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Un groupe de la société civile vient de lancer une pétition qui s'adresse au Conseil d’Etat du Canton de Vaud et à la Municipalité de la Ville de Lausanne.

Son objectif : agir sans attendre pour garantir la souveraineté alimentaire et favoriser les transitions professionnelles vers les métiers liés à la production agricole biologique locale.

Préambule

Selon l’OFAE (Office fédéral pour l’approvisionnement économique du pays) : « La production suisse couvre, en moyenne, 50 % de la demande. Cela signifie que notre pays est tributaire de l’étranger pour couvrir totalement ses besoins en aliments. »

Le 17 décembre 2018, l’assemblée générale des Nations Unies a voté en faveur de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan-nes et des autres personnes travaillant dans les zones rurales. La Suisse s’est fortement impliquée dans ce processus et a voté pour son acceptation. La mise en œuvre de la Déclaration correspond à la réalisation de la souveraineté alimentaire.

Le 29 septembre 2018, l’initiative populaire pour une souveraineté alimentaire est rejetée par 68,4% des Suisses. Cependant, 4 cantons romands ont dit «oui». Le canton de Vaud accepte à 57% l’initiative d’Uniterre.

Le 19 mars 2019, l’urgence climatique est déclarée par le Parlement vaudois.

Le 15 août 2019, la Ville de Lausanne émet un rapport sur les pistes à suivre pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2030.

Le 24 juin 2020, le Conseil d’Etat adopte le Plan climat 1ère génération, présente les mesures d’impulsion du Plan climat vaudois et répond aux objets parlementaires.

Face à l’urgence climatique et la destruction rapide de la biodiversité, la préservation de nos vies est une nécessité absolue. Nous sommes inquiet-es face à la dépendance alimentaire qui nous amènera dans une situation plus dramatique encore lors des prochaines crises économiques, écologiques et sanitaires.

En conséquence, l’urgence nous force aujourd’hui à demander:

  • Au Canton ; la mise en place de la souveraineté alimentaire par le biais d’une agriculture écologique et diversifiée tournée vers la production locale, ainsi que des conditions de travail équitables. Nous demandons l’augmentation du nombre d’actif-ves dans l’agriculture, la garantie du droit à l’utilisation, à la multiplication, à l’échange et à la commercialisation des semences par les paysan-nes. Le Canton doit garantir la transparence sur le marché et favoriser la détermination de prix équitables. Le Canton doit veiller au renforcement des échanges commerciaux directs entre paysan-nes et consommateurs-trices. En outre, le Canton doit mettre en place, par le biais de subventions des mesures d’insertion socioprofessionnelles, la valorisation des métiers liés à la terre et aider ainsi à la transition professionnelle. Ces métiers sont l’avenir dans un monde qui doit repenser les métiers cruciaux liés au changement climatique et à la perte de la biodiversité, ces dangers imminents pour notre survie.
  • A la Ville de Lausanne sur la base du contenu du Rapport-préavis Nº 2019 / 30 du 15 août 2019 de la Ville de Lausanne d’étendre son rayon d’action par ; – la transformation des espaces verts de la ville en des espaces de formation et de transition métiers et de production agricole en conformité avec des normes écologiques (bio, perma, sans OGM). Nous lui demandons d’être innovatrice et avant-gardiste dans son rôle de capitale vaudoise en favorisant la formation citoyenne aux métiers de l’agriculture biologique, la valorisation des métiers liés à la terre et à la transformation artisanale des produits alimentaires et de faciliter la transition par le biais des mesures d’insertion socioprofessionnelles communales.

Signez la pétition : https://autonomie-alimentaire-et-transition.ch/?fb...

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La Section Uniterre Fribourg, s’est prononcée sur les initiatives qui seront proposées le 13 juin prochain.


En ce qui concerne l’initiative pour une eau propre, Uniterre Fribourg se prononce fermement pour le NON.
Si l’intention est louable, ce texte signifiera la mort de beaucoup d’exploitations agricoles de notre canton. Soyons honnêtes, c’est plutôt les paiements directs qui sont attaqués mais cela va probablement amener en plus une catastrophe écologique à long terme. Pourquoi ?


De petites exploitations, en zone de Préalpes par exemple, se sont diversifiées et ont construit des poulaillers bio avec sortie en plein air. Avec l’obligation de produire l’affouragement sur l’exploitation pour pouvoir toucher des paiements directs, elles ne pourront plus garder leurs poulaillers car il n’est pas possible de produire les céréales permettant de nourrir ses animaux quand vous êtes à 900 m d’altitude. Il ne leur restera que les dettes sur les bras puisqu’il ne sera plus possible d’amortir les installations. Ce cas de figure est également applicable aux élevages de porcs. La diminution des poules entraînera la diminution de production d’oeufs également. Ces productions devront donc être importées.

Cette initiative tape à côté du problème car il aurait fallu prendre cette mesure au niveau national et pas sur une seule et unique exploitation. Avec une géographie très différente d’une région à une autre, il n’est pas toujours possible de produire de manière diversifiée puisque les paysans dépendent de la qualité de leurs terres, de l’altitude,etc… Le petit-lait, les pommes de terre non consommées par la population, la pulpe de betterave, etc… sont recyclés dans la nourriture des animaux. Cela ne sera plus possible à moins de perdre les paiements directs. Le lisier est un engrais naturel, s’il n’y a plus d’animaux, il n’y aura plus de lisier non plus.

Ne pouvant remplir les obligations résultant de l’initiative pour une eau propre, un 20 % des exploitations sortira vraisemblablement des paiements directs et produira de façon intensive de manière à compenser cette perte des paiements directs. Les surfaces écologiques liées à la PER (prestations écologiques requises, qui est le mode de culture d’une très grande majorité des paysans) seront donc converties en surfaces intensives avec une libre application de pesticides ou d’insecticides. La surexploitation de ces surfaces à elle seule annulera le bénéfice de l’initiative.


L’interdiction d’utiliser des pesticides entraînera une perte de rendement de 20 à 30 % à la production alors que nous ne sommes en mesure actuellement de couvrir qu’un petit 50 % des besoins de notre population. Dans cette initiative on parle de pesticides de manière générale qu’ils soient de synthèse ou pas, il n’y a pas de différence. La production biologique sera elle aussi touchée par cette interdiction des pesticides.
En Suisse notre eau est de qualité exceptionnelle et il ne faut pas oublier que les pollutions que nous connaissons aujourd’hui relèvent des autorisations émises par nos autorités fédérales qui valident l’homologation des produits. C’est donc à eux de faire leur travail et à ne pas se fier uniquement aux recommandations émises par les fabricants de ces mêmes produits. La législation est déjà suffisante, il faut qu’elle soit appliquée. Le scandale chlorothalonil a été rendu possible parce que les autorités n’ont pas fait leur travail.



