L'UPS disparaît
L'UPS disparaît. Le terreau de ce syndicalisme paysan sera fertilisé par Uniterre selon les principes du développement durable. Vécue comme un moment historique, cette nouvelle identité nous invite à préciser quelques objectifs prioritaires pour les années à venir. Le programme s'affinera en fonction de l'actualité. Sa réalisation dépendra essentiellement de notre détermination.
Producteurs de denrées alimentaires, gestionnaires d'un territoire agricole faisant l'objet de nombreux désirs, de nombreux projets, nous entendons assumer pleinement notre rôle d'acteur principal. C'est à la fois une lourde responsabilité, mais aussi un honneur, une chance que d'être intégré dans une activité indispensable au maintien de la vie. La terre reste notre principal outil de travail. Dans le respect de sa durabilité, nous voulons prioritairement la considérer et la travailler comme une productrice de denrées alimentaires. Nous partageons l'exigence que cette activité doit s'intégrer dans un paysage agréable, entretenu, que l'environnement doit être préservé, enrichi.
Un rapport équilibré entre la surface travaillée et le nombre de personnes actives.
Pour assumer cette tâche dans de bonnes conditions de travail, il faut un rapport équilibré entre la surface travaillée et le nombre de personnes actives dans l'agriculture. Une formation adéquate et une rémunération équitable sont également indispensables. Ces conditions sont prioritaires pour réussir. Elles concernent l'ensemble des personnes, chefs d'exploitation et ouvriers agricoles.
Évolution des structures.
Le choix des structures à mettre en place dépend essentiellement des agricultrices et des agriculteurs. A chacun de décider s'il veut poursuivre individuellement, s'associer à des degrés divers avec ses collègues. Nous constatons que la tendance à la coopération s'intensifie, c'est réjouissant dans la mesure où la qualité de la vie s'améliore. Pour Uniterre il n'existe pas un modèle idéal, une dimension d'exploitation individuelle ou associative à promouvoir. Nous reconnaissons le droit à être considérée comme paysanne ou paysan toute personne qui s'investit dans l'activité agricole, à temps partiel ou à plein temps.
Nous combattrons toute tentative visant à faire
disparaître les plus petits par des modifications législatives en
matière de rémunération directe.
Statut de la paysannerie et formation du revenu.
Des décisions politiques prises au niveau national, notamment liées aux engagements pris au sein de l'OMC, nous imposent un double statut. Nous sommes à la fois des entrepreneurs indépendants dans notre rôle de producteurs de denrées alimentaires et des partenaires de la Confédération lorsque nous remplissons des tâches d'intérêt général ou fournissons des prestations écologiques particulières. Uniterre reconnaît ce double statut et développera la stratégie qu'elle a engagée depuis quelques années : une négociation avec le gouvernement pour fixer le coût des prestations requises, et une négociation avec les acheteurs pour déterminer des prix rémunérateurs à la production ainsi que des normes de qualité. L'interprofession constitue un moyen efficace pour réaliser un revenu équitable dans la mesure où elle agit de façon concertée au niveau national.
La gestion de l'offre doit être améliorée dans plusieurs secteurs de production comme les fruits et légumes, la viticulture et la viande bovine.
Pour Uniterre les prix à la production doivent reconquérir du terrain dans la formation du revenu paysan. L'acte de produire doit être considéré comme l'activité principale de l'agriculture.
Souveraineté alimentaire et protection aux frontières.
Chaque pays doit être en droit de développer librement sa capacité de production pour son alimentation de base dans le cadre d'une agriculture durable, en respectant la diversité culturelle et agricole. Ce principe de souveraineté exige que chaque paysanne et paysan accède en droit à la terre, à l'eau et aux semences. Ces éléments indispensables à la vie constituent un bien collectif et ne sauraient faire l'objet d'une spéculation ou d'un accaparement.
Membre de Via Campesina et de la Coordination paysanne européenne, Uniterre continuera avec ses partenaires à revendiquer au niveau international la reconnaissance de la souveraineté alimentaire. Les peuples doivent être en droit par exemple de refuser l'utilisation des hormones dans la production animale, de refuser l'utilisation d'organismes, d'animaux ou de plantes génétiquement modifiés, de refuser l'application de brevets sur le vivant, en évoquant le principe de précaution. Ces refus ne sauraient faire l'objet de mesures de rétorsion.
Un tel projet de développement agraire vise également le renforcement de la sécurité alimentaire qui doit s'enraciner dans une production locale pour un marché régional. Sa réussite dépendra de programmes de formation et de développement adéquats, sous contrôle démocratique, et de mesures de protection aux frontières.
Uniterre, Unitaire !
En choisissant Uniterre, le comité directeur a manifesté le désir de lier étroitement le nouveau nom à l'activité des membres du syndicat, de sortir des confusions maintes fois répétées, mais difficilement évitables. L'UPS s'est vue profilée dans des prises de position USP et l'inverse s'est aussi produit. L'UPS, c'est aussi l'Union patronale suisse ou l'Union des paysannes suisses. Cette volonté d'une identification plus claire ne signifie nullement un repli, une volonté d'agir par principe en solo.
Tout en gardant son indépendance, Uniterre continuera de collaborer par exemple avec Agora, l'USP, des Chambres d'agriculture, Biosuisse ou des organisations spécialisées par branche, la FRC, les organisations de protection de l'environnement ou les ONG. Son engagement au sein de la Coordination paysanne européenne et de la Via Campesina demeure. Il s'intensifiera même par le fait que notre avenir est de plus en plus lié à des enjeux internationaux comme la reprise des négociations au sein de l'OMC.
Depuis quelques années déjà ces négociations internationales nous ont amenés à sortir de nos campagnes pour collaborer avec des associations plutôt citadines, et également préoccupées par la globalisation de l'économie. Uniterre, dans la mesure de ses moyens, entretiendra, développera ces collaborations. En modifiant deux lettres, le syndicat manifeste son ouverture, une belle trouvaille ou un choix prémonitoire ?