mardi, 22 décembre 2015

IMG 1556«Fin de partie»: serrer la vis à la spéculation sur les denrées alimentaires - on vote!

Le 28 février 2016, l‘initiative populaire «Pas de spéculation sur les denrées alimentaires (initiative contre la spéculation)» sera soumise au vote. Le 14 décembre, lors d‘une conférence de presse, les organisations humanitaires, les associations d‘agriculteurs, les organisations religieuses et les partis politiques de «l‘alliance contre la spéculation sur les denrées alimentaires» se sont exprimés sur la campagne prévue pour obtenir un clair «OUI» pour cette initiative. 

 

 

Actuellement, 1.8 milliard de personnes souffrent de la faim ou de malnutrition. L’ONU a qualifié la famine de plus grand problème non résolu de notre monde. La faim dans le monde est accentuée aujourd’hui par la spéculation sur les marchés financiers et ce nouveau facteur peut être stoppé par l’initiative «Pas de spéculation sur les denrées alimentaires». Les institutions financières, dont le siège ou une succursale est en Suisse, ne seront plus autorisées à spéculer sur les prix des dérivés agricoles. Aujourd’hui, en Suisse, un certain nombre de fonds d’investissements étrangers ainsi que des traders spéculent sur le prix des denrées alimentaires conduisant à une extrême volatilité des prix. Ce marché cause la faim et la pauvreté dans le monde. 

Uniterre soutient cette initiative car elle permet de mettre le doigt sur une problématique qui nous tient à coeur. En tant que paysans, maillon essentiel de l’alimentation humaine, de Suisse et d’ailleurs, nous pouvons témoigner de l’impossibilité de lier la production de denrées alimentaires aux lois de l’ultra-libéralisme. Il est bien clair que la spéculation en est la pire de ses formes et qu‘elle est apparue récemment. Malheureusement elle a déjà montré toute l‘étendue de ses capacités de nuisance. Les paysans, qu‘ils exploitent un énorme domaine de plusieurs centaines d‘hectares dans un pays industrialisé, ou qu’ils s’occupent de quelques ares dans un pays en développement savent que leurs productions dépendent de nombreux facteurs climatiques sur lesquels le plus gros des tracteurs n’aura aucune influence. En ces jours de grandes décisions pour notre planète sur le climat, cette discussion résonne encore mieux à nos oreilles.

Pour nous paysans, qui aimons notre métier, qui nous levons tous les matins tôt pour nourrir nos semblables, le fait de savoir que certains s’enrichissent outrageusement sur le dos des producteurs et des consommateurs, sans jamais se salir les mains ni même savoir sur quoi ils spéculent nous gênent tout particulièrement. En tant que gens de la terre, nous sommes souvent éduqués dans le respect de la nourriture et le slogan de la campagne «on ne joue pas avec la nourriture» m’a tout particulièrement touché. L’application de cette initiative serait un signal fort de notre pays. Il est bien clair que des moyens importants seront mis pour y barrer la route. Pour ma part, j‘ai déjà entendu des critiques notamment au niveau des postes de travail en jeu. Même si je ne crois pas que ces craintes soient justifiées, j’aimerais souligner que l’agriculture dans notre pays a perdu 150’000 emplois en 30 ans passant de 300’000 à 150’000 emplois de 1985 à nos jours. Ceci bien sûr est valable dans la plupart des régions du monde. Malheureusement personne n’y voit de problème et le phénomène ne va pas en diminuant. Nous pourrions donc sans problème atténuer la perte d’emplois dans l’agriculture voire augmenter le nombre d’emplois afin de compenser les postes que nous perdrions dans le trading. Bien sûr je ne suis pas sûr que les spéculateurs soient d‘accord de se salir les mains! Alors ne jouons plus avec la nourriture!

Philippe Reichenbach, Président Uniterre Neuchâtel