Initiative sur les pesticides de synthèse.
Oui le monde paysan doit limiter au maximum l’utilisation des pesticides de synthèse mais nous n’avons pas attendu le lancement de cette initiative pour le faire. Pour preuve, en dix ans, cette utilisation a diminué drastiquement et nous continuons dans cette ligne.


Comme d’habitude, on met la charrue avant les boeufs, on interdit et on verra après. Cela pose de nombreux problèmes et aura un impact sur le revenu paysan et provoquera un nouveau tsunami dans la disparition des fermes. Pourquoi ?


Les producteurs de viande vont être mis sous pression avec une diminution de 40 % annoncée par les initiants pour utiliser les surfaces pour cultiver des fruits et des légumes. Le poulet et le porc sont particulièrement visés. La baisse de volailles amènera une baisse de production des oeufs notamment. Que va manger le consommateur ? Des produits d’importation.


Les inititiants garantissent que les produits ne correspondant pas à nos normes de production ne passeront pas la frontière. C’est absolument faux car la plupart de ces importations relèvent d’accords bilatéraux sous la bannière de l’OMC et le Conseil fédéral affirme qu’on ne peut pas y toucher. De plus quels seront les contrôles effectués, dans quels pays, qui les fera, qui paiera, tout autant de questions auxquelles personne n’a de réponse. Si cela se fait sur la base de déclaration, nous retrouverons le même scénario que pour l’autorisation des phytosanitaires, n’importe qui peut déclarer n’importe quoi lorsqu’il n’y a pas de contrôle. Les produits étrangers n’ont pas les mêmes normes que nous et, sous l’égide de l’OMC, nous continuerons d’importer sans aucun contrôle.


La conversion de prairies en cultures maraîchères entraînera également une baisse du cheptel bovin qui est déjà en crise aujourd’hui. Dans notre région c’est inconcevable, preuve en est les demandes répétées d’importation de lait et de beurre qu’on a connues en 2020 et qui sont de nouveau d’actualité.


Dans notre canton, la production de betterave, de pommes de terre, de colza, disparaîtra presque totalement car elle ne couvrira absolument plus les frais de production sans parler de dégager un salaire pour le producteur.


Les cultures sans labour disparaîtront également car il est impossible, notamment pour des questions climatiques, de cultiver sans pesticides et de dégager un revenu.


Les rendements de production de céréales baisseront d’un tiers environ et auront pour conséquence une recrudescence des importations. Or avec la souveraineté alimentaire, cela fait des années que nous demandons des limitations d’importation, nous sommes donc en contradiction avec nos propres principes notamment concernant les dégâts environnementaux liés aux transports.


Lors des discussions avec les initiants, ces derniers ont admis que des cultures allaient disparaître dans notre pays. Mais cela ne se limite pas à ça. Notre économie chocolatière par exemple ne pourra plus transformer le cacao car elle devrait acheter l’équivalent de la moitié de la production mondiale en mode bio. C’est absolument impensable. Que se passera-t-il ? Ces entreprises délocaliseront simplement leur production, leur transformation à l’étranger.


Cette initiative aura un impact beaucoup plus étendu qu’on ne le prétend. Si on regarde sous la vision des emplois, s’il y a délocalisation, il y aura aussi perte d’emplois et perte de consommateurs pour nos productions.


Lorsque toutes les productions seront sans pesticides de synthèse, les prix vont-ils aller à la hausse selon la loi du marché qui dit moins d’importations égal plus de valorisation des prix ?


Poser la question semble y répondre, moins on a de lait sur le marché plus le prix baisse. Où est la logique ? Produire sans pesticides de synthèse demande plus de main d’oeuvre, le prix des aliments doit en tenir compte pour garantir le revenu paysan.


Le moratoire sur les OGM arrivera à terme en décembre 2021, le comité fribourgeois s’inquiète que l’interdiction des phytosanitaires serve de prétexte à l’autorisation définitive des OGM (organismes génétiquement modifiés) sur le territoire Suisse. On ne peut revendiquer un monde naturel et laisser modifier génétiquement des plantes avec une grave atteinte à la biodiversité sous prétexte qu’on ne disposera plus de pesticides de synthèse.


Donc, au vu de ce qui précède, la section fribourgeoise s’oppose à ces deux initiatives même si Uniterre s’est prononcé pour le refus de l’initiative eau propre et pour la liberté de vote en ce qui concerne les phytosanitaires.


Les paysans suisses continueront de travailler dans le respect de la biodiversité, en limitant au maximum les intrants pour vous apporter une nourriture saine et fiable.

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La campagne « 2xNon » de la majorité du monde agricole laisse songeur ! Elle donne l’impression que tous les problèmes encaissés ces dernières décennies par les paysannes et paysans sont incarnés dans ces deux initiatives populaires. Est-ce vraiment la bonne cible, la juste question? Bien sûr nous ne sommes pas seuls responsables de la dégradation du climat, de l’effondrement de la biodiversité, de la déforestation de l’Amazonie, des transports à tout-va, du gluten, du trop de sucre et de sel et de bien d’autres choses encore. Mais nous en souffrons aussi, et nos enfants et petits-enfants n’en souffriront pas moins dans le futur. Nous n’oublions pas non plus que l’agriculture est une question de société, et pour cause nous avons tout simplement fait ce que les politiques ont commandité : l’Etat, l’industrie, les écoles d’agriculture, les grandes surfaces et le reste.

Et la santé publique est menacée par la chimie, d’accord les preuves sont là. Mais l’agriculture n’est qu’en partie responsable, et que même peu, c’est déjà trop. Mais depuis leur ferme, les producteurs la ferment ! Ce ne sont plus nos produits, ils sont industrialisés, additionnés, sujet d’actions de concurrence, de marketing à gogo par ceux-là même qui nous rémunèrent au minimum. Ils sont les champions d’un monstrueux gaspillage : 30, 40, 50%. Converti en surface agricole, en heures de travail, de pollution, de mépris, cela fait beaucoup mais ils sont dans leur droit, c’est encore vrai !

