jeudi, 27 août 2015

reichenbach vachesLe canton de Neuchâtel est à ce jour doté d'un seul abattoir, situé au Pont-de-Martel. La remise en fonction et aux normes de cet abattoir était une volonté de la Chambre neuchâteloise d'agriculture. Elle a piloté le processus, le financement et créé la coopérative d'abattage. C'est donc les milieux paysans qui ont financé cette structure et non les bouchers.

 

A ce jour, cet abattoir fonctionne et est probablement à la limite de ses capacités. Il ne prend également pas en charge les abattages d’urgence. Ce qui fait que les bêtes finissent à l’équarrissage... ce qui est regrettable.

 

Parallèlement, l’abattoir de Môtiers et celui de la Chaux-de-Fonds ont fermé. Philippe Reichenbach, Président de la section Uniterre déplore la fermeture de l’abattoir de la Chaux-de-Fonds. «C’est un abattoir qui date de 1906, qui a été pensé de manière très intelligente lors de sa construction. Il possédait 3 halles différentes et un flux parfait de la marchandise. Il y a plus de 25 ans, quand Bell a renoncé à abattre à la Chaux-de-Fonds, il était surdimensionné pour son utilisation réelle. Mais des transformations simples auraient été possibles». Les autorisations des services vétérinaires pour exploiter les lieux sont valables 10 ans. Au moment du renouvellement, le boucher n’a plus voulu investir et la commune a souhaité reconvertir le bâtiment. Naîtront un restaurant, une brasserie et un lieu culturel...

Quelles options demeurent pour les éleveurs?  «Certains envoient leurs bêtes à Courtepin ou à Estavayer. Mais il faut passer par un marchand intermédiaire pour que les bêtes soient acceptées dans ces grands abattoirs. Sinon, heureusement, le canton du Jura conserve des abattoirs/boucheries de village». Certains éleveurs profitent de cette possibilité pour garantir une traçabilité et une maîtrise de leur filière. Et s’il faut passer par les marchés surveillés, il n’y pas à chaque fois le prix attendu pour la bête. «Les acheteurs sont en position de force puisqu’en tant que paysan, quand on amène une bête s’est pour faire de la place à l’écurie. C’est rare qu’on choisisse de la ramener».

Et remettre aux normes un ancien abattoir? Philippe n’y croit pas trop. Selon sa vision, un abattoir devrait être à la charge des bouchers qui assumeraient le plan de financement. «Or quel boucher souhaite encore travailler de cette manière? Qui désire encore aller choisir les bêtes sur les pâturages? Nombre d’entre eux préfèrent s’approvisionner en carcasses chez des grossistes. L’âme de l’artisan-boucher semble s’être perdue...».