jeudi, 02 octobre 2014

EMB Logo Web09Les ONG exigent un dialogue concernant la production et les prix

Le nouveau Commissaire à l'Agriculture se doit de mener une politique laitière responsable.

(Berlin, le 1e octobre 2014) A la veille du premier grand oral que Phil Hogan, Commissaire désigné de l'Agriculture et du Développement rural, s'apprête à passer devant les eurodéputés, une coalition d'ONG l'enjoint à promouvoir une agriculture paysanne pérenne. «La Commission doit cesser de soutenir, comme elle l'a fait jusqu'à présent, l'agro-industrie», estime l'Arbeitsgemeinschaft bäuerliche Landwirtschaft (AbL, groupement pour l'agriculture paysanne)

 

, la Bundesverband deutscher Milchviehhalter (BDM, fédération allemande des producteurs de lait), le European Milk Board (EMB), l’organisation de défense de l’environnement et du développement Germanwatch et l’organisation d’aide au développement MISEREOR.

« La stratégie de « la croissance sinon rien » conduit à l’impasse. Les citoyens et les agriculteurs de l’UE veulent des exploitations agricoles adaptées à leur environnement et pas des usines de lait » affirme Bernd Voß, président fédéral de l’AbL. « Les quotas appliqués à la production laitière seront abolis sans contrepartie l’année prochaine. Dès à présent, nous observons tous les signes avant-coureurs d’un retour des excédents laitiers. Le dépassement des quotas laitiers en Allemagne a dernièrement battu tous les records et la demande sur le marché ne peut absorber de tels volumes. »

Une politique laitière responsable

Tobias Reichert de Germanwatch souligne : « Nous sommes presque à court d’instruments politiques qui nous permettraient de corriger les déséquilibres du marché du lait. Dès à présent, la Commission européenne doit subventionner la constitution de stocks en réaction à l’affaiblissement de la demande chinoise et à l’embargo sur les exportations vers la Russie. A l’abolition des quotas laitiers, au plus tard, la menace est de passer à  la prochaine étape, à savoir un subventionnement des exportations. »

« Indépendamment des subventions, l’orientation forte prise en faveur des exportations et l’augmentation excessive de la production compriment les prix pour les producteurs en Union européenne et affaiblissent la filière laitière dans les pays en voie de développement », analyse Romuald Schaber, président de l’EMB et de la BDM. Selon lui, s’orienter vers le marché mondial n’apporte aucune assurance à l’agriculture européenne. Au contraire, ce parti-pris rend le secteur laitier très vulnérable comme le démontre très clairement l’embargo actuel sur les exportations vers la Russie.

« Un des grands défis pour Phil Hogan consistera à formuler une politique laitière qui assume ses responsabilités par rapport à la société, aux producteurs de l’UE mais aussi aux pays en voie de développement », résume  Kerstin Lanje, experte en agriculture pour MISEREOR.

Par conséquent, l’AbL, la BDM, l’EMB, Germanwatch et MISEREOR attendent de Phil Hogan qu’il expose sa conception de la façon de porter la production et les prix en UE à un niveau adéquat, à savoir un niveau qui garantit la pérennité de la production laitière, assure une juste rémunération aux agriculteurs et est respectueux de l’environnement et du développement dans les autres pays.