Deux représentants d'Uniterre participent à la 6ème Conference internationale de Via Campesina à Jakarta du 6 au 14 juin 2013
La voix des paysans et paysannes d'Europe se joint aux voix du monde entier à Jakarta pour la souveraineté alimentaire
Ils critiquent les traités de libre-échange que négocient à ce moment même le gouvernement du Canada et l'Union Européenne
Jakarta, 10 juin 2013 - Plus de 500 paysans et paysannes venant de 70 pays de tous les continents participent actuellement à la 6e Conférence de La Via Campesina à Jakarta, Indonésie, qui célèbre également le 20e anniversaire du mouvement.
Nous partageons le constat qu’il existe un nouvel colonialisme agraire, qui transforme tout - la terre, l’eau, les semences, la nature et la biodiversité - en marchandises, au préjudice des gens, en particulier des petits agriculteurs, des communautés indigènes, des journaliers ou paysans sans terre.
L’objectif de notre congrès est de construire une alternative au modèle d’agriculture imposé par le capitalisme. Une agriculture écologique et durable, respectant les droits des paysans et paysannes et opposée au pouvoir des grandes entreprises et à la complicité que les gouvernements entretiennent avec ces dernières.
La Coordination Europeenne Via Campesina (ECVC) continue à avancer une perspective d’occupation de lieux de pouvoir qui appartiennent de façon légitime au peuple. C’est pourquoi nous ne renonçons pas à tenter d’influer sur les débats des organismes multilatéraux tels que la FAO afin de défendre les luttes des paysans et des paysannes.
L’agro-écologie et la défense des semences paysannes et locales a joué un rôle prépondérant à la Conférence de Jakarta, à travers un marché d’échange de semences où tous les continents ont apporté des variétés autochtones. Poursuivant sa lutte contre les OGM, La Via Campesina Europe exprime son rejet de la proposition de la Commission européenne connue sous le nom de Loi sur la Reproduction du Matériel des Végétaux (Plant Reproductive Material Law). Il s’agit de régulations qui ne profitent qu’à l’agro-industrie et qui perpétuent un système de dépendance et de contrôle sur les paysans et paysannes.
Lors de cette rencontre internationale, les paysans européens présenteront également leur rejet du modèle extractif qui cherche à exploiter les ressources naturelles, et en particulier de nouvelles techniques problématiques telles que l’exploitation du gaz de schiste.
Un des principaux défis de ce mouvement paysan est la lutte contre le patriarcat ainsi que d’assurer la participation des femmes et des jeunes. C’était justement l’Assemblée des Femmes moment clé qui a lancé la Conférence de La Via Campesina, avec ses trois cents participantes, partageant les problèmes auxquels doivent faire face quotidiennement les femmes dans tous les coins de la planète.
Un autre défi de La Via Campesina consiste à assurer la relève des générations à la campagne. Les 8 et 9 juin, deux cents jeunes paysans ont partagé leurs expériences et leurs luttes, affirmant la fierté d’alimenter la population et que l’année 2014 sera l’année de la Jeunesse Paysanne.
Pendant la rencontre seront renouvelés les représentants et représentantes au niveau international. Mari Carmen García du Syndicat andalous des Ouvriers agricoles (Sindicato andaluz de Obreros del Campo, SOC) et Unai Aranguren, paysan de EHNE au Pays Basque, seront delegues au Comité de Coordination Internationale de La Via Campesina.
La délégation européenne à Jakarta, composée de 40 personnes de 13 pays de l’UE et représentant un ensemble de 20 organisations, réaffirme son engagement dans la lutte pour la souveraineté alimentaire et une réforme agraire plus sociale au niveau international et continue à construire des alliances de solidarité et de coopération avec les paysannes et paysans du monde entier.
Traités de libre-échange entre l’Union Européenne et le Canada
Des agriculteurs du Canada et de l’Union Européenne, ainsi que d’Inde et des Etats Unis participant à la 6e Conférence Internationale de La Via Campesina, se sont réunis et dénoncent les négociations commerciales qui ont lieu à ce moment même entre leurs gouvernements respectifs.
«Tout comme nous, les agriculteurs et agricultrices européennes ne voient pas de bénéfices provenant de l’Accord Économique et Commercial Global (CETA en anglais), seulement des souffrances» affirme Nettie Wiebe, une agricultrice de Saskatchewan (Canada). «L’attaque contre le droit des paysans d’utiliser leurs propres semences, les menaces planant sur les secteurs canadiens soumis à la régulation de l’offre, et toute l’orientation générale de ces négociations donnant encore plus de contrôle sur la production et la sécurité alimentaires aux entreprises transnationales, c’est la mauvaise direction à prendre.»
«Pendant que certaines entreprises font pression pour réduire les restrictions commerciales, sapant davantage l’agriculture familiale, nous, les agriculteurs et aussi la plupart des citadins, ne voulons pas que les régulations concernant notre nourriture et agriculture soient davantage affaiblies. Sous aucun prétexte, nous n’allons accepter la viande de boeuf traité avec des hormones ou des cultures transgéniques venant du Canada ou de n’importe quelle autre provenance!» s’exclame Javier Sánchez, un paysan espagnol, représentant de ECVC.
Tandis que le débat s’est concentré sur l’Accord Économique et Commercial Global, les délégués de La Via Campesina des États-Unis et de l’Inde exprimeront leur opposition aux accords que leurs gouvernements respectifs sont en train de négocier avec l’UE concernant la production laitière nationale et qui génèrent encore davantage de difficultés pour les exploitations agricoles familiales.
Informations et contacts:
Porte-parole en espagnol: Mari Carmen García 0034 629620479
Porte-parole en anglais: Andrea Ferrante 0039 3480189221
Porte-parole en français: Josie Riffaud 0033 613105291
LVC Comunication team in Yakarta: +62 085890968657