Et la santé de l’agriculture, de la campagne et de ces fermes, la santé de celles et ceux qui travaillent plus longtemps que les autres, qui s’en occupe à part les marchands d’innovation technologique? Pourquoi, dans les années quatre-vingts, a-t-on abandonné la régulation des marchés, supprimé la garantie des prix et des revenus, ouvert toujours plus les frontières, tout cela en échange de paiements directs, de concurrence effrénée ? Une politique qui saborde des centaines d’exploitations conduit autant à l’endettement qu’au découragement, anéanti les successions. Dire « 2xNon » n’est-ce pas entériner cette politique-là, celle de l’agrobusiness irresponsable ? Celle de l’Etat, le grand organisateur, censé être responsable du territoire et de la santé de tous, de la fertilité des sols, de nos rapports au monde ?

Alors où est le problème? Est-ce le contenu de ces deux initiatives ou l’orientation de la politique agricole ? Est-ce les citadins soucieux du bien-être collectif ? Est-ce les défenseurs de l’environnement qui poseraient problème ou est-ce le dispositif du libéralisme débridé qui profite à l’avidité d’une minorité ?

Si l’agriculture et l’alimentation sont en premier visées, c’est que c’est la première ligne de front existentiel pour toute la société. On ne peut pas leur reprocher car nous sommes leurs paysans, du moins on l’était avant que l’industrie et le commerce s’entremettent avec le libéralisme. Mais il n’empêche, nous sommes au front. Malheur aux contribuables s’ils sont mal servis par la politique agricole actuelle. La remettre en cause c’est peut-être le message des initiants et d’une partie des électeurs. Le 13 juin, phytos ou pas phytos, eau propre ou moins propre, les souffrances des campagnes demeureront et le bonheur de l’agro-business perdurera tant que le monde des paysannes et paysans restera sans son propre projet, sans citoyenneté audacieuse qui cherche à gagner plus tôt qu’à combattre les plus de 50% d’électeurs. C’est pourquoi pour combattre notre propre faiblesse nous voterons 2x OUI, même si nous avons des réserves à leur encontre.

Paul Sautebin, Sonvilier

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Au sein d'Uniterre, nous avons lors de différents échanges, discussions et consultations internes recueillis un certain nombre de réflexions que nous aimerions rendre accessibles à nos membres et sympathisants pour nourrir le débat afin qu'il permette à notre mouvement d'encourager la transition plus que jamais nécessaire vers une agriculture paysanne valorisée et durable sur les aspects économiques, sociaux et environnementaux.


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Au sein d'Uniterre, nous avons lors de différents échanges, discussions et consultations internes recueillis un certain nombre de réflexions que nous aimerions rendre accessibles à nos membres et sympathisants pour nourrir le débat afin qu'il permette à notre mouvement d'encourager la transition plus que jamais nécessaire vers une agriculture paysanne valorisée et durable sur les aspects économiques, sociaux et environnementaux.

En tant qu’association syndicale qui représente tous.tes les paysan.ne.s, nous devons accepter les différents avis des un.es et des autres. Nous devons les entendre. Ce ne sont pas les divergences d’opinion qui déchirent Uniterre ou le monde paysan, mais plutôt l’incapacité de nous écouter, de prendre en compte des positions divergentes. Le débat est sain et essentiel pour assurer la force de notre organisation. Le but de cette newsletter est de créer les bases d’une culture du dialogue au sein d’Uniterre.

Nous, paysan.ne.s, que nous soyons en faveur ou non des initiatives, nous SOMMES des paysan.ne.s, qui aimons notre métier et cherchons le maintien de l’agriculture en Suisse. Les voies pour y arriver ne sont pas toutes les mêmes. Mais celles et ceux qui ne pensent pas comme nous, ne sont pas nos ennemis, car l’amour de la terre nous réunit. Si nous n'arrivons pas à discuter entre nous, ce sont les non paysans qui prendront les décisions à notre place !

Si Uniterre veut être une force de proposition crédible, elle doit arriver à mettre tout le monde autour de la table, elle doit trouver des propositions concrètes. Et sans oublier que les consommatrices et consommateurs doivent être nos alliés, il faut donc aussi les entendre et leur expliquer...

Uniterre a adopté le "Non" à l'initiative "Eau propre" et la liberté de vote sur l'initiative "Interdiction des pesticides de synthèse" (voir prise de position). Nous rejetons très fermement l'initiative "Eau propre" puisqu'elle donne de mauvaises réponses et solutions à des vrais problèmes et questions. Elle rate totalement ses objectifs, favorise les importations et se focalise exclusivement sur l'agriculture avec des instruments de pénalisation financiers inadéquats. Ce n'est pas un hasard si "Avenir Suisse", organe de propagande ultralibéral, soutient cette initiative.

Quant à l'initiative "Interdiction des pesticides de synthèse", elle se focalise sur cette une seule thématique, tout en intégrant cependant les autres utilisateurs au sein de la société ainsi que les importations. Elle soulève toutefois de nombreuses questions du point de vue syndical sur son application dans le contexte politique actuel et le cadre d'un gouvernement et d'une majorité parlementaire qui considèrent que l'agriculture suisse manque de compétitivité ; et qui rejette la négociation et la soumission des accords commerciaux à des critères de souveraineté alimentaire (priorité à un système alimentaire local, durable et démocratique).

A lire aussi:

Non aux fausses bonnes solutions ! Des paysan.ne.s d’Uniterre qui voteront 2xNON

Le paysan un NEINSAGER ? La parole à Alexis Corthay

POURQUOI NON à « 2xNon » ? de Paul Sautebin

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L'agriculture est face au mur ! La crise de l'agriculture revèle les défis de nos sociétés industrielles. Notre organisation économique et politique a un impact lourd et problématique sur la cohérence sociale et l'équilibre des écosystèmes de la planète. Il est impératif de réduire notre empreinte sur l'environnement naturel et de trouver un nouvel équilibre permettant de préserver les ressources pour les générations futures. Les initiatives sur les pesticides soumises à la votation en Suisse divisent la population et les paysan.ne.s et occultent les questions de fonds sans régler ces problèmes. Elles impliquent un report des impacts du système alimentaire sur les seul.e.s paysan.ne.s et sur des régions éloignées en dehors des frontières nationales. Les effets délétères de cette logique s'observent déjà et l'exemple de la production biologique du Sud de l'Espagne toujours plus industrielle avec ses dérives sur le plan social et technique est parlant. Les pesticides, l'utilisation excessive d'antibiotiques et la concentration spatiale de l'élevage ont un effet négatif sur la faune, sur la qualité de l'eau et sur la santé, mais qu'en est-il des polluants industriels et domestiques et les déchets dérivant de notre société de consommation ? N'y a-t-il pas là deux poids et deux mesures ?

