le maillon le plus important que sont les producteurs. En voici le triste constat : depuis 2009, le prix du lait à la production pour le lait de vache est passé de 73,17 centimes à 60,19 centimes en 2020. Résultat : sur cette même période, le nombre de producteurs de lait (y compris les exploitations d'estivage) est passé de 27 151 exploitations à 18 296 à fin 2020, soit une baisse d'environ 32%.
Comme l’IP Lait ne s'est pas montré disposée à mettre en œuvre la résolution parlementaire ; et comme l’IP Lait n’a pas su faire de propositions alternatives pour améliorer la valeur ajoutée et la viabilité économique de la production laitière, nous demandons au Conseil fédéral de ne pas étendre l'applicabilité générale de l’IP Lait tant que l’IP Lait ne fera pas d'efforts pour mettre en œuvre une amélioration de la sécurité de la planification et de la valeur ajoutée pour les producteurs au sens de la résolution parlementaire.
De plus nous demandons également une refonte en profondeur de la structure de l’IP Lait à l’instar par ex. de l’Interprofession du Gruyère, où les groupes producteurs-affineurs-fromagers sont représentés équitablement.
Il est grand temps de se réveiller avant qu’il ne soit trop tard et que le lait vienne tellement à manquer qu’il faudra ouvrir la ligne blanche.
Uniterre a d’ailleurs travaillé en parallèle avec la parlementaire Meret Schneider sur une motion qui découle de notre prise de position : motion 21.4296* « Wertschöpfung und Planungssicherheit für Milchbauern », motion déposée le 1 octobre 2021 au Conseil national.
*https://www.parlament.ch/de/ratsbetrieb/suche-curi...
Contact presse : Rudi Berli, r.berli@uniterre.ch - 078 707 78 83
CP et Argumentaire d'Uniterre sur la consultation pour la demande de force obligatoire de l'IP Lait
Communication du réseau “Résistance au plat du jour”
Lundi 18 octobre 2021, le réseau "Résistance au plat du jour" a remis la "Pétition pour de meilleures conditions de travail dans l'agriculture" aux gouvernements du canton de Berne et du canton de Zurich.
La pétition a été signée par 5280 personnes !
Nous sommes maintenant très curieux de connaître la réponse des gouvernements des cantons de Berne et de Zurich et espérons qu'ils verront la nécessité d'agir !
Pour nous, il est clair qu'il est urgent d'adapter la base juridique des relations de travail dans l'agriculture. Parce qu'en Suisse, c'est de plus en plus la main-d'œuvre non familiale qui cultive, récolte et emballe nos légumes et cueille les fruits et les baies. Ils et elles sont souvent recruté-e-s comme travailleurs saisonniers à l'étranger - en Pologne, au Portugal ou en Roumanie.
Le salaire minimum mensuel actuel, non contraignant, pour les travailleurs agricoles dans la plupart des cantons est de 3’300 francs suisses par mois. Dans les cantons de Berne et de Zurich, les travailleurs et travailleuses agricoles travaillent 55 heures par semaine selon les contrats-types de travail cantonaux (CTT) - par vent et intempéries, sous une chaleur étouffante et une pluie battante.
Bien que plusieurs initiatives parlementaires aient été déposées depuis 2000 pour soumettre l'agriculture à la Loi sur le travail, rien ne s'est produit au niveau politique jusqu'à présent. Et bien que ces ouvriers et ouvrières aient été désigné-e-s comme des travailleurs d'importance systémique au cours de la pandémie de Corona, rien n'a changé dans leurs conditions matérielles et sociales.
Le réseau "Résistance au plat du jour" a donc lancé une pétition pour de meilleures conditions de travail dans l'agriculture au printemps 2021. Nous y demandons :
1. Semaine de 45 heures en moyenne annuelle (précédemment : 55) avec une limitation des heures supplémentaires
2. Introduction d'un salaire minimum obligatoire de 4 000 francs suisses bruts par mois.
Pour toute information, veuillez contacter
Philippe Sauvin (079 509 31 10, francais), Sarah Schilliger (076 521 67 76, Deutsch), Jelena Filipovic (079 289 06 41, Deutsch)
DÉCLARATION OFFICIELLE DE LA VIA CAMPESINA, A L'OCCASION DES 25 ANS DE NOS LUTTES COLLECTIVES POUR LA SOUVERAINETÉ ALIMENTAIRE
La souveraineté alimentaire est une philosophie de vie.
