mercredi, 04 septembre 2013

manif colombieUniterre a invité ses membres le 4 septembre 2013 à une mobilisation de solidarité avec ses collègues colombiens qui manifestent depuis la mi-août pour dénoncer la dégradation extrême de leur situation économique. Les manifestations sont maintenant réprimées. Une des revendications est la dénonciation des accords de libre-échange.

 

Les paysans dénoncent les accords de libre échange qui les mettent sous une pression insupportable. Par exemple, les producteurs de lait subissent des importations massives de lait européen bon marché et la Colombie est devenue importatrice de café alors qu’elle a toujours été exportatrice!

 

Nous reproduisons ci-dessous un blog d’une citoyenne venue à la rencontre des manifestants:

"Paysannerie suisse et internationale, même combat"

Berne, mercredi 4 septembre. Fin d’une journée de travail. Je décide de ne pas prendre mon train de retour, et d’aller voir des manifestants pacifiques stationnés en face de la gare. Au premier abord, une manifestation comme il y en a tant, parce que la planète grouille d’injustices et nous fait sentir si petits...

Je pourrais donc choisir d’être résignée : une grève de l’autre côté du monde, cela arrive si souvent, des paysans mal payés très loin de chez nous, cela arrive tout le temps... Alors pourquoi m’intéresser à cette grève en particulier ?

L’événement suivant a été très peu relayé dans nos médias : le 19 août dernier les paysans de huit régions de Colombie ont déclenché une grève, malgré la répression policière, les menaces du gouvernement, les pressions des grandes firmes.  Forces officielles et non officielles, toutes amènent la mort aux journalistes, aux syndicalistes et aux personnes engagées. Depuis le 19 août, le nombre de grévistes (et de morts) a augmenté.

En effet, les paysans colombiens ne comprennent pas pourquoi dans leur pays, où se trouvent les terres, la force humaine et une grande production agricole, le café bu par leurs compatriotes est importé, les patates achetées aux Etats-Unis. Ils ne voient pas pourquoi la Colombie importe aussi les oignons, le maïs, le riz, menaçant ainsi la production nationale ni pourquoi le lait subventionné européen inondera bientôt leur marché... Les espèces de pomme de terre, adaptées au pays depuis des siècles, ne sont pas conformes au marché libre et risquent de disparaître sous le poids des importations de patates calibrées et largement subventionnées par les pays étrangers.

Pourquoi nous intéresser tellement à eux alors que nous avons déjà tant de choses à régler en Suisse ?

Ne voyez-vous pas le lien entre notre petit pays, nos paysans et ceux d’outre-Atlantique ? Les paysans suisses ou colombiens ont en commun le goût de l’effort, de la production locale, de la préservation des espèces végétales régionales. Les uns et les autres subissent l’influence néfaste du commerce entièrement « ouvert » grâce aux accords de libre-échange mal façonnés (qui répondent à certains intérêts commerciaux mais pas aux leurs) : en Suisse nous avons assez de lait mais il est quand même acheté partout ailleurs en Europe (même pas dans les régions limitrophes). La concurrence permet ainsi de justifier les prix misérables payés aux producteurs suisses (de lait par exemple). Le maïs et le blé sont toujours plus importés alors que nos terres agricoles, qui les produisent, sont minées par les constructions.. Nos propres fabriques d’aliments transformés préfèrent l’huile de palme à notre huile de colza et à notre beurre dont nous ne savons plus que faire (le beurre surtout).

Voyez-vous où je veux en venir ?  Etre solidaire avec les paysans d’un pays si éloigné c’est être aussi solidaire avec nous-mêmes."

Jacqueline Roiz Députée Grand Conseil, Genève