vendredi, 31 janvier 2014

Depuis l'automne 2013, Uniterre participe au projet européen Grundtvig «Comprendre l'agroécologie» dont l'objectif est l'échange d'expériences et de pratiques en direct, de paysans-nes à paysans-nes. Dans le cadre de ces ateliers et conférences uniques, les participants issus d'organisations paysannes de neuf autres pays (France, Belgique, Roumanie, Allemagne, Espagne, Italie, Norvège, Pays-Bas et Autriche), membres de la Via Campesina Europe, mettent en commun leurs réflexions sur le développement de l'agroécologie et les formations reliées.

 

Les quatre rendez-vous prévus à l’ordre du jour de ce projet se tiendront au cours des deux prochaines années et porteront sur les différentes dimensions de l’agroécologie (technique, politique, économique, sociale et environnementale). À leur issue, l’objectif premier sera la création d’un réseau européen en agroécologie, et la dissémination de connaissances et compétences acquises au sein des organisations paysannes.

 

Un des principes fondamentaux de l’agroécologie repose sur la valorisation et la transmission des savoirs et savoir-faire locaux, via l’échange de bonnes pratiques, la transmission intergénérationnelle et la valorisation du « paysan-formateur ». Les méthodes participatives engagées remettent en question les modalités de prises de décisions et favorisent les formes d’actions collectives. La remise en question des dominations politiques, économiques, idéologiques et patriarcales, en lien avec les mouvements sociaux, est partie intégrante de cette agroécologie.  

 

La méthodologie des rencontres Grundtvig-Agroécologie fut donc la plus horizontale et inclusive possible, afin de favoriser au maximum l’expression des acteurs principaux que sont les paysans-nes. Les échanges « de paysans à paysans» y sont multipliés. Les discussions «en plénière» s’alternent avec des séances de travail en sous-groupe. La présence d’interprètes professionnels bénévoles facilite la participation active de tous les paysans-nes. 

Paysans à Gaillac pour des semences paysannes

La première rencontre s’est déroulée du 26 au 29 octobre 2013 en France, organisée par Nature & Progrès à l’Ineopole de Gaillac et portait sur les semences paysannes et la préservation de la biodiversité. La possibilité pour les agriculteurs de produire, sélectionner, conserver et échanger leurs semences est essentielle en agroécologie. Cela renforce l’autonomie des paysans, préserve la biodiversité, évite les risques associés aux OGM, limite les coûts de production. 

 

Cette rencontre fut l’occasion de rappeler l’objet de la campagne internationale des semences menée déjà depuis plusieurs années par La Via Campesina. Cette campagne repose sur deux piliers fondamentaux. Le premier concerne la réappropriation de la capacité de faire ses propres semences, par la valorisation des savoir-faire ou par l’organisation collective pour produire et conserver localement les semences destinées aux agricultures paysannes. Le second représente la lutte quotidienne contre les lois de l’agroindustrie qui concentre la production de semences et celle pour l’inscription dans les lois nationales de la reconnaissance des droits inaliénables des paysans conservant, utilisant, échangeant, vendant et protégeant leurs semences. 

Déjà deux paysans suisses, représentant Uniterre, ont participé aux premiers ateliers de Gaillac. 

Deux autres partiront en Norvège en mars prochain, pour rejoindre les ateliers sur les pratiques culturales. 

 

Les organisations paysannes d’Espagne et de Belgique accueilleront les prochaines rencontres sur la coopération entre les producteurs, consommateurs et autres parties prenantes, puis sur les facteurs de développement de l’agroécologie, la transmission des savoirs et savoir-faire s’y rapportant. 

Marie-Eve Cardinal

 

Quelques actions proposées au niveau européen, ateliers de Gaillac, France, octobre 2013

  • Entraide pour la tenue d’une veille juridique (élargir la veille juridique française);
  • Réalisation d’un répertoire européen des savoirs et savoir-faire autour des semences et de l’agroécologie;
  • Construction d’une base de données des variétés paysannes, rédaction de fiches techniques et accès facilité à la littérature existante;
  • Renforcement ou création de liens avec certains chercheurs scientifiques dans les domaines de l’agriculture et de la santé, développement d’une recherche-action participative menée conjointement par scientifiques et paysans, et reconnaissance des savoirs et savoir-faire paysans au même titre que les connaissances scientifiques;
  • Développement d’une stratégie de communication pour les paysans et les consommateurs, afin de pouvoir expliquer de manière simple cette question complexe des semences paysannes.

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avec le soutien financier de l’Union européeenne