Nous exigeons un renforcement de l'agriculture paysanne!
Notre objectif pour le dépôt de cette initiative populaire est de lancer un débat public aussi large que possible au sujet de notre alimentation, de l'agriculture et des implications politiques. Nous voulons lancer ce débat pour éviter que notre Constitution ne dégénère en avortement.
Il s’agit donc de notre État (manière d’être et entité politique) à toutes et à tous, ni plus ni moins! Il s’agit de nourriture, d’humains, d’équité sociale, de salaires et de prix équitables. Nous avons besoin de solutions applicables à toute la planète. Dans le fond, ce besoin est incontesté depuis longtemps - au vu des crises alimentaires et des nombreuses personnes chassées de leurs terres. C’est ce qui nous pousse à parler de la préservation de l’agriculture paysanne et nous faisons des propositions concrètes pour aller dans ce sens, contrairement à la politique agricole actuelle qui suit le dogme «croître ou céder» et poursuit la stratégie désastreuse de la croissance.
Le marché dit «libre» est obsolète. Nous ne croyons pas à la politique de libre-échange néolibérale du Conseiller fédéral Schneider- Amman. Nous sommes d’avis que le com- merce - et notamment le commerce avec les aliments - a besoin de règles et d’instruments de réglementation. Nous présentons donc des stratégies qui prennent les entreprises familiales paysannes et les nouvelles formes de coopération au sérieux et leur accordent un rôle majeur.
Nous le savons et c’est prouvé depuis long- temps: L’agriculture paysanne est flexible et elle a la capacité d’utiliser des ressources vivantes tels les animaux et les plantes de façon durable avec l’aide du soleil et du sol. C’est tout le contraire de l’agriculture industrielle, qui nécessite plus de ressources qu’elle n’en produit, entre autres, parce que les impacts à long terme ne sont jamais pris en considération. La majorité de la population suisse souhaite une agriculture paysanne et elle est prête à la soutenir.
Résoudre des problèmes complexes requiert des réflexions concertées, c’est le seul moyen d’approcher les solutions. Nous ne pouvons, par exemple, pas tout miser sur l’écologie et ignorer les données économiques. Nous ne pouvons pas lutter contre le chômage avec la croissance économique en jetant par-dessus bord tous nos principes éthiques et sociaux. Nous ne pouvons pas encourager la produc- tion de surplus et critiquer l’effondrement des prix. Par conséquent, des instruments - par exemple la gestion des quantités et la transparence du marché - sont nécessaires pour mettre à jour les causes et y chercher des solutions.
Nous exigeons la souveraineté alimentaire - un concept du mouvement mondial de La Via Campesina -, parce que ce concept a été élaboré de concert par des paysannes et des paysans du Nord et du Sud. Si nous regardons au-delà de notre assiette, nous pouvons trouver des solutions solidaires. Si nous préservons l’agriculture paysanne, qui a un lien avec le sol et qui est adaptée aux spécificités locales, si nous la préservons chez nous et dans le monde entier, nous allons surmonter toutes les crises.
Ulrike Minkner, vice-présidente d’Uniterre
Photos du journal: Demir Sönmez
> journal d’Uniterre - mars 2016 - en pdf
>> photos du dépôt de l’inititative - Berne - 30 mars 2016