mercredi, 25 septembre 2013

EuroC ViaC LogoFin des quotas : des outils efficaces à construire

Le débat lancé lors de la conférence « Secteur laitier de l'Union : évolution au delà de 2015 » montre que l'Union Européenne doit anticiper pour éviter les crises à venir, et que  les outils actuels ne le permettent pas ; il faut des instruments publics de régulation de la production et des marchés !

 

 

Le rapport des experts commandité par la Commission Européenne sur les conséquences de la fin des quotas laitiers après 2015 est formel : la mise en oeuvre du paquet lait, confirmé dans le règlement de la PAC 2014-2020, aura des conséquences majeures sur le secteur laitier en Europe.

La production laitière va se concentrer dans quelques zones du nord-ouest  européen tandis que de nombreuses exploitations vont disparaître y compris  dans des régions de montagne ou périphériques où elles constituent l’unique possibilité de production et la base de la vie économique locale. Les cartes montrent une croissance de la production dans quelques pays, tirée par les exportations, tandis que la production chute dans  la grande majorité des états européens.

En conséquence, la production va s’intensifier dans les zones déjà productives, provoquant l’accumulation des effluents, des problèmes de pollution des eaux et des sols. La croissance de ces exploitations amènera pour celles-ci une forte augmentation de l’endettement et une fragilité accrue face à la forte  volatilité des prix.  Dans ce contexte, la situation peut se révéler dramatique pour les éleveurs comme pour des régions entières si on ne met pas en place des mesures adaptées.

La position de la Commission Européenne, qui a ouvert la réflexion lors de la conférence, est d’un pragmatisme complice face à la disparition possible de milliers d’élevages. Rappelons qu’un tiers des fermes laitières a disparu entre 2007 et 2010 !

La Coordination Européenne Via Campesina appuie la création d’un observatoire des volumes, des prix du lait et des coûts de production annoncé par le Commissaire à l’agriculture Dacian Cioloş.

Il faut maintenant envisager comment agir avec des instruments publics pour réguler la production et les marchés avant  que les situations ne deviennent catastrophiques.

Il faut intervenir pour assurer la stabilité de prix qui couvrent les coûts de production et permette le maintien d’une production répartie sur l’ensemble du territoire européen.

ECVC soutient l’idée de mécanismes de réduction de la production laitière, exprimée par plusieurs intervenants, et demande un appui spécifique aux zones de Montagne, afin que  la collecte  laitière soit garantie dans ces régions.

Mais les outils du Paquet lait sont totalement insuffisants, comme ont témoigné de nombreux participants ; les Organisation de producteurs, d’ailleurs absentes dans de nombreux pays, sont souvent  incapables de s’imposer face aux entreprises d’aval et à la grande distribution en position dominante

Les paiements directs ne garantissent pas non plus le maintien de la production laitière, dans un scenario de prix bas et volatiles et encouragent au contraire la conversion en productions végétales, qui demandent moins de travail.

La création de marché à terme pour le lait est une solution encore pire alors que les opérateurs financiers accroissent la volatilité des marchés.

ECVC est également opposée aux subventions directes à l’exportation (restitutions), qui déstructurent la production dans les pays tiers et détruisent la paysannerie.

Les outils restent donc à construire pour donner un avenir aux producteurs laitiers et orienter la production vers des modèles durables.