Le prix du succès
À l'appel de l'USP, les paysan-ne-s sont une nouvelle fois dans les rues de la capitale. A cette occasion, la revendication principale consiste à exiger du Conseil fédéral qu'il tienne ses promesses. En d'autres termes, que le contrat passé entre la Confédération et les paysans sur le crédit cadre ne soit ni amputé en 2016 et 17, ni réduit lors de la prochaine période allant de 2018 à 2021. Alors que les familles paysannes n'ont pas encore fini de digérer la nouvelle réforme de la politique agricole qui a profondément remanié le système des paiements directs, il est juste de ne pas provoquer une nouvelle instabilité par une réduction du budget.
À Berne nous refusons ainsi une coupe de 800 millions sur quatre ans.
L’Union Suisse des Paysans, faîtière de l’agriculture, à laquelle -à quelques exceptions près- tous les paysans sont affiliés, a les moyens de mobiliser massivement. Cette force doit être utilisée aussi souvent que cela est nécessaire. Non seulement sur la place fédérale, mais aussi face aux acheteurs de nos produits: les transformateurs et les grands distributeurs qui sont les autres interlocuteurs des paysan-ne-s.
Ainsi, si nous étions en mesure de rassembler une défense professionnelle combative, représentative et donc plurielle face à nos acheteurs nous aurions sûrement des résultats. Même si nous obtenions dans un premier temps 15 cts supplémentaires par litre de lait d’industrie en passant ainsi de 53cts en moyenne aujourd’hui au prix indicatif de 68cts, les producteurs de lait d’industrie obtiendraient plus de 530 millions de francs de plus value. Si dans les céréales panifiables, nous obtenions aussi 18frs/dt de plus, cela représenterait une plus value de plus de 82 millions de francs. Idem pour le sucre, le porc, etc. Pour autant, ces exemples ne permettent toujours pas de couvrir les coûts de production et ne sont donc pas encore considérés comme une rémunération équitable. Mais c’est une première étape et la voie allant dans cette direction serait enfin empruntée.
Alors que les Producteurs Suisses de Lait (PSL) semblent désastreusement empêtrés dans une structure qui autorise les doubles casquettes et noyaute ainsi toute velléité d’une véritable défense professionnelle, l’Union Suisse des Paysans devrait reprendre provisoirement la main de la défense professionnelle sectorielle. Uniterre n’a jamais remis en cause la nécessité d’une organisation forte par filière; il a même demandé à la fin des contingents que ce soit PSL qui prenne les rênes de la gestion des quantités. Mais force est de constater que sa structure ne répond pas aux besoins actuels des familles paysannes et qu’une réforme en profondeur est nécessaire pour le bien de la profession.
Un prix juste du lait ou du porc, couplé à une gestion stricte des quantités, permet aux paysans d’acheter des fourragères à un prix équitable, redonne de la valeur à cette filière de production et décharge quelque peu le marché de la panifiable faisant ainsi remonter les prix. Si le marché indigène est correctement encouragé par une régulation à la frontière, une vision de ce genre est tout à fait réaliste.
Ce n’est rien de moins que ce que demande notre initiative. Nous voulons pouvoir produire en Suisse pour notre population, mais nous voulons savoir à quel prix nous serons rémunérés.
Ce que nous exigeons à juste titre de la Confédération, nous sommes en droit de le revendiquer auprès de nos acheteurs.