L'économie laitière suisse court au désastre et sa vitesse s'accélère : les nouvelles baisses de prix de 4 à 5 centimes d'euro en Allemagne auront inéluctablement des répercussions en Suisse. Pourtant, ni la politique, ni le secteur laitier n'ont d'idée de comment sortir notre marché laitier de cette spirale négative. Nos décideurs responsables essaient de se dérober de leurs responsabilités en se détournant du véritable problème.
Ainsi, lors de leur dernière assemblée des délégués, les représentants de l’IP Lait ont subitement découvert un problème au niveau des coûts. Figurez-vous qu’ils ont constaté que les producteurs de lait sont prisonniers de coûts beaucoup trop élevés. Ce n’est vraiment pas une nouvelle ! En Suisse, le niveau des coûts de production est traditionnellement plus élevé que chez nos voisins européens. Mais, en faisant ce constat, nos chers représentants oublient de discuter de ce que pourrait faire l’IP Lait pour monter les prix afin que ces derniers soient adaptés au coûts.
Venons donc aux faits : l’IP Lait a fixé et maintenu le prix indicatif du lait A à 68 centimes. Cependant, les prix que perçoivent la plupart des producteurs se situent environ 10 centimes en deçà du prix indicatif, malgré l’intervention « réussie » de la Lactofama ! Pourquoi ??
BIG-M est toujours surpris de l’habilité avec laquelle nos décideurs tournent autour du pot et évitent de parler de la problématique centrale : notre production laitière n’est pas adaptée à la demande ! C’est là que le bât blesse, au niveau des quantités, pas au niveau des coûts de production. Ceux qui connaissent un minimum les lois du marché savent que les biens fabriqués en trop doivent être vendus à un prix inférieur. Ce mécanisme restera en place tant que les acheteurs nous empêcheront de limiter la production, peu importe combien de temps nous continuerons à débattre de la problématique des quantités.
Il se peut que la segmentation décidée par l’IP Lait marque une bonne intention, mais elle ne sert à rien face à la chute des prix. Le défaut majeur de cette mesure est son caractère incontrôlable : qui est-ce qui peut vérifier, jour après jour, les trajets des centaines de camions à lait ? C’est une mesure qui sert uniquement à occuper des fonctionnaires ; elle coûte une fortune et elle n’empêche pas les magouillages.
Qu’attendent nos représentants pour sortir la tête du sable? L’appel aux OP et OPU de respecter la segmentation est aussi inefficace que l’appel aux industriels de respecter les prix indicatifs. Les avertissements lancés aux politiques restent sans écho, puisque le marché du lait est suffisamment pourvu. Et les encouragements aux producteurs de ne pas vendre leurs vaches laitières dans la précipitation sont une blague cynique.
Le problème des prix, c’est-à-dire le problème de la rentabilité de la production laitière, ne pourra être résolu que par une gestion globale et centralisée de la quantité produite, voilà une vérité incontournable !
BIG-M