Elle définit les principes autour desquels nous organisons notre vie quotidienne et coexistons avec la Terre-Mère. C'est une célébration de la vie et de toute la diversité qui nous entoure. Elle embrasse chaque élément de notre cosmos ; Le ciel au-dessus de nos têtes, la terre sous nos pieds, l'air que nous respirons, les forêts, les montagnes, les vallées, les fermes, les océans, les rivières et les étangs. Elle reconnaît et protège l'interdépendance entre huit millions d'espèces qui partagent cette maison avec nous.
Nous avons hérité cette sagesse collective de nos ancêtres, qui ont labouré la terre et pataugé dans les eaux pendant 10 000 ans, période au cours de laquelle nous avons évolué vers une société agraire. La souveraineté alimentaire promeut la justice, l'égalité, la dignité, la fraternité et la solidarité. La souveraineté alimentaire est aussi la science de la vie, construite à travers des réalités de vies réparties sur d'innombrables générations, chacune enseignant quelque chose de nouveau à sa progéniture, inventant de nouvelles méthodes et techniques qui s'harmonisent avec la nature.
En tant que détenteurs de ce riche patrimoine, il est de notre responsabilité collective de le défendre et de le préserver. Reconnaissant cela comme notre devoir (en particulier à la fin des années 90, lorsque les conflits, la faim aiguë, le réchauffement climatique et l'extrême pauvreté étaient trop visibles pour être ignorés) La Via Campesina (LVC) a introduit le paradigme de la souveraineté alimentaire dans les espaces internationaux d'élaboration des politiques. LVC a rappelé au monde que cette philosophie de vie doit guider les principes de notre vie commune.
Les années 80 et 90 ont été une ère d'expansion capitaliste débridée, à un rythme jamais vu auparavant dans l'histoire de l'humanité. Les villes s'étendaient, se développant aux dépens d'une main-d'œuvre bon marché, non rémunérée et sous-payée. La campagne était plongée dans l'oubli. Les communautés rurales et les modes de vie ruraux ont été balayés par une nouvelle idéologie qui voulait faire de chacun⋅e un⋅e simple consommateur, consommatrice de choses et un objet d'exploitation à but lucratif. La culture et la conscience populaires étaient sous le charme de publicités scintillantes, incitant les gens à « acheter plus ». Cependant, dans tout cela, ceux et celles qui produisaient (la classe ouvrière dans les zones rurales, les côtes et les villes, qui comprenait les paysan⋅nes et d'autres petits producteurs et productrices alimentaires) restaient invisibles, tandis que ceux et celles qui pouvaient se permettre de consommer à loisir occupaient le devant de la scène. Poussés à la limite, les travailleurs et travailleuses paysans[1] et les communautés indigènes du monde entier ont reconnu la nécessité urgente d'une réponse organisée et internationaliste à cette idéologie mondialiste et libérale propagée par les défenseurs de l'ordre mondial capitaliste.
La souveraineté alimentaire est devenue l'une des expressions de cette réponse collective.
Au sommet mondial de l'alimentation de 1996, lors d'un débat sur la façon dont nous organisons nos systèmes alimentaires mondiaux, La Via Campesina a inventé ce terme afin d'insister sur l'importance des petits producteurs et productrices alimentaires, la sagesse accumulée des générations, l'autonomie et la diversité des communautés rurales et urbaines et la solidarité entre les peuples, comme des éléments essentiels pour élaborer des politiques autour de l'alimentation et de l'agriculture.
Au cours de la décennie suivante, les mouvements sociaux et les acteurs de la société civile ont travaillé ensemble pour la définir davantage « comme le droit des peuples à une alimentation saine et culturellement appropriée, produite par des méthodes écologiquement saines et durables, et leur droit de définir leurs propres systèmes alimentaires et agricoles. Cela place les aspirations et les besoins de celles et ceux qui produisent, distribuent et consomment des aliments au cœur des systèmes et des politiques alimentaires, plutôt que les demandes des marchés et des entreprises. »
L'introduction de la souveraineté alimentaire en tant que droit collectif a changé la façon dont le monde comprenait la pauvreté et la faim.
