Du 17 au 20 mai 2016, un groupe de travail intergouvernemental au sein du Conseil des Droits de l'Homme se réunira à Genève pour négocier article par article le projet de déclaration sur les droits des paysans et autres personnes travaillant en milieu rural. Afin de défendre le contenu de ce projet et chercher à y adjoindre certains aspects, une forte délégation de La Via Campesina se rendra à Genève du 15 au 20 mai.
Ce long processus pour obtenir une déclaration solide protégeant nos droits et pouvant être utilisée comme outil pour nous défendre dans divers domaines comme sur la question d’un marché équitable, de l’accès à la terre, d’un revenu digne, de la pluralité des opinions est sur le point d’aboutir. Il a été initié tout d’abord au sein de La Via Campesina il y a plus de 15 ans avec un premier projet de déclaration. En 2010, La Via Campesina s’est approchée du Conseil des Droits de l’Homme et lui a soumis la proposition, au vu des multiples violations subies par les paysans à travers le monde, d’élaborer un projet de déclaration internationale sur les droits des paysans.
Mécanisme enclenché
C’est en 2012 que le Conseil accepte d’entrer en matière et de mettre sur pied un groupe de travail intergouvernemental chargé de rédiger cette déclaration sur la base du projet de La Via Campesina. Une fois n’est pas coutume, le texte, comme l’impulsion première, proviennent donc du mouvement paysan lui-même et non d’une soudaine lubie d’un délégué ou d’une mission étatique. L’establishment onusien en est quelque peu secoué et certains Etats rechignent à entrer en matière. Mais plus les années passent, plus le nombre d’Etats acquis au processus augmente.
Un plaidoyer constant
Si les Etats se sont petit à petit ralliés à ce processus, ce qui ne veut pas pour autant dire qu’ils accepteront l’ensemble des articles proposés, c’est bien parce que La Via Campesina et ses alliés que sont les pêcheurs, les peuples nomades et autochtones, les travailleurs agricoles n’ont eu de cesse de sensibiliser leurs Etats respectifs à ces enjeux. Que ce soit auprès de leurs capitales et de leurs ministères en charge du dossier, comme auprès des délégués des missions qui sont chargés de négocier à Genève. Depuis plusieurs années, deux à trois fois par an, des délégations se succèdent à Genève, pour réaliser ce plaidoyer serré. Ce projet de texte est le reflet des attentes des paysannes et des paysans, du nord et du sud. Pour nous également, en Suisse, ce texte pourrait nous être grandement profitable. C’est tout l’enjeu actuel de la négociation et de l’importance de la présence paysanne. Le contenu de la déclaration doit être renforcé et aucunement affaibli.
Une riche délégation
C’est donc avec une énergie renouvelée que La Via Campesina se prépare à participer activement au 3ème groupe intergouvernemental sur la déclaration des droits des paysans qui se tiendra mi-mai à Genève. Une vingtaine de personnes seront présentes. Des paysans provenant de Suisse, de France, d’Allemagne, d’Autriche, d’Espagne, du Mozambique, d’Afrique du Sud, du Zimbabwe, du Sénégal, du Mali, d’Argentine, du Nicaragua, d’Indonésie seront à Genève. Ils seront rejoints par des pêcheurs d’Espagne et du Honduras, des représentants des peuples autochtones du Mexique et du Guatemala et de peuples nomades du Maroc et d’Inde. Un appui juridique sera apporté par le Cetim et Fian international comme par d’autres ONG qui commencent à grossir les rangs des alliés.
Une conférence publique
Afin de faire écho de ce qui se passe au sein du Conseil des Droits de l’Homme, Uniterre et ses alliés organisent une conférence à Genève ouverte au grand public. Elle se focalisera sur deux aspects particuliers. Le cas du SPI, membre indonésien de La Via Campesina qui a grandement contribué à l’avancée du processus depuis 2001, et la campagne citoyenne lancée en 2012 en Suisse afin que notre gouvernement soutienne pleinement le processus.
Article à paraitre dans le journal Uniterre, avril 2016
En lutte pour la reconnaissance de nos droits
Ou comment un mouvement paysan international pousse le Conseil des Droits de l’Homme à agir
Mardi 17 mai 2016, 20h
HEPIA, Aula
rue de la Prairie 4, Genève
- Henry Saragih, Président du SPI (syndicat paysan indonésien) et ancien coordinateur de La Via Campesina
- Mohammed Ikhwan, collaborateur au SPI
- Henry Simarmata, juriste, conseiller de ce processus
- Patricia Läser, paysanne genevoise et ancienne députée au Grand Conseil
- Modération : Uniterre
Des interventions depuis la salle provenant de la forte délégation de La Via Campesina issue de différents continents seront également encouragées.
Traduction simultanée assurée
Sur le sujet:
> «Les multinationales nous volent nos terres» - interview de Henry Saragih par Gustavo Kuhn - Tribune de Genève - 18.05.2016