Si vous avez ouvert ne serait-ce qu’un seul journal ces dernières semaines, vous n’avez sans doute pas pu y échapper. Le terme « équitable » est partout. Il est particulièrement bien présent dans la bouche des porte-paroles de grandes firmes qui veulent donner une image positive et valorisante à leur employeur.
Nous connaissons tous le commerce équitable, avec les Magasins du Monde (en allemand : Weltläden) ou Max Havelaar, qui ont pour objectif d’offrir des conditions de vie décentes aux paysan-ne-s producteurs des quatre coins du globe. Il a fallu cependant bien des années pour que des voix s’élèvent et démontrent que la paysannerie suisse aurait bien besoin d’un peu plus d’équité elle aussi. Nous aurons néanmoins vite fait de remarquer que c’est un excellent argument publicitaire. Deux petits malins en Suisse l’ont très bien compris, sans faire tellement d’efforts.
Migros tout d’abord, qui dans une interview proclame que « tout son assortiment de lait peut être qualifié d’équitable, car le prix versé aux producteurs est le plus élevé de tout le pays ». Soit. Drôle de calcul quand même. Payer plus que d’autres ne signifie absolument pas que ce prix est correct. On en est même très loin. Ensuite, nous avons le petit nouveau Aldi, qui surfe sur la vague de sympathie à l’égard des paysans et sort, en collaboration avec Cremo, un lait équitable. Il fallait être bien assis en découvrant ce qui se cache derrière ce nouveau label. D’abord, une exigence supplémentaire vient peser sur les agriculteurs : le programme SRPA, obligatoire, est même carrément doublé pour atteindre 26 sorties mensuelles. Si le producteur possède une stabulation libre, à la rigueur, pas de problème. Mais s’il n’a pas eu l’opportunité de construire une écurie plus moderne, le voilà contraint d’utiliser une partie de son samedi pour sortir ses vaches, sans quoi il n’arrivera pas à son quota. Merci Aldi de quand même laisser le paysan se reposer le dimanche… Mais surtout, n’allons évidemment pas croire qu’ils font tout ça pour la beauté du geste ! S’ils augmentent effectivement le prix versé aux producteurs d’une vingtaine de centimes en moyenne, c’est bien 35 centimes de plus que les consommateurs devront débourser pour obtenir ce lait. Et voilà comment on gagne un peu plus tout en se donnant bonne conscience. Mais Aldi nous rétorquera sans doute que c’est pour le marketing et les frais divers…
On peut donc légitimement se demander: Qui se fait le plus arnaquer dans l’histoire ? Le paysan qui bosse un peu plus pour ces 20 centimes supplémentaires, alors que le prix final est de toute façon très loin de suffire pour vivre de la production laitière ? Ou le consommateur qui croit bien faire mais participe surtout à engraisser encore un peu plus des distributeurs qui ne sont pourtant vraiment pas à plaindre ?
A Uniterre, nous pensons que Migros et Aldi ont besoin d’un petit cours de rattrapage de français : « Equité : Caractère de ce qui est fait avec justice et impartialité ; l’équité d’un partage». Il est certain en tout cas que pour le moment, ces deux gammes de produits en sont dépourvues. L’équité, voyez-vous, se mérite. Les paysans ont rempli leur contrat. Chers distributeurs, c’est votre tour !
Vanessa Renfer
Faut-il inscrire le principe de sécurité alimentaire dans la Constitution? La question est posée aux citoyens suisses lors du scrutin du 24 septembre. Place publique de la Radio Télévision Neuchâtel (RTN) ouvre le débat avec quatre invités:
- Michel Darbellay, directeur de la Chambre jurassienne d’agriculture
- Francis Egger, membre de la direction de l’Union suisse des paysans
- Vanessa Renfer, paysanne à Enges et sécretaire syndicale d'Uniterre
- Noémie Roten, collaboratrice scientifique d’Avenir Suisse.
https://www.rtn.ch/rtn/Programmes/emissions/Place-...
Quelles tomates, quelles salades, quelles côtelettes dans vos assiettes? C’est la question que pose en filigrane le vote sur la sécurité alimentaire, sur lequel vous vous prononcerez le 24 septembre. Quels sont les enjeux du débat? Comment garantir aux Suisses un approvisionnement durable ET suffisant? Quelle dose de protectionnisme face au libre marché? Et finalement quelle agriculture pour demain? A 10 jours du vote, Infrarouge a ouvert le débat mercredi 13 septembre.