Jusque-là, en particulier dans les premières années du 21ème siècle, une conception étroite de « sécurité alimentaire » dominait les cercles de gouvernance et d'élaboration des politiques. Noble dans son intention, la sécurité alimentaire traitait les personnes touchées par la faim comme des objets de compassion, les réduisant à des consommateurs passifs et consommatrices passives d'aliments produits provenant d'ailleurs. Même si la sécurité alimentaire, reconnaissait l'alimentation comme un droit humain fondamental, elle ne défendait pas les conditions objectives de production alimentaire. Qui produit ? Pour qui ? Comment ? Où ? Et pourquoi ? Toutes ces questions étaient absentes et l'accent était résolument mis sur simplement « nourrir les peuples ». L'accent mis ouvertement sur la sécurité alimentaire des populations a ignoré les conséquences dangereuses de la production alimentaire industrielle et de l'agriculture industrielle, fondées sur la sueur et la main-d'œuvre des travailleurs et travailleuses migrantes.
La souveraineté alimentaire, en revanche, propose une refonte radicale. Elle reconnaît les personnes et les communautés locales comme les principaux acteurs et actrices de la lutte contre la pauvreté et la faim. Elle appelle à des communautés locales fortes et défend leur droit de produire et de consommer avant de commercialiser l'excédent. Elle exige l'autonomie et des conditions objectives d'utilisation des ressources locales, appelle à la réforme agraire et à la propriété collective des territoires. Elle défend les droits des communautés paysannes à utiliser, garder et échanger des semences. Elle défend le droit des personnes à manger des aliments sains et nutritifs. Elle encourage les cycles de production agroécologiques, respectant les diversités climatiques et culturelles de chaque communauté. La paix sociale, la justice sociale, la justice de genre et les économies solidaires sont des conditions préalables essentielles pour atteindre la souveraineté alimentaire. Elle appelle à un ordre commercial international basé sur la coopération et la compassion, contrairement à la concurrence et la coercition. Elle appelle à une société qui rejette la discrimination sous toutes ses formes (caste, classe, race et sexe) et qui pousse les gens à lutter contre le patriarcat et l'esprit de clocher. Un arbre n'est fort que si ses racines le sont. La souveraineté alimentaire, définie par les mouvements sociaux dans les années 90 et par la suite au Forum de Nyéléni au Mali en 2007, vise à faire justement cela.
Cette année nous célébrons les 25 ans de cette construction collective.
Le monde est loin d'être parfait. Même face à des inégalités sans précédent, à la montée de la faim et de l'extrême pauvreté, le capitalisme et l'idéologie du marché libre continuent de dominer les cercles politiques. Encore pire, de nouvelles tentatives sont également faites pour imaginer un avenir numérique, avec de l'agriculture sans agriculteurs ni agricultrices, de la pêche sans pêcheurs ou pếcheuses, le tout sous couvert de numérisation de l'agriculture et de création de nouveaux marchés pour les aliments synthétiques.
Malgré tous ces défis, le mouvement pour la souveraineté alimentaire, qui est maintenant beaucoup plus étendu que La Via Campesina et se compose de plusieurs acteurs et actrices, a fait des avancées significatives.
Grâce à nos luttes communes, les institutions de gouvernance mondiale telles que la FAO[2] en sont venues à reconnaître la centralité de la souveraineté alimentaire des peuples dans l'élaboration des politiques internationales. La déclaration des Nations unies sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales insiste à nouveau sur ce point dans l'Article 15.4, lorsqu'il déclare : « Les paysans et autres personnes travaillant dans les zones rurales ont le droit de déterminer leurs propres systèmes alimentaires et agricoles, reconnus par de nombreux États et régions comme droit à la souveraineté alimentaire. Cela inclut le droit de participer aux processus de prise de décisions sur la politique alimentaire et agricole et le droit à une alimentation saine et adéquate produite par des méthodes écologiquement saines et durables qui respectent leurs cultures. »
Certaines nations ont également accordé une reconnaissance constitutionnelle à la souveraineté alimentaire. Les perturbations causées par la pandémie de COVID-19 dans les chaînes alimentaires industrielles ont rappelé aux gouvernements nationaux l'importance de créer des économies locales solides.
L'agroécologie paysanne, qui est fondamentale pour assurer la souveraineté alimentaire de nos territoires, est désormais reconnue à la FAO comme essentielle pour notre lutte contre le réchauffement climatique. Les rapporteurs spéciaux actuels et précédents des Nations unies ont soutenu la souveraineté alimentaire comme une idée simple mais puissante qui peut transformer le système alimentaire mondial en favorisant les petits producteurs et productrices alimentaires. Les campagnes menées par les mouvements sociaux ont également permis de remporter plusieurs victoires juridiques contre des entreprises produisant des agrotoxiques et des semences chimiques et transgéniques.