Le commerce et l'industrie exercent une pression continue sur les prix à la production et poussent des paysan.ne.s toujours moins nombreux vers toujours plus de productivité. Et ce n'est jamais assez ! Chaque rapport agricole du gouvernement repète inlassablement que l'agriculture suisse n'est pas assez compétitive...En effet, la société et le commerce exigent toujours davantage de qualité et de critères écologiques de la part des producteurs et productrices sans remettre en cause la formation des prix et l'importance d'une juste valorisation de la production alimentaire.

Ces dernières décennies les gouvernements n'ont cessé d'encourager le démantèlement progressif de l'agriculture paysanne, la destruction quotidienne de trois fermes, la perte de dizaines de milliers de postes de travail dans l'agriculture, la spécialisation et la concentration des productions, le remplacement du travail humain par une mécanisation lourde, coûteuse et energievore.

La recherche agricole a été orientée dans cette perspective. L'avancement des connaissances agronomiques, la sélection variétale, la mécanisation et la protection phytosanitaire ont éradiqué les famines dans les pays industrialisés. Pour garantir l'approvisionnement avec une nourriture de qualité il faut agir sur la production et sur la répartition.

Les initiatives soumises actuellement au vote ne proposent pas d'encadrement du marché et sont injustes, incohérentes et contreproductives et il est dès lors important de rejeter ces deux textes. L'une est d'inspiration libérale, elle propose de transformer la retribution des services fournis par l'agriculture en outil de punition et déplace les problèmes écologiques à l'extérieur de nos frontières en appliquant un double standard entre la prodution indigène et les importations. L'autre initiative se focalise de manière dogmatique sur une technique dont les paysan.ne.s ne sont pas les auteurs, dont ils ne sont pas responsables, ni pour les autorisations de mise sur le marché, ni pour les critères d'application. L'autorisation de produits et leur analyse toxicologique sur l'environnement et la santé humaine doit dépendre de l'Office fédéral de la Santé et de l'Environnement. Les prescriptions quant à l'utilisation et l'application des produits doivent tenir compte des effets positifs et négatifs inhérents. A ce titre, il n'y a pas de différence à faire entre un produit synthétique et un produit naturel car bien qu'un produit naturel se décompose généralment plus rapidement ce qui constitue un avantage, il possède également une toxicité dont les effets doivent être analysés.

Pour Uniterre et le syndicalisme agricole il est important de défendre le concept de souveraineté alimentaire et d'agroécologie. Nous les défendons ensemble avec le mouvement paysan international La Via Campesina. Le premier concept revendique un contrôle démocratique des ressources et du marché. Le deuxième principe insère l'agriculture dans l'ensemble d'une société écologique. Ces deux initiatives avec leur réduction des problèmes à des aspects ou techniques ou en ciblant exclusivement l'agriculture sans approcher la question économique ratent définitivement leur cible, elles divisent plutôt que d'unir et empêchent par leur focalisation sur des aspects techniques l'union qui peut remettre en cause les rapports de force économiques dominants qui poussent aujourd'hui l'agriculture vers une course incessante et destructive à la compétitivité. Il faut rétablir une vérité de prix. L'instrument douanier peut y contribuer. Le crédit et les investissements doivent être orientés sur des objectifs d'intérêt commun et d'un accès aux ressources démocratisé. Les acteurs, producteurs, consommateurs et intermédiaires doivent être autonomes et capables de négocier des contrats sociaux qui permettent de fixer un prix pour une qualité donnée, un partage des risques et des bénéfices, un calendrier de livraison et une modalité de paiements d'accomptes.

Il est plus que temps d'arrêter cette folie de destruction d'une agriculture familiale diversifiée qui prend soin des ressources locales disponibles et qui approvisonne la population avec une nourriture saine et de qualité. La concentration de l'élevage en plaine dure depuis 30 ans et plus et doit cesser. L'élevage doit être prioritaire en montagne et dans les collines. La plaine doit en premier lieu servir pour les culture céréalières et végétales, les cultures de fruits, de légumes directement consommables par les humains. De toute évidence l'élevage a aussi une place en plaine, mais elle doit compléter les cultures végétales.

Manger sainement n'est pas un luxe, mais un droit auquel l'accès doit être garanti à toutes les couches de la population. On est là cependant dans le domaine d'une politique sociale, pas de la politique agricole.

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Au sein d'Uniterre, nous avons lors de différents échanges, discussions et consultations internes recueillis un certain nombre de réflexions que nous aimerions rendre accessibles à nos membres et sympathisants pour nourrir le débat afin qu'il permette à notre mouvement d'encourager la transition plus que jamais nécessaire vers une agriculture paysanne valorisée et durable sur les aspects économiques, sociaux et environnementaux.

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En traversant la Suisse de Genève à Romanshorn, les champs constellés de panneaux invitant les électrices et les électeurs à voter 2 X NON on prend bien la mesure de la détermination de la profession à faire barrage aux deux initiatives les concernant ce 13 juin prochain. Ces dernières, pourtant, auraient pu représenter pour nous une opportunité de nous remettre en question dans notre façon de concevoir notre métier et à en repenser les finalités. La façon de s’arc-bouter derrière nos certitudes n’est pas de nature à faire avancer la cause de notre profession vis-à-vis de la population. L’Initiative contre l’emploi des pesticides aurait dû en toute bonne logique être l’émanation des paysans eux-mêmes. Nous connaissons depuis longtemps les revendications de la majorité des citoyennes et citoyens de ce pays d’en limiter plus strictement leur emploi voire de les supprimer totalement, nous qui connaissons mieux que personne la toxicité des produits que nous utilisons, les dégâts qu’ils sont susceptibles de faire peser sur l’environnement commun et la diversité de celui-ci. Nous avons l’opportunité de nous distancer de l’agrochimie trop contente de nous laisser porter le chapeau des dégâts occasionnés par leurs produits sur l’environnement alors qu’elle nous avait donné la garantie de son innocuité. Notre position de victimes et de co-responsabilité est particulièrement inconfortable et nous oblige aujourd’hui à choisir notre camp. Devenus des « Neinsager » sur des sujets aussi importants, au prétexte du caractère trop extrême de leur libellé, cette position en porte-à-faux risque de nous être préjudiciable pour longtemps et provoquer un dégât d’image important. Il aurait été préférable de faire alliance avec la population plutôt qu’avec la Chimie et les institutions politiques largement influencées par les milieux de l’Economie, lesquelles ne veulent pas nécessairement notre bien ! Il suffit de considérer avec quelle légèreté les décisions politiques fédérales nous mettent régulièrement au défi en nous livrant sans défense à la concurrence mondiale notamment par les accords de libre-échange.