A ne pas manquer!
https://www.rts.ch/emissions/infrarouge/
Tout d’abord, j’aimerais commencer par féliciter la nouvelle équipe du secrétariat d’Uniterre : Michelle, Berthe et Vanessa car pour un ancien président d’Uniterre, c’est vraiment un plaisir et une joie sans pareil de voir que des personnes de cette qualité accompagnent notre mouvement.
Mais je devrais presque dire normal chez nous ! Car, si nous faisons un petit retour en arrière avec les personnages que j’ai connu : alors d’abord Gérard Vuffray et Fernand Cuche – des communicateurs, chercheurs et surtout des participants important à la création du mouvement Européen et Mondial de la Via Campesina ; mais aussi des premières réflexions sur la souveraineté alimentaire… Merci à Fernand d’être encore à nos côtés et toutes mes pensées émues pour Gérard…
Quand ces deux-là ont arrêté leur travail au secrétariat, ils avaient déjà une idée très claire de leurs remplaçants : Valentina et Nicolas ! Qui avaient postulés ensemble, et étaient déjà estampillés « Uniterre »… Bref, l’affaire fut rondement menée : approbation du comité et c’était parti ! Quel bonheur ce fut de travailler avec eux ! Un engagement à 200 %, l’envie de changer la société et d’améliorer les conditions de vie des paysans, ils avaient l’ADN d’Uniterre dans le sang. Toujours de bonne humeur et avec une vision positive de notre action, des idées qui fourmillaient jours et nuits, des communiqués de presse qui s’écrivaient au coup de cœur ou de colère mais aussi toujours un raisonnement d’avance (rarement des « non » mais le plus souvent possible des « oui... mais »), une capacité et une rapidité de travail totalement hors norme ! Vous vous direz « que d’éloges ! » mais c’est ce que j’ai ressenti tout au long de notre collaboration.
En 10 ans, ils ont mené de sacrés combats :
- une campagne pour des prix rémunérateurs (1fr.-/litre de lait aux producteurs)
- une grève du lait et une révolte paysanne
- la mise en place du mouvement Souveraineté Alimentaire en Suisse et en Europe
- la création d’EMB (European Milk Board) en Suisse et en Europe
- Et en apothéose, la campagne de la récolte des signatures pour l’initiative de la Souveraineté Alimentaire !!
Les familles paysannes membres ou non d’Uniterre ne peuvent que remercier le travail et la vision de Valentina et Nicolas pour essayer de ralentir les méfaits de nos politiques ainsi que les tergiversations des employés de l’USP beaucoup trop bien payés…
Valentina et Nicolas nous ont encore une fois montré que le travail syndical va bien au delà du simple « boulot alimentaire », c’est un travail que l’on fait par passion, par convictions !
Voilà pour moi comme ancien président, je ne peux que dire Merci Merci Merci à cette superbe Team et au plaisir de vous recroiser comme membres lors d’une prochaine action Uniterre.
Par la même occasion, je tiens à remercier toutes les autres personnes qui ont œuvrées au secrétariat d’Uniterre : Valérie, Sylvie, Anne, Eline, etc (mes excuses à ceux que j’ai oubliés) mais aussi tous ceux qui y œuvrent toujours et, pour certains, depuis de nombreuses années : Claude, Mireille, Ulrike, Mathias et Rudi. Rudi qui vit et avance avec Uniterre hier, aujourd’hui et demain !
Alors un grand Merci à vous tous !
Pierre André Tombez
Interview croisée entre les deux nouvelles secrétaires d’Uniterre, celles qui dorénavent défendront votre vision de l’agriculture.
Vanessa : Quel est ton lien avec le monde agricole?
Michelle : Je viens du Valais. Certains de mes oncles étaient agriculteurs, vignerons, arboriculteurs, apiculteurs, passionnés de la race d’Hérens et comme enfant, je passais les étés au mayen ou chez mon parrain.
Le lien avec l’agriculture passe aussi par les produits : le beurre d’alpage, les tommes, la viande séchée, les asperges, les abricots….On se réjouissait chaque saison de retrouver les produits, dont on connaissait la provenance et qui étaient bien évidemment les meilleurs du monde !
Le lien avec l’agriculture n’est pas que suisse, en effet j’ai travaillé longtemps pour le commerce équitable et ensuite pour Max Havelaar avec des communautés paysannes d’Amérique centrale et du sud. J’ai été témoin de la détérioration de la situation des paysans au fil des traités de libre-échange…
Michelle : Et toi, Vanessa, où as-tu grandi ?