Pourtant, ce qui nous attend est une route semée de nombreux obstacles.
Les champion⋅nes de l'ordre mondial capitaliste se rendent compte que la souveraineté alimentaire est une idée qui empiète sur leurs intérêts financiers. Ils et elles préfèrent un monde de monoculture et de goûts homogènes, où la nourriture puisse être produite en masse en utilisant une main-d'œuvre bon marché dans des usines lointaines, sans tenir compte de ses impacts écologiques, humains et sociaux. Ils et elles préfèrent les économies d'échelle aux économies locales robustes. Ils et elles préfèrent un marché mondial libre (basé sur la spéculation et la concurrence acharnée) à des économies solidaires qui nécessitent des marchés territoriaux plus robustes (marchés paysans locaux) et une participation active des producteurs et productrices alimentaires locaux. Ils et elles préfèrent avoir des réserves foncières où l'agriculture contractuelle à l'échelle industrielle puisse remplacer les petits producteurs et productrices. Ils et elles injectent dans notre sol des produits agrotoxiques pour de meilleurs rendements à court terme, ignorant les dommages irréversibles sur la santé des sols. Leurs chalutiers vont parcourir à nouveau les océans et les rivières, pêchant des poissons pour le marché mondial tandis que les communautés côtières meurent de faim. Ils et elles vont continuer d'essayer de détourner les semences paysannes indigènes par le biais de brevets et de traités semenciers. Les accords commerciaux qu'ils et elles élaborent visent à nouveau à faire baisser les tarifs qui protègent nos économies locales.
Un exode de jeunes chômeurs et chômeuses, désertant les fermes des villages et choisissant le travail salarié dans les villes, correspond parfaitement à leur envie de trouver une offre régulière de main-d'œuvre bon marché. Leur attention incessante sur les « marges » signifierait qu'ils et elles trouveront tous les moyens de faire baisser les prix de vente à la ferme, tout en négociant des prix plus élevés dans les supermarchés de détail. En fin de compte, celles et ceux qui perdent sont les gens, les producteurs et productrices ainsi que les consommateurs et consommatrices. Celles et ceux qui résistent seront criminalisées. Une coexistence heureuse de l'élite financière mondiale avec des gouvernements autoritaires signifierait que même les plus hautes institutions (nationales et mondiales) censées surveiller et arrêter les violations des droits humains détourneront le regard. Les milliardaires utiliseraient leurs fondations philanthropiques pour financer des agences qui produisent des « rapports de recherche » et des « journaux scientifiques » pour justifier cette vision d'entreprise de nos systèmes alimentaires. Chaque espace de gouvernance mondiale, où les mouvements sociaux et les membres de la société civile ont fait campagne pour obtenir une place à la table, fera place à des conglomérats d'entreprises qui entreront en scène en tant que « parties prenantes ». Tous les efforts seront faits pour ridiculiser celles et ceux d'entre nous qui défendent la souveraineté alimentaire comme étant non scientifiques, primitifs ou primitives, peu pratiques et idéalistes. Tout cela se produira, tel qu'il s'est produit au cours des deux dernières décennies.
Rien de tout cela n'est nouveau pour nous. Celles et ceux qui sont condamnées aux périphéries de nos sociétés par un système capitaliste cruel et dévorant n'ont d'autre choix que de riposter. Nous devons résister et montrer que nous existons. Il ne s'agit pas seulement de notre survie, mais aussi des générations futures et d'un mode de vie transmis de génération en génération. C'est pour l'avenir de l'humanité que nous défendons notre souveraineté alimentaire.
Cela n'est possible que si nous insistons sur le fait que toute proposition de politique locale, nationale ou mondiale sur l'alimentation et l'agriculture doit s'appuyer sur les principes de la souveraineté alimentaire, telle que définie par les mouvements sociaux. Les jeunes paysan⋅nes, les travailleurs et travailleuses du mouvement mondial doivent mener ce combat. Nous devons nous rappeler que la seule façon de faire entendre notre voix est de nous unir et de construire de nouvelles alliances à l'intérieur et au-delà de chaque frontière. Les mouvements sociaux ruraux et urbains, les syndicats et les acteurs de la société civile, les gouvernements progressistes, les universitaires, les scientifiques et les passionné⋅es de la technologie doivent s'unir pour défendre cette vision de notre avenir. Les femmes paysannes et toutes les autres minorités de genre oppressées doivent trouver une place d'égalité dans la direction de notre mouvement à tous les niveaux. Nous devons semer les graines de la solidarité dans nos communautés et lutter contre toutes les formes de discrimination qui maintiennent les sociétés rurales divisées.
