L'UPS fête ses 50 ans cette année

Le texte résumé qui suit, sur les premiers pas de l'UPS, est tiré d'un travail d'enquête historique, réalisé par Frank Garbely en 1982. Quelques cartons d'archives, remis par Alexandre Cuche du Pâquier, qui fut Président de la section neuchâteloise de l'UPS, m'ont permis de vérifier quelques dates importantes.

Les premiers signes annonciateurs d'un syndicalisme indépendant se manifestent dès 1947. Partout en Suisse romande, des paysans protestent ouvertement contre la politique du Conseil fédéral en matière d'agriculture. Beaucoup se détournent de l'Union suisse des paysans et fondent des associations de protestation ou d'entraide autonomes. Les vignerons genevois et vaudois mécontents se regroupent au sein de la «Ligue du vin». D'autres tentent leur chance auprès de la «Fédération corporatiste des paysans» mise sur pied par un prêtre catholique.


L'Union romande des agriculteurs

L'organisation à la fois la plus radicale et qui compte le plus de membres est l'Union romande des agriculteurs» (URA) Elle éditera durant quelques années un journal portant le titre : «Le paysan enchaîné», dont nous reproduisons dans les pages 4 et 5 quelques extraits. Ses membres ont déjà l'expérience du combat. Peu après 1945, en novembre 1947 précisément, ils appellent à nouveau à une grève du lait. Les paysans ayant pris part à la protestation sont condamnés sans appel. Leurs vaches sont confisquées et mise aux enchères pour couvrir les frais de justice. Les paysans répondent par un boycottage spectaculaire. Peu avant le début de la vente, ils occupent la salle, intimident les acheteurs éventuels ou les mettent carrément à la porte. Lorsqu'ensuite les vaches sont mises à prix, elles sont enlevées pour 40 ou 50 centimes par tête, parce que personne ne veut miser plus haut.


UPS - UPV

L'UPS : une origine valaisanne (UPV)

A la fin de la guerre, personne ne doute du fait que la modernisation de l' agriculture dans la vallée du Rhône assurera au Valais un essor économique jusque là jamais atteint. Mais les paysans envisagent l'avenir de façon par trop optimiste. Aux récoltes record s'ajoutent maintenant des importations massives. Les marchés sont rapidement saturés. Les problèmes d'écoulement et la chute des prix en sont les conséquences; les récoltes s'amoncellent et pourrissent dans les caves. Alors qu'ils s'attendaient à voir leurs gains s'accroître, les paysans subissent des pertes. Ils n'étaient pas préparés à cela.

C'est cette même colère qui emplit la plus grande salle de l'auberge de Charrat, dans laquelle René-Albert Houriet parle, en ce jour de printemps de l'année 1949. L'avocat, brillant orateur, membre du Parti ouvrier populaire (POP), venu de Lausanne, ne déçoit pas ses auditeurs. «Le paysan ne peut pas vivre, parce qu'il doit vendre trop bon marché. Le travailleur ne peut pas acheter, parce que les intermédiaires exigent des prix trop élevés (...). Les manœuvres cyniques des importateurs et des grossistes ruinent les paysans. Et la Confédération permet que l'agriculture soit sacrifiée sur l'autel de l'industrie d'exportation».

Quelques semaines plus tard, René-Albert Houriet fonde, d'entente avec deux paysans l'«Union des producteurs valaisans» (UPV). L'idée d'un syndicat paysan s'enflamme comme une traînée de poudre. C'est le 18 septembre 1949 qu'a lieu, à Sion, la réunion de fondation. Les délégués adoptent un programme, dont l'association ne se départira plus. On y revendique une garantie des prix, qui doit assurer aux paysans un revenu convenable, et le blocage des importations aussi longtemps que les produits indigènes ne sont pas écoulés. «L'Union formule et fait valoir les exigences des paysans. Au besoin, elle se battra» lit-on encore dans le même programme. Elle aura son propre organe de publication : l'«Union». Le bulletin – plus tract que véritable journal – paraîtra six fois par année.

A cause de son appartenance au parti communiste suisse, René-Albert Houriet devient la cible préférée de la presse valaisanne. Bientôt, la presse quotidienne suisse porte, elle aussi, son attention sur le nouveau mouvement paysan en Valais et affirme d'une seule voix : «Les paysans valaisans aux mains des communistes». Même si les premiers membres de l'UPV tentent de dépolitiser la situation, la chasse au communiste Houriet s'intensifie et porte ses fruits. Au moment où l'essor de l'UPV n'est plus maîtrisable, les dirigeants politiques réclament sa tête. Ils craignent qu'il utilise quand même, tôt ou tard, sa popularité auprès des paysans à des fins politiques.

Brusquement, les dirigeants radicaux et conservateurs catholiques se mettent à encourager les paysans à adhérer à l'UPV. Au cours d'une assemblée des délégués inattendue, l'exclusion d'Houriet est finalement décidée; on trace son nom des annales du syndicat paysan.


1951: UPS

En 1951, à Lausanne, l'Union des producteurs suisses (UPS) voit le jour.

Entre les différents groupes de protestation, les contacts sont assez flous. C'est alors que l'UPV propose une fusion. En 1951, à Lausanne, L'Union des producteurs suisses voit le jour. A la base de cette nouvelle organisation on reconnaît sans difficulté le modèle du syndicat valaisan. Louis Berguer, membre fondateur genevois, affirme : «aussi bien la forme d'organisation de l'UPV que son programme nous semblèrent extrêmement bien élaborés». L'organe de publication de l'UPS portera le même nom que l'ancien bulletin de l'UPV : «Union». A partir de 1952, il paraîtra une fois par semaine.