Une initiative qui vise juste
Le 17 avril était la journée internationale des luttes paysannes. Cette journée, lancée par La Via Campesina, commémore depuis 1996 le massacre de 20 paysans sans terre par la police militaire au Brésil. Chaque année, notre mouvement paysan international choisit un thème fédérateur que les associations nationales déclinent dans leurs pays respectifs.
En 2015, la dénonciation des accords de libre-échange et la mainmise des grands groupes commerciaux étaient au coeur des revendications paysannes.
Pour Uniterre, c’était l’occasion de démontrer que l’initiative «souveraineté alimentaire», lancée il y a six mois, répond parfaitement à l’actualité. Ainsi, ce 17 avril, Uniterre et ses alliés ont organisé de nombreuses actions devant les grands distributeurs en Suisse pour dénoncer le dumping scandaleux sur le prix du lait (situé bien souvent à moins de 50 cts par litre) et la nécessité de soutenir des modifications législatives visant à créer de la transparence, de la protection et de l’équité sur le marché comme le propose très concrètement l’initiative populaire. Dans les marchés dérégulés tels que le Conseil fédéral cherche à nous les imposer, notamment via son contre projet libre-échangiste à l’initiative de l’Union suisse des paysans, l’industrie et la grande distribution prennent le contrôle de nos assiettes et nous perdons la maîtrise sur notre alimentation. La pression économique croissante sur les produits agricoles ruine l’agriculture paysanne et implique inévitablement l’emploi de méthodes de production agro-industrielles. Ceci alors que l’agriculture paysanne maintient le lien entre producteurs et consommateurs, nos terroirs et notre alimentation. Ce choix d’une agriculture paysanne refroidit le climat et s’inscrit dans la lutte contre le changement climatique.
L’initiative pour la souveraineté alimentaire offre une réelle perspective d’avenir: une agriculture paysanne durable, donnant la priorité au marché local, permettant une véritable gestion des quantités et donc la réalisation de prix équitables pour les familles paysannes. Les échos rencontrés dans la rue lors des récoltes de signatures sont plus que positifs. Assurément, la population est là pour soutenir sa paysannerie. Des phrases telles que «oui, à fond, à fond on soutient un tel projet», «c’est juste un thème essentiel», «tout ce qui peut être fait pour freiner la privatisation des semences et l’avancée des OGM doit être soutenu», «c’est la moindre que les paysans obtiennent des prix pour leurs produits», «on en a marre de ce libre-échange qui ne nous a rien apporté, il faut unir nos forces» sont autant de preuves que la population est archi prête à soutenir cette vision pour une nouvelle politique agricole et alimentaire. Bien plus que nous osions le croire, elle est à nos côtés et il ne faut donc pas hésiter à aller à sa rencontre.
Cette journée qui a été le théâtre de plus de 10 événements organisés dans 9 villes différentes de Suisse a également été l’occasion de dénoncer les pratiques de certaines multinationales faisant du business avec les matières premières et ayant choisi de placer leur siège social en Suisse pour bénéficier de gracieuses exonérations fiscales alors qu’elles sont responsables de pratiques sociales et environnementales purement scandaleuses au sud.
Assurément, l’initiative répond à de très nombreuses revendications d’Uniterre. Pour améliorer la situation des familles paysannes et leur offrir de réelles perspectives d’avenir, pour être en phase avec les attentes de notre population et solidaire avec nos collègues et les populations d’autres contrées.