Il est vrai que notre profession a consenti de gros efforts en matière de protection de l’environnement, (surfaces de compensation écologiques, diminution dans l’utilisation de produits antiparasitaires…) mais c’est à chaque fois sous la contrainte de mesures liées à la politique agricole et non relevant de notre initiative. Nous avons la fâcheuse tendance à penser que nous sommes seuls maîtres à bord et seuls habilités à savoir ce qui est juste et bien sur nos terres.

J’en viens à souhaiter que cette Initiative soit acceptée pour nous redonner une chance de restaurer le dialogue perdu mais cette fois, activement, et en profiter pour redéfinir la meilleure manière de se réinventer et de réinventer notre rôle et notre mission avec tous les courants circulant dans notre société et disposés à accepter ce dialogue, appuyés par les milieux de la Recherche dont on connaît les performances possibles. Cette approche il faut la considérer comme une richesse à découvrir et non comme une contrainte à subir.

A nous de montrer la pertinence d’un slogan qui nous est cher « Proches de vous les paysans ». Cela doit être plus qu’un slogan car nous recherchons surtout d’être écouté-e-s mais trop rarement de nous porter à l’écoute des autres. C’est l’alliance avec la société civile, dont c’est le droit de décider quelle agriculture elle souhaite, qui nous donnera les meilleures chances de survie plutôt que de faire confiance au seul jeu politique dont nous ne sommes la plupart du temps que les instruments. Les PA que l’on nous impose depuis bientôt 20 ans, il faut en changer les fondements et le fonctionnement pour qu’elles deviennent le résultat d’un large débat avec les paysans et toutes les organisations civiles qui se sentent concernées et non le fruit des seule-s technocrates de l’OFAG aux influences obscures.

De plus, l’offensive massive des Big Tech (1) à l’image des GAFA, dont elles se sont assurées de l’appui, tissent leur toile à grande vitesse. Elles entendent réduire à leur botte l’agriculture mondiale, par une offre subtile en temps réels, de services de tous ordres (météo, marché, traitements, conseils, banque…) mais créant une dépendance irréversible à leur système.

Il en va de notre survie de bien choisir nos alliances si nous entendons garder notre indépendance, en la mettant au service de la communauté.

Un Oui à cette Initiative pourrait permettre une refonte totale et une remise à plat de la conception actuelle qu’ont nos Autorités quant au rôle de l’Agriculture dans notre société, un rôle à concevoir comme un maillon essentiel du bien-être commun, à sa capacité de produire une alimentation saine et à la manière de la préserver à long terme en la soustrayant à tous les marchandages politico-économiques et en renforçant le tissu social paysan dans toutes les campagnes de notre pays. Cette redéfinition ne saurait avoir lieu sans le consentement de ceux à qui elle est destinée et de nous, paysannes et paysans qui aurons charge de la promouvoir mais avec la garantie que nos droits d’en vivre décemment soient garantis.

(1) Lire à cet égard l’article paru dans Le Courrier, du 2 mai 2021 intitulé : L’agriculture sous contrôle numérique lui-même tiré d’une analyse de l’ONG « GRAIN »

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Au sein d'Uniterre, nous avons lors de différents échanges, discussions et consultations internes recueillis un certain nombre de réflexions que nous aimerions rendre accessibles à nos membres et sympathisants pour nourrir le débat afin qu'il permette à notre mouvement d'encourager la transition plus que jamais nécessaire vers une agriculture paysanne valorisée et durable sur les aspects économiques, sociaux et environnementaux.

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Uniterre s’est à nouveau penché sur les initiatives en lien avec l’agriculture qui seront en votation le 13 juin 2021. Voici les points essentiels qui en ressortent :

Liberté de vote pour « l’Initiative pour une Suisse sans pesticides de synthèse »

Vouloir se passer totalement de pesticides de synthèse est tout à fait louable et c’est ce vers quoi notre société doit tendre si nous voulons à l’avenir disposer de sols vivants et cultivables, et donc pouvoir nous nourrir. MAIS pour en arriver là, nous devons garantir aux paysan.ne.s notamment des prix équitables, un accompagnement dans la transition, et un engagement concret de la part des consommateur.trice.s : retrouvez toutes nos revendications ci-après dans l‘annexe 1.

Au delà des conflits pro ou anti phytosanitaires, nous voulons à Uniterre nous recentrer sur la vraie et lancinante problématique des prix ainsi que sur la remise en question totale d’un système qui ne fait que dégrader et détruire le monde paysan : un marché toujours plus dérégulé et une diminution de la souveraineté alimentaire au profit d’un libre-échange accru. C’est tout ce système qu’il faut remettre à plat !

C’est aux consommateur.trice.s de choisir le 13 juin 2021 de quelle alimentation ils.elles souhaitent disposer à l’avenir. Et si tel est leur souhait de se passer de pesticides de synthèse, alors nous nous battrons pour poser un cadre fort sur lequel s'appuyer pour bâtir nos revendications.

Non pour « l’Initiative pour une eau potable propre et une alimentation saine »

Il s’agit d’un projet punitif qui désigne les familles paysannes comme seules coupables des pollutions observables dans nos cours d’eau. Nous estimons que ce texte offre une très mauvaise solution au problème en présence. De plus, le point le plus grave concerne les importations. En omettant volontairement ce chapitre, l’initiative fait la promotion d’une agriculture suisse bien propre en ordre, sans se soucier de ce qu’il se passe chez nos voisin.e.s, ou à l’autre bout du monde. Ne serait-ce pas là la mise en place d’un système à deux vitesses ? Retrouvez notre argumentaire complet ci-après dans l‘annexe 2.

