jeudi, 26 mars 2015

alternatibaLes Alternatives à l'honneur: une occasion inédite de se présenter et d'échanger

Le changement climatique: un dossier que nous pourrions décrire comme aussi vital que désespérant. Alors comment rebondir sur un tel constat? Comment mobiliser les gens autour de ces questions et leur donner l'occasion de faire connaître leurs contributions positives à la lutte contre le changement climatique? Un défi qui sera relevé en septembre au bout du Léman, en écho à 60 autres événements semblables. Événement qui n'attend que votre participation. Explications avec Olivier de Marcellus qui contribue à cet événement.

 

 

Olivier, d’où vient ce projet «Alternatiba»?

La dynamique a été lancée au Pays Basque français, à Bayonne. Alors que le COP 21-la Conférence des parties contractantes sur le climat- se tiendra à Paris en automne 2015, il fallait trouver une formule qui permettait d’enclencher une mobilisation positive autour des questions climatiques. D’autant que cette fameuse conférence, qui est sensée prendre des décisions pour le Post-Kyoto d’après 2020, s’annonce de loin pas à la hauteur des enjeux. Un accord contraignant semble quasi illusoire. Les personnes qui ont pensé «Alternatiba» voulaient permettre aux citoyens de ne pas rester tétanisés face à l’ampleur des enjeux et l’inaction des puissants. Les Basques ont donc souhaité remobiliser sur la base de la société civile en lui proposant de présenter les alternatives actuelles déjà en route comme par exemple l’agriculture paysanne de proximité qui est une alternative à l’agriculture industrielle responsable de 30% des émissions de gaz à effet de serre. En somme, une «vitrine» des solutions concrètes et existantes afin de démontrer que le changement est déjà en route et qu’il suffit de monter à bord. L’objectif est de donner de l’espoir, car des gens travaillent à des solutions, aujourd’hui déjà. Le COP 21 est un repère dans l’agenda qui permet de focaliser l’attention du public sur ces questions. A nous de nous y accrocher avec des solutions alternatives venant du terrain.

Il n’y a donc pas qu’un seul Alternatiba en construction?

Non! Il y en a plus de 60 prévus d’ici à la Conférence de Paris. Surtout dans les pays francophones, mais aussi en Allemagne, Autriche, Turquie, Espagne... Certains ont déjà eu lieu. A chaque fois ces événements ont réuni plus de 10’000 personnes. Les gens sont intéressés par des choses concrètes: les énergies renouvelables, la finance responsable, les systèmes d’échanges locaux, la mobilité douce, l’agriculture et l’alimentation de proximité etc. Pour beaucoup, c’est plus intéressant et mobilisateur que les discours. Sur le bassin lémanique, 100 associations de toutes sortes se sont pour l’heure inscrites. Qui que ce soit qui a des démarches positives sur le climat est le bienvenu à cet événement qui se déroulera dans le quartier de Plainpalais à Genève. 

Pourquoi avez-vous tenu à un événement transfrontalier?

C’est la réalité de Genève aujourd’hui! 400’000 personnes habitent le canton et 400’000 autres gravitent autour, dont 30’000 Suisses. Un modèle de développement respectant l’environnement doit être construit pour la région et ne doit pas s’arrêter aux frontières cantonales. Nous partageons un même espace géographique cohérent. Pour exemple: les 80’000 pendulaires qui viennent travailler à Genève! Voici un enjeu sur tous les plans. Quel type de mobilité pour eux, quel logement, à quel endroit, au détriment de qui? Les Français de l’Ain et de la Haute Savoie se mobilisent énormément pour Alternatiba, car pour une fois nous les prenons en compte. Il y a d’ailleurs beaucoup de paysans français qui sont actifs dans les préparations. Ils proviennent essentiellement de la Confédération paysanne et/ou des AMAP. 

Qu’avez-vous au menu?