La souveraineté alimentaire propose un manifeste pour l'avenir, une vision féministe qui embrasse la diversité. C'est une idée qui unit l'humanité et nous met au service de la Terre-Mère qui nous nourrit.
Nous sommes uni⋅es pour sa défense.
Mondialisons la Lutte, Mondialisons l'Espoir.
#Pasd'AvenirSansSouverainetéAlimentaire
La Via Campesina
10 octobre 2021
[1] Paysan⋅ne ici est un terme général utilisé pour reconnaître les travailleurs et travailleuses sans terre, les ouvriers et ouvrières agricoles, les pêcheurs, hommes et femmes, les migrant⋅es, les éleveurs, éleveuses, les artisan⋅es alimentaires.
[2] L'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture
L’Union Suisse des paysannes et des femmes rurales (USPF) a pris position le 6 octobre 2021 sur l’article de l’OFAG annonçant une hausse des revenus agricoles en 2020 et des prévisions similaires pour 2021. Nous saluons leur communication que nous partageons pleinement parce qu’elle place dans une perspective adéquate la soi-disant augmentation du revenu agricole sur 2020.
Nous ajouterons à cela que le Conseil Fédéral force la disparition des fermes, des paysan.ne.s par sa politique de concurrence débridée, au travers d’importations qui ne répondent à aucuns critères de durabilité et dont les coûts sont externalisés sur l'environnement, les paysan.ne.s, les travailleu.se.s agricoles et la collectivité. Ce même Conseil Fédéral exige toujours plus d'écologie mais sans permettre aux paysan.ne.s d’être mieux rémunéré.e.s.
En effet, l’USPF indique dans son communiqué que : « Pour l’année 2020, les revenus agricoles moyens augmentent de 6,7% par rapport à 2019. C’est une bonne nouvelle, mais qui mérite un approfondissement quant aux facteurs et une mise en perspective pour apprécier les résultats 2021. En effet, plusieurs indications sont à prendre en compte, qui apportent un éclairage nettement moins optimiste pour cette année. »
L’USPF appuie sur le fait que : « La prise en compte des revenus extra-agricoles, y compris ceux acquis par les partenaires de vie, subsiste pour la détermination des flux de trésorerie et des liquidités des exploitations agricoles suisses et celle du revenu total des familles paysannes. On peut se demander si une telle méthode ne contribue pas à présenter la situation financière de l’agriculture suisse de manière biaisée en la plaçant sous un jour trop favorable et si elle correspond encore aux temps actuels ? »
L’USPF met aussi en avant que : « le revenu du travail augmente par le simple fait que le nombre d’unités de main-d’oeuvre familiale (UTAF) occupées diminue. La charge de travail s’en trouve donc répartie sur un nombre plus bas de membres de la famille, certains effets ne sont pas mesurés mais peuvent avoir des conséquences négatives. Il faut insister aussi sur le fait que, comme les années précédentes, les revenus agricoles sont encore bien plus bas que le revenu des employés des secteurs secondaire et tertiaire. La différence va de près de 12'000 francs par année et par UTAF en plaine à plus de 29'000 francs en montagne. La médiane du revenu du travail ne représente que 85% à 56% du salaire comparable dans ces deux régions respectives. »
Et se questionne de comprendre pourquoi : « le Conseil fédéral persiste à ne pas appliquer l’article 5 de la loi fédérale sur l’agriculture, en particulier son alinéa 2, qui prévoit que « Si les revenus sont très inférieurs au niveau de référence, le Conseil fédéral prend des mesures temporaires visant à les améliorer. »
L’USPF appelle également à une meilleures répartition des marges tout au long de la chaîne de valeur : « (…) tant que la transparence et une meilleure répartition des marges ne seront pas assurées tout au long de la chaîne de création de valeurs en matière de denrées alimentaires produites en Suisse, il sera difficile de garantir une durabilité dans ses trois aspects (social, économique et écologique) pour les familles paysannes. »
Le journal "Blick" nous dépeint comment Bio Suisse et son organisme de certification ICB ont certifié en Janvier 2020 une plantation d’huile de palme sur l’île de São Tomé. Cette certification n’a été rendue possible que par la déforestation intense de forêts de haute valeur entre 2011 et 2014 ainsi que la séquestration de terrains à de petits agriculteurs locaux. De plus, il s’agit d’une plantation coloniale classique de grandes dimensions (des milliers d’hectare) et appartenant à une grande multinationale, alors que Bio Suisse promet de l’huile de palme achetée à des petits producteurs et de formes de productions soit disant « innovatrices et diversifiées » telles que l’« Agro-Forestry » etc.).
