vendredi, 01 mars 2019
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Les citoyens helvétiques ont tranché le 10 février dernier. Ils ne souhaitent pas offrir une protection supplémentaire à nos précieux sols. Réflexions en lien avec la Souveraineté alimentaire.

Pour les membres d’Uniterre, la votation du 10 février dernier laisse comme une impression désagréable de déjà-vu. Si l’on reprend les acteurs-clé de cette tragédie, on a d’un côté les Jeunes Verts, dans le rôle des gauchistes idéalistes et dictateurs, et de l’autre, les milieux économiques et les partis bourgeois, posés comme fiers défenseurs de la liberté d’entreprendre. Au cœur du champ de bataille, nos sols continuent de se réduire, impuissants face à l’assaut de nos gourmands besoins en routes, habitations, espaces de détente, de loisirs, et surtout, temples de consommation.

De même que pour le texte que nous avons défendu au mois de septembre 2018, l’initiative Stop Mitage a connu d’abord un excellent départ. Les sondages étaient encourageants. Ils ont malheureusement vite dégringolé, à la faveur de la contre-campagne choc des opposants. Les arguments classiques ont été mis en avant : perte de liberté individuelle, recul économique, extrémisme… et malheureusement, ils ont fait mouche. Au final, c’est 63,7% de votants qui ont dit non.

Nous félicitons les Jeunes Verts pour avoir porté ce débat sur la place publique. Comme bien souvent, la votation populaire est l’occasion de mettre en avant les intérêts collectifs avant notre petit confort personnel. Le comité directeur d’Uniterre avait choisi d’apporter son soutien à l’initiative, parce qu’elle reprenait une de nos préoccupations majeures : la préservation de terres agricoles, précieuse richesse d’un pays, pour garantir l’approvisionnement durable de notre population. Certes, la sévérité du texte dans certains de ces aspects avait de quoi effrayer le monde paysan. Car les constructions agricoles étaient aussi dans le viseur, et en conséquence, certaines productions telles la volaille ou le porc risquaient de voir leurs opportunités diminuer.

Il est pourtant une vérité qu’il est grand temps que nous admettions : nous vivons dans un monde aux contours bien délimités. L’argent peut bien couler à flots, il ne permettra jamais de faire apparaître, d’un coup de baguette magique, de nouvelles terres où nous pourrons nous étendre. A quoi bon construire de nouvelles maisons, si on ne peut nourrir les familles qui s’y trouvent ? Notre génération, mais surtout celles qui nous suivront, auront à se prêter au plus périlleux des exercices d’équilibriste : découvrir le nombre magique, celui d’une population qui, à l’intérieur d’un périmètre défini, voit ses besoins satisfaits, que ce soit en termes d’alimentation, de logements, de places de travail ou d’espaces de détente. Quel est ce nombre ? Est-ce à dire que nous sommes trop nombreux, ou en voie de l’être ? Ou est-ce l’accaparement des privilèges par une poignée d’individus qui crée ce chaos ? Une chose est certaine, une belle occasion d’inverser la vapeur vient encore de nous passer sous le nez.

Vanessa Renfer, secrétaire d'Uniterre et paysanne