Les nouveaux chiffres pour le mois de juillet révèlent un déclin de la rentabilité des exploitations allemandes.
(Bruxelles, le 01/12/2015) 100 pour cent de travail investi et 100 pour cent de qualité - mais seuls 66 pour cent des coûts sont couverts.
Photo: Rapport prix-coût Source : calcul des tendances du BAL sur base de données Destatis et RICA
Pour juillet, l’étude actualisée du BAL (Büro für Agrarsoziologie & Landwirtschaft) sur les coûts de production montre de manière plus révélatrice que jamais le degré de précarité qui caractérise le secteur de l’élevage laitier. En Allemagne, le prix de 29,42 centimes était loin de couvrir le coût moyen de 44,79 centimes. Ce déséquilibre dans la filière et ses conséquences néfastes pour les éleveurs et le développement rural ne sont cependant pas un problème propre à l’Allemagne.
Des prix en chute libre sont devenu la norme partout en Europe, tel que le démontrent les prix du lait rapportés depuis les différents pays. À titre d’exemple, le prix du lait en Lituanie se situe actuellement entre 10 et 19 centimes. En Belgique, les producteurs sont payés 25 centimes par litre de lait, au Danemark 29 centimes.
Une crise profonde secoue le secteur de la production laitière en Europe, menant de nombreuses exploitations à la faillite. Nonobstant, malgré tous les chiffres et les données sur le secteur, le commissaire européen Phil Hogan refuse de parler d’une situation de crise. La passivité politique qui s’ensuit ne fait que retarder le problème, l’amplifiant encore davantage.
La raison des chutes de prix : depuis avril, la production a augmenté sensiblement dans de nombreux pays européens.
En Irlande par exemple, d’avril à août 2015 la production a augmenté de plus de 12 pour cent par rapport à la même période de l’année précédente. L’Allemagne, les Pays-Bas et la Pologne aussi affichent une hausse significative de la production de plus de 7, voire de 2,5 et de 3,3 pour cent, respectivement.
Pourtant, un outil adéquat permettrait d’enrayer la surproduction de manière efficace. Pour ce faire, l’European Milk Board (EMB) a développé un programme faisant appel à la responsabilité du secteur. Grâce à un outil de réduction volontaire des volumes, celui-ci permettrait de ramener les volumes produits à un niveau adéquat partout en Europe.
Le Programme de responsabilisation face au marché (PRM) est basé sur une coopération constructive entre le niveau politique et le secteur laitier. Cet outil serait uniquement d’application en période de crise et servirait ainsi d’important filet de sécurité lorsque - comme maintenant - les volumes produits excèdent la demande interne et les exportations.
Il y a un consensus dans le secteur sur le fait que des changements structurels sont nécessaires pour éviter de mettre en péril la production laitière européenne. Il s’agit maintenant de mettre fin à l’inertie de la Commission européenne. C’est pourquoi depuis des mois, lors d’importantes actions de protestation dans de nombreux pays, les producteurs laitiers ont exhorté les élus à prendre des mesures efficaces. Leur message s’adressait aux élus européens et nationaux, mais aussi aux dirigeants des syndicats agricoles qui, malgré la situation tendue, continuent à entraver la mise en place d’outils efficaces. C’est ces dirigeants en particulier qui sont appelés à prendre les intérêts des adhérents au sérieux au lieu de travailler à leur encontre. Un marché en équilibre et un prix rémunérateur sont indispensables pour assurer l’avenir de la production laitière. Des stratégies exportatrices basées sur le court-terme - qui de toute évidence ne fonctionnent pas - affaiblissent le secteur laitier européen. Elles ne font que refléter l’aveuglement et les priorités erronées de leurs défenseurs.
De plus amples informations sur le Programme des responsabilisation face au marché (PRM) sont disponibles sur le site internet de l’EMB :www.europeanmilkboard.org
contexte:
L’étude sur les coûts de production effectuée par le bureau d’expertise BAL (Büro für Agrarsoziologie & Landwirtschaft) à la demande conjointe de l’European Milk Board (EMB) et du MEG Milch Board fournit un calcul du coût de la production laitière en l’Allemagne. Ladite étude se base sur les données du Réseau d’information comptable agricole de la Commission européenne (RICA), qui sont actualisées à l’aide des indices des prix d’achat des moyens de production agricole (tels que le fourrage, les engrais, les semences et l’énergie) de l’Office fédéral allemand de la statistique. L’étude a également recours à un paramètre des revenus permettant de calculer la charge de travail du gérant de l’exploitation et des membres de sa famille.
Sur base de cette étude, le MEG Milch Board a mis au point l’indice laitier MMI (Milch Marker Index) renseignant sur le cours actuel des coûts de production (avec comme année de référence 2010 = 100). Pour le mois de juillet 2015, le MMI s’élève à 108 points. L’indice est publié sur base trimestrielle en même temps que le rapport prix-coûts. Cet indicateur représente le rapport entre le prix officiel du lait cru payé aux producteurs et le coût de la production laitière.