mardi, 22 janvier 2013

BIGMLogo farbigCette devise a guidé la croissance du marché laitier suisse au cours des dernières années. Sur le marché européen, la Suisse se positionne progressivement avec des fromages bas de gamme à moindre prix. Et ce, alors que notre cahier des charges est l'un des plus sévère au monde et nos coûts sont les plus élevés. Il y a peu, le « Beobachter » a publié un reportage bouleversant à ce sujet : http://www.beobachter.ch/justiz-behoerde/buerger-verwaltung/artikel/subventionen_mit-magerkaese-fett-absahnen/ (en allemand).

 

 

Cette aberration est possible à cause de la segmentation du prix du lait. Selon son utilisation, il est déclassé, comptabilisé dans le segment inférieur et du coup, on paye le lait moins cher. Les conséquences de cette aberration sont fatales : les transformateurs de lait ne cherchent plus à gagner des parts du marché à haute valeur ajoutée, mais à développer les segments bon marché. Cette tendance ne changera pas à l’avenir, même si dès 2014, le supplément pour le lait transformé en fromage est uniquement versé pour le fromage avec au moins 15 % de matière grasse. Car si l’on achète du lait au prix du segment B, il est tout à fait possible et lucratif de brader un fromage avec 16 % de matière grasse .

Cette situation n’est pas près de changer. L’IP Lait vient de déposer une requête pour que le contrat-type pour l’achat de lait et le règlement pour la segmentation soient déclarés obligatoires par le Conseil fédéral. Les personnes intéressées peuvent encore prendre position jusqu’au 11 février 2013, ensuite le Conseil fédéral décidera s’il donne suite à la demande. Il est clair que cette réglementation n’attaque pas le mal à sa racine. Le mal, c’est de payer trois prix différents pour un seul lait de qualité exceptionnelle. L’IP Lait veut aussi mettre en place un système contrôle gigantesque afin de limiter les magouilles. Mais, soyons honnêtes : qui est-ce qui pourra contrôler de façon crédible si les grands groupes comme Emmi ou Elsa écoulent vraiment leurs quantités de lait B et C à l’étranger ? Sans parler des coûts administratifs supplémentaires qui découleront de ce système de déclarations prévu - ils seront surement à la charge des producteurs !

Un fait particulièrement dérangeant: les producteurs doivent livrer des quantités contractuelles, sans qu’il y ait une règle indiquant la base de calcul pour le prix (segment A, B ou C). Certaines organisations de producteurs s’orientent aux anciens droits de livraison. D’autres se basent sur la quantité livrée l’année précédente. La quantité de lait A impartie aux organisations qui renoncent à la livraison de lait C diminue d’année en année... Il faut malheureusement en conclure que l’IP Lait n’intervient pas à dessein, afin que les paysans continuent de livrer du lait C bon marché. Pour la même raison, il faut supposer que le Conseil fédéral déclarera la force obligatoire pour cette réglementation. Cela nous rendra encore plus « compétitifs » dans le segment bas de gamme.

Si l’on voulait vraiment adopter une stratégie de qualité conséquente, cela signifierait un travail de première qualité à tous les niveaux avec des recettes distribuées à tous les niveaux de la mise en valeur. À quoi bon, si le bétail dans nos étables est le plus beau, le plus heureux, si nos vaches sont les plus propres et donnent le meilleur lait au monde, à quoi bon, si tout cela n’est pas rentable pour les familles paysannes ? Il nous semble que la dernière condition est centrale et qu’il faut organiser le marché laitier en fonction des familles paysannes.

BIG-M et d’autres organisations ont déjà présenté ses propositions à maintes reprises. Malheureusement sans véritables succès directement visible. Espérons que les marchands et les transformateurs de lait reviennent à la raison avant l’effondrement de la production.

Salutations combatives
BIG-M