La campagne du 2 fois NON est contre-productive

Nous déplorons certains des arguments mis en avant dans le cadre de la campagne contre ces initiatives : dire que le prix de la nourriture exploserait, est-ce bien judicieux ? Alors que nous devons nous battre pour des prix plus justes payés aux paysan.ne.s ! Des emplois disparaitront peut-être ? Mais au contraire, une agriculture qui se passe de pesticides de synthèse nécessite une main d’œuvre plus importante ! Enfin, mettre dans le même panier ces deux initiatives est totalement contre-productif.

Ces initiatives auraient pu être l’occasion d’entamer un vrai DEBAT sur le système alimentaire que nous voulons pour le futur et auraient pu donner la possibilité de revaloriser le noble travail que font chaque jour nos paysan.ne.s, à savoir nous nourrir ! Au lieu de cela, nous assistons à une guerre stérile, qui est en train de diviser le monde paysan, ce que nous déplorons vivement. « Diviser, pour mieux régner ! », nous y revenons encore et encore…

Uniterre continuera la lutte pour des prix rémunérateurs et assurera son travail de défense professionnelle.

Contacts presse :

Rudi Berli, 078 707 78 83 (D/F)

Vanessa Renfer, 078 821 24 83 (F)

Annexe 1 : Argumentaire initiative pour une Suisse sans pesticides de synthèse

L’initiative « Pour une Suisse libre de pesticides de Synthèse », dite également Future 3.0, demande, dans un délai de 10 ans, l’interdiction de l’utilisation des produits phytosanitaires de synthèse en agriculture mais également pour l’entretien des paysages, espaces verts et espaces publics. Elle demande également à ce que les produits importés – pour l’alimentation humaine et animale – soient exempts de ces substances.

On ne peut nier les faits suivants :

  • La pression des consommateur.trice.s pour des produits exempts de pesticides de synthèse est de plus en plus forte.
  • Nous assistons à un effondrement de la biodiversité ; à une dégradation de la qualité des sols et de l’eau, dont l’agriculture est en partie responsable.
  • La recherche tire la sonnette d’alarme sur les conséquences dramatiques des produits phytosanitaires de synthèse sur la santé et avant tout sur celle des paysan.ne.s.

MAIS AUSSI que :

  • Nous assistons à la disparition du monde paysan : passage de 19% d’actifs agricoles en 1955 à 2% en 2005 ; à la disparition des fermes et des terres agricoles.
  • Les paysan.ne.s ont de moins en moins de marge de manœuvre ; on leur impose de plus en plus de contraintes environnementales et sur le bien-être animal ALORS QUE la pression sur les prix payés à la production s’intensifie: les paysan.ne.s ne sont pas rémunérés à hauteur du travail fourni et des exigences demandées.
  • Les paysan.ne.s sont de plus en plus endetté.e.s.

Vouloir se passer totalement de pesticides de synthèse est tout à fait louable et c’est ce vers quoi notre société doit tendre si nous voulons à l’avenir disposer de sols vivants et cultivables, et donc pouvoir nous nourrir.

MAIS pour en arriver là, nous devons garantir aux paysan.ne.s :

  • Des prix équitables, c’est-à-dire des prix qui couvrent les coûts de production, ce qui sous-entend :
    • Un engagement fort des consommateur.trice.s de consommer local et d’accepter que se nourrir a un coût : est-ce normal que la part actuelle de notre budget allouée à l’alimentation ne représente que 7% ? Il faudra toutefois trouver une solution pour aider les familles avec de très bas revenus, car une alimentation saine est un droit, pas un luxe.
    • Une prise de conscience de la grande distribution de sa responsabilité sociale, environnementale et économique qu’impactent directement ses stratégies commerciales (pression sur les prix, marges élevées, importations, etc.)
    • La mise sur pied par la Confédération d’un cadre assurant aux producteur.trice.s une information claire et transparente sur les marchés, sur les marges réalisées à toutes les étapes de la chaîne de valeur et surtout la participation pleine et éclairée des producteur.trice.s aux décisions sans distorsion de pouvoir. Cela conformément aux articles 2.3, 11 et 16 de la Déclaration sur les droits des paysan.ne.s.[1]
    • La Suisse doit également veiller à ce que les entreprises commerciales situées sur son territoire respectent et renforcent les droits des paysan.ne.s (art. 2.5).


--> Si demain, une production agricole sans pesticides de synthèse devient la norme, nous devons garantir que les prix à la production soient ajustés à la hausse et non nivelés vers le bas.

Si l’initiative venait à passer, nous exigeons :

  • Des mesures concrètes de la Confédération :
    • Les produits importés répondent aux mêmes obligations de production que la production indigène, sinon, ils sont interdits.
    • Une prise en charge garantie et prioritaire des produits indigènes.
    • Les importations ne viennent combler que les manques dans la production indigène.
  • D’investir massivement dans la recherche publique : dans certains cas, traiter ses cultures est indispensable, nous devons pour cela permettre de trouver des alternatives qui ne mettent en danger ni la santé humaine, ni animale, et qui préservent la santé des sols et la qualité des eaux. Il faut également intensifier la recherche de variétés résistantes aux maladies et aux aléas climatiques.
  • Favoriser les pratiques agro-écologiques : méthodes culturales, lutte intégrée, prévention des maladies, etc.
  • Accompagner les paysan.ne.s pour la phase de transition :
    • Revaloriser les salaires agricoles pour augmenter le nombre d’actifs travaillant dans l’agriculture
    • Adapter la formation initiale et complémentaire aux nouveaux défis
    • Renforcer la vulgarisation agricole par la formation de formateur.trice.s et la diffusion large de formations aux paysan.ne.s
  • Prendre des mesures concrètes pour stopper le gaspillage alimentaire : 2’600’000 tonnes d’aliments sont perdus chaque année en Suisse. Ce qui permettrait notamment de compenser les baisses de rendement, pouvant aller de 10 à 40% selon les cultures.
  • Sortir les produits agricoles des accords de libre-échange : ce sont bien les accords de libre-échange actuels qui mettent en danger l’approvisionnement local. Il suffit de regarder les dégâts que cela a provoqué dans le secteur viticole ! Libre-marché et plus de durabilité sont incompatibles !
  • Investir dans la sensibilisation et information des consommateur.trice.s.

