18.02.15 La crise laitière actuelle est en train de faire des dégâts massifs et irrévocables dans la production laitière paysanne suisse. Aujourd'hui la sécurité de l'approvisionnement laitier, aliment de base, est mise en danger.
Il y a six ans, l'Etat s'est retiré de la gestion du marché laitier. L'intention était de faire confiance à la raison des acteurs du marché laitier. De nombreuses décisions fondées sur des intentions louables, communiquées à grand renfort médiatique n'ont jamais été appliquées.
Jusqu’à ce jour les producteurs de lait n’ont pas de contrat d’achat de lait à signer. Ils sont exclus de la planification du marché laitier. La suppression du taux plancher du franc touche aujourd’hui les producteurs de plein fouet. L’absence de règles claires dans le marché a des conséquences fatales et le prix du lait est en chute libre. Une grande partie des producteurs de lait touchera le mois prochain moins que 50 centimes par litre de lait !
Au niveau de la production de Gruyère par exemple, les producteurs ont été avertis à la mi-février que sur les trois premiers mois de l’année seulement 46% du lait seraient payés au prix de référence. Le reste étant vendu à des tarifs de sous enchère pouvant aller jusqu’à 10 cts/litre.
Avec un tel prix une production de lait durable est impossible ! L’instrument de secours mis en place par les Producteurs Suisses de Lait (PSL), la Lactofama, était censé éviter que les excédents laitiers fassent pression sur le marché. Aujourd’hui cette institution n’est plus en mesure d’absorber toutes les quantités supplémentaires et d’empêcher la sous enchère. La branche laitière a failli dans sa mission de mettre en place des mécanismes de gestion des quantités afin d’adapter la production à la demande.
L’absence de contrats généralisés entre les producteurs et le premier acheteur est la cause première qui empêche les paysans à renoncer de livrer du lait excédentaire bon marché. Le chaos actuel sur le marché menace l’avenir de la branche principale de production de l’agriculture suisse. Ainsi l’approvisionnement de la population avec du lait, aliment de grande qualité nutritionnelle, est menacé. L’occupation du sol par l’agriculture dans les régions périphériques est mise en danger. Ceci alors qu’il serait de la compétence de l’Office fédéral de l’agriculture OFAG de veiller justement à garantir le maintien de ces productions. Sous la houlette du Conseiller fédéral Schneider-Amman, l’OFAG s’est cependant contenté d’édicter sans arrêt de nouvelles ordonnances et règles pour les producteurs de lait. Nous savons qu’il est inutile de chercher des boucs émissaires de la désastreuse crise actuelle. C’est toute la branche qui a failli. L’OFAG a laissé faire. Pour l’instant l’IP-Lait, qui échoue depuis des années à appliquer ses propres règles au marché, n’a pas réussi à faire d’autres propositions que de réclamer des fonds supplémentaires. Ces millions de deniers publics revendiqués comme aide immédiate n’apporteront cependant qu’un pis aller et n’offrent aucune solution pour le marché. Mais aujourd’hui le temps de l’inaction est dépassé. Il faut redonner le plus rapidement possible une nouvelle perspective aux producteurs de lait, sous peine de faire disparaître la production laitière de régions entières. Pour ces raisons nous demandons :
Des contrats d’achat de lait généralisés entre les producteurs et les premiers acheteurs
Le droit réel des producteurs à ne pas produire des quantités excédentaires
La participation des producteurs à la régulation des quantités
Un prix équitable pour le lait