Des recherches effectuées par Uniterre ont documenté les déforestations et séquestrations de territoires ainsi que le type de plantation coloniale traditionnelle à Agripalma. Ainsi que le note l’article, citant Uniterre, la plantation a été certifiée malgré des violations flagrantes des règles de Bio Suisse. « Blick » explique aussi que la « pression du commerce de détail » pour obtenir une huile de palme biologique et soi-disant « de développement durable » mène parfois Bio Suisse à trahir les valeurs qu’elle prétend défendre. Il note aussi que « les inspecteurs de Bio Suisse semblent complètement dépassés lorsqu'il s'agit d'identifier de tels problèmes ». Confrontés par Uniterre avec ces reproches fin février, Bio Suisse a pris peur et retiré à Agripalma la certification en mars. Cependant, Socfin et Agripalma ont déposé un recours, qui est apparemment toujours ouvert aujourd’hui, 6 mois après le retrait de la certification : Il est donc à craindre qu’après un retrait tactique de son Département Importation en mars, Bio Suisse ne re-certifie la plantation d’Agripalma dès qu’elle estimera que la vague de critique sera passée. Il n’est pas non plus exclu que Bio Suisse ne certifie à l’avenir aussi d’autres matières premières critiques sans remarquer de semblables violations des règles de durabilité - tout cela discrètement et sans que les producteurs suisses et les consommateurs en soient informés.
Bio Suisse doit :
rejeter le recours et retirer définitivement la certification à Socfin/Agripalma
refuser de certifier les produits qui violent les réglementations et être extrêmement vigilant avec les matières premières critiques.
imposer des conditions strictes et limitées dans le temps aux producteurs déjà certifiés mais soupçonnés de ne pas respecter ces règles.
cesser d'écrire des règles "strictes" sans tenir compte des conditions d'utilisation.
corriger l'incompétence existante dans les contrôles à l'étranger et dans les procédures internes.
s'engager à la transparence envers les organisations membres, les consommateurs et les parties prenantes telles qu'Uniterre.
Communiqué de Presse le 9 septembre 2021
La décision du Conseil National concernant l’obligation de l’utilisation des pendillards à partir de 2022 a fait réagir les producteur.trice.s de lait d’Uniterre. Un courrier est en cours d’envoi aux Interprofessions fromagères ainsi qu’aux conseillers d’État en charge de l’agriculture afin de faire part de leurs inquiétudes quant aux éventuelles conséquences que la production de fromage pourrait subir notamment sous l’angle de la prolifération des butyriques. Ils demandent qu’une étude soit réalisée afin d’analyser les éventuelles conséquences, et qu’un moratoire sur l’obligation d’utilisation des pendillards pour les épandages soit prononcé jusqu’aux résultats de l’étude.
L’introduction obligatoire des pendillards soulève également d’autres questions qui concernent tous les détenteurs de bétail :
- Impact financier des équipements pour les producteur.trice.s : Particulièrement pour les petites exploitations et les exploitations de montagne. La contribution pour des techniques d'épandage diminuant les émissions polluantes introduite en 2014 est supprimée en 2021. En moyenne cette contribution s'élevait à 1'100 CHF par exploitation. Par quel moyen le marché ou la collectivité publique prévoient-ils d’amortir les coûts générés par l'obligation des pendillards ? Un financement par crédit d'investissement comme pour les pulvérisateurs ne devrait-il pas être envisagé ? Ou une augmentation des prix payés aux producteur.trice.s afin de compenser les coûts supplémentaires ?
- Qualité des fourrages : au-delà des butyriques dans le fromage, quels autres impacts cette technique pourrait-elle avoir sur la qualité nutritionnelle du fourrage ?
