vendredi, 29 avril 2016

lecourrierINITIATIVE UNITERRE: UN PREMIER PAS VERS UNE AUTRE AGRICULTURE. Par Dominique Hartmann, Le Courrier du 28.04.16

La souveraineté alimentaire mobilise. En peu de temps, quatre initiatives sur la question ont abouti. Dernière en date, celle d'Uniterre, annonçait hier la Chancellerie fédérale.
Alimentation saine, transparence, salaires dignes dans l'agriculture, tout ou partie de ces promesses a intéressé les signataires. Signe que le rejet des dérives mondialistes en la matière progresse.

 


Même si le peuple a rejeté massivement, en février dernier, le texte des Jeunes socialistes demandant d’interdire la spéculation sur les denrées alimentaires, les Suisses pourraient être séduits par l’initiative d’Uniterre. Elle propose en effet une mise en oeuvre cohérente et globale du principe de souveraineté alimentaire. Et prépare le terrain pour un autre modèle de société.
L’initiative d’Uniterre réclame premièrement des rémunérations dignes de ce nom pour le monde paysan. Elle proscrit aussi l’emploi d’OGM dans l’agriculture suisse, dont celle-ci n’a d’ailleurs guère besoin. Mais le monde agricole rejoint aussi les souhaits des consommateurs, en
favorisant la transparence de la production alimentaire et en promouvant les circuits courts entre client et producteur; le succès de l’agriculture contractuelle montre déjà qu’un nombre croissant de citoyens refuse désormais d’ingurgiter n’importe quoi à n’importe quelle condition.
Réclamant un renforcement de la production nationale, ce type d’initiative court évidemment le risque d’être jugée protectionniste. En réalité, le modèle retenu voit au-delà des frontières. Car Uniterre demande aussi de ne tolérer aucune subvention à l’exportation de denrées alimentaires, ce qui revient à protéger les économies du Sud.
Ce plaidoyer pour une agriculture locale rejoint enfin une autre préoccupation, celle du climat.
Compte tenu des pratiques actuelles de l’industrie agroalimentaire, l’agriculture est responsable de près de 15% des émissions de gaz à effet de serre de la planète. Le modèle imaginé par Uniterre tente de substituer à ces pratiques une agroécologie s’appuyant sur l’agriculture locale.
Une façon de prendre à la racine un mal qui finira par rejaillir sur l’humanité puisque 70% des cultures devraient être affectées par le changement climatique. Une façon aussi de redessiner la carte agricole mondiale, à l’heure où les agrocarburants dévorent les espaces disponibles, affamant là-bas pour réduire ici les coûts de la mobilité.
Des questions essentielles trouvent des réponses audibles dans ce texte.

http://lecourrier.ch/abomail/pdfs/8ceae6a7a3681a4/LeCourrier_2016-04-28.pdf