Le vendredi 18 septembre il y aura uniquement un grand meeting d’introduction et puis tout le reste se déroulera du samedi 19 au dimanche 20 septembre. Une trentaine de conférences sont d’ores et déjà planifiées. Il y a douze espaces thématiques et chacun d’entre eux pourra proposer des ateliers, conférences, actions, animations et stands. Ainsi nous pouvons nous attendre à plus de 100 événements. Pour rendre le tout convivial, nous négocions avec la ville une piétonisation de l’espace. Depuis le bout de la plaine de Plainpalais où se situe la maison des Associations jusque vers la région de l’hôpital. Sont inclus des espaces ouverts, dans la rue et des lieux fermés comme la salle Communale de Plainpalais, la Maison des Associations ou l’Ecole sociale.

En ce qui concerne la nourriture, nous allons centraliser l’offre et cuisiner pour toutes et tous. Nous sommes en discussion avec des paysans de la région pour qu’ils plantent en fonction des besoins annoncés. 

A propos, au niveau paysan, quelle mobilisation attendez-vous?

Les personnes les plus concernées par une telle démarche sont les AMAP/ACP, la vente directe mais aussi les syndicats paysans comme Uniterre et la Confédération paysanne française qui proposent des alternatives à la tendance actuelle. Ils y ont toute leur place. Nous espérons que cet espace thématique sera très vivant car il y a beaucoup d’attentes à ce niveau. Lorsque on parle des alternatives pour réduire notre impact négatif sur le climat, l’agriculture de proximité et paysanne est toujours citée en exemple. Ainsi, Alternatiba est une occasion rêvée pour se faire connaître, pour gagner des adhérents, des consommateurs. L’initiative pour la souveraineté alimentaire pourra aussi y trouver un terreau fertile. Parmi les animations proposées il y a l’échange de semences, un marché paysan, ou encore des collaborations avec des cuisiniers pour faire déguster des produits régionaux. Il y aura aussi des projets urbains sympathiques comme les poules en ville, les jardins partagés ou les «incroyables comestibles» qui visent à semer les villes de légumes gratuits. 

Comment décrirais-tu la mobilisation en cours?

C’était un peu particulier car nous avons commencé les démarches très tôt, il y a une bonne année. Alors nos interlocuteurs nous disait: «sympa comme idée, on se recontacte dans un an?». Seulement pour mettre sur pied un tel événement il faut du temps car rien que pour les espaces publics, il faut annoncer très tôt nos besoins à la Ville. Et il faut être en mesure de coordonner les besoins logistiques, financiers ou autres provenant de 12 espaces thématiques. Maintenant, à 8 mois de l’événement, ça grouille, il y a une belle dynamique. Les gens apprécient de travailler par thème car cela permet d’avoir des groupes restreints et concrets et de créer des liens. Fin janvier, lors d’une assemblée, nous étions plus de 120 à nous retrouver. Le noyau dur est constitué de 40 personnes, ce n’est pas rien. L’organisation est très autonome et décentralisée grâce aux espaces thématiques. J’ai le sentiment qu’une grande histoire se prépare, ce sera sûrement marquant pour la région! C’est la garantie d’une visibilité exceptionnelle des alternatives.

Quelles sont les prochaines échéances?

D’ici mi-avril nous devrions avoir les plans fermes sur ce qui va se passer à l’extérieur (stands, animations, ateliers, musiques etc.). Au niveau de la coordination, nous avons des réunions régulières. Quant aux espaces thématiques ils s’organisent à leur rythme. En avril, nous planifions un événement public pour mieux faire connaître la démarche. 

Du 6 au 7 juillet nous accueillerons à Genève le Tour de France en tandem 4 places qui fait le tour des Alternatiba; cela représente tout de même 5’000 km. Il démarre le 5 juin à Bayonne et arrive le 26 septembre à Paris.

Propos recueillis

par Valentina Hemmeler Maïga

 

S’engager: participer à Alternatiba

Vous êtes intéressés à participer, à présenter votre contribution? Vous souhaitez proposer un atelier, une conférence, une animation? L’espace thématique agricole et alimentation est en route. Contactez rapidement les organisateurs !

Des bénévoles sont également recherchés, en nombre, pour aider à la logistique, la pub, la cuisine etc.

Un site pour tout cela: 

www.alternatiba.eu/leman

leman@alternatiba.eu