- Tassement des sols et impact sur la préservation de la biodiversité.
- Énergie grise : Changement de matériel fonctionnel tant au niveau de l’épandage que des tractions, conséquences environnementales à long terme de tels changements d’équipement.
- Compatibilité avec la loi routière : largeur, charges maximales, considéré comme un agrégat ou pas, si oui conséquence sur la surcharge de temps de travail.
Un moratoire est indispensable jusqu’à l’obtention de réponses aux points évoqués ci-dessus. Il est hors de question qu’une fois encore les producteur.trice.s aient à subir les coûts relevant de ce changement de législation sur lequel ils n’ont pas d’emprise et sans aucune assurance du bien-fondé de cette décision.
Contact presse :
Philippe Reichenbach, Président de la Commission lait d’Uniterre – 079 640 89 63
Laurent Curty, Président Section Fribourgeoise d'Uniterre – 079 508 86 35
Annexes :
Prise de position concernant le Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires et appel à la mobilisation
Uniterre et Agriculture du futur romandie répondent à l'appel de La Via Campesina à boycotter le pré-Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires (UNFSS - 26 au 28 juillet 2021) et à se mobiliser les 25, 26 et 27 juillet pour contrecarrer un Sommet coopté par le secteur privé et pour construire un système alimentaire par et pour les peuples. Nous enjoignons tous nos membres, paysan.e.s et consommateur.ice.s, à participer à l'action "Pas en notre nom"! Il s'agit d'imprimer/dessiner une affiche avec ces mots, de la placarder sur une chaise vide placée sur une ferme, un jardin ou un balcon et de nous l'envoyer ou de la partager sur les réseaux sociaux avec les hashtags #PasEnNotreNom #BoycottUNFoodSummit #FoodSystems4People
Quel Sommet? Pour qui? Par qui?
Rappelons déjà que ce Sommet, qui brille par son opacité depuis son annonce, n’a été ni convoqué par les États membres, ni validé par l'Assemblée générale des Nations Unies. Son initiateur et principal partenaire est le Forum Économique Mondial (WEF), qui rassemble les entreprises les plus puissantes du monde, largement responsables de la dégradation de l'environnement et des changements climatiques ainsi que de l'augmentation des inégalités et de l'insécurité alimentaire. La gouvernance du sommet est bel et bien entre les mains « d'experts » travaillant pour les multinationales qui défendent un modèle d'agriculture industriel, pour les lobbies ou pour les Etats qui les accueillent. Les entreprises actives dans les domaines des semences génétiquement modifiées, de la productions d'engrais et de pesticides, des assurances agricoles ou de la « smart-agriculture » devraient participer en masse à un Sommet esquissé par leurs pairs, et à de nombreuses discussions bilatérales, afin de défendre leurs fausses solutions, sans qu'aucune indication n'ait été fournie sur la manière dont leur pouvoir sera contrôlé. Plus d'informations ici https://viacampesina.org/en/wp-content/uploads/sit...
Les organisations de la société civile n'ont eu quant à elles aucun mot à dire lors de l'élaboration du processus et, à l'inverse de ce que clame la communication officielle du Sommet, celui-ci marque un net recul de la représentativité citoyenne dans l’histoire de ces sommets, ceci malgré la récente adoption par l'ONU de la Déclaration sur les droits des paysans et des autres personnes travaillant dans les zones rurales (UNDROP), et un nouveau déni de l'importance de la souveraineté alimentaire pour résoudre l'insécurité alimentaire. Il est aussi un désaveu de la stratégie de partenariat de la FAO avec les mouvements sociaux et de son Mécanisme de la Société Civile et des Peuples Autochtones (MSC) pour les relations avec le Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CSA). Le MSC n'ayant finalement été invité à rejoindre les consultations autour des objectifs du Sommet près d'une année après le début du processus. Plus d'informations ici https://www.csm4cfs.org/fr/note-du-groupe-de-liais...