--> Tout ce que nous demandons ici n’est rien d’autre que la Souveraineté Alimentaire, pour laquelle Uniterre se bat depuis des décennies au côté de La Via Campesina ! Et elle peut devenir réalité par la mise en œuvre de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des paysan.ne.s et des autres personnes travaillant dans les zones rurales dans les politiques intérieures et extérieures de la Suisse.

Si l’initiative venait à passer, il s’agit d’un projet de société où toutes et tous, nous sommes concerné.e.s. Nous ne pouvons demander aux paysan.ne.s d’assumer seuls ce tournant. Ce serait un changement radical de paradigme qui serait demandé et un vrai partenariat entre les consommateur.trice.s et les producteur.trice.s !


Annexe 2 : Argumentaire initiative pour une eau potable propre et une alimentation saine

L’initiative pour une eau potable propre et une alimentation saine souhaite conditionner l’obtention des paiements directs à plusieurs nouvelles règles, qui sont le renoncement aux pesticides de synthèse, le renoncement à l’utilisation de l’antibiothérapie prophylactique dans les troupeaux, et la détention d’animaux uniquement si leur fourrage peut être produit à 100% sur la ferme. Contrairement au premier texte, elle ne dit rien quant à la problématique des importations, et ne demande d’efforts qu’aux familles paysannes.

Un même but louable donc, mais un levier bien différent. Il s’agit d’un projet punitif qui désigne les familles paysannes comme seules coupables des pollutions observables dans nos cours d’eau. Dans leur argumentaire, le comité d’initiative a même l’audace d’affirmer que la population suisse paie les paysan.ne.s, via ses impôts et les paiements directs, pour polluer.

Nous estimons que ce texte offre une très mauvaise solution au problème en présence. S’il est bien clair que la majorité des exploitations n’auraient d’autre choix que de se soumettre aux nouvelles conditions d’obtention des paiements directs, l’initiative n’interdit de fait pas l’utilisation des produits phytosanitaires sur le territoire helvétique. Dans certaines branches de production, telles que la viticulture ou l’arboriculture, il n’est pas insensé de concevoir que des producteurs feraient le choix de poursuivre leur travail avec les substances en question.

Le point le plus grave concerne cependant les importations. En omettant volontairement ce chapitre, l’initiative fait la promotion d’une agriculture suisse bien propre en ordre, sans se soucier de ce qu’il se passe chez nos voisins, ou à l’autre bout du monde. Ne serait-ce pas là la mise en place d’un système à deux vitesses ? Or, Uniterre a toujours fait la promotion d’une alimentation saine, basée sur un système de production familial, paysan, le plus respectueux possible, et cela pour toutes les couches de la population.

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[1] La Suisse a l’obligation de tout mettre en œuvre pour renforcer la position des paysan.ne.s lors des négociations (art. 9.3), en tenant compte des déséquilibres de pouvoir existant entre les différentes parties et en garantissant leur participation active, libre, effective et éclairée (art 2.3). L’accès à l’information étant un point déterminant pour pouvoir négocier, les paysan.ne.s ont le droit de recevoir des informations concernant les facteurs susceptibles d’influer sur la production, la transformation, la commercialisation et la distribution de leurs produits (art 11.1).

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Le 7 février 1971, la Suisse accordait enfin le droit de vote aux femmes. Par la suite, il a fallu attendre 1995 pour que soit mise sous toit la Loi sur l’égalité entre hommes et femmes. On ne peut pas dire que la Suisse fasse figure de modèle dans ce domaine. Au niveau agricole, pas de quoi se vanter non plus. L’immense majorité des fermes appartiennent aux hommes et sont menées par eux. Plus grave encore : Alors que de très nombreuses épouses collaborent régulièrement aux travaux agricoles, à peine 30% d’entre elles reçoivent un salaire et bénéficient en conséquence d’une protection sociale. Dans les offices de vulgarisation, rares sont les conseiller.ère.s qui informent les couples de la manière de prévoir et calculer un salaire pour la femme.

Au niveau laitier, l’assemblée des délégués de producteurs est composée à plus de 99 % d’hommes. Pourquoi ? Parce que les femmes ne sont pas considérées comme des productrices, quand bien même elles sont présentes matin et soir à l’étable. Cela les prive de facto du droit à s’exprimer. Heureusement, les choses commencent à bouger, puisque la future politique agricole prévoit de rendre obligatoire la rémunération de l’épouse (ou de l’époux, dans quelques cas), sous peine de se voir priver d’une partie des paiements directs (subventions). N’est-ce pas triste, cependant, de devoir arriver à de tels extrêmes pour que le travail de la conjointe soit reconnu ?

Nous paysannes, nous nous battons au quotidien pour que le lait que nous produisons soit payé à sa juste valeur. Nous nous battons pour l’équité. N’est-il pas temps d’appliquer ce principe à nous-mêmes, et d’être nous aussi rémunérées convenablement ? Nous sommes aujourd'hui le 8 mars, Journée internationale des droits des femmes. En ce jour, osons revendiquer ce qui nous est dû !

Vanessa Renfer

Paysanne et secrétaire à Uniterre

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La Ferme du Lignon est une ferme urbaine aux multiples activités. La ferme pratique un maraîchage sans pesticides sur le modèle des planches permanentes de Jean-Martin Fortier sur petite surface. La production agricole comporte également des petits fruits, des oeufs plein air et du vin en vente dans le magasin à la ferme. La ferme abrite également chèvres, ânes, cochons et plusieurs salles de réception pour des événements ainsi que des chambres d’hôtes.


Afin de remplacer la personne responsable des jardins, ils recherchent un ou une maraîcher(e)

Missions du poste : Gérer et coordonner le travail de maraîchage et participer à l’élaboration et la transmission de modules pédagogiques pour différents publics.

Taux d’emploi : 50 % annuel, soit environ 25-30 % de novembre à mars et 70 % d’avril à octobre.

Localisation : Ferme du Lignon 51 B route de bois des frères 1219 le Lignon

Durée du contrat : Contrat à durée indéterminée

Entrée en fonction : Dès que possible- A discuter

Activités : La personne travaillera en collaboration avec deux autres personnes sur les secteurs jardin et pédagogique et sera en charge :

Gestion des jardins :

• Gestion administrative des commandes (matériel, plantons…)

• Planification des cultures maraîchères

• Organisation du planning hebdomadaire de travail (semis, plantations, désherbage, arrosage…)

• Soutien et encadrement de la personne travaillant au jardin

• Préparation du sol, suivi des cultures.