Vanessa : Je suis née dans la banlieue de Lausanne et j’y ai vécu jusqu’à l’âge de 26 ans. Une vie parfaitement citadine, un père mécanicien parti bien trop vite et une mère employée de commerce. Mais j’étais tellement plus à l’aise en pleine nature, et il a suffi d’un séjour dans la ferme d’un couple d’amis pour que ma décision soit prise, à 12 ans : un jour, j’épouserai un paysan ! Ce n’est pas tous les jours qu’on a la chance de réaliser son rêve.
Aujourd’hui je travaille avec mon ami sur l’exploitation de sa famille, tout en élevant nos 4 enfants. Nous venons d’arrêter la production laitière pour passer aux vaches mères, et nous faisons aussi de l’avancement de poussins, et un peu de viticulture. La vente directe se développe.
Parallèlement, je suis au comité des paysannes neuchâteloises, et depuis le début de l’année, je suis également conseillère communale (= municipale) dans mon village.
Vanessa : Comment as-tu connu Uniterre?
Michelle : Lorsque je travaillais à Swissaid, nous avions eu des réunions entre les ONG romandes et Uniterre sur le thème de l’agriculture. C’est Gérard Vuffray qui venait à ces réunions. Uniterre, avec raison, voulait sensibiliser les ONG de développement sur l’agriculture suisse. C’est vrai qu’à l’époque les ONG ne faisaient pas vraiment le lien et en fait on pensait que l’agriculture suisse allait plutôt bien.
A StopOGM, j’ai côtoyé Fernand Cuche et Gérard. Puis à Agridea, j’ai travaillé avec Valentina. Enfin mon lien avec Uniterre ne date pas d’hier !
Michelle : D’où te vient ton engagement pour Uniterre ?
Et tes capacités d’écriture ?
Vanessa : Bonne question ! Quand j’ai connu mon ami, il m’a parlé des blocages au début des années 2000 avec les tracteurs devant la centrale Migros, et de son passage au tribunal pour une amende symbolique. Par la suite, il y a eu la grève du lait en 2009 et j’ai été vraiment fière de participer au mouvement général. Je m’y suis sentie juste bien, au milieu des bonnes personnes. Il m’a ensuite fallu quelques années de patience, le temps que les enfants grandissent un peu, pour pouvoir donner ma pleine mesure. Aujourd’hui, je découvre une activité vraiment passionnante, et qui me pousse à prendre contact chaque jour avec de nouvelles personnes. Je ne pensais pas le dire un jour, mais sortir de sa zone de confort, c’est très enrichissant.
De façon plus générale, j’ai toujours éprouvé un intérêt certain pour la politique, les votations, le civisme. Nous avons en Suisse un système qu’on peut qualifier de lent, de complexe, mais où nous avons la possibilité d’exprimer nos idéaux. Ne pas l’utiliser, c’est du gâchis. Même si parfois, je me dis que ma vie serait plus simple si je fermais les yeux.
L’écriture, cela me vient en partie de ma scolarité faite dans une section littéraire (latin-anglais) jusqu’à la maturité fédérale. Forcément, on y développe certaines capacités. Mais surtout, je lis énormément. Je dévore. Et quand on aime écrire, tout est plus facile. Quand on apprend que ses textes plaisent et correspondent aux attentes, on est d’autant plus motivé. Par contre, je découvre qu’écrire, et tout spécialement pour Uniterre, me rend très visible, et c’est aussi quelque chose qu’il faut apprendre à gérer.
Vanessa : Pourquoi as-tu décidé de postuler à Uniterre?
Michelle : Durant les 15 années à Agridea, j’ai pu constater combien les familles paysannes étaient inventives et créatives pour se diversifier, pour maintenir leur exploitation. Cela au prix d’un immense travail et d’un cumul de plusieurs métiers : paysan-ne, fromager/ère ou boucher/ère, commerçant-e, comptable, etc.
Et durant ces années, j’ai suivi le travail d’Uniterre en gardant le contact avec Valentina et Nicolas. Je pense qu’Uniterre, par son indépendance, joue un rôle-clé dans le paysage suisse : précurseur et pionnier, critique éclairé et compétent, enraciné et visionnaire. En fait, j’ai souvent dit que j’aimerais travailler à Uniterre !
Et puis il me semble que la souveraineté alimentaire détient un immense potentiel : celui de créer un large et réel débat sur ce que pourrait / devrait être l’agriculture de demain.