Finalement, la nomination de la présidente de l'AGRA (Alliance for a Green Revolution in Africa), la Dr Agnes Kalibata, comme Envoyée Spéciale pour le Sommet, constitue un énorme conflit d'intérêts. L'AGRA défend en effet ouvertement un modèle agricole mortifère. Elle a récemment connu un échec catastrophique de son plan continental visant à stopper la faim par une modification agressive des systèmes agricoles africains vers des modèles d’agriculture industrielle employant massivement des agrotoxiques. Les solutions qui devraient sortir d'une telle orientation ne seront clairement pas en faveur des paysan.ne.s du continent africain, pas plus qu'elle ne devraient être en accord avec le « Green New Deal » européen, ni avec les aspirations de nos concitoyen.ne.s romands à une agriculture de proximité et plus écologique. Infos sur AGRA https://www.rosalux.de/en/publication/id/42635
Si les organisateurs du Sommet – Etats, entreprises et institutions – prétendent ouvrir grand leurs oreilles aux messages et revendications des représentant.e.s légitimes des paysan.ne.s et des citoyen.ne.s rien ne nous dit ce qu'ils feront au final des fameux « dialogues » avec la société civile. Cela s'est déjà vu récemment en Suisse avec les recommandations de l’Office fédéral de l’agriculture (OFAG) publiées au début du mois en vue dudit Sommet, et pour lesquelles il avait organisé des dialogues multipartites, dont les conclusions se sont avérées superficielles, non contraignantes et donc insuffisantes. Uniterre, Agriculture du futur et six autres organisations suisses ont déjà publié un communiqué de presse à ce sujet qui est disponible ici https://uniterre.ch/fr/thematiques/communique-de-p...
Agriculture du futur s’engage pour que les citoyen.nes soient impliquées dans les décisions concernant l’alimentation, car nous pensons que celle-ci est l’affaire de toutes et tous. C’est pourquoi nous travaillons actuellement à la mise en place d’une assemblée citoyenne pour une politique alimentaire suisse. C’est dans cette logique que nous nous opposons au simulacre de Sommet organisé par et pour les intérêts agro-industriels.
Contacts:
Berthe Darras, Uniterre, 079 904 63 74 - b.darras@uniterre.ch
Ella-Mona Chevalley, Agriculture du Futur, 079 396 91 16 - ella-mona@agriculturedufutur.ch
La section Uniterre du canton de Neuchâtel déplore la légèreté avec laquelle les milieux politiques et économiques considèrent les terres agricoles de notre pays.
Le pôle économique en projet à Marin (Commune de la Tène) n’est qu’un exemple parmi tant d’autres du grignotage constant que nos surfaces cultivables subissent. S’il est choquant par l’ampleur du projet, qui va engloutir en une fois 24 hectares, il n’est de loin pas unique. Les besoins urbanistiques restent, aux yeux d’Uniterre, mal contrôlés et nous regrettons amèrement que la solution de facilité soit privilégiée au détriment des familles paysannes et de notre souveraineté alimentaire.
Uniterre Neuchâtel est consciente de la situation économique difficile que vivent beaucoup de citoyennes et citoyens neuchâtelois, et que la création d’emplois est bien évidemment nécessaire. Toutefois, la section relève différents aspects :
- Notre taux d’auto-approvisionnement, déjà peu élevé, ne va hélas pas dans la bonne direction, et continue de baisser année après année ;
- La population montre de façon générale un fort attachement à une production alimentaire locale et de qualité ;
- Notre canton ne dispose pas de tant de bonnes terres plates et en plaine ;
La pression constante exercée sur l’agriculture helvétique pour qu’elle produise selon des normes écologiques sévères implique que toute perte de terres agricoles induira en conséquence une pression plus forte sur les terrains restants. Il n’est pas tolérable de faire fi des soucis exprimés par une part toujours plus grande des citoyennes et citoyens, qui souhaitent bénéficier d’une alimentation locale et saine.
De plus, les récents événements liés aux intempéries à Cressier sont venus nous rappeler à quel point l’imperméabilisation des sols est un danger pour la population, les infrastructures et le patrimoine bâti. Les dégâts constatés dans le littoral Est vont coûter des millions à la collectivité. Nous devons maintenant apprendre de nos erreurs et stopper le bétonnage à outrance.
Tout sacrifice de terrain agricole est aujourd’hui une hérésie. Nous devons tout faire pour préserver nos moyens de production tant qu’il en est encore temps. A l’avenir, il sera primordial d’étudier d’autres solutions, en particulier de réhabiliter des friches industrielles. La production de nourriture doit impérativement redevenir et rester un objectif prioritaire.
Contacts presse :
Philippe Reichenbach, président : 079 640 89 63
Vanessa Renfer, secrétaire : 078 821 24 83