• Prise en charge ponctuelle de personnes venant aider aux tâches agricoles (stagiaires, bénévoles, personnes en réinsertion…)

• Aide ponctuelle au magasin de la ferme.

Visites et ateliers pédagogiques :

• Participation au développement de modules pédagogiques dans le cadre de l’école à la ferme et également d’autres ateliers de sensibilisation à l’alimentation.

• Accueil de classes et groupes divers.

PROFIL recherché :

• Qualification CFC ou titre HES agronomie ou expérience significative de plusieurs années.

• Expérience dans le domaine agricole de la culture de légumes bio et planification des cultures.

• Esprit d’équipe, autonomie, polyvalence, dynamisme et sens des responsabilités

• Sens pédagogique, aisance relationnelle, expérience dans l’animation, un plus.

• Maîtrise des outils informatiques (Word, Excel…)

Ce que la ferme offre :

Rejoindre une équipe dynamique, dans un cadre naturel atypique respectueux de son environnement. Participer à la construction d’un projet aux multiples facettes.

POSTULATION

Si vous avez ce profil et êtes motivé·e par ce poste, veuillez envoyer votre dossier complet (lettre de motivation, Curriculum Vitae, copie des diplômes et certificats de travail) à l'adresse info@ferme-du-lignon.ch

ATTENTION : Délai court de postulation jusqu’au 10 décembre 2020 !

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Des acteurs et actrices du commerce équitable à Genève appellent à résister aux sirènes du Black Friday et à soutenir le commerce de proximité équitable

Dans un contexte chamboulé par une fragilisation de nos systèmes économiques, notre consommation doit être fondamentalement revue. En réaction à la consommation frénétique du Black Friday, des acteurs et actrices du commerce équitable à Genève vous invitent à vous mobiliser pour favoriser une consommation qui replace l’humain et l’environnement au centre de nos achats.

Afin de rappeler la nécessité du respect des normes environnementales et sociales tout au long de la chaîne de création de valeur et celle de garantir un prix décent aux producteurs et productrices de nos biens de consommation, des acteurs et actrices du commerce équitable à Genève (voir contacts ci-dessous) avaient décidé d’organiser, du 21 au 28 novembre 2020, une semaine équitable, la Fair Week, en réaction à la consommation frénétique du Black Friday. Un programme riche était proposé qui a dû être annulé mais les acteurs et actrices du commerce équitable vous invitent à vous mobiliser pour favoriser une consommation qui replace l’humain et l’environnement au centre de nos achats.

Le Black Friday ou la frénésie des achats

En Suisse, le Black Friday est une tradition relativement récente qui s’est propagée à la vitesse d’un virus (patient zéro: Manor en 2014). Chaque année les chiffres dépassent ceux des années précédentes au point d’être devenu, même chez nous, le jour de shopping le plus importantde l’année.La plus grande partie des ventes se fait surtout en ligne au cours de la Cyber Week qui commence le lundi Cyber Monday avant le Black Friday, et dure 8 jours.

Mais ce sont les grosses structures qui gèrent des quantités énormes et peuvent bénéficier d’économies d’échelle qui sortent gagnantes de cette course aux bas prix en faisant pression auprès de tous les acteurs de la chaîne, pour qu’ils réduisent leurs coûts. Le prix à payer:l’exploitation des travailleuses et travailleurs et des productrices et producteurs tout le long de la chaîne de production, de transport et de distribution. Comme le dénonce l’ONG Zerowastefrance,«Les promotions n’existent pas, il y a toujours quelqu’un qui paye»!

Pour des enseignes de commerce équitable, mais aussi pour des magasins de produits locaux ou de produits artisanaux, cette course vers le bas prix est impossible à soutenir. Le mouvement du commerce équitable repose en effet sur le prix juste payé aux productrices et producteurs et la rémunération correcte de tous les salariés impliqués dans la chaîne. Tout le monde doit pouvoir avoir une vie digne grâce à son travail! La course au bas prix met déjà en difficulté nos magasins en temps normal; avec des évènements tels que le Black Friday, la pression devient insoutenable.

Notre appel: de proximité et équitable

La crise sanitaire du printemps 2020 a poussé les consommateurs et consommatrices à s’intéresser à ce qui se produisait près de chez eux. Malheureusement le retour à une situation plus «normale» a redimensionné cet intérêt et réactivé les comportements de consommation de masse orientés par le «plus et moins cher possible» et dirigés vers la grande distribution et les plateformes en ligne.

Nous,représentants du commerce équitable à Genève, prônons des relations commerciales aussi équitables et directes que possible -les fameux circuits courts. L’équité dans les échanges commerciaux ne se limite pas aux relations Nord/Sud. Les revendications de nos paysans et paysannes qui réclament également un prix plus juste et des conditions de travail décentes nous interpellent. Ainsi que la survie des petits commerces face à la concurrence des grandes plateformes de vente en ligne.

Nous lançons cet appel pour une remise en question durable de notre système de consommation et recommandons de privilégier les petits commerces de proximité; des structures et des biens qui garantissent des conditions de travail équitables et des biens produits en respectant les cycles de la nature, la biodiversité et un usage limité de produits nocifs pour l’environnement.

Le volet équitable est aujourd’hui d’autant plus important que les productrices et producteurs des pays du Sud, ainsi que leurs familles, sont touchés de plein fouet par la crise économique liée à la pandémie. Et ceci, souvent, dans des pays qui n’offrent aucun filet social et qui ne peuvent pas, à l’instar des pays plus riches, mettre en place des mesures de soutien extraordinaires.

Contacts :

•Claire Fischer, représentante Swiss Fair Trade pour la Suisse romande et le Tessin ; 079690 42 73, claire.fischer@swissfairtrade.ch

•Lara Baranzini, porte-parole de l’Association Romande des Magasins du Monde; 076 418 13 77, lbaranzini@mdm.ch

•Sophie de Rivaz, responsable du dossier «commerce équitable» à Action de Carême, membre du comité de Swiss Fair Trade; 078 708 42 99, derivaz@fastenopfer.ch

•Numéros de téléphone des structures qui participent à la Fair Week disponibles dans le flyer joint.

Communiqué de presse (pdf)

Dossier de presse