Michelle : Quel est ton souhait pour les familles paysannes ?
Vanessa : Que toutes les petites initiatives qu’on voit fleurir ici et là prennent tellement d’importance qu’elles finissent par retourner complètement la situation et rendent les industries agro-alimentaires complètement obsolètes. Et que l’agriculture reprenne la place qu’elle mérite dans la grande pyramide des besoins humains.
Vanessa : Qu’est-ce que tu as envie d’accomplir?
Michelle : Je veux contribuer, avec mes collègues, au renforcement de l’association, c’est-à-dire d’une part, répondre au mieux aux attentes des membres actuels, approcher les jeunes actifs dans l’agriculture et des consommatrices et consommateurs. Je voudrais qu’Uniterre soit une association portée par ses membres.
Michelle : Que veux-tu réaliser au sein d’Uniterre ?
Vanessa : Je voudrais aider à faire briller à nouveau l’étincelle qui pousse les paysans à sortir de chez eux pour défendre leurs droits. Je voudrais que ce que j’écris soit suffisamment motivant pour qu’ils se disent : « Tiens, si on allait écouter ce qui se dit à cette assemblée, ils ont de bonnes idées ».
Vanessa : En ce qui concerne l’agriculture, quel est actuellement ton plus gros coup de gueule?
Michelle : En fait c’est un coup de gueule permanent contre un pragmatisme dominant qui fait croire que « ma foi on ne peut pas faire autrement », un aveuglement qui maintien des systèmes dont on connaît depuis des décennies les faiblesses et où tous les maillons de la chaîne s’acharnent à assurer leur survie (sachant que la position la plus précaire se situe en début de chaîne !).
Je m’insurge contre le fait que la matière première (qui est la base de l’alimentation et le fonds de commerce de tous les business de l’agroalimentaire) ne soit pas honorée, c’est-à-dire payée à un prix correspondant à sa valeur… Combien d’emplois sont-ils générés grâce aux paysans (en amont et en aval de la production)?
Vanessa : et ton plus beau coup de cœur?
Michelle : Le rapprochement producteurs – consommateurs. Toutes les initiatives qui démontrent qu’autrement c’est (aussi) possible !
Michelle : Que devrait-on changer en priorité ?
Vanessa : La confiance des paysans dans leur propre valeur. Nous l’oublions, à force de travailler, de faire des choses pas toujours très gratifiantes, et avec la misère qui est versée pour notre travail. Mais nous devrions être les rois du pétrole, puisqu’entre nos mains sont concentrés les terres, le savoir-faire et la passion. Prendre pleinement conscience de cela permet de s’ouvrir toutes les portes, faire tomber les barrières et reprendre la main sur un système qui nous a totalement échappé.
La sécurité alimentaire, en votation le 24 septembre, ne fait pas l'unanimité. Débat entre Pierre-André Tombez, président de l'Alliance pour la souveraineté alimentaire, et Jacques Bourgeois, directeur de l'Union suisse des paysans (PLR/FR).
L’Allemagne est le premier producteur européen de porc bon marché. Mais à quel prix ? Enquête sur un modèle industriel grassement subventionné, responsable d’un dumping social, économique et écologique à grande échelle.
Documentaire à ne pas manquer passé sur ARTE le 5 septembre.
Pierre André Tombez est intervenu le 6 septembre au télé journal du 12h45 concernant la votation du 24 septembre.
https://www.rts.ch/play/tv/12h45/video/12h45?id=88... (à partir de 10')
Pierre-André Tombez, président de l’Alliance pour la Souveraineté Alimentaire et Rudi Berli, secrétaire Uniterre viennent d'intervenir lors de la Conférence de presse qui a eu lieu aujourd'hui à Bern, intitulée "Le Conseil Fédéral contre la sécurité alimentaire".
Chère Union Suisse des Paysans,
Le beau printemps de cette année nous a offert une jolie surprise. Tu as semblé profiter de cette période féconde pour exprimer une vigueur renouvelée et affirmer une forte volonté d’empoigner à bras le corps le problème lancinant de la crise du lait. Tu as réalisé que l’IP Lait ne faisait pas son travail, ou en tout cas pas en faveur des paysans que tu dis défendre. Tu as remarqué que beaucoup d’entre eux étaient véritablement au bout du rouleau, voire même au-delà malheureusement, que la colère grondait dans les campagnes, qu’une partie de l’opinion publique